Abeilles et pesticides : l’arbre qui cache la forêt

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Depuis des années, la disparition des abeilles fait l’objet d’une polémique relative à son origine. Si certains apiculteurs, soutenus par des ONG, ont fait le procès des pesticides il y a quelques années, la recherche scientifique internationale s’est considérablement renforcée et l’origine multifactorielle est aujourd’hui reconnue de manière unanime.

Mais la publication récente d’une étude du CNRS et de l’Inra a relancé dans les médias la polémique sur le rôle des pesticides. De nombreux journalistes l’ont résumé et simplifié en expliquant que c’est l’association entre le Nosema ceranae et les pesticides qui est responsable de la mort des abeilles.  Pour Stéphane Foucart, journaliste au Monde, Nosema Ceranae est « un parasite intestinal très courant ». S’il est si courant, c’est donc que les pesticides sont responsables des mortalités observées. Raisonnement « curieux » pour Gil Rivière Wekstein dans Agriculture et Environnement, « en tout cas si l’on en croit les conclusions de l’étude de Frédéric Delbac et al., qui relève dans le lot d’abeilles vierges d’insecticides mais préalablement infectées par NC une mortalité de 47% après seulement 20 jours. Ce qui représente près d’une abeille sur deux ! Même Luc Belzunces et Yves Le Conte n’avaient pas observé un tel taux («seulement» 30% de mortalités chez les abeilles non exposées aux pesticides) » dans leur étude de 2009.

Cette réaction médiatique est empreinte de fatalisme. Au lieu de se battre contre Nosema ceranae, qui est tout de même responsable de 50% de la mortalité des abeilles dans un environnement sans pesticides, on préfère mettre une nouvelle fois la pression sur les agriculteurs. Pourtant, le Nosema ceranae est inutile et dangereux mais on ne fait rien pour s’en débarrasser alors que les pesticides sont utiles pour l’agriculture mais on veut les supprimer.

Oui, il y a aujourd’hui un problème de maladie des abeilles avec le Nosema Ceranae et avec le Varroa qui décime une colonie en moins de 3 ans en l’absence de traitements efficaces rendus difficile par l’apparition de résistances du parasites.

Continuer à pointer du doigt les pesticides dans le dossier « abeilles » est une facilité des syndicats et organisations apicoles qui ne veulent pas reconnaître leur difficulté à apporter des réponses techniques efficaces aux apiculteurs. C’est l’arbre qui cache la forêt.

17 commentaires sur “Abeilles et pesticides : l’arbre qui cache la forêt

  1. L’influence de Nosema Ceranae sur la durée de vie des abeilles est un fait incontestable mais ne doit pas servir à écarter les pesticides dans la mortalité des abeilles!!!
    Les pesticides agricoles dans les ruches c’est une réalité bien connue des auteurs de cette étude:

    « Dans cette étude, nous avons évalué l’impact de l’infection N. ceranae sur l’activité de détoxication des abeilles ainsi que leur sensibilité au fipronil (phénylpyrazole) et thiaclopride (néonicotinoïdes), deux pesticides trouvés à des niveaux élevés dans les ruches »

    « En effet, de faibles doses de néonicotinoïdes et phénylpyrazoles induisent une vaste gamme d’effets sublétaux tels que des altérations comportementales ou physiologiques chez les abeilles et autres arthropodes utiles »

    1. Il est vraisembable que n’importe quel stress va perturber la survie d’abeilles infectées par Noséma et effectivement, ce travail aurait bénéficié d’inclure d’autres substances en particulier celles qui sont introduites dans les ruches pour gérer d’autres problèmes comme la varoase ou voir si un stress lié à la qualité des l’alimentation peuvent avoir aussi tel effet croisé.
      Par ailleurs si l’hypothèsede travail usage fipronil + Nosema = surmortalité était valide dans la réalité, des mortalités importantes seraient observées dans les zone ou les produits à base fipronil sont utilisé et où Noséma est présente. Hors, les travaux publiés de suivi des mortalités du chercheur espagnol (M Higes) qui a découvert la présence Noséma Ceranae en Europe ne mettent pas en évidence de corrélation entre usage de fipronil et surmortalité dans les conditions de la pratique en Espagne. Comme la Noséma y est également présente , cela montre que ces synergies potentielles obtenues avec des expositions artificielles expérimentales ne sont pas retrouvées dans les conditions du champ .

      Donc on peut effectivement vouloir aller vite pour tirer certaines conclusions mais vérifier les éléments de terrain affirmant/infirmant les hypothèses , élargir ses évaluations semblent egalement importants. Certes les attentes sont importantes et nous sommes tous attachés à trouver des solutions rapidement, mais il est important aussi d’etre prudent dans ce domaine si polémique. En tout cas, trouver une solution pour mieux controler Nosema parait en tout cas une piste prometeuse.
      Y-a-t-il des équipes de recherche en France qui travaillent sur ce sujet avec la même ardeur que sur certaines molécules médiatiques ?

  2. @ José.B

    Certes mais la logique est valable pour toute substance qui n’est pas entièrement neutre pour l’organisme visé.

    Pour être crédible et non militante cette étude aurait aussi du inclure des doses sublétales de coumaphos, tau fliuvalinate et acide oxalique, toutes substances aux propriétés acaricides largement utilisées contre l’acarien varroa par les apiculteurs et qui peuvent,comme pour le fipronil ou le thiaclopride, et bien plus encore , réserver quelques surprises associées à Nosema.

    Ne pas les avoir inclus d’emblée ou ne pas avoir publié les résultats en parallèle, s’ils existent , est le signe d’une volonté militante des auteurs de la publication, avant d’aller chercher ce qui est hors de la ruche ( quoique le fipronil est un produit de traitement des bois très courant, un biocide aussi très utilisé contre les fourmies), il convient de vérifier ce qui est appliqué intentionnellement dedans. C’est le B.A.BA de la démarche scientifique, démarche dont le sens profond a quitté l’occident en général et la France en particulier.
    « Le XXI ème siècle sera religieux », Malraux aurait pu ajouter et ce sera la fin de l’occident, ou la faim aussi, l’un entrainant l’autre.

    1. Accuser des chercheurs de militantisme est tout à fait gratuit et irresponsable et c’est habituel chez les militants pro pesticides toujours mal renseignés!!!
      Voici ce que dit Frédéric Delbac un des chercheurs de l’étude:

      « Nous savons que la surmortalité des abeilles que l’on observe depuis quelques années ne peut pas être due à un seul facteur mais bien à une multitude de facteurs, qui ne sont d’ailleurs pas toujours les mêmes. Nous comptons désormais étudier la synergie potentielle entre la nosémose et les produits anti-varroa. »

      1. Je suis sûr que les résultats sans intervalle de confiance et avec des doses 1/10 000 de la réalité mettront hors de cause les pratiques apicoles. De toute façon vu qu’ils sont financés par les syndicats apicoles il ne peut en être autrement.

  3. Qui plus est l’étude est bidon:

    Absence d’intervalle de confiance sur les mortalités, les chiffres moyens ne sont pas forcément représentatif.

    Utilisation étrange de DMSO (produit qui rend perméable les téguments et les cellules) qui semble provoquer des mortalités sur le témoin dès le début de la distribution.

    http://agriculture.gouv.fr/IMG/pdf/rapportfin.pdf
    P88 on apprend que du néctar de tournesol gaucho contient 1.9micro gramme d’imidaclopride.
    J’en reviens au papier

    « Stock solutions of fipronil (1 g/L) and thiacloprid (5.1 g/L) were prepared in DMSO and diluted in sugar syrup to obtain a final concentration of 50% sucrose, 1% protein, 0.1% DMSO and 1 µg/L fipronil or 5.1 mg/L thiacloprid »

    Je suppose qu’il y a une erreur d’échelle et qu’il y a 5.1micro gramme/L et non pas 5.1mg/L… Dans un cas c’est 2.5 fois la dose dans le nectar de tournesol, dans l’autre c’est 2500 fois.

    Pour essayer d’avoir le vrai chiffre je continue à comparer les deux documents:
    P89 du rapport on apprend que 10 jours de consommation quasi esclusive de nectar de tournesol gaucho c’est 181 pico gramme d’imidaclopride accumulés.

    Je reprends la figure 3 du papier…. et là on est à 150nanogramme par jour… Soit 10000 fois plus que la dose au champs… J’en conclu qu’il fallait bien lire mg aupparavant.

    C’est clairement de l’escroquerie, d’autant plus que les produits de traitement des ruches contre Varrao ne sont pas évalués… Ce qui immanquablement provoquerait des surprises.

    1. «P89 du rapport on apprend que 10 jours de consommation quasi esclusive de nectar de tournesol gaucho c’est 181 pico gramme d’imidaclopride accumulés. »

      karg tu es un bouffon, le tableau de la page 89 concerne la consommation de pollen par les nourrices et non pas de nectar !!!
      Ta démonstration chiffrée est donc une escroquerie!!!

      1. Ca ne change rien à la sauce, P93 est donnée une dose simulé pour une butineuse, ça donne 600picogramme par journée de butinage (en supposant que la totalité de l’insecticide passe dans le sang de l’insecte, ça reste 250 fois plus que ce qui est ingurgité dans l’expérience.

        Dans le même document ont apprend que la dose sans effet est (p51) de 16 nanogramme par jour. L’étude bidon expose les abeilles à dix fois la dose sans effet connu et à 250 fois la pire dose possible simulé, et à 2 500 fois la concentration d’une tournesol traités.

        Bref si j’ai lu un peu vite, toi tu n’a rien lu et tu es incapable de comprendre la malhonnêteté de cette étude.

        1. «la dose sans effet est (p51) de 16 nanogramme par jour.»

          Page 51 on trouve ceci:
          « La dose sans effet est de 16 000 pg/ab/10jours »

          karg tu es incapable de comprendre le document, 10 jours c’est pas un jour!!!

          «ça reste 250 fois plus que ce qui est ingurgité dans l’expérience»
          «L’étude bidon expose les abeilles à 250 fois la pire dose possible »

          Tu commences par dire que ce qui est ingurgité dans l’expérience c’est 250 fois moins que pendant une journée de butinage et puis ensuite du déclares que c’est 250 fois plus que la pire dose possible, karg tu patauges lamentablement!!!

          1. La dose de la DL 50 n’a rien à voir avec 10 jour à 16 nanogramme par jour. C’est 16 nanogramme cumulé sur 10 jours, pas 160 nanogramme sur 10 jours.

            Tu ne veux pas admettre que l’étude utilise des doses hors normes:
            – 2500 fois la concentration du nectar de tournesol (5.1mg contre 1.9micro gramme)
            – 90 fois la dose sans effet (16 nano gramme contre 1500 nanogramme sur 10 jours)
            – 250 fois la dose reçu par une butineuse (150 nanogramme contre 655 picogramme)

            Cette expérience n’a aucun intérêt pratique, c’est de l’escroquerie.

          2. «Cette expérience n’a aucun intérêt pratique, c’est de l’escroquerie. »

            Jusqu’à preuve du contraire personne dans le monde scientifique n’a déclaré que cette étude était une « escroquerie »!!!

  4. M. José.B a écrit (10 août 2011 à 7:08) :

    « Jusqu’à preuve du contraire personne dans le monde scientifique n’a déclaré que cette étude était une « escroquerie »!!! »

    Les vrais scientifiques sont trop polis pour employer le mot « escroquerie ». Dommage…

    1. « Les vrais scientifiques sont trop polis pour employer le mot escroquerie »

      Tout à fait d’accord, il faut ajouter que n’étant pas corrompus par l’industrie phyto les vrais scientifiques ne peuvent qu’approuver la pertinence de cette étude!!!

  5. Moi, je la trouve très intéressante cette étude.

    Certes, les doses testées sont sans commune mesure avec celles mesurées en champs.
    Mais quand même, elle met en évidence des trucs assez inattendus :
    – pas de mortalité liée à l’insecticide dans le groupe témoins
    – sur-mortalité liée à l’insecticide dans le groupe infecté, et mortalité plus rapide
    – et surtout, diminution de la production de spores !!

    Donc en gros, ces deux insecticides ne provoquent pas la maladie.
    Mais ils tuent plus vite et plus efficacement les abeilles malades, tout en limitant la production de spores.

    Sans vouloir être cynique, j’ai pas l’impression que ça soit un mauvais point à l’échelle d’une colonie ; en toute logique, ça devrait vouloir dire que ces deux pesticides limiteraient les chances d’épidémie.

    1. Faire le trie dans les réactions physio d’abeille subclaquante ça me parait risqué…
      Il existe des traitements assez efficace contre Nosema cerana, ils sont en vente en Espagne, pas besoin d’aller chercher plus loin.

      1. Vrai scoop ou vrai phantasme?
        Quels sont donc ces produits miracles « assez efficaces contre Nosema cerana en vente en Espagne »?

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