La pomme toxique ou l’histoire d’une désinformation virale

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Sans titreLa désinformation ne réclame jamais beaucoup de moyens. Preuve en est encore cette vidéo de qualité très médiocre qui circule actuellement sur le web et issue de la page Facebook de « manger vivant » (près de 5 millions de vues !) qui, nous écrit le Monde, alerte sur les supposés dangers des fruits commercialisés en supermarché. On y voit un homme verser de l’eau chaude sur une pomme, ce qui fait apparaître une fine pellicule de « cire toxique ».

Pour une fois, le journal de référence ne tombe pas dans le panneau et fait un décryptage plutôt bien fait :

-aucune information sur l’origine de cette vidéo : le propriétaire de la page Facebook n’a pas répondu à nos sollicitations pour en connaître la source mais la personne à l’image ne parle pas français. On trouve sur Internet la trace d’autres vidéos du même type, mais avec la même limite : aucune ne semble avoir été tournée en France.

-La présence de cire sur une pomme n’est en rien un danger. Quant au produit incriminé par « Manger vivant », la morpholine, il est interdit en France : La substance mise en cause dans ce statut Facebook, la morpholine, est, elle, interdite en Europe, rappelle au Monde l’Interfel, l’association interprofessionnelle des fruits et légumes frais. On n’en trouvera donc pas dans les produits utilisés en France (sauf en présence d’une éventuelle fraude).

Le Monde aurait pu s’en arrêter là mais fait aussi un point sur les pesticides : Car si l’usage des pesticides est largement répandu dans la culture des pommes, cela ne veut pas forcément dire que les fruits en eux-mêmes en contiennent plus que ne l’autorise la loi. Une étude de la DGCCRF (Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes) réalisée en 2010 sur 2 917 échantillons a ainsi conclu que 1,4 % des légumes et 1,7 % des fruits testés dépassaient la teneur maximale en pesticides autorisée. Mais aucune pomme analysée n’entrait dans ce cadre.

Une autre étude de l’INRA, fondée sur des données de 2009, montrait par ailleurs que les pommes bio n’étaient pas exemptes de traitements à base de pesticides (avec tout de même des doses et des nombres de pulvérisations inférieurs). Le ministère de l’agriculture conseille donc, dans tous les cas, de laver ses fruits et légumes pour en réduire les traces.

A quand un tél décryptage des articles de Stéphane Foucart ?

 

 

 

 

9 commentaires sur “La pomme toxique ou l’histoire d’une désinformation virale

  1. Ce qui aurait pu être ajouté par le journal préféré des écolo-bobos c’est que si 1,4 % des légumes et 1,7 % des fruits testés dépassaient la teneur maximale en pesticides autorisée lorsque l’on faisait la même recherche dans les produits importés on passait à 5.7% et sans trop chercher pour éviter d’affoler la population .
    « tandis que 27,7 % provenaient d’aliments importés depuis des pays tiers. Le pourcentage d’échantillons issus de pays tiers dépassant les limites légales était plus élevé (5,7 %) que celui pour les pays de l’UE/EEE (1,4 %). »
    https://www.efsa.europa.eu/fr/press/news/150312

    Moins de pesticides autorisés en Europe, ce sera plus d’importations, plus à risque pour la population et les pesticides n’étant qu’un aspect de ces risques, les contaminants ubiquitaires ( dioxines, pcb, hap… métaux lourds …) ou naturels biotiques (aflatoxines…) étant encore plus problématiques dans les aliments importés, en particulier dans les filières bio moins bien contrôlées sur ces aspects…
    http://sante.lefigaro.fr/actualite/2008/11/28/9332-soja-contamine-melamine-importe-france

  2. @seppi, ne pas oublier la suite : « in most cases the detected residues were related to pesticides that are permitted for organic farming », sinon les escrolos prétendront qu’il s’agit de contamination dûe à l' »agrochimie »…

    1. Vous avez partiellement raison.

      Mais la phrase complète – un chef d’œuvre – est la suivante :

      « In most cases the detected residues were related to pesticides that are permitted for organic farming, persistent environmental pollutants or residues of substances that are not necessarily related to the use of pesticides but which may come from natural sources. »

      Voyons :

      « In most cases… » ? Il y a donc des exceptions.

      Je sais bien que les méthodes de détection sont de plus en plus précises, mais ça m’étonnerait fort qu’on ait souvent détecté une « contamination » par le pollueur voisin.

      « …persistent environmental pollutants or residues of substances that are not necessarily related to the use of pesticides but which may come from natural sources. » ? Voilà une précision qui n’a pas été fournie pour les produits conventionnels. Où en serait-on avec des chiffres corrigés des détections de substances inévitables ?

      Le tableau 3.2 (pages 73 et 74) sur les aliments pour enfants est particulièrement intéressant. L’agribio vertueuse ? Par exemple, il y a eu 4 détections d’endrine et 4 de lindane, toutes sur du bio. N’est-ce pas bizarre ? Je ne fais que poser la question.

      15 détections de DDAC en tout, dont 7 en bio (notez : le nombred’échantillons testés est probablement bien supérieur en conventionnel qu’en bio) ? N’a-t-on pas la main lourde sur les biocides dans les laiteries bio ? Je ne fais que poser la question.

      La figure 3.13 donne les substances les plus détectées sur produits bio. Sur 4620 échantillons au total, on trouve 241 détections de cuivre. C’est 5 % du total des échantillons ; combien sur les produits sur lesquels on utilise du cuivre ?

      51 fosetyl > 0,01 mg/kg ? Tout de la « contamination » ?

      L’échantillon français de lentilles contenant du Pirimiphos-methyl à trois fois la MRL ?

  3. « 4 détections d’endrine et 4 de lindane » : certainement du bio ukrainien, pas local mais ben bio qui stipule une obligation de moyens…actuels…mais vu la contamination des sols ukrainiens et l’obligation du binage en bio…cela fait des organochlorés dans les aliments, via les poussières liées au binage .
    Quoique dans certains sols français matraqués entre 1950 et 1970 avec ces insecticides …et s’il s’agit de concombres … ou de courgettes…possible…mais faut aussi chercher les dioxines car les pompes à organochlorés chez les courgettes fonctionnent avec toute la famille… ubiquitaires inclus! d’où les pumpking seed contaminées à l’organochloré, pumpking les bien nommées … pump à organochloride et king size!

    Idem pour les produits animaux avec des détection qui concernent des organochlorés HCH et DDT, ce sont des sols contaminés de façon historique, des vaches dans des près sur ces sols et l’ingestion de terre par ces vaches lorsqu’elles broutent, assez classique.
    On réduit le risque avec un ensilage d’herbe et une coupe haute.
    Avec de l’ensilage de maïs, le risque est encore bien plus limité, surtout en non labour ou avec des couverts végétaux sous le maïs.

    Choisissez votre type d’agriculture et les risques qui vont avec!

    Pas très hélicologie compatible comme raisonnement , certes.

  4. A propos de dioxines, infiniment plus inquiétantes que les insecticides organochlorés et liées à la politique de destruction des déchets par incinération:
     » La modernisation du parc d’incinérateurs a permis des progrès spectaculaires en matière d’émissions de dioxines : 1090 grammes I-TEQ par an en France en 1995 ; 710 en 1997 ; 515 en 1998 ; 365 en 1999, 340 en 2000, 255 en 2001, 212 en 2002, 8,5 en 2006 (sources : Citepa ; MEDTTL). »http://www.incineration.org/?Dioxines-et-Sante

    et de rappeler : « La France possède le plus grand parc d’usine d’incinération d’ordures ménagères (UIOM) de l’Union Européenne avec environ 130 installations recensées.  »
    http://www.developpement-durable.gouv.fr/Etude-d-impregnation-par-les.html

    L’amélioration s’est faite surtout entre 2002 et 2006, auparavant la pollution allait bon train, quid de ces sols contaminés, de la production agricole qui est faite dessus, prairies qui donneront du lait de vache lui même contaminé, culture de cucurbitacées qui seront elles même contaminées…

    Le sujet des dioxines est un sujet avec lequel nos Hommes politiques ont beaucoup de mal et souhaitent mettre ces poussières sous le tapis le plus longtemps possible, dioxines pourtant infiniment plus problématiques que les pesticides … la France a le plus grand parc d’incinérateurs dont beaucoup n’ont été mis aux normes que récemment … sans avoir la plus grande population… et l’on focalisera sur les pesticides, c’est tellement plus commode!

  5. Et des questions réponses sur l’exposition aux dioxines : http://www.invs.sante.fr/publications/2006/etude_impregnation_dioxine/dioxine_65_q_reponses.pdf

    Les études pour étudier la cancérogénicité des dioxines disposant d’infiniment moins de moyens que celles qui concernent les pesticides… la décision publique, ancienne, étant impliquée dans ces contaminations… le choix de l’incinération étant aussi un choix politique …très français.

    La pomme peut aussi être contaminée mais directement lorsque les usines d’incinération n’étaient pas équipées de filtre comme actuellement…en revanche le travail du sol met de la poussière de sol contaminée en suspension dans l’air et contamine ( faiblement) les pommes.

  6. « Actuellement, dans un tiers des départements, la DGCCRF ne compte plus que neuf agents. Si vous enlevez le directeur et la secrétaire, il reste sept enquêteurs pour couvrir toutes les problématiques du département. Ça ne marche plus », constate un bon connaisseur du dossier. L’heure est donc venue d’avoir des services regroupés, plus grands, qui couvriraient des zones géographiques plus vastes. Mais, pour cela, il faut redéployer des effectifs. La direction de la DGCCRF pourrait donc fermer ses bureaux dans des départements ruraux et réaffecter les personnels au niveau « interdépartemental ».

    « Attention aux distances. Certains contrôles ne seront plus effectués si les agents doivent faire plus de deux heures de route pour se rendre sur le lieu d’intervention », s’inquiète Romain Guillonnet, secrétaire général de l’Unsa-CCRF. A quel horizon pourraient survenir ces changements ? « Il n’y a pas de date limite pour l’instant », assure une source gouvernementale. Seule certitude, deux inspecteurs généraux de Bercy et du ministère de l’Intérieur seront nommés dans les jours qui viennent pour plancher sur cette réforme. Leur copie est attendue en novembre. Ils devront regarder de près un autre aspect de la réforme proposée par Emmanuel Macron : la réorganisation hiérarchique des services. Depuis 2009, une partie des agents de la DGCCRF a été placée sous l’autorité des préfets. Une évolution largement dénoncée par les syndicats. Un simple problème d’organisation interne ? Pas seulement. « Ce serait une bonne chose de revenir sur cette organisation », commente Cédric Musso, directeur de l’action politique de l’association de défense des consommateurs UFC-Que choisir. Cette réforme a, selon lui, limité les possibilités « de lancer des enquêtes nationales ».
    Les différents services de la DGCCRF seront dorénavant éclatés en entités départementales, placées sous l’autorité du préfet. Les services départementaux perdront ainsi tout lien hiérarchique au niveau régional et national !

    http://www.leparisien.fr/economie/repression-des-fraudes-grande-reorganisation-des-gendarmes-de-la-conso-15-10-2015-5187391.php

    Ce qui implique que le partage des compétences n’est plus assuré. Un exemple : lors de la découverte de produits dangereux comme la mélamine dans les produits laitiers, la force de la DGCCRF était de pouvoir mobiliser l’ensemble de ses agents en quelques jours. Dorénavant, il faudra que chaque département mène sa propre enquête, sans profiter des avancées du département voisin. La qualité des études s’en trouve ainsi diminuée et la cohérence interne de ses missions totalement désintégrée par la réforme.

    1. etonnant que ce monsieur s’offusque alors que lors du cimap 2013, l’unsa-fp a demandé à rester dans les DDI !

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