Faucheurs : le serpent se mord la queue

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Difficile d’être faucheurs volontaires ou plus exactement un militant professionnel, expert en communication d’influence. Les faucheurs ont en effet poussé des collectivités locales à s’auto-labelliser “sans OGM”. C’est le cas de la commune de Saint Martin d’Août où une parcelle de tournesols qualifiés “d’OGM cachés” par les faucheurs–destructeurs a été détruite le week end dernier. Pour le maire de cette petite commune de la Drôme, Mickaël Bordas, la technique utilisée pour rendre ces tournesol plus résistants et faciliter ainsi la lutte contre l’ambroisie est “une pratique courante…y compris dans la filière “bio”” ! Selon un article publié ce matin dans le Dauphiné, pour le maire, “ce ne sont pas des OGM. Il en veut pour preuve cette délibération votée il y a 3 ans en conseil municipal interdisant la culture des OGM sur sa commune…”C’est une belle illustration de l’arroseur arrosé. Et ce n’est pas tout, le maire a estimé que “les faucheurs se sont trompés de cible”. Il a d’ailleurs apporté son soutien à l’agriculteur qui a décidé de porter plainte contre les faucheurs.

19 commentaires sur “Faucheurs : le serpent se mord la queue

  1. J’espère que ces racailles vont prendre les peines de prisons ferme qu’ils méritent. Des milliers de jeunes luttant contre l’automobile finissent en prison tout les ans, sans jamais bénéficier des largesses de la justice.

  2. Le jour ou ces andouilles détruiront les champs de Maïs ou de blé normaux sous prétexte que se sont des « OGM cachés » n’est pas loin.

    Ben oui, il faut le dire:
    le blé cultivé est le fruit de la sélection par l’homme de variétés sauvages ayant muté naturellement (cas de la présence du gluten)
    idem pour le Maïs. Voir la tronche d’une téosinte sauvage (ancêtre du Maïs)

      1. Oui, c’est vrai qu’il y a cet acte ignoble où ils ont saccagé les biens d’un chercheur et de sa famille. Cependant ils ne s’en sont pas encore pris « physiquement » à des chercheurs avec tentative d’assassinat comme celle tentée par des extrémistes anti-nano qui envoient des colis piégés aux scientifiques travaillant sur le sujet (enfin pas à ma connaissance).
        Vu les fanatiques qui peuplent les rangs des anti-OGM ce n’est qu’une question de temps…

  3. Ne soyez pas mauvaises langues : les faucheurs volontaires progressent lentement.
    Ils approchent de la cohérence.

  4. Qui est le barbu sur la photo? Zeus soi-même? Le dieu des faucheurs? Joseph bové rédempeur?

  5. Ces producteurs de tournesol ont tendance à se défendre en affirmant que ces plantes ne sont pas des « OGM », au prétexte qu’elles ne sont pas « transgéniques ». Or, elles ont bien un Génotype Modifié artificiellement! Ce sont donc des OGM.
    Ils n’ont ni le courage ni la rigueur intellectuelle pour défendre leur liberté, la vérité scientifique.

    C’est comme si, face à des nazis, des gens se défendais d’être juifs au prétexte qu’il n’avaient qu’un quart de « sang juif » (pour autant que ça existe!), au lieu de lutter contre l’ineptie de la politique raciste!

  6. Sauf que dans un cas la modification génétique est obtenue par transgénèse et que dans l’autre elle est obtenue par mutagénèse et que dans le langage courant on appelle OGM les ojets biologiques transgènétiques. Et qu’interdire les objets mutagénétiques conduit à supprimer une grande partie des variétés utilisées par les agriculteurs, vu que cette technique est utilisée par les sélectionneurs depuis un cinquantaine d’années, sans que personne y trouve rien à redire. Vouloir empêcher par l’intimidation et la violence une nouvelle technologie de se développer et interdire par les mêmes moyens une technologie fiable utilisée depuis un demi siècle ce n’est pas tout à fait la même chose. Un pas de plus dans le totalitarisme.

  7. Je comprends bien la différence entre transgénèse et mutagénèse. C’est une question de « barrière des espèces » – terme abusivement pris au vocabulaire médical – bien que la plupart des gènes soient communs à de nombreuses espèces…
    Toutefois ces deux techniques aboutissent à des modifications de génotypes, autrement dit des « Organismes » Génétiquement Modifiés, au sens littéral.

    Simplement, j’estime que c’est une erreur fondamentale et stratégique, scientifique, morale et politique, de vouloir défendre sa mutagénèse en se désolidarisant de la transgénèse.

    1. La mutagenèse est « naturelle », on utilise des substances ou des rayonnements pour l’accélérer c’est tous. La transgenèse était considéré comme artificiel, mais depuis quelques années ont a une meilleurs connaissances des transferts de gènes inter spécifiques, le dogme est tombé.

      Au sens littéral tous croisement forcé devrait être considéré comme un OGM…

  8. Mon idée personnelle n’est pas de défendre la mutagénèse ne se désolidarisant de la transgénèse, elle est de dénoncer les mensonges des écolos en général et des faucheurs volontaires en particulier, tant en ce qui concerne la transgénèse que l’assimilation abusive de la mutagénèe à la transgénèse. Si on arrive à faire comprendre au plus grand nombre que les anti-OGM mentent sur ce dernier point, on les décrédibilise sur le reste, car chacun sait bien que « qui a menti mentira » ou plutôt que « qui ment a menti », enfin, plus simplement, que les menteurs sont des menteurs.

  9. Il toujours bon de se référé à cet article assez complet:

    http://www.agriculture-environnement.fr/spip.php?article591

    La plupart des variétés de riz et de blé dur contiennent des gènes mutés via l’intervention humaine ainsi que nombre de variétés de blé tendre et d »orge, entre autre, puisque toutes les espèces assez largement cultivées ont fait l’objet de travaux de mutagénèse entre 1950 et 1975.

    L’inconvénient du cov européen est que l’on perd, à cette époque, la trace de l’origine de certains gènes ou plutôt caractères, leur expression, modifiés par mutagénèse, contrairement au brevet américain, la traçabilité étant ici source de profit ce qui n’est pas le cas pour le Cov ou moins.

    En traquant l’innovation liée à la mutagénèse, les faucheurs peuvent aboutir à renforcer le brevet sur le vivant au détriment du COV.

    Donc a apporter de l’eau au moulin des américains, ce qui ne serait guère surprenant.

  10. Le noeud du problème réside dans la dysenterie législative au niveau communautaire*. La Directive 2001/18/CE du Parlement européen et du Conseil du 12 mars 2001 relative à la dissémination volontaire d’organismes génétiquement modifiés dans l’environnement et abrogeant la directive 90/220/CEE du Conseil** définit l’organisme génétiquement modifié (OGM) comme :

    « un organisme, à l’exception des êtres humains, dont le matériel génétique a été modifié d’une manière qui ne s’effectue pas naturellement par multiplication et/ou par recombinaison naturelle. »

    La directive exclut ensuite de son champ d’application – par une rédaction typiquement communautaire qui force le lecteur à tourner frénétiquement des pages ou dérouler le texte sur l’écran :

    « 1) la mutagenèse;

    « 2) la fusion cellulaire (y compris la fusion de protoplastes) de cellules végétales d’organismes qui peuvent échanger du matériel génétique par des méthodes de sélection traditionnelles. »

    Enfin, pour être précis, c’est « à condition qu’elles n’impliquent pas l’utilisation de molécules d’acide nucléique recombinant ou d’OGM autres que ceux qui sont issus d’une ou plusieurs des techniques/méthodes énumérées ci-(dessus) ».

    Et pour être totalement précis, il y a une subtilité supplémentaire dont je me/vous fais grâce et qui, dans le cas des plantes qui nous préoccupe, exclut l’induction polyploïde (« à condition »…).

    Les opposants aux OGM ont donc un boulevard devant eux : les plantes issues de mutagénèse sont des OGM – puisque la législation européenne le dit, ça doit forcément être vrai – et elles ont été exclues du champ d’application de la législation par le fait du prince – puisque cette exclusion n’est pas conforme à leur façon de voir, ça doit forcément être faux.

    La suggestion de M. Laurent Berthod est largement inopérante ; celle de M. Alzine est meilleure.

    Mais, selon un de mes excellents amis dont la pensée mérite de passer à la postérité : « s’il te faut plus de 30 secondes pour expliquer ton cas, t’es mort ». Et, selon Churchill, « un mensonge fera la moitié du tour du monde avant que la vérité n’ait eu le temps d’enfiler son pantalon ».

    ______________

    *  Que les critiques de la Commission se calment : les États membres (dans le cas de la France, NOS technocrates et « petits » fonctionnaires qui sévissent dans les divers comités et groupes de travail du Conseil) et les parlementaires européens) y sont pour beaucoup.

    **  http://eur-lex.europa.eu/LexUriServ/LexUriServ.do?uri=CELEX:32001L0018:FR:HTML

  11. Mon cher Wackes Seppi,

    Vous avez écrit : « Les opposants aux OGM ont donc un boulevard devant eux : les plantes issues de mutagénèse sont des OGM – puisque la législation européenne le dit, ça doit forcément être vrai –… »

    Si on relit attentivement ce que vous-même citez de la directive européenne de 2001, votre affirmation semble inexacte. Voir également l’article « OGM cachés : on ne change pas une stratégie qui marche » en cliquant sur : http://www.marcel-kuntz-ogm.fr/article-m-54494971.html et les extraits mis en ordre de ladite directive, en cliquant ici : http://www.marcel-kuntz-ogm.fr/article-m-54494971.html

    Pour ma part j’ai commis deux petits articles de vulgarisation et de combat :

    Faucheurs volontaires : décryptage d’un gros mensonge (1er épisode) en cliquant sur : http://laurent.berthod.over-blog.fr/article-faucheurs-volontaires-decryptage-d-un-gros-mensonge-1er-episode-85095372.html

    Faucheurs volontaires : décryptage d’un gros mensonge (suite et fin) en cliquant sur : http://laurent.berthod.over-blog.fr/article-faucheurs-volontaires-decryptage-d-un-gros-mensonge-suite-et-fin-86845549.html

  12. Je maintiendrai (devise célèbre…), avec un peu d’explications supplémentaires.

    La définition qui nous est proposée à l’article 2 en combinaison avec l’Annexe 1 A circonscrit plutôt bien les OGM.* Les produits de la mutagénèse en sont clairement exclus.

    Si le législateur s’était arrêté là, le problème ne se poserait pas. Mais…

    Le législateur dysentérique a cru bon d’ajouter un article 3 qui s’intitule « exemptions », avec un renvoi à une Annexe 1 B, et qui a pour effet que :

    « La présente directive ne s’applique pas aux organismes obtenus par les techniques de modification génétique énumérées à l’annexe I B » que sont, selon ladite annexe, «la mutagenèse » et certaines fusions cellulaires.**

    Ce texte est fondamentalement irrationnel et vicié : en effet, il n’y a pas lieu d’exclure du champ d’application de la directive une catégorie d’organismes qui en sont déjà exclus à raison de leur nature (définie par leur origine génétique).

    C’est précisément cette irrationalité qui permet le raisonnement, certes spécieux, des anti-OGM jusqu’au-boutistes. Le législateur n’est pas censé produire des dispositions inutiles. Donc, s’il a expressément exclu les produits de la mutagénèse du champ d’application de la directive, c’est bien parce que ces produits sont des OGM. En plus, il a employé le mot « exemption » qui dénote une règle dérogatoire exceptionnelle.

    Nous sommes bien d’accord, M. Berthod et moi, sur le fait que la théorie des anti-OGM n’est pas fondée, mais mon cheminement est plus tortueux que le sien. Je trouve ses deux billets lumineux, des merveilles de vulgarisation.

    Mais je pense, d’une part, qu’il faut bien comprendre les bases de la théorie des anti-OGM et être capable d’en démonter le mécanisme en tant que de besoin.

    Et, d’autre part, il faut dénoncer l’incurie – le mot n’est pas trop fort – législative européenne. Cette directive n’est qu’un exemple de rédaction calamiteuse susceptible de produire des interprétations, ou des transpositions nationales, défectueuses.

    Un jour, s’agissant de dispositions formulées en cascade sous des formes négatives dans la réglementation européenne, j’ai dû discuter pendant une heure et demie avec des représentants d’une administration nationale sur la conformité de leur projet de loi (que je ne pouvais connaître que par le biais d’une traduction…) à ladite réglementation au sujet d’un seul mot. Il a fallu tout ce temps pour qu’ils saisissent qu’ils avaient oublié une négation, et que l’exception à l’exception était devenue la règle dans leur texte. Heureusement, le traducteur avait vraiment traduit et non copié-collé des éléments du texte communautaire, ce qui a permis la détection de l’erreur.

    ______________________

    *  Article 2
    Définitions
    Aux fins de la présente directive, on entend par:

    2) « organisme génétiquement modifié (OGM) »: un organisme, à l’exception des êtres humains, dont le matériel génétique a été modifié d’une manière qui ne s’effectue pas naturellement par multiplication et/ou par recombinaison naturelle.
    Aux fins de la présente définition:
    a) la modification génétique se fait au moins par l’utilisation des techniques énumérées à l’annexe I A, première partie;
    b) les techniques énumérées à l’annexe I A, deuxième partie, ne sont pas considérées comme entraînant une modification génétique;

    —————————–

    ANNEXE I A
    TECHNIQUES VISÉES À L’ARTICLE 2, POINT 2
    PREMIÈRE PARTIE
    Les techniques de modification génétique visées à l’article 2, point 2, sous a), sont, entre autres:
    1) les techniques de recombinaison de l’acide désoxyribonucléique impliquant la formation de nouvelles combinaisons de matériel génétique par l’insertion de molécules d’acide nucléique, produit de n’importe quelle façon hors d’un organisme, à l’intérieur de tout virus, plasmide bactérien ou autre système vecteur et leur incorporation dans un organisme hôte à l’intérieur duquel elles n’apparaissent pas de façon naturelle, mais où elles peuvent se multiplier de façon continue;
    2) les techniques impliquant l’incorporation directe dans un organisme de matériel héréditaire préparé à l’extérieur de l’organisme, y compris la micro-injection, la macro-injection et le microencapsulation;
    3) les techniques de fusion cellulaire (y compris la fusion de protoplastes) ou d’hybridation dans lesquelles des cellules vivantes présentant de nouvelles combinaisons de matériel génétique héréditaire sont constituées par la fusion de deux cellules ou davantage au moyen de méthodes qui ne sont pas mises en oeuvre de façon naturelle.
    DEUXIÈME PARTIE
    Les techniques visées à l’article 2, point 2, sous b), qui ne sont pas considérées comme entraînant une modification génétique, à condition qu’elles n’impliquent pas l’emploi de molécules d’acide nucléique recombinant ou d’OGM obtenus par des techniques/méthodes autres que celles qui sont exclues par l’annexe I B, sont:
    1) la fécondation in vitro;
    2) les processus naturels tels que la conjugaison, la transduction, la transformation, ou
    3) l’induction polyploïde.

    **  Article 3
    Exemptions
    1. La présente directive ne s’applique pas aux organismes obtenus par les techniques de modification génétique énumérées à l’annexe I B.
    2. La présente directive ne s’applique pas au transport d’organismes génétiquement modifiés par le rail, par la route, par les voies navigables intérieures, par mer ou par air.

    —————————–

    ANNEXE I B
    TECHNIQUES VISÉES À L’ARTICLE 3
    Les techniques/méthodes de modification génétique produisant des organismes à exclure du champ d’application de la présente directive, à condition qu’elles n’impliquent pas l’utilisation de molécules d’acide nucléique recombinant ou d’OGM autres que ceux qui sont issus d’une ou plusieurs des techniques/méthodes énumérées ci-après, sont:
    1) la mutagenèse;
    2) la fusion cellulaire (y compris la fusion de protoplastes) de cellules végétales d’organismes qui peuvent échanger du matériel génétique par des méthodes de sélection traditionnelles.

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