Sanctuarisation du Grenelle

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« Les financements du Grenelle sont, entre guillemets, sanctuarisés ». C’est ce qu’a affirmé Chantal Jouanno sur TV5 Monde la semaine dernière. La Secrétaire d’Etat à l’Ecologie qui se fait discrète depuis quelques mois est pourtant en pleine promotion de son dernier livre, « Sans tabou », une série d’entretiens avec Charles-Edouard Vincent, Richard Descoing, Jean-Paul Fitoussi, Dominique Bourg et Jane Goodall.

Cette interview confirme les méthodes vertes basées sur les peurs et le catastrophisme. Ainsi en est-il de la biodiversité. « Comme on a eu le GIEC sur le climat qui a permis d’alerter les opinions et vraiment de placer ce sujet en tête de pas mal de programmes politiques, il faut que sur la biodiversité on fasse pareil. La biodiversité c’est au moins aussi grave, si ce n’est pire, que le climat. Les pertes de PIB pourraient atteindre 7% du PIB : c’est pire que le climat. Et c’est tout qui en dépend : c’est votre alimentation, c’est la pharmacie, c’est la cosmétologie, c’est la chimie… (…) On a besoin de cette plate-forme scientifique internationale pour montrer 1 qu’il y a une disparition de la biodiversité qui est grave, qui n’est pas naturelle, et 2 que c’est l’ensemble de notre système de développement, de notre système économique qui est impacté. « 

La suite de l’interview est plus surprenante. On y découvre des propos sur l’écologie que l’on a peu l’habitude d’entendre : « personne n’a aujourd’hui, seul, la réponse. Il n’y a pas d’un côté les écologistes et de l’autre les vilains pollueurs. Personne n’a la réponse. On a tous une conviction qu’il faut avancer sur le sujet mais c’est un vrai changement de modèle de société (…), et ça dépasse toutes nos petites certitudes. »

Enfin, passant au dessus du piège écologiste qui consiste à réduire le problème des mortalités d’abeilles aux seuls pesticides, Chantal Jouanno prend un peu de hauteur. « Les abeilles, c’est pas une question de fleurs bleues. Les abeilles c’est la pollinisation. Et la pollinisation c’est 38% de nos ressources alimentaires. Si demain elles disparaissent, ça va nous coûter plus de 2 milliards chaque année. » Chantal Jouanno, prochaine ministre de l’agriculture ?

5 commentaires sur “Sanctuarisation du Grenelle

  1. Je cite Madame Jouanno : « On a besoin de cette plateforme scientifique internationale pour montrer qu’il y a une perte de biodiversité qui est grave, qui n’est pas naturelle ». C’est donc une responsable gouvernementale qui dicte aux scientifiques ce qu’elle veut leur entendre dire. Un petit Jdanov en jupette !

    Je recite : [l’écologie] »c’est pas un sujet technique (…) c’est un sujet profondément politique, ça implique notre modèle de croissance, ÇA IMPLIQE DES CHANGEMENTS DANS NOTRE MODÈLE DÉMOCRATIQUE, dans notre modèle social ». Autrement dit l’écologie c’est comme l’émancipation du prolétariat, ça remet en cause la démocratie. Un Staline au brushing impeccable et sans moustache !

  2. Ce qui m’étonne, c’est qu’elle reprenne la version utilitariste de la biodiversité.

    Ca date de la conférence de Rio, en 1992, et ça m’avait bien fait rire déjà à l’époque.

    Note du traducteur : 1992, c’était l’époque où j’étais plutôt sensible aux thèses écolos

  3. [l’écologie]« c’est pas un sujet technique (…) c’est un sujet profondément politique [dixit Mme Jouanno]

    Ah bon ? Elle n’est pas (plus) une branche de la science ?
    En revanche, l’ÉCOLOGISME n’est que cela.

    @ Astre Noir,

    En 1992, intéressé mais « dubitatif » en raison de l’instrumentalisation de l’écologie, virant déjà au dogme pur et dur de l’écologisme radical (deep ecology), le livre de Luc Ferry, « Le Nouvel Ordre écologique », Grasset et Flasquelle, 1992, que j’ai lu à cette époque, a fini de me rendre « sceptique » et réfractaire à cette idéologie.

  4. « On a besoin de cette plateforme scientifique internationale pour montrer qu’il y a une perte de biodiversité qui est grave, qui n’est pas naturelle ».

    Ouai, commencez par reformer et surtout embaucher des naturalistes, parce que d’ici quelques années ça sera très très compliqués de faire des inventaires. Avant de se toucher la nouille avec des « plateformes internationales » il va mieux assurer le service minimum de la biologie.

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