La Croix passe la filière apicole au grill !

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beekeepers« La filière apicole n’a pas encore fait sa mue. Faute d’investissement, l’apiculture est restée à l’écart du fort développement qu’a connu l’agriculture française depuis cinquante ans. » Le moins que l’on puisse dire à la lecture de l’article de Séverin Husson ce matin dans La Croix, c’est qu’une fois n’est pas coutume, un journaliste va droit au but pour analyser les causes structurelles de la crise profonde que traverse l’a filière apicole française.

Le constat est simple : « dans l’esprit du grand public, l’apiculture est plus souvent perçue comme un divertissement que comme un véritable métier. D’autant que l’installation de nombreux ruchers en ville n’a fait qu’accentuer l’impression d’une activité facile, voire folklorique. »

L’explication l’est tout autant : « Cette idée reçue s’explique facilement. Faute de financements, l’apiculture est restée à l’écart du formidable développement qu’a connu l’agriculture depuis cinquante ans. Bien sûr, les apiculteurs ont maintenant dépassé le simple stade de la cueillette, mais Apis mellifera est encore trop mal connue pour que leur productivité fasse un véritable bond en avant. Contrairement aux autres filières agricoles, la sélection génétique est encore balbutiante – alors qu’il existe bien différentes races d’abeilles, plus ou moins productives, résistantes ou agressives… De même, les moyens de lutte contre les maladies et parasites sont encore restreints; la communication entre abeilles à l’intérieur d’une ruche est méconnue, tout comme la raison pour laquelle elles essaiment…»

Un peu plus loin, le témoignage d’un apiculteur résonne comme un cri d’alarme : «Nous sommes des éleveurs, au même titre que les éleveurs laitiers, clame Dominique Ronceray. Mais nos méthodes de travail sont encore empiriques. On manque d’outils d’aide à la décision, aucun technicien agricole ne vient nous conseiller. Bref, on bidouille.»

Et si la création de l’ITSAP (Institut technique et scientifique de l’apiculture et de la pollinisation) est bien évidemment un plus, son action est aussi remise en cause : il est temps de se donner « vraiment les moyens de comprendre et de lutter contre les mortalités. »

Mais problème : quelle attitude vis à vis de l’industrie ? «Ce sont Bayer et Monsanto qui possèdent les molécules contre le varroa, souligne un apiculteur. Il nous faut donc travailler avec ces sociétés, qui commercialisent des pesticides et sont donc également responsables de nos problèmes. La contradiction n’est pas facile à gérer. » La conclusion de Séverin Husson est limpide : « L’obstacle est évidemment plus facile à surmonter pour les amateurs, qui n’ont guère de pression économique sur les épaules. D’ailleurs, la petite filière apicole ne cesse de se déchirer sur ces questions : il n’existe toujours pas d’interprofession et pas moins de sept syndicats coexistent. » Enfin un journaliste qui semble avoir bien compris la réalité de la filière apicole qui n’est malheureusement pas sortie de la crise…

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4 commentaires sur “La Croix passe la filière apicole au grill !

  1. « Ce sont Bayer et Monsanto qui possèdent les molécules contre le varroa » et le varroa est le principal responsable de la crise apicole avec le frelon asiatique et la nosémose.

     » l’installation de nombreux ruchers en ville n’a fait qu’accentuer l’impression d’une activité facile, voire folklorique  »

    C’était de la communication mais cela tiendra tant que les finances des villes surendettées tiendront …pas longtemps, hélas!

    La prochaine crise financière remettra de l’ordre dans les idées en resituant la hiérarchie des besoin: l’eau, du pain, un toit.

    On verra ensuite pour les jeux, jeux de rôles, jeu verdâtres, jeux pas toujours drôles!

  2. Extrait du point de vue d’un apiculteur alsacien :
    « Bien sûr, je suis comme tous les apiculteurs : mes abeilles sont porteuses de varroas et je suis obligé de faire les traitements qui s’imposent avec des produits ayant une AMM.

    Je pense qu’il y a énormément de décisions à prendre en ce qui concerne les varroas. Hormis les produits ayant une AMM à utiliser obligatoirement, il faut imposer un suivi des dates de traitements obligatoires pour tout propriétaire de ruches, des contrôles et enregistrements des chutes naturelles des varroas après traitement par lesdits propriétaires.

    Il faudrait appliquer des sanctions financières si les traitements ne sont pas effectués aux dates fixées, avec interdiction totale de posséder des ruches s’il y a un constat par l’ASA de non traitement, après une mise en demeure.

    Il y a trop de possesseurs de ruches qui ignorent les varroas, font des traitements de « sorcières » sans contrôle d’efficacité, traitent à n’importe quelle époque de l’année, disent qu’ils n’ont pas de varroas parce qu’ils n’en n’ont jamais vu, etc.

    Personnellement, je suis trop souvent confronté à des ré-infestations de varroas dans mes ruches à cause de ces propriétaires de ruches. Le ministre de l’agriculture devrait, me semble-t-il, légiférer sur ce problème sanitaire.  »

    http://www.parole-apiculteur.fr/portrait-de-claude-paillard-apiculteur-depuis-plus-de-60-ans/

    1. http://www.apivet.eu/2009/02/a-propos-des-études-en-toxicologie-chez-labeille-en-général-et-dune-étude-en-plein-champ-sur-la-toxi.html

      A propos des études en toxicologie chez l’abeille en général et d’une étude (Cutler et Scott-Dupree) en plein champ sur la toxicité de la Clothianidine en particulier, par le Groupe de Réflexion de Vétérinaires Spécialisés en Pathologie Apicole.

      Conclusion :A partir du moment où plusieurs points de cette étude sont facilement remis en cause, les résultats obtenus par Cutler et coll. sont tout simplement ininterprétables et il n’est pas possible de dire que la clothianidine n’a pas d’effet sur les abeilles à long-terme.

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