Traitement de nuit des cultures : des précisions s’imposent

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On lit ces derniers jours tout et n’importe quoi sur le traitement de nuit des cultures. Eric de la Chesnais dans le Figaro va même jusqu’à titrer : « Abeilles : les épandages de pesticides interdits pendant la journée ». Ce qui est en partie faux car la mention abeille ne concerne que des insecticides ou acaricides.

Il ne s’agit donc pas de tous les pesticides contrairement à ce qu’indique le spécialiste de la rubrique agricole du Figaro qui aurait pu vérifier l’info.

Le ministre de l’agriculture s’était engagé auprès des apiculteurs à modifier l’arrêté qui définit la mention abeille et plus particulièrement la définition de l’absence d’abeille (plan de développement durable de l’apiculture).

Voici donc les données du débat :

-Les insecticides ou acaricides n’ayant pas la mention abeille sont interdits d’utilisation pendant la période de floraison de la culture. Cette situation ne changera pas.

-Les insecticides ou acaricides portant la mention abeille peuvent être utilisés pendant la période de floraison de la culture mais en absence d’abeilles. Précision : cette mention est accordée sur la base d’études particulières et d’avis de l’ANSES.

L’agence (ANSES) a été saisi par le ministère sur ce sujet mais en réalité sur une double question : le critère objectif et vérifiable sur l’ « absence d’abeille » ainsi que le moment optimal de traitement pendant la durée de floraison pour limiter encore plus le risque sur les butineuses.

 A ces deux questions, l’ANSES répond par un avis récent mais alambiqué, car les données ne sont pas très évidentes :

– les abeilles sont effectivement absentes la nuit.

– le moment optimal de traitement pendant la floraison pour limiter encore plus le risque d’impact est le début de la nuit car le délai est ensuite suffisamment long jusqu’au lever du soleil pour limiter le risque.

On aurait préféré également une communication plus limpide du côté du Ministère de l’agriculture. Il est vrai que la communication de l’institut de l’abeille sollicité par l’Anses est peu claire car il mélange (volontairement???) pesticides, traitements, etc. Dommage de la part d’un organisme soumis à la rigueur scientifique !

9 commentaires sur “Traitement de nuit des cultures : des précisions s’imposent

  1. Eric de La Chesnais, journaliste et diplômé de l’Ecole Supérieure d’Agriculture d’Angers (ESA)

    Eric de la Chesnais dans le Figaro va même jusqu’à titrer : « Abeilles : les épandages de pesticides interdits pendant la journée ». Ce qui est en partie faux car la mention abeille ne concerne que des insecticides ou acaricides.

    Il ne s’agit donc pas de tous les pesticides contrairement à ce qu’indique le spécialiste de la rubrique agricole du Figaro qui aurait pu vérifier l’info.

    === Normalement, compte tenu des études qu’ils a faites, il aurait dû le savoir ou en tout cas s’en souvenir…..

    1. il y a bien longtemps que nous avons en toute logique déplacé les intervention insecticides en floraison vers le soir et la nuit afin de ne pas pulvériser sur les insectes auxiliaires , le petit matin étant plus litigieux car l’ évaporation des rosées amplifie l’ action vapeur
      un seul problème se situe au niveau du traitement bruche sur féverole car il faut tirer à vue sur cet insecte , et il est souvent présent en même temps que les hyménoptères
      nous attendons une solution de la recherche : en deux mots une spécialité active sur la bruche et totalement sélective des alliés , ça devrait pouvoir se faire

    2. Non, sans déconner, tu crois que les « grandes écoles » ne produisent pas leurs lots d’abrutis et de fanatiques?

  2. A propos d’abeilles, voici un billet fort intéressant: http://tdaynard.com/2014/05/01/what-corn-canola-comparisons-tell-us-about-neonics-and-bees-plenty-actually/

    Je cite: « if neonic in pollen is a notable source of bee deaths, the problem should be much worse with canola than corn. »

    «Bottom line: If we can get rid of the dust emission with corn planting – different planter design, better adherence of neonic treatment to seed, exhaust emission at the soil surface at slow speed – we should go most of the way in solving that portion of bee mortality associated with neonic usage in field crop agriculture.»

    1. Cela doit être intéressant mais je ne lis pas l’anglais !!!

      Concernant les insecticides durant la floraison du colza, il y a 20 ou 30 ans,il y avait beaucoup moins de restrictions et pourtant les abeilles ne déclinaient pas !!!

  3. @ ME51

    Effectivement avant le varroa milieu et fin des années 80, soit à la fin des années 70 et début des années 80, quelques gros accidents liés aux insecticides, avec le dimethoate notamment qui était utilisé à tout va et avec des mélanges DECIS + SPORTAK début des année 80, gros accidents avec fortes mortalités immédiates mais pas de déclin.

    Paradoxalement, c’est avec des pratiques plus respectueuses des abeilles que le déclin a commencé…que le varroa s’est généralisé et a résisté aux insecticides largement utilisés par les apiculteurs.

    Surprenant, n’est-il pas ?

    Pour l’avis de l’ANSES, très alambiqué notamment pour la démonstration de l’absence d’effet de la température. C’est totalement contre-intuitif et contraire aux plus élémentaires observations.
    On dirait une démonstration du GIEC à la pire époque, celle de la courbe en crosse de hockey.

    En outre lorsqu’il pleut , lorsque le plafond est bas, ou par temps très gris, jour ou nuit peu importe, aucune abeille n’est observée dans les champs, même des colza ou tournesol bien fleuris.

    Visiblement les spécialistes de l’ANSES ne doivent pas sortir souvent de leurs laboratoires, ou alors la conclusion était écrite avant l’expertise, comme en Corée du Nord.

  4. Pour compléter, des évidences qui prévalaient autrefois :

    http://www.jacheres-apicoles.fr/index/chap-dossierda/d-5/

    Globalement, en saison active (de février – mars à septembre – octobre), un mauvais temps prolongé est l’ennemi de l’activité des abeilles. Pour pouvoir aller récolter nectar et pollen dans leur environnement, les butineuses doivent attendre des conditions climatiques qui leur conviennent :
    – température extérieure d’au moins 13 ou 14°C (donc, durant les premières semaines d’activité à la sortie de l’hiver, uniquement durant les journées bien ensoleillées),
    – absence de précipitations,
    – vent limité (par exemple, au-dessus de 43 km/h, le vent fait graduellement disparaître les abeilles d’un champ de trèfle violet).

    Serions nous déjà en Corée du nord?

  5. Hors sujet ?…
    Néanmoins, cette affaire de « jour » ou de « nuit » me fait penser à ce passage du livre – récit d’un long calvaire dans la réalité d’un univers stalinien bien après la mort de Staline – de Nathan Chtcharanski dans lequel, alors qu’il était emprisonné par le KGB, il avait fait mention à une plaisanterie qu’il avait dite devant son officier-instructeur qui souhaitait conserver une « ambiance familière » à l’interrogatoire.

    Nathan Chtcharanski. — « Tu ne craindras point le mal, Grasset, 1988.

    Extrait (p. 92) :

    Je lui racontais l’histoire bien connue des membres du Politburo malheureux comme des pierres apprenant que les cosmonautes américains ont marché sur la lune. Ils convoquent les responsables du programma spatial soviétique : « Les Américains sont sur la lune, débrouillez-vous pour atteindre le soleil !
    — Comment ! se récrièrent les scientifiques. Mais nos cosmonautes vont griller.
    — Vous nous prenez pour des imbéciles ? Nous avons tout prévu, répond le président. Nous avons décider qu’ils voyageront de nuit ! »

    http://www.chapitre.com/CHAPITRE/fr/BOOK/chtcharansky-n/tu-ne-craindras-point-le-mal,103797.aspx

  6. les traitements hélicos de nuit donc car ils font souvent desnsecticides

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