Abeilles et pesticides : coup de gueule contre Envoyé Spécial

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Les reportages sur les pesticides, c’est le dada d’Envoyé Spécial : 1 tous les ans au minimum…Et toujours pour sortir les mêmes arguments. Sus à  l’agriculture, aux industriels et tutti quanti ! La boîte de prod’ aurait dû nous demander d’écrire le scénario :  on aurait été un poil plus créatif…
Samedi dernier donc, « Envoyé spécial, 10 ans après » avait décidé de revoir des apiculteurs confrontés il y a dix ans (ben oui fallait y penser) aux surmortalités d’abeilles. Le Regent, le Gaucho ont été virés du marché …mais ça n’a pas réglé les problèmes pour les abeilles. Vous savez pourquoi ? Parce que c’est la faute aux voisins agriculteurs ! Si, si !
Au fait, les autres causes de surmortalités dans les ruches, vous en dîtes quoi à Envoyé spécial  ? Le varroa, parasite exécuteur d’abeille ?ne broutille. D’ailleurs on va demander à un apiculteurs. Les hivers rudes ? Les maladies  comme le nosema qui ravagent les ruches ? Le frelon asiatique ? Silence radio. L’état sanitaire des ruches? Motus et bouches cousues ! Ha oui, les pratiques des apiculteurs ? Connais pas? Faut dire qu’elles n’évoluent pas beaucoup. Et si les boîtes de prod’ proposaient enfin à Envoyé Spécial de faire un reportage sur ces fameuses pratiques apicoles. Ça sortirait de l’ordinaire. Ça jetterait d’un seul coup une lumière nouvelle sur les causes de surmortalités des abeilles. Parce qu’à force de nous dire qu’on a enfin éclairci le mal mystérieux qui ronge les abeilles, il faudrait que les butineuses se portent mieux (rien que pour faire plaisir au réalisateur d’Envoyé Spécial ou à Natacha Calestreme qui avait réalisé un film et un bouquin sur le sujet). C’est vrai c’est marrant, chaque année sort un livre ou un film qui dit : “on a élucidé l’affaire”. Les coupables, ce sont les pesticides et les agriculteurs.).
Allez je mets un c’htit bémol : je connais nombre d’apiculteurs extrêmement sérieux et qui travaillent avec rigueur. C’est un fait. Mais, il est quand même stupéfiant que jamais les médias ne se penchent sur les pratiques des apiculteurs et ne regardent ce qui se passe dans leurs ruches et la manière dont ces apiculteurs traitent (oups j’ai dit un gros mot – ha bon, un apiculteur ça traite ?). Ben oui monsieur le journaliste, un apiculteur c’est pas forcément un gentil écolo qui vit de son miel et qui vit avec dame nature en poil de bête. Ca traite avec des produits phytos et des produits vétos, ça laisse ses ruches près d’un champ alors que son voisin agriculteur lui demande expressément de les enlever pour pouvoir traiter. Mais l’api ne le fait pas toujours… ça laisse parfois les maladies s’installer dans la ruche faute de solution technique… !! Mais c’est plus facile d’accuser son voisin agriculteur. C’est plus facile d’accuser les autres ! Et ça marche. Et puis ça intéresse les médias d’entendre un apiculteur cogner son voisin agriculteur. Pendant ce temps, les abeilles, elles, ne vont pas forcément mieux.
C’est l’audience qui s’en porte toujours bien…

5 commentaires sur “Abeilles et pesticides : coup de gueule contre Envoyé Spécial

  1. Comme le disait un des commentateurs du site, Karg peut-être, l’abeille domestique est comme une Holstein: fragile mais grosse productrive. Dès lors il ne faut pas s’étonner de la sensibilité de ces dernières face à leur environnement. Peut-être que si on commençait pas ne plus parler d’abeilles en général, mais de race d’abeilles domestiques on trouverait des solutions. Mais bon, je dis ça naïvement, je n’y connais rien en apiculture.

    1. La plupart des reines viennent d’une poignée de fournisseur. Globalement le cheptel européen et US est quasi isogénétique, du moins chez ceux qui ne travaillent pas avec des souches locales. Le problème est qu’il est difficile de maintenir des souches locales quand des ruches « sélectionnées » (oui j’ose pas comparer ce merdier à de la vrai sélection) balancent des centaines de millier de géniteurs dans la nature chaque printemps…

      Sans parler du nombre trop faible de mâle employé dans les inséminations artificielles:

      http://link.springer.com/article/10.1007%2Fs00114-013-1065-y#page-1

  2. C’est un phénomène classique. Ceux qui sont perçus comme faibles ne peuvent être que les victimes de ceux qui sont perçus comme plus forts. Surtout, quand, pour se dédouaner, les faibles dénoncent les forts qui n’y sont pour rien et n’en peuvent mais…

    C’est le journalisme à la française. Faire peur, faire s’apitoyer Margot, faire s’indigner les indignés…

  3. il y a le même problème chez les abeilles « sauvages » , il existe une surmortalité chez les burineurs non domestiques.

    1. Les études ne montrent pas vraiment de « sur-mortalité » chez les abeilles sauvages, du fait de leurs modes de vies (solitaires pour la majorité des espèces).
      Mais elles montrent un effondrement des populations par la disparition de leurs habitats et de leurs ressources alimentaires.
      De nombreuses espèces (comme les Anthophora, ou les Bombus, ou les Osmia) sont inféodées à des fleurs précises ou un genre de fleur (les Xylocopes par exemple sont inféodées aux fabacées sauvages, les Osmia aux Campanula…).
      Et c’est cela qui porte problème.
      La conclusion est simple : les insecticides n’ont pas vraiment d’effets sur les abeilles sauvages donc ils ne doivent pas avoir plus d’effet sur les abeilles domestiques.

Les commentaires sont fermés.