L’agriculture urbaine peut-elle nourrir nos villes ?

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Si vous avez l’occasion d’avoir entre les mains la France Agricole, n’hésitez pas à lire le dernier numéro consacré à l’agriculture urbaine. Pas d’idéologie pro- écolo ni « anti » d’ailleurs mais une photographie juste du phénomène. Dans son éditorial, Eric Maerten remet d’ailleurs tous les éléments dans leur contexte. L’agriculture urbaine peut-elle nourrir nos villes ? Certainement non. C’est illusoire, vu les faibles surfaces disponibles. Reste qu’elle est devenue le « must » de l’écolo bobo qui ne semble pas voir les contradictions que porte cette pratique : par exemple le hors-sol, honni lorsqu’il concerne l’agriculture conventionnelle ou encore la pollution urbaine dont il faut bien tenir compte…
Alors, faut-il bannir l’agriculture urbaine ? Cela va peut-être étonner quelques commentateurs, notre réponse est non. Si elle peut permettre à nos citadins, surtout les plus jeunes, de découvrir qu’une tomate ne pousse pas en hiver et que le mildiou n’est pas une lubie de producteurs conventionnels, pourquoi pas ? Et avouez le, consommer votre propre production, que vous soyez en pleine campagne ou en ville, c’est toujours sympa !

16 commentaires sur “L’agriculture urbaine peut-elle nourrir nos villes ?

  1. Je suis de votre avis, l’agriculture urbaine est une mode.
    Penser gagner une certaine autonomie alimentaire en faisant pousser 3 radis et 2 fraises sur son balcon est illusoire. Tout au mieux les banlieusards pourraient transformer leur pelouse en petit potager utile. Reste la solution des serres sur les toits. La question est de savoir si il y a assez d’immeubles à toit plat capables de les supporter tout en ayant l’accord des propriétaires… J’en ai visité une, c’est branché et assez cher. Les serres ne m’ont pas impressionné et la visite s’est rapidement axée vers le blabla des bénévoles et la commande de paniers (qui étaient aussi constitués de produits venant de fermes «non-urbaines» partenaires). Comme c’est de l’hydroponique pas de label bio, ce qui doit faire baisser les recettes.

  2. L’agriculture urbaine, c’est effectivement sympa, tendance mais aussi très écolobobo, et d’autant plus difficile que la ville est étendue et dense. L’autonomie énergétique et alimentaire est antinomique de la ville dense, ville que l’on nous promet, réalité déjà en France.

    Il faudrait rappeler ce qu’ont été les jardins ouvriers, dont l’utilité fonctionnelle et sociale était, elle, indiscutable. L’agriculture urbaine en est un ersatz branché, plus proche de la bergerie de Marie Antoinette que de la ferme qui nourrit les citadins.

    Si c’était vraiment efficace, les chinois multiplieraient les jardins suspendus et n’auraient plus besoin d’importer en masse l’indispensable des amériques.

    1. « la bergerie de Marie Antoinette »: tout à fait.
      La fille du Président du plus grand journal quotidien régional avait fait un éditorial dans ce journal, il y a quelques années , vantant les mérites du bio, car elle même, produisait des légumes bio …dans son jardin.
      Bien sûr, aucune considération sur la rentabilité, le travail etc…, c’est juste bon pour les manants ces considérations.

  3. Sur le sujet :

    L’agriculture urbaine, c’est comme la « Nature en ville »… C’est totalement antinomique avec la volonté de densification des villes (Grenelle 1).
    Au final : on fait exploser le prix du m² habitable !!!
    Idiot et contre-productif, surtout quand on voit de ce que dit la SAFER :
    « Sur les 5 dernières décennies, l’espace agricole français a diminué de 20 % passant de 35 à 28 millions d’hectares. Les pertes se sont opérées de façon quasi irréversible au profit de la ville, du logement, des infrastructures à hauteur de 2,5 millions d’hectares. Et de manière réversible, 4,5 millions d’hectares sont devenus forestiers. »
    Donc 64 % de la diminution de la SAU est de l’enfrichement forestier. Pourquoi vouloir restreindre les villes, densifié l’habitat, faire de l’agriculture urbaine alors qu’il y a 4.5 millions d’hectares de forêts nouvelles depuis 50 ans !!!

    http://www.safer.fr/communique-diminution-surface-agricole-ferme-france.asp

  4. @ Daniel, effectivement la concentration des humains dans des villes denses est un non sens à l’heure des réseaux télématiques reliés et du TGV, c’est pourtant un mouvement encouragé par les urbanistes et les écolo qui ont partie liée sur ce coup.

    Cela dit la ville dense est une spécificité surtout française avec le phénomène parisien qui bat tous les records de concentration.

    Une crise économique qui toucherait le niveau de vie des français entrainerait à coup sur une intensification de l’exode urbain, avec le même salaire, ou les mêmes minima sociaux, on vit bien mieux à la campagne que dans une ville surpeuplée et obligatoirement polluée.

    Des précédents en Grèce ou en Espagne illustrent parfaitement le phénomène.

    La décentralisation qui suivra le regroupement des régions devrait conduire Paris à perdre sa place comme « aimant » pour la population.

    Une description pas trop bobo même pas bobo du tout du phénomène pour 3 villes de culture anglo-saxonne: http://www.lexpress.fr/emploi/il-n-y-a-pas-que-les-parisiens-qui-fuient-leur-ville_1284943.html

    1. «  » Cela dit la ville dense est une spécificité surtout française avec le phénomène parisien qui bat tous les records de concentration. «  »
      Quelle signification donnez vous à « dense » ?

    2. En général les crises économiques tendent à dépeupler les campagnes. Mais le retour à la campagne c’est déjà vous, comme vous l’écrivez, quand l’économie repose sur des bases industrielles et politiques trop concentrées : pas assez de diversification de la production, pas assez d’entreprises de tailles moyennes, pas assez de pôles économiques répartis sur l’ensemble du territoire, trop de présence de l’état (hier encore j’entendais un député socialiste sur BFM dire que l’état devaient investir et aider les entreprises du futur : mais qui peut dire ce que sera le futur ???)… Toutes ces tares sont bien présentes en France. Et quand la crise arrive, le château de carte s’effondre. Dou l’exode vers les campagnes de nombreuses personnes, vers d’autres pays pour les jeunes et les diplômés !!!
      Mais ne rêvez pas : il n’y aura pas de véritable fusion des régions, ni de véritable décentralisation, ni de véritable « libération » de l’emprise de l’état sur l’industrie et l’agriculture ….

      1. La croissance de l’industrie a aussi favoriser l’exode rurale.
        C’est l’industrialisation qui a permis l’évolution sociale de beaucoup de pays.

    3. Alzine > la concentration des humains dans des villes denses est un non sens

      La densification a aussi son intérêt : économiser l’énergie, que ce soit pour le transport (en commun, vélo, petite voiture) ou le chauffage (immeubles = moins énergivores que les maisons individuelles).

      Et comme l’énergie bon marché est en passe de devenir du passé…

      En revanche, la France devrait effectivement poursuivre la décentralisation afin de répartir plus également la population dans plusieurs grandes villes plutôt que de concentrer autant de monde en Île-de-France.

      1. @ Vincent

         » Et comme l’énergie bon marché est en passe de devenir du passé… »

        === Comme au Canada et aux Etats Unis par exemple??

        1. Non, M. Vincent a raison.

          Ils sont en passe de réduire le nucléaire. Ils refusent même de chercher à savoir si on a du gaz de schiste (de peur d’en trouver…). Ils investissent dans l’intermittent et, forcément dans le complément thermique… On paiera le pétrole plus cher. Quant au gaz, n’en parlons pas. Un certain Poutine nous prépare une belle guerre froide… et des hivers glaciaux.

  5. Jean-Jacques Netter, sur Atlantico.fr

    « La lutte des écologistes contre les OGM a aboutit au résultat qu’ils ont été définitivement interdits en France par un vote du sénat cette semaine. Les députés et les sénateurs qui ont voté ces textes auront une lourde responsabilité. La production de denrées alimentaires devra progresser de 60 à 100% d’ici 2050. […] »
    http://www.atlantico.fr/rdv/revue-analyses-financieres/nucleaire-ogm-gaz-schiste-ces-milliards-que-ecologie-politique-coute-france-jean-jacques-netter-1071994.html

    Vus ces chiffres, il est illusoire de penser que « l’agriculture urbaine » puisse être à terme à la hauteur des besoins, même limités à ceux des villes…

    1. Merci de l’info …

      Moi je traduis cette info comme cela :
      « La production de denrées alimentaires devra progresser de 60 à 100% d’ici 2050. »
      Il est alors illusoire de croire que le France restera un grand pays de production agricole, ce qui plombera encore plus notre économie en nous privant de milliards d’euros de rentrées commerciales !!!

  6. Cet article de la FA est effectivement excellent.

    Il faut que la filière agricole s’y intéresse de près, sinon le sujet sera pris en otage par la boboïtude.

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