Les « créatifs » de la campagne FNE

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Dans sa chronique quotidienne sur France Cuture, Philippe Meyer est revenu sur la dernière campagne de FNE sur l’agriculture. Le chroniqueur a choisi de s’intéresser aux auteurs de cette campagne, les vrais auteurs, c’est à dire les « créatifs » de l’agence de communication (publicité et marketing) Mediaprism. La plume de Philippe Meyer est grinçante et pose certaines bonnes questions.

Auditeurs sachant auditer, ce n’est pas pour vous vanter mais votre attention a sans doute été marquée par une campagne d’affiches apparues sur nos murs quelques jours avant le salon de l’agriculture. L’une de ces affiches montre un enfant qui risque d’être intoxiqué en jouant sur une plage envahie d’algues vertes. Une autre donne à voir un homme qui braque sur sa tempe un épi de maïs chargé d’OGM, tandis qu’une troisième, d’un jaune très cru, représente un bidon marqué d’une tête de mort, à côté duquel gisent deux cadavres, que l’on pourrait prendre pour des cadavres de souris, mus musculus musculus, de campagnol, microtus arvalis ou de mulot, apodemus sylvaticus. En fait, ce sont les restes de deux abeilles, apis mellifera. Comment sais-je que ce sont des abeilles ? Parce que je possède des rudiments d’anglais. Et qu’est-ce que viennent faire des vantardises sur les rudiments d’anglais, que soit disant tu possèdes, dans ta capacité à distinguer la charogne d’un campagnol ou les restes d’un mulot de la dépouille d’une abeilles ? Mes rudiments d’anglais m’ont permis de comprendre l’inscription qui barre cette affiche en lettres très capitales noires et qui dit : « Kill Bees ». Pourquoi ce cri d’alarme est-il poussé en anglais ? Parce que ceux qui le poussent en ont confié l’expression à une agence de communication dont les créatifs, je crois que ça s’appelle comme ça, ont trouvé piquant, astucieux, fun, hype, en un mot, trop mortel, de reprendre l’affiche du film de Quentin Tarentino « Kill Bill », en reproduisant le même jaune, les même caractères très capitaux noirs et en jouant sur les mots anglais « bill » et « bees », les abeilles. Voilà des créatifs qui me semblent bien partis pour avoir au poignée une Rolex avant leur cinquantième anniversaire. A vrai dire, je ne serai pas étonné qu’ils en aient déjà chacun au moins une. Leurs copains des autres agences ont dû en faire une jaunisse. Ca ne fera pas la jambe plus fine aux abeilles, si j’ose cete audacieuse figure de rhétorique, dans l’espoir de me hisser au niveau des créatifs, je crois que ça s’appelle comme ça. Je ne pense pas que le sort des abeilles figure en tête des préoccupations de ces créatifs-j’aurai-une-Rolex-avant-cinquante-ans. Même si c’est pour cela qu’ils ont été rémunéré, parce que j’espère qu’ils ont au moins l’excuse de la vénalité. En tout cas, si cette préoccupation les concerne, c’est très loin derrière celle d’épater les collègues et les concurrents. la campagne de communication n’a fait parler que de la campagne de communication, s’étonneront, s’inquièteront ou s’indigneront ceux qui se font du mouron pour les abeilles porteuses de miel, apis mellifera. Ne vous étonnez, ne vous inquiétez ni ne vous indignez, vous qui vous faites du mouron pour les abeilles : c’est pour les agences de communication qu’était faite cette campagne, pas pour les abeilles. Ca se passe comme ça au pays des créatifs à Rolex, creativus narcissicus rolexiferus. Il y a longtemps qu’on a dépassé le premier niveau du langage et que l’on s’est affranchi de certaines coutumes peu rolexogènes comme celle de considérer que communiquer est un verbe transitif. En principe, oui bon mais à quoi bon les principes, on communique quelque chose, de préférence à quelqu’un. Communiquer de manière intransitive est une activité beaucoup plus lucrative et beaucoup plus reposante. Elle fait disparaître autrui de vos préoccupations beaucoup plus sûrement que le frelon asiatique ou la maladie noire ne déciment les rangs des abeilles. le ciel vous tienne en joie.

8 commentaires sur “Les « créatifs » de la campagne FNE

  1. Je n’ai entendu que la toute dernière phrase de la chronique et ça m’a interpelé: quoi? en voilà un qui parle du frelon asiatique et de la maladie noire, qui déciment nos abeilles et non les zaaaffreux pesticides. Quel toupet et quelle inconscience écologique. Je me souviens qu’il avait déjà sévi, jadis sur France Inter, en proposant toute une émission sur la cigarette (« la prochaine fois, je vous le chanterai »)et ses bienfaits sur la création artistique. Il avait récidivé dans une chronique, également sur le tabagisme, en mentionnant une étude anglaise qui avait calculé que, finalement, les fumeurs coûtaient moins chers à la société, notamment du fait qu’ils avaient la bonne idée de mourir plus tôt, mais en ayant cotisé suffisement longtemps et ne profitant pas autant de leur retraite que l’allergique à l’herbe à nicot. Un esprit libre, c’est rare pour ne pas le signaler.

  2. « c’est pour les agences de communication qu’était faite cette campagne »

    Autrement dit : Le « gala » organisé au profit des organisateurs de galas… 🙁
    Merci, Monsieur Philippe Meyer pour votre lucidité.

  3. En attendant, ce sont les agences de communication qui font leur miel……..;

    Bon, d’accord, je sors tout de suite!

  4. Juste pour illustrer le fossé, un océan entre l’état d’esprit du farmer américain et celui du « pôvre  » grand-culteur français ( parler de céréalier alors qu’il produit aussi du sucre, des pulpes pour l’élevage, des huiles végétales, des tourteaux protéagineux, est un peu réducteur) obligé de se justifier à tous les coins de champ, à chaque phrase qu’il prononce.

    Ici belle décontraction du farmer du middle west, ils sont le fer de lance de l’Amérique, technologie et biotechnologie, ce ne sont pas les banques et les service qui sauveront l’Amérique mais la production de biomasse dont la Chine a terriblement besoin et un partenariat avec Boeing pour des vols 0 % CO2 à terme et avec les constructeurs automobile américains, une volt véhicule hybride consommant 2 litres au 100 km uniquement mue à l’éthanol et à l’électricité plug -in puis à terme photovoltaïque souple sur le toit .

    What Recession? It’s Boom Time For Nebraska Farms
    http://www.npr.org/2011/02/25/134054231/what-recession-its-boom-time-for-nebraska-farms

    Imaginons la campagne inverse avec affiches montrant:
    1 des populations cadavériques faute de nourriture,
    2 des poumons de citadins rongés par la pollution automobile ( en sus du tabac),
    3 des foies de populations rongés par le cancer du aux aflatoxines, mycotoxines fréquentes dans les céréales et oléagineux des pays du sud,
    4 des reins bourrés de mélamine des enfants chinois, mélamine contenue dans le soja bio importé récemment par une coopérative de l’ouest de la France.

    Et en gros titre s’adressant aux parisiens médusés, effarés, découvrant que la nature n’est pas toujours bonne et qu’il existe bien pire que les pesticides!:

    VOUS NE VOULEZ PAS CELA!
    NOUS NON PLUS! soutenez nous, soutenez vous, mangez français!
    signé Fnsea
    et si l’on veut être plus saignant ajouter: FNE et ses sponsors , EUX LE VEULENT!
    et dans ce cas tout serait vrai.

    CHICHE!

  5. et bien noter que rajouter
    « FNE et ses sponsors , EUX LE VEULENT! »

    Ce n’est pas pour les dénoncer, juste pour engager le dialogue , un dialogue équilibré sur des bases saines.

  6. S’il ne fait aucun doute que les écologistes veulent, depuis des années, faire opposer les acteurs (ou le « lobby ») du Tourisme et ceux de l’agriculture bretonne pour servir leurs intérêts (éradiquer l’agriculture intensive), il n’en demeure pas moins qu’une telle manipulation (une de plus…) va ruiner d’un trait les efforts réalisés depuis des années par les professionnels et institutionnels du Tourisme.

    L’agriculture et le tourisme sont les piliers de l’activité économique en Bretagne (regardez autour de vous et comptez ceux qui ne dépendent pas directement ou INDIRECTEMENT de ces activités) : les mettre à genoux, c’est plus que se tirer une balle dans le pied, c’est organiser le suicide d’une région.
    Je me pose quelques questions : de quoi vivent les auteurs de cette campagne ? Que font-ils de positif pour leur région ? La Bretagne mérite-t-elle ce traitement, comparé à d’autres régions françaises où des pollutions multiples vont bon train dans l’indifférence générale ; par exemple, que proposent-ils face à la prolifération des algues vertes… sur le pourtour méditéranéen, y compris le Maghreb, (bien connu pour être une région d’élevage porcin intensif…) ? Dans l’indifférence générale, déchets, algues et méduses polluent la méditéranée ; Mais comme disent les Corses (http://www.routard.com/forum_message/768452/invasion_d_algues_et_de_meduses.htm) : « Tout est nickel en Corse, (…) on laisse ça aux continentaux !  »

    Alors tant pis pour vos balades ou vos vacances en Bretagne (ou ailleurs), où un patrimoine naturel remarquable (pas parfait : remarquable) n’attend que vous pour de magnifiques marches sur le sentier du littoral, pour des jeux en famille sur la plage, pour observer la faune et la flore sauvages, …. ;

    Mais si vous acceptez ce genre de manipulations et de polémiques émanant de la part de quelques azimutés irresponsables, ne venez pas vous plaindre de vivre, d’ici peu, dans une région totalement sinistrée et s’enfoncer dans la récession économique et sociale.

    Les auteurs de ces affiches, quant à eux, pourront siroter tranquillement leur apéritif et fumer leur pipe (tabac bio ?) en appréciant la vue depuis la baie vitrée de leur maison secondaire de 300 m² habitable avec vue mer (sur une baie propre ou pas), ou depuis leur bel appartement citadin, pendant que leurs enfants et petits-enfants ne pourront plus espérer pour leur avenir professionnel que de décrocher le dernier job disponible au Lidl du coin. Mais au moins, il n’y aura plus d’élevage intensif en Bretagne et ce sera une « grande victoire » pour le développement durable. Tout est nickel…

  7. http://www.ouest-france.fr/actu/actuDet_-Plouha-22-vraie-plage-mais-fausses-algues-vertes-_39382-1714830_actu.Htm

    Plouha (22) : vraie plage, mais fausses algues vertes !


    Un montage photo

    Manifestement, l’affiche a donc été construite numériquement, à partir de trois documents photos. Celui de l’enfant, la côte de Bréhec et le tapis d’algues vertes sur lequel les gens de Plouha ont repéré un petit rocher « qui n’est pas de chez nous ».

    c’est comme la crédibilité du discours des écolobobos, il y a toujours du trucage.

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