Générations Cobayes ou Générations Ecolobusiness ?

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Dans un billet précédent, nous avions abordé la coexistence de l’écolobusiness avec les activités non lucratives des associations écologistes. Nous allons nous intéresser cette fois-ci à un cas spécifique : Générations Cobayes (GC). Epaulée par le Réseau Environnement Santé et le CRIIGEN, cette organisation, appelée au départ L’Appel de la Jeunesse, a pour vocation d’alarmer les jeunes sur les questions de santé environnementale.

Mais GC est également une vitrine commerciale pour ses partenaires financiers. Par exemple, GC propose de faire ses produits cosmétiques soi-même, de façon « naturelle ». L’association organise alors un concours pour les meilleures « recettes » qui recevront en récompense un produit cosmétique la société bio Léa Nature, laquelle contribue financièrement à GC.

De même, pour améliorer l’efficacité de leur propagande, GC a décidé fin 2013 d’utiliser l’arme fatale du marketing : le sexe. Ils ont donc lancé une campagne sur les « 7 commandements de l’éco-orgasme », animant des conférences « Let’s talk about sex », car ils regrettent « que l’on ne se pose pas trop de questions sur ce que l’on s’étale dans son trou de balle. Quel drame… » Pour répondre à ce « drame », ils ont organisé du 23 janvier au 16 mai 2015, un Tour de France de l’éco-orgasme, avec des réunions dans une quinzaine de villes. Et un peu comme pour le vrai Tour de France, ils sont accompagnés de leurs marques sponsors : Léa Nature, Qwetch (gamme d’accessoires, mugs et thermos), Gobilab (fabricant de bouteilles réutilisables), L’Arbre des Plaisirs (site dans l’univers du sextoy), oOlution (soins cosmétiques), My Boobs Buddy (marque de vêtements).

Enfin, autre exemple, GC a proposé « 10 actions pendant 10 jours pour dire non merci aux perturbateurs endocriniens », dans le cadre de leur campagne « Qu’est-ce tu glandes ? » Parmi ces actions, GC conseille de remplacer les récipients alimentaires en plastique par des bocaux en verre, tout en ajoutant que « si tu as besoin d’investir, des marques comme Qwetch propose des contenants alimentaires design et garantis sans BPA ». Et pour le jour 1, ils proposent de télécharger l’application Notéo, expliquant que « tu pourras scanner les étiquettes de tes produits du quotidien. Une notation fiable, validée par des experts indépendants, te permettra de voir s’ils sont bons pour ta santé, la planète, les travailleurs mais aussi ton porte-monnaie ». Or comme nous l’avions déjà expliqué (voir ici), d’un côté l’association Notéo sans buts lucratifs ciblait les produits, et sa filiale commerciale, la société Notéo Solutions, proposait de vendre aux industriels des services « pour permettre d’échapper aux feux rouges ou oranges de l’appli conçue par l’Institut Noteo ». Certes, le succès n’est peut-être pas au rendez-vous puisque la société Notéo Solutions est en cours de liquidation. Mais si les entreprises ciblées par Notéo souhaitent reverdir leur blason, elles pourront toujours s’adresser à Générations Cobayes puisqu’au sein de leur équipe se trouvent plusieurs « experts » de la communication verte : Timothée Elkihel, coprésident de GC, est consultant sénior chez GREENFLEX ; Damien Hensens, délégué général de GC, est chef de projet à l’Agence LIMITE – Communication responsable ; Marina Parisot, chargée de communication à GC, est consultante en communication responsable à WABI+WABI. Ah, le monde associatif écologiste est quand même bien fait !

Sources

27 commentaires sur “Générations Cobayes ou Générations Ecolobusiness ?

  1. http://www.consoglobe.com/monsanto-interview-directeur-communication-cg
    Monsanto : peur des pesticides ‘une conspiration française’

    consoGlobe – Pourquoi selon vous y aurait-il une telle communication à l’encontre de Monsanto ?

    BM – Il y a deux types d’organisations qui propagent ce mythe. L’une ce sont les ONGs, « l’industrie de la protestation ». La manière dont ils génèrent leurs revenus, c’est en faisant peur aux gens, et ensuite en disant aux gens « envoyez-nous votre argent et nous vous protégerons ». Tenez, un exemple très réel : près de notre siège en Suisse, Greenpeace Suisse distribue des tracts dans les boites aux lettres des gens avec des slogans simples du type « sauvez les abeilles, Monsanto tue les abeilles, envoyez nous de l’argent ». Ce sont des campagnes faites de toute évidence pour faire peur aux gens.

    Et puis il y a un autre type d’acteur : ce sont les grands distributeurs de produits bio, y compris les très gros, comme Carrefour et Auchan, qui ont fait la promotion de cette peur des pesticides, pour promouvoir les aliments bio, qui font une meilleure marge. C’est meilleur pour leurs résultats ! Les campagnes sont presque toutes issues de sociétés avec des intérêts dans le bio.

  2. Magnifique le pedigree des dirigeants de cette association indépendante…

  3. Les entreprises qui vendent du matériel de sécurité font la même chose pour fourguer leur système d’alarme mais c’est certains médias et partis politiques qui s’occupent de créer la psychose.

  4. Si cette interview est vraie non manipulée, où bien le dircom de Monsanto est un amateur ,ou bien les intentions de l’entreprise m’échappent pour l’agriculture française.

    En principe, le recrutement de Monsanto est assez sûr, pas de branquignol chez eux, que des gens solides, donc la stratégie de l’entreprise avec l’effet que doit avoir ces propos sur le lecteur de consoglobe m’échappe, mais Monsanto a toujours eu un communication trop subtile pour moi, que l’on peut juger assez…paradoxale.

    1. Personnellement je trouve cette interview de Brandon Mitchener, Directeur des communications pour l’Europe et le Moyen Orient de Monsanto ,absolument remarquable. Je ne connais le profil idéologique du lectorat de Consoglobe, mais quel qu’il soit, pour dédramatiser et dépassionner le débat, je ne sais pas comment on aurait pu mieux faire.

      1. Bon, je réécris, cette fois sans fautes, du moins je l’espère :

        Personnellement je trouve cette interview de Brandon Mitchener, Directeur des communications pour l’Europe et le Moyen Orient de Monsanto, absolument remarquable. Je ne connais pas le profil idéologique du lectorat de Consoglobe, mais quel qu’il soit, pour dédramatiser et dépassionner le débat, je ne sais pas comment on aurait pu mieux faire.

    2. Amateur vis à vis du grand publique et des médias, mais en B to B ils sont bons…

    3. Leur com est totalement inadapté au média et au grand public. Je pense qu’ils s’en foutent.

      1. J’ai commenté un jour sur un blog états-unien que la communication de Monsanto vers le grand public était lamentable. Quelqu’un de M. m’a répondu que M. ne communiquait pas avec le grand public… Les temps ont changé.

        Ils ne s’en foutent plus. Mais comme beaucoup d’entreprises et d’institutions, leur réactivité tant sur le fond que sur les délais est plutôt faible.

        Mais cette interview est plutôt percutante.

        Même si elle est critiquable sur certains points, c’est un exemple de ce que l’on aimerait voir plus souvent.

  5. Si son âge le lui permet, Alzine va adhérer avec enthousiasme à Génération Cobaye, qui encourage le sexe sans perturbateurs endocriniens, donc sans pilule ! 😉

    Euh, j’ai bon ? Peut-être que c’est plutôt contre le bisphénol dans les capotes ?

    1. sauf que l’activité sexuelle perturbe la production d’hormone.
      Donc l’abstinence est de mise pour Alzine .

      Alzine de boit pas (?)
      Alzine ne fume pas
      Alzine ne baise pas.

      Il vivra plus longtemps ? peut être mais le temps va lui paraitre plus long .! 😉

      1. …et Alzine ne prend pas la pilule contraceptive, sauf lorsqu’il/elle boit de l’eau du réseau urbain qui en contient des doses significatives surtout en aval des grandes villes .

        Cela dit, comme Pasteur le préconisait sagement mieux vaut boire (raisonnablement) du bon vin rouge que de l’eau contaminée par des résidus d’éthinyl oestradiol, massivement présent dans l’eau distribuée en France vu la position de forte consommation par rapport à nos voisins.

    2. Non effectivement l’interview dans son intégralité est excellente, sauf le passage qui justifie mes questions sur les finalités de Monsanto :

      « Nos affaires sont florissantes en France ! Nous sommes leaders sur le marché des semences de maïs, de colza, de diverses sortes de légumes… Mais nos clients ne sont pas les consommateurs finaux, ce sont les fermiers, avec lesquels nous faisons de bonnes affaires malgré le harcèlement que nous subissons des médias. Avec le consommateur normal, nous ne ressentons pas d’impact immédiat des médias, parce qu’ils n’achètent pas directement des produits Monsanto. Ils ne savent pas quelles graines ont été utilisées pour produire, par exemple, le maïs qu’ils achètent.

      Tout le monde pense que Monsanto est une société exclusivement d’OGMs. Nous n’en vendons pas en France. En Europe, les graines génétiquement modifiées représentent moins de 0,5 % de nos ventes. Et encore, elles ne sont vendues qu’en Espagne et au Portugal, où les fermiers les achètent volontiers et les ventes augmentent chaque année. »

      En tant ces propos il donne l’impression qu’il existe un front de la protestation anti Monsanto d’un coté et de l’autre un monde agricole qui travaille exclusivement ou presque avec Monsanto, se vautre et se complait dans ce commerce , donc qui se moque totalement des récriminations sociétales certes infondées…sauf sur la concentration des pouvoirs de création variétale ou de production de pesticides entre quelques mains.

      Le vrai problème et la véritable inquiétude que peuvent partager les agriculteur c’est la limitation entre un nombre d’acteurs limités toute la création variétale et chimique. Il existe un partage d’inquiétude entre les agriculteurs et les consommateurs voire les écologistes les plus réalistes, même si certains excessifs justifient des craintes sanitaires infondées par ce risque de concentration.

      Les anti OGM fragilisant les plus petits producteurs renforcent de ce point de vue le monopole de Monsanto.

      Au delà des propos très justes, très équilibrés et avec un soupçon d’humour, tenus par Brandon Mitchener, le passage que je cite, sur l’attitude des agriculteurs vis à vis de Monsanto, sert cette stratégie (naturelle) du monopole que seuls les pouvoirs publics peuvent empêcher mais à condition que le citoyen suive ou plutôt précède. Dans notre cas il s’en moque dans les faits et les plus protestataires sont des imbéciles utiles qui servent l’intérêt du monopole.

      Cela dit le texte est bien léché, d’une merveilleuse efficacité dans tous les sens, et chacun y trouvera ce qu’il cherche.

      D’où mon propos initial, Monsanto embauche les meilleurs, pas forcement mal intentionnés et les paye fort cher pour cela.
      Ce n’est pas le Diable mais un ange subtil et un soupçon manipulateur qui hante un drôle de paradis.

  6. http://www.independent.co.uk/environment/exgreenpeace-director-denounces-immoral-groups-that-campaign-against-gm-foods-10306370.html
    Ex-Greenpeace director denounces ‘immoral’ groups that campaign against GM foods

    « traduction google »
    Le programme a également découvert de nouvelles preuves que certaines campagnes publiques menée par les ONG occidentales contre GM dans le Tiers Monde sont « en utilisant des tactiques de peur» pour mobiliser l’opposition à la technologie.

    1. Ce que font les partis néo-nazis ,extrême gauche ou des gens proches de ses idées : répandre et alimenter des rumeurs sur des groupes humains (homosexuels ,roms ,gitans ,juifs ,musulmans ,femmes ,noirs ,..) pour faire faire peurs aux naïfs ou aux désespérés.
      Zeimour est l’un d’entre eux….

      1. Pas tout à fait d’accord avec vous , la population voit de plus en plus clair !!!

      1. Sur le manque de sérieux de cette publication, lire ceci => http://www.forumphyto.fr/2015/06/11/pyrethrinoides-et-developpement-intellectuel-de-lenfant-regard-critique/

        On peut ajouter que l’étude Pélagie est en route depuis 4 ans en Bretagne sous égide de l’INSERM. Malgré cela, elle n’a pas grand-chose à se mettre sous la dent. Une telle publication est une façon de ne pas se faire oublier. Si même les scientifiques se mettent à la com !

      2. C’est derrière un péage, et c’est insupportable : c’est le fruit de la recherche publique à laquelle j’ai contribué par mes impôts.

        « Une baisse constatée des performances cognitives chez l’enfant » est-il écrit en intertitre dans le communiqué de presse ?

        Ni le communiqué de presse, ni le résumé de l’article ne précisent l’importance de cette baisse… on a simplement cédé au fétichisme de la p-value, sans plus.

        On nous prévient, même en gras, que les observations doivent être reproduites. C’est bien.

        Mais après on cite un co-auteur, en italiques (c’est certes moins lisible) : « Les conséquences d’un déficit cognitif de l’enfant sur ses capacités d’apprentissage et son développement social constituent un handicap pour l’individu et la société. »

        C’est un commentaire qui pue la « science » militante. Une « baisse significative des performances cognitives » – c’est l’expression employée dans la description des résultats de l’étude – est-elle synonyme de « déficit cognitif » ?

        C’est sans compter le fait que les maladies et désagréments que l’on combat avec les insecticides en question sont aussi « un handicap pour l’individu et la société. »

  7. Dernier point, en tenant ces propos très justes notamment la mise en évidence de la collusion des groupes Auchan et Carrefour avec les mouvement écologistes, Brandon Mitchener fait une pub gratuite à ces enseignes pour tous les citadins gavés d’informations antimonsanto et anti OGM. Soyons clairs 80% de français ne souhaitent pas consommer d’OGM, sans forcer et sans être prêts à dépenser beaucoup plus, un peu plus quand même et cela Auchan l’a compris et analysé.

    En soulignant des faits réels, un dirigeant de Monsanto neutralise ces arguments pour l’utilisation par un tiers qui serait plus crédible et les valoriserait mieux et avec plus d’efficacité.

    Une fois prononcé par Monsanto, ces arguments aussi justes et bien analysés sont grillés.

    C’est cela aussi la communication asymétrique.

    On peut poser la question: pourquoi cette « franchise » contre productive?

    1. Vous dites qu’il fait de la pub pour Auchan et Carrefour, moi je ne le comprends pas ainsi.

      1° Il dit : si nous sommes un lobby, il y en a d’autres.
      2° Carrefour et Auchan n’ont pas besoin de pub.

      1. Cher Laurent,

        Votre niveau de lecture est un niveau de lecture rationnel sur ce sujet mais le citoyen lambda gavé d’information par les médias n’a pas la même compréhension de mêmes termes.

        Ce qui pour vous est une évidence: en finançant des travaux sans fondement, Séralini et al par exemple, Auchan et Carrefour sont dans la même situation que Monsanto finançant des travaux de recherche en Inde pour soutenir le développement de la technologie OGM.

        Avec la différence que le résultat des travaux de Séralini doit être connu d’avance, alimenter une seule thèse , être terrible pour les OGM afin de faciliter le lancement d’une gamme sans OGM chez Auchan et Carrefour. Tout cela c’est du business et de la com, pas de la science ou de la technologie.

        Le pb est que pour le français moyen anesthésié par les médias, ce message juste mais présenté par Monsanto, perd toute valeur, justement parce que présenté par Monsanto.

        Après ce discours, ces bons arguments sont en grande partie grillés, l’image de l’émetteur comptant presque autant que le contenu du message actuellement, voire autant .

        Cela Brandon Mitchener le sait, il a de remarquables conseillers en communication et en psychologie des masses pour l’identifier. S’il voulait que cette information porte, il la laisserait porter par une personne tierce neutre non engagée ni dans un camp, ni dans l’autre et éviterait de s’impliquer lui ou sa société. Il laisserait en fait la communication se faire sans l’influencer d’une quelconque façon, juste en dédramatisant sur certains points et donnant des informations factuelles sur les études conduites à propos des technologies qu’il vend, point.

        Donc je m’interroge sur sa stratégie même si cette stratégie n’a rien de répréhensible: c’est de bonne guerre économique, finement joué, et sommes toutes dans le monde de brutes dans lequel nous vivons de plus en plus, assez soft comme manière d’influencer les choses, mais pas pour voir les OGM mieux acceptés en Europe, désolé.

        Je reconnais que ce raisonnement est contraire à une logique simple et qu’il privilégie l’asymétrie dans la communication.

  8. Bravo pour la montée en puissance de vos billets.

    Je viens de me lancer aussi :

    http://seppi.over-blog.com/

    Un grand merci à M. Anton Suwalki pour m’avoir hébergé pendant quatre ans et demi.

  9. Lu dans l’interview :

    « C’est une remarque à la Marie-Antoinette !

    Il faut réhabiliter M.-A. Ce qu’elle avait/aurait dit était une marque de bon sens et de compassion.

    Marie-Antoinette ? Victime un peu comme Monsanto…

    1. Elle n’aurait pas dit « Qu’ils mangent des brioches » mais « Qu’on leur donne des brioches », lesquelles étaient disponibles dans les cuisines du château.

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