Faucheurs de Colmar : communication offensive de l’INRA

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Cet après-midi sera rendu le jugement de la cour d’appel de Colmar à l’encontre des faucheurs ayant fait appel de leur condamnation précédente pour le fauchage des plants de vigne OGM de l’INRA à Colmar. A cette occasion, l’organisme public de recherche prend les devants…et communique d’une manière forte…Il faut le reconnaitre, c’est assez inattendu de la part de l’INRA.

Un communiqué tout d’abord. Celui-ci rappelle clairement les faits : « Le tribunal correctionnel de Colmar avait condamné, le 14 octobre 2011, 62 faucheurs volontaires à une peine de deux mois de prison avec sursis, pour avoir saccagé et détruit un essai en plein champ portant sur 70 porte-greffes de vigne génétiquement modifiés.  […]Quelle que soit la décision qui sera rendue aujourd’hui, l’Inra rappelle que la culpabilité des prévenus reste établie, alors que pour sa part l’institut a parfaitement respecté la réglementation en vigueur. »

En ensuite une tribune de François Houllier, Président de l’Inra, rappelant le contexte de cette recherche OGM  et la véritable chape de plomb qu’imposent les faucheurs sur celle-ci : « Le paradoxe est ainsi éclatant : d’un côté, la recherche publique est incitée à produire des connaissances et des innovations fondées sur les avancées les plus récentes des sciences et technologies du vivant ; de l’autre, elle est vandalisée ou bridée et elle ne peut produire les connaissances qui sont attendues de sa part, notamment en appui à l’expertise publique sur ces mêmes technologies. […]Que faire pour sortir des violences illégales, de la destruction de biens publics financés par l’impôt et de cette paralysie de la recherche publique sur les OGM ? Faut-il, comme les chercheurs anglais, mener des travaux derrière des barbelés ? Faut-il, comme en Suisse, sanctuariser un site national unique dédié aux essais de la recherche publique sur les OGM ? Si ces deux pays ont souhaité maintenir des essais au champ, c’est bien que ceux-ci sont nécessaires pour obtenir des résultats scientifiques robustes : l’expérimentation en serre et la modélisation mathématique ne sont en effet pas suffisantes pour saisir la complexité d’un système agricole. Si un site d’expérimentation proche du modèle suisse devait voir le jour en France, il devrait garantir le « confinement extérieur » de ces essais, permettant de travailler en conditions culturales tout en évitant les risques de dissémination à grande échelle, comme nous l’avions fait sur notre essai détruit à Colmar. »

Et de rappeler enfin le contexte mondiale, bien loin de la bulle idéaliste des faucheurs : « Pouvons-nous laisser à d’autres la maîtrise des technologies les plus récentes et brider ainsi la compétitivité des entreprises françaises et européennes sur les marchés étrangers ? Pouvons-nous nous priver d’explorer les potentialités de ces technologies pour atteindre des objectifs d’intérêt public ou pour répondre, dans le futur, à d’éventuelles crises sanitaires ou climatiques ? Enfin, pouvons-nous donc vraiment faire l’économie d’essais scientifiques au champ en conditions contrôlées, pour traiter ces différents enjeux ? »

A lire et à diffuser, en espérant que l’INRA ait le soutien politique nécessaire pour reprendre ses recherches !

21 commentaires sur “Faucheurs de Colmar : communication offensive de l’INRA

  1. Comme je l’avais écrit dans un précédent post sur un autre sujet :
    Si la France ne reste pas dans la compétition internationale sur les biotechnologies, alors elle perdra rapidement sa place de grand producteur agricole. Elle devra ensuite importer la nourriture car produite pour moins chère ailleurs. Et alors sa balance commerciale sera définitivement perdue…

    Malheureusement, les récents propos de l’actuel ministre de l’agriculture, M Le Foll, montrent bien, s’il en est, que la recherche et l’exploitation des biotechnologies ne se fera pas sous son mandat !!!

    Les prises de positions idéologiques des responsables politiques actuels et leurs postures fanfaronesques sont les mêmes que celles de leurs prédécesseurs durant les années 81 – 83 qui ont entrainer la faillite de la France et de l’industrie française, le refus des technologies nouvelles (internet / minitel; refus du téléphone portable, plus tard refus des surgénérateurs atomiques…).

    1. Elle devra ensuite importer la nourriture car produite pour moins chère ailleurs

      Et les Français, y compris les écolos, bobos et tutti quanti vont se mettre à gueuler et défiler pour geindre et pleurnicher… Ce sera bien fait pour leur gueule mais il sera trop tard!

    2. «Si la France ne reste pas dans la compétition internationale sur les biotechnologies»

      La France est larguée en biotechnologies agricoles. Ses semenciers font leurs essais outre-atlantique et même y vendent leurs produits…

    3. Question idiote , (may be !) :
      il y a des faucheurs volontaires , il y a donc des faucheurs involontaires ?
      non ?

      En résumé : ça signifie quoi « volontaires « ?
      C’est comme « bidule » citoyens (remplacés bidule par ce que vous voulez ) ?

  2. C’est exactement pareil pour les porcheries ! Qu’un agriculteur ait un projet de création ou d’extension de sa porcherie avec un parcours du combattant administratif préalable semé de mille règles et embuches règlementaires inconnues a un tel niveau en Allemagne ou en Espagne … de suite se lève un collectif d’opposants (les mêmes que les anti lacs , anti OGM, anti aéroport, anti éoliennes , pro Ours et pro Loup réunis…. de toute façon ils n’ont que ça à foutre!)qui renchérit le projet et surtout l’étude préalable du porteur de projet. Finalement la porcherie peut être située à 4 fois la distance règlementaire minimale de la 1ere habitation, avoir le double de la surface d’épandage nécessaire … in fine le projet avorte, l’agriculteur a perdu 20000 à 30000 € de frais d’études d’impact et d’incidence et tout le tralala lié au principe de précaution Constitutionnel Français . Et on ferme les abattoirs , et on importe du jambon d’York Catalan ou Bavarois et ça ne pose aucun problème à tous les abrutis médiévaux qui sont responsables de cet état de fait , ils vont sans état d’âme acheter leur tranche de porc au supermarché du coin ! Cherchez l’erreur.
    Avec les OGM ce sera pareil , que dis-je c’est déjà pareil : on en importe tous les jours des cargos entiers.
    Pays de merde !!!!

    1. J’ignore comment cela se passe ailleurs mais en Bretagne les extensions d’élevage de porcs ne posent pas de problème et rare sont contrôlés ceux qui dépasse le nombre de porcs.
      Il faut vraiment que le gars dépasse les bornes outre-mesure pour finir par être sanctionné.
      Il y a un certain laxisme ? non ,mais une tolérance assez grande.

      1. Mon pauvre Roger , vous n’y êtes pas du tout !
        Je ne parlais pas de pénalités pour excès de ceci ou de cela ou non respect de la règlementation de la part d’élevages porcins. Je parlais de projets de création ou d’agrandissement de porcheries rejetés massivement par les groupuscules extrémistes qui apeurent savamment la population invitée à signer des pétitions et a faire du ramdam contre le projet pire que si c’était un surgénérateur. Dans ma région on a vécu ça à plusieurs reprises… et 4 fois sur 5 le porteur de projet jette l’éponge. En Bretagne c’est vrai la population est sensibilisée par l’intérêt d’avoir des IAA solides et prospères sur le territoire car c’est symbole d’emploi au local , ailleurs non !

  3. « A lire et à diffuser, en espérant que l’INRA ait le soutien politique nécessaire pour reprendre ses recherches ! »

    Il faut espérer en tout premier lieu que l’INRA de M. Houillier ait le soutien de son propre personnel. Je crois me souvenir qu’un certain syndicat dont le nom est homonyme d’un point cardinal avait fait l’apologie de la destruction de l’essai de Colmar…

    Et quand on voit le nombre de membres du personnel de l’INRA – dont des directeurs de recherche – qui signe des pétitions en faveur de ce militant-chercheur qui a osé laissé vivre des rats avec des tumeurs monstrueuses juste pour la photo…

    1. Et quand on voit le nombre de membres du personnel de l’INRA – dont des directeurs de recherche – qui signe des pétitions en faveur de ce militant-chercheur qui a osé laissé vivre des rats avec des tumeurs monstrueuses juste pour la photo…

      === Remarque tout à fait pertinente et précision tout à fait utile rappeler!

      Hélas…..

  4. Avant de faire des essais OGM, ce serait bien de sonder s’il y a des débouchés commerciaux. Comme pour l’histoire des peupliers OGM, l’INRA est ici totalement à la traîne. Il n’y aucun débouché, les professionnels du secteur n’en veulent pas (Cf Compte-rendus des comités interprofessionnels viticoles).
    Après, s’il s’agit de recherche fondamentale pure, la nécessité d’expérimentations en plein champ -et son coût- ne se justifie plus. Mais cela reviendrait à avouer que leurs recherches d’innovations OGM tombent à côté à chaque fois, question lien industriel et commercialisation.

    1. Pourquoi il faudrait des débouchés forcément locaux?
      Concernant les peupliers, quand on voit la gueule de la filière bois, on rigole devant ce genre d’affirmation péremptoire… N’oubliez pas que les OP sont souvent aux mains de mandarins qui font tout pour que rien ne change.

    2. Avec votre raisonnement :
      -Pasteur n’aurais jamais fait de recherche sur la génération spontanée…. et n’aura jamais découverts les vaccins
      – Curie n’aurait jamais fait de travaux sur le radium ce qui n’aurait pas permis les centrales nucléaire
      – Albert fert n’aura jamais découvert la mangétorésistance géante et n’aurions pas des disque durs pour les ordinateurs…

      Et j’en passe beaucoup…

      Non faire de la recherche sur les OGM, même s’il n’y a pas de débouché apparent n’est pas inutile.

    3. Avec votre raisonnement Dieu n’aurait pas créé le monde.

      Mais suivons votre raisonnement, avec le Némadex Bouquet. Pensez-vous qu’il y a un débouché ?

      Parce que c’est bien beau d’avoir un porte-greffe retardant l’apparition du court-noué. Encore faut-il qu’il soit adapté aux conditions de production, notamment pédologiques. Et que les viticulteurs l’acceptent.

      Que croyez-vous qu’il se passera si, demain, des hurluberlus lancent une campagne affirmant que ce PG, issu d’un croisement interspécifique, dénature le vin ?

    4. c’est quoi ce raisonnement foireux? La recherche agronomique, en labo, c’est quand même assez limité, donc à un moment faut sortir des paillasses, on bosse sur des organismes vivant quand même. DOnc fondamentale ou pas, la recherche agronomique a besoin de faire des essais en plein champs. Et sortez de vos oeillères. Si les français ne sont pas prêt pour les OGM, les ricains n’ont pas la dernière des industries viticoles et ne feront pas la fine bouche si on leur sort des plans resistants à certaines viroses transmises par des cicadelles. Ce qui permettrait donc de financer la recherche en france.

  5. Et dire que la recherche publique agronomique Française était leader mondial sur les OGM dans les années 90 !!!!!! avec le souci quasi atteint de réduire ou de stopper la plupart de traitements phytosanitaires sur les cultures soumises à des bio agresseurs. Dans l’idéal on pouvait tendre vers des cultures avec zéro traitement donc zéro résidus… donc bien mieux que le Bio qui s’échine à apparaitre vertueux mais qui réalise souvent autant de traitements qu’en conventionnel avec des produits de perlimpinpin assez peu catholiques à l’expérience (roténone, huile de neem, ….etc)
    Depuis des abrutis manipulateurs d’opinion ont réussi a infiltrer les médias , à faire introduire dans la constitution à Chirac (qui gagatisait légèrement déjà)le machiavélique principe de précaution… et voila le travail
    La recherche sur les OGM ne se fait plus que dans les labos privés sans maitrise par l’État et plus du tout en Gaule antique profonde. Gaule qui importe une part croissante… et c’est inéluctable… de produits de base ou finis contenant des OGM
    CQFD

  6. On parle bien de l’institut National de la recherche agronomique ? Pour traiter des problématiques qu’il y a en France ca serait pas mal non ? Après autrement on a inventé l’IRD…

    Mettre au point des OGM pour les viticulteurs (c’est le cas là il me semble?) ce n’est pas faire de la recherche fondamentale. Les fonds de recherche ne sont pas extensibles, donc si on veut bien les utiliser il faut penser aussi à l’après, à qu’est-ce qu’on fait maintenant des résultats.

    Le porte-greffe sélectionné à Montpellier n’est pas rejeté par le monde viticole, lui, donc oui plus de débouchés potentiels que cet OGM. Désolé!

    Bon ca vous va ou il faut que je continue de réfléchir à votre place…

    1. Je ne pense pas que nous ayons besoin de Dieu pour réfléchir sur ce site. Et encore moins de quelqu’un qui se prend pour Dieu.

      Du reste, pour la réflexion faite à notre place, ça fait bien sourire.

      « On parle bien de l’institut National de la recherche agronomique ? Pour traiter des problématiques qu’il y a en France ca serait pas mal non ? »

      Oui, absolument ! Prenez ma réponse au tout premier degré. Car j’ai l’impression que Dieu ne sait pas ce qu’il a écrit.

      « Mettre au point des OGM pour les viticulteurs (c’est le cas là il me semble?)… »

      Il vous semble… Cruel aveu de méconnaissance du dossier.

      « …ce n’est pas faire de la recherche fondamentale » ?

      Les travaux de Colmar avaient pour objet d’en savoir plus. Mais chut ! Il est interdit d’en savoir plus. Des fois que le concept de base se révélait une voie d’avenir (une voie qui, grâce à la gabegie française, est poursuivie ailleurs, avec un chercheur français dans lequel on a investi des dizaines de milliers d’euros pour la formation).

      « Les fonds de recherche ne sont pas extensibles… » ?

      Tiens, ça me rappelle quelqu’un qui a fait une apparition sous un autre billet…

      « …donc si on veut bien les utiliser il faut penser aussi à l’après, à qu’est-ce qu’on fait maintenant des résultats » ?

      C’est effectivement une question que l’on peut se poser en général. Il se trouve que notre système de recherche est noyauté par des gens de la mouvance alternative qui refusent les recherches dont les résultats seraient exploitables par la méchante industrie. La connaissance pure, gratuite, généreusement diffusée, il n’y a que ça de vrai pour ces gens… qui ont cautionné la destruction de l’outil de travail de Colmar.

      Mais c’est aussi une question qui ne se pose plus pour l’essai de Colmar : il a été détruit…

      « Le porte-greffe sélectionné à Montpellier n’est pas rejeté par le monde viticole, lui, donc oui plus de débouchés potentiels que cet OGM. Désolé! » ?

      Quelle stupéfiante capacité de raisonnement ! Mais comme la parole de l’expert – ben oui ! Dieu est omniscient – inclut le mot « potentiel », il est difficile de la contredire.

      Il se trouve que le Némadex doit être réservé à des sols ne dépassant pas 15% de calcaire actif et 30 d’IPC, qu’il n’aime pas l’hydromorphie, et qu’il y a un effet cépage important sur la sensibilité à la chlorose. Et le prochain porte-greffe retardant la contamination par le virus du court-noué prendra ou aura pris, lui aussi, toute une vie de chercheur.

      Ce n’est pas grave… Nos porte-greffes traditionnels, rendus résistants au court-noué, nous reviendront des USA, grâce en partie au savoir faire que nous avons exporté grâce à des délinquants destructeurs d’outils de recherche.

    2. pour ce qui est de la creation variétale, quelques chiffres:
      selection et inscription d’un clone au catalogue: 50 000 euros environ, pour 10 ans de travail.
      Création, selection et inscription d’une nouvelle variété, comme le némadex: 20 ans de travail (au bas mot), 500 000 euros.
      Pour ne pas être sûr du resultat. On comprend que peu de compagnie se lance dans la création variétale, et que la tendance générale reste à la selection de clones, ce qui ne mènera jamais à de grandes avancées faces aux défis sanitaires actuels.

  7. j’ai rencontré cette semaine le directeur scientifique de l’IFV (institut français du vin) qui chapotait cette expé.
    L’essai avait éé initié en Champagne, puit déménagé sous la pression des écolos pour un site plus isolé. Manifestement ça n’a pas suffit à calmer les ardeurs écolos.
    Je peux vous dire que y’a des ronds en impots qui sont partis en fumée là, et que la recherche en prend un sacré coup. Il l’avait mauvaise le gars…

  8. C’est une bonne chose que Mr Houiller soit un peu plus  » offensif  » que Madame Guillou mais il devrait agir et pas seulement communiquer.Pourquoi abandonner par ce qu’il y a eu un problème à Colmar! ( pour une organisation de 10 000 personnes avec 1 milliard € de budget).Sur le site Internet INRA on est encore dans la communication sur les sujets à la mode ( réchauffement climatique, biodiversité, sociologie…).Au final l’INRA crée un nombre ridiculement faible de variétés chaque année.L’enjeu et l’urgence est de revoir complètement les orientations stratégiques de cet institut ( les OGM ne sont qu’un épiphénomène)car sinon les meilleurs chercheurs vont aller ailleurs ( étranger public ou privé en particulier USA).Pour éviter le déclin il faudrait une rupture qui ne semble pas venir.

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