François Veillerette

Une vision biaisée

Son approche idéologique sectaire fait en sorte que François Veillerette va tenter de gommer tout ce qui peut affaiblir ou contredire son catéchisme antipesticides. Il a par exemple un site sur lequel il communique toutes les études consacrées aux effets des pesticides sur la santé. Il est donc pour le moins surprenant qu’il n’ait jamais parlé de la roténone, le pesticide naturel le plus utilisé en bio. En effet, comme le rapporte Agriculture & Environnement (A&E), les travaux d’une équipe de lUniversité d’Emory d’Atlanta, publiés en 2002, montrent « que l’administration intraveineuse à faibles doses de roténone chez le rat induit les symptômes de la maladie de Parkinson, une maladie neurodégénérative (…). Ces travaux ont été confirmés par l’équipe chinoise de Hui-Ming Gao, qui a publié ses résultats dans le Journal of Neuroscience de février 2002. » En mars 2005, le Dr Bernard Mauchamp de l’Unité séricicole de l’Inra, est lui aussi inquiet : « Nous sommes devant un cas de toxicité chronique à long terme. Les expositions successives à de faibles concentrations de roténone produisent des dysfonctionnements cumulés dans le temps de l’activité cellulaire, entraînant la dégénérescence spécifique de certaines cellules nerveuses. » Mais le mutisme de François Veillerette à ce sujet est total… De même, François Veillerette reste très discret sur le cuivre, beaucoup utilisé dans l’agriculture biologique et dont les effets sont dévastateurs pour les sols.

Par ailleurs, dans son livre Pesticides, un scandale français, il est aussi étonnant de voir François Veillerette s’en prendre à longueur de pages aux méfaits du DDT sans jamais mentionner le fait que ce produit a été utilisé dans la lutte contre le paludisme et a donc sauvé de nombreuses vies. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a estimé en effet que l’utilisation du DDT pour lutter contre les vecteurs de maladies a permis, jusqu’à son interdiction en 1972, de sauver 25 millions de vies humaines depuis 1945. Evidemment, pour « Monsieur Antipesticides », il est inconcevable qu’un pesticide puisse avoir une quelconque utilité.

Enfin, il est assez symptomatique de voir comment François Veillerette manipule les mots. Dans son dernier livre, il écrit : « Rien n’empêchera d’écrire cette vérité simple : les termes “herbicide”, “insecticide”, “pesticide” sont en réalité de terrifiants gros mots. Le suffixe “-cide” vient en effet du latin caedere, qui signifie en toute clarté “tuer”. La chimie des pesticides vise officiellement à combattre les ravageurs et les pestes agricoles. Mais elle est aussi et sans détour homicide. Le pesticide, c’est la guerre permanente contre la vie. Le pesticide, c’est la mort. » Curieusement, quand François Veillerette parle des pesticides naturels, le terme « pesticide » disparaît. Il parle de « produits naturels de protection des plantes », de « solutions de lutte naturelle pour les cultures », de « procédés naturels utilisés pour limiter naturellement insectes, herbes… », de « préparations phytosanitaires d’origines naturelles », etc. Les pesticides naturels tuent, mais sans doute que M. Veillerette aimerait le faire oublier, ou faire croire qu’un insecticide d’origine naturelle ne tue pas les insectes et qu’un herbicide d’origine naturelle ne tue pas les herbes indésirables, contrairement aux pesticides de synthèse.