Et si les économies d’énergie menaçaient la planète ?

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C’est la question que pose très sérieusement un article du New York Times signé John Tierney. « Les classifications mesurant l’efficacité énergétique apparaissent comme l’un des moyens les plus aisés de lutter contre le réchauffement climatique. Mais les économistes sont de plus en plus nombreux à nous mettre en garde contre un risque caché : ces initiatives pourraient entraîner une augmentation des émissions. » Voilà qui devrait inquiéter Nicolas Hulot, Yann Arthus Bertrand, Cécile Duflot et tous les écologistes qui ne cessent de nous inviter (ou plutôt ordonner) de faire un geste pour la planète.

Pour John Tierney, « ce paradoxe est connu sous le nom d’effet rebond ». Quesako ? Prenons un exemple : « les voitures moins gourmandes consomment moins d’essence, mais l’économie réalisée à la pompe encourage leurs propriétaires à les utiliser davantage. Ces derniers emploient aussi parfois l’argent ainsi dégagé pour acheter des produits qui génèrent des émissions de gaz à effet de serre – comme de nouveaux gadgets électroniques – ou pour partir en vacances en avion. Cela peut entraîner une augmentation de l’énergie consommée. C’est ce qu’on appelle le « retour de bâton », ou paradoxe de Jevons, d’après le nom d’un économiste britannique. Il avait observé que si la machine à vapeur renforçait l’efficacité énergétique du charbon, la consommation de ce dernier augmentait parce que la demande était stimulée. »

Vu de l’esprit diront certains, point de vue de l’industrie multinationale crieront d’autres. Car John Tierney le reconnaît, « la plupart des défenseurs de l’environnement semblent ignorer cette règle et affirment que l’effet rebond est nettement moindre aujourd’hui ». Vous avez dit « méthode coué » ? Et vous n’avez pas tort ! « L’Energy Research Center en Grande Bretagne a passé en revue 500 études sur ce sujet et a conclu que l’accroissement de l’efficacité énergétique pouvait, dans certains cas, augmenter la consommation d’énergie sur le long terme ». Et le long terme, c’est durable ! Point de vue isolé répondront les écologistes-fiers-de-ne-pas-laisser-l-eau-du-robinet-couler-pendant-qu-ils-se-lavent-les-dent ? Encore raté. « Le Breakthrough Institute, un groupe de recherche américain qui se consacre à la lutte contre le réchauffement climatique, tire la sonnette d’alarme : « les effets rebonds sont réels et significatifs » ».

Après la désillusion au niveau des emplois verts promis par le Grenelle de l’environnement et qui peinent à voir le jour, voilà que les économies d’énergie n’en sont pas vraiment à long terme. Dommage que nos écologistes soient trop occupés par les alliances du 2ème tour des cantonales pour donner leur point de vue sur un sujet où pour une fois, on les attend.

12 commentaires sur “Et si les économies d’énergie menaçaient la planète ?

  1. Ils me font rire tous ces gugusses qui croient que quoi que ce soit ait la possibilité de me « menacer »…
    Mon seul ennemis, c’est le soleil, qui me bouffera toute crue dans quelques milliards d’années…

  2. Ce post joue dans l’ambigüité plus que dans le paradoxe:

    Avoir réduit de près de la moitié la consommation des automobiles depuis les années 60, en améliorant l’efficacité des moteurs, en améliorant l’aérodynamisme et en réduisant le poids des véhicules,
    Avoir augmenté l’efficacité des chaudières à gaz par des systèmes simples et fiables ( on pourra discuter sur l’excès d’électronique voire les chaudières à condensation),

    Réduire la consommation et la facture d’électricité en abandonnant l’éclairage halogène et les lampes de 500 w très à la mode dans les années 80 pour aller vers des LED,

    Tout cela procède du bon sens élémentaire, et doit être poursuivi, on pourra taxer davantage la consommation d’énergie plutôt que le travail, non pas à cause du CO2 mais parce que la matière première ( pétrole, gaz, uranium) mis à part pour l’hydraulique, l’éolien et le photovoltaïque , est importée.

    Economiser l’énergie, comme toute ressource, la terre, la biomasse, les moyens de l’Etat, devrait être une règle impérative pour tout individu au premier chef desquels les politiques, règle qui ne devrait pas souffrir pas d’exception.

    Je postule qu’en la matière les Allemands sont mieux armés avec leurs choix stratégiques dans le renouvelable ( solaire individuel, j’insiste sur le mot individuel, biogaz, éolien, biocarburants…) et les économies d’énergie , il est vrai qu’ils n’avaient ni grand pétrolier, ni major de l’atome. Il est possible que cela ait aidé des choix qui sur le long terme s’avèreront être meilleurs que les nôtres.
    Attendons l’addition qui sera présentée aux japonais pour Fukushima et les stress tests des centrales N face à la menace terroriste, menace qui ira croissant avec la technologie dont ils disposeront (les terroristes).

    Dans ces conditions remettre en question les bienfaits des économies d’énergies me parait déplacé . Je réagirai de même sur un post discutant l’utilisation optimisée et, si possible, réduite des pesticides ou proposant la généralisation des cultures OGM sans restrictions ni contraintes.

    Dénoncer l’hypocrisie des ONG vertes et le Greenwashing: Oui , mais pas le bienfondé des méthodes permettant de limiter l’impact de l’Homme sur les milieux naturels ou plus généralement sur son environnement.

  3. @ Alzine

    « Dans ces conditions remettre en question les bienfaits des économies d’énergies me parait déplacé  »

    – Ce n’est pas les « remettre en cause » que de jauger et d’évaluer la réalité des « bienfaits » dont ces  » économies d’énergie » sont complaisamment parées.

  4. @ Zygomar,

    Le raisonnement proposé me parait simpliste.

    Nous avons diminué de moitié la consommation des automobiles (surtout les diesels) depuis les années 60, le parc automobile a été multiplié par au moins 4, donc nous consommons collectivement deux fois plus de carburant.
    Tirer une règle de cela me parait tiré par les cheveux, car le principal facteur qui, à mon humble avis, restreint la consommation de carburant c’est son prix par unité de volume rapporté au revenu disponible des ménages et non pas la consommation du véhicule, qui affecte la décision mais de façon secondaire.

    Le choix de véhicules plus sobres comme la réduction de la vitesse sur les autoroutes pour moins consommer ou le basculement vers d’autre mode de déplacement sont surtout la résultante de l’augmentation du prix du carburant . La relation, consommation réduite et utilisation plus importante du véhicule éclaire qu’une petite partie du fonctionnement de l’automobiliste.

    Une voiture qui consommerait moins de 4 litres au 100km, m’intéresserait assurément, si elle est fiable et si son prix est raisonnable, mais pas pour rouler deux fois plus mais bien pour affecter les économies réalisées à d’autres finalités et accessoirement avoir bonne conscience.

    Je ne pense pas être une exception sur ce point.

  5. Hors sujet, mais qui montre bien que nos amis verts, doneurs de leçon s’il en est, sont comme les autres… lorsqu’il faut se faire élire.
    2eme tour des cantonales, canton de Castelnaudary Nord, un candidat vert contre un candidat PS;
    le vert a été élu grace aux vois de l’UMP et du FN qui ont tous les deux appelés à sanctionner le PS…
    Si un candidat de droite avait été élu ainsi, que n’aurait on entendu dans les médias…
    Je sais que ce n’est qu’un petit conseiller général du fin fond du pays, mais enfin…

  6. Alzine : « Une voiture qui consommerait moins de 4 litres au 100km, m’intéresserait assurément, si elle est fiable et si son prix est raisonnable, mais pas pour rouler deux fois plus mais bien pour affecter les économies réalisées à d’autres finalités et accessoirement avoir bonne conscience. »
    ———————————–
    Dans les faits, la France importe autant de pétrole maintenant que dans les années 1970, ce qui veut dire qu’avec des moteurs 2x plus efficaces, on roule bel et bien au moins 2x plus. Peut-être pas d’un point de vue individuel mais d’un point de vue d’ensemble, c’est un fait massif et incontestable.
    Ce paradoxe de Jevons) est valable non seulement pour les voitures mais aussi pour les frigos (on en achète un deuxième, voire troisième), les ampoules à faible conso (on en met plus dans son habitation)…et mille autre chose de la vie. Quand bien même, là où l’on fait des économies d’énergie, l’argent qui est dégagé sert fatalement à consommer de l’énergie ailleurs ou si c’est mis en banque, finit dans le circuit économique à financer d’autres activités forcément consommatrice d’énergie.
    Donc, on a la preuve par mille les économies ne permettent PAS de réduire la consommation d’énergie. Si ça le permettait, ça se verrait déjà depuis les années 70, avec les 2 chocs pétroliers, les plans pourris comme l’heure d’été-hiver et les slogans bidons comme « on n’a pas le pétrole mais on a des idées ».

    La seule manière de réduire la conso, c’est de rendre les gens pauvres. Et la seule solution durable et éprouvée pour cela, c’est le communisme.

  7. @ miniTax:
    « Dans les faits, la France importe autant de pétrole maintenant que dans les années 1970, ce qui veut dire qu’avec des moteurs 2x plus efficaces, on roule bel et bien au moins 2x plus. Peut-être pas d’un point de vue individuel mais d’un point de vue d’ensemble, c’est un fait massif et incontestable. »

    Le hic dans ce raisonnement ce sont les failles suivantes:
    – doublement du parc automobile : la voiture c’est fortement démocratisée (de 15,3 à 37 millions)
    – triplement du kilométrage parcouru (de 1970 à 2010)
    – réduction importante des offres de transport public grande distance.

    La consommation de pétrole est la même mais:
    – les moteurs sont 4 fois plus performants;
    – les citoyens sont plus à même de ses déplacer selon leurs envies (liberté de circulation).

    Je pense donc pour ma part que la voiture est une grande avancée sociale.

    Les économies d’énergie sont pensées en terme micro-économique (réduction au niveau de la maison, de la personne). Il est vrai que termes macro-économique la réduction de consommation énergétique va engendrer une possibilité de cette énergie ailleurs. Ce qui entraine une augmentation générale de l’activité, donc un enrichissement du pays, une baisse du chômage etc etc…
    Donc, comme vous le dites : « les économies ne permettent PAS de réduire la consommation d’énergie », mais par contre elle favorise l’activité générale de l’économie et de la société.

    Cordialement.

  8. Daniel dit :

    « Je pense donc pour ma part que la voiture est une grande avancée sociale. »

    Daniel dit

    « La seule manière de réduire la conso, c’est de rendre les gens pauvres. Et la seule solution durable et éprouvée pour cela, c’est le communisme. »

    –> Vous êtes tout les deux sur la même longueur d’ondes! Et c’est bien ce qui sous-tend les objectifs et les actions des escrolos de tous poils! La décroissance menant inéluctablement à la régression et à l’appauvrissement généralisé. Ce qu’a fait le communisme pendant 7 décennies après la prise en main de l’économie, de la culture, de la démocratie, de la recherche par des dictateurs sanguinaires et obtus . C’est ce qui nous attend .

  9. Daniel : « Donc, comme vous le dites : « les économies ne permettent PAS de réduire la consommation d’énergie », mais par contre elle favorise l’activité générale de l’économie et de la société. »
    ————————————–
    La question n’est pas si les économies d’énergie favorise l’activité générale ! La question est si les économies d’énergie favorise l’activité générale ***davantage*** que s’il n’y avait PAS ces économies, surtout quand elles sont imposées d’en haut par des réglementations.

    Vous faites la classique erreur de ce qu’on voit et ce qu’on ne voit pas (cf Bastiat http://bastiat.org/fr/cqovecqonvp.html ). Ce que vous voyez, c’est ce que les avantages de ces économies d’énergie mais ce que vous ne voyez pas, c’est les inconvénients causés par ces économies d’énergie en terme de perte d’opportunité, de baisse de compétitivité, de contraintes réglementaires, de réduction des choix… On retrouve le même sophisme concernant la construction des éoliennes censées créer des emplois verts (sans dire que ça détruit 2 à 3x plus d’emplois que ça crée), les guerres censées rebooster l’économie (sans dire ce qu’on aurait pu faire avec l’argent gaspillé à faire la guerre et à reconstruire). Bastiat.avait illustré ça il y a plus d’un siècle avec l’exemple de la vitre cassée et pourtant, les gens refont systématiquement cet erreur de raisonnement économique.

    Posez-vous une question simple : les entreprises et les millions de gens savent faire des économies beaucoup mieux que l’Etat, ils font ça tout le temps, à cause de la concurrence, à cause de leur portefeuille, par goût, par avarice, par prévoyance… Les Français sont même parmi ceux qui épargnent le plus au monde, bien devant les Allemands et bien sûr les anglo-saxons. Alors si les économies d’énergie (celles imposées par l’Etat, pas celles qu’ils auront choisi et créées par eux-même) étaient si bien que ça, pourquoi ils ne se seraient pas rués dessus, pourquoi ils auraient besoin de l’Etat pour le leur imposer, Etat qui est notoirement mauvais tant sur le plan micro-économique que macro-économique (il n’y a qu’à voir la gestion calamiteuse, tant de sa caisse que de ses ressources humaines) ??? Depuis quand c’est la cigale qui apprend à la fourmi comment faire des économies ?

  10. Enfin, longtemps après les américains (Boeing très en pointe , compagnies aériennes, forces armées…), les brésiliens (compagnies aériennes) , les japonais, les néozélandais, les britanniques, les allemands, les hollandais, les australiens………les français communiquent sur les bio carburants pour l’aviation, pas encore air France pour laquelle le mot est tabou (mais pas pour KLM qui a largement communiqué depuis 3 ans et testé, cherchez l’erreur!)

    Communiqué pour dire que la solution c’est cameline, tarte à la crème la caméline, qui ne doit son statut de plante idéale que parce qu’elle est non alimentaire pour son huile aux USA ( elle l’est en Europe), moins productive, moins résistante aux maladies et ravageurs, moins améliorée, sa relative rusticité qui reste à démontrer tient à sa faible productivité et au fait qu’il faut beaucoup plus d’hectares pour produire une huile qui vaut bien plus cher que celle de colza sur le marché.
    Cherchez l’erreur!

    En outre, airbus préfère la cameline de Roumanie ( les ACV montreront des cycles de vie avec des facteurs de x10 sans difficulté vu les pratiques du pays en terme de transparence) à l’huile (pour transesterification) de colza ou de tournesol de France plus efficace en terme d’occupation de l’espace et sous produit de la production de tourteaux pour l’élevage, bonjour le coût du transport en sus.

    http://www.latribune.fr/green-business/l-actualite/20110330trib000611853/airbus-se-mobilise-autour-des-biocarburants.html

    « Conscients qu’il n’existe probablement pas de solution unique, les acteurs poursuivent plusieurs pistes de front, jatropha, micro-algues, transformation de déchets en carburants… Dernière initiative en date chez Airbus, la participation à un programme complet à base de caméline (une plante au fort potentiel énergétique), en partenariat avec la compagnie roumaine Tarom. »

    Cela sent le good planète à plein nez plus que l’huile de cameline dont l’odeur est plutôt celle de la noisette. Et en Roumanie , de mafia verte à mafia tout court il n’y a qu’un pas.

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