« Le Tao de l’écologie »

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Notre bibliothèque verte s’enrichit à nouveau avec un ouvrage signé Teddy Goldsmith.

Le Tao de l’écologie, une vision écologique du monde, Teddy Goldsmith, 1992.

Il s’agit de l’œuvre maîtresse de Teddy Goldsmith, fondateur de The Ecologist et l’une des figures clefs de l’écologisme. Jean-Marie Pelt, qui le considérait comme le « pape de l’écologie », exhortait à lire cet ouvrage : « Lisez-ce livre, vous ne verrez plus le monde de la même façon. » Après sa mort en août 2009, nombreux sont ceux qui ont rendu hommage à Teddy Goldsmith. Ainsi, François Veillerette saluait « la mémoire de ce très grand Monsieur de l’écologie. Merci Monsieur Goldsmith pour votre combat qui est pour nous une source d’inspiration irremplaçable. » Pour Agnès Bertrand, militante antimondialisation, « le réseau de ses amis à travers le monde format une espèce d’internationale de l’écologie radicale ». Le militant et écrivain écologiste Fabrice Nicolino, quant à lui, écrivait : « Je m’incline. Pensant à cette si belle tête qu’avait Teddy Goldsmith. Et à ses si précieuses idées. Je ne risque pas de l’oublier. » Enfin, le journaliste Hervé Kempf rappelait que « le mouvement écologique vient de perdre un de ses parrains – dans le meilleur sens du terme ».

Dans son ouvrage truffé de citations et de références, Teddy Goldsmith commence par expliquer sa conception de l’écologie qu’il décrit, sans surprise, comme la façon de chercher à « dégager les lois de la nature ». En revanche, il affirme que « l’écologie est une foi » : « C’est une foi en la sagesse des forces qui ont créé le monde naturel et le cosmos dont nous faisons partie (…). C’est une foi en notre aptitude à développer les schémas culturels qui nous permettront de préserver ce qui reste de l’intégrité et de la stabilité du monde naturel ». A ce titre, il rappelle que « l’homme traditionnel croyait aveuglément aux principes sacrés dont il était imprégné » et que « depuis la nuit des temps, pour l’homme traditionnel, la Nature a été vivante, et sa vie religieuse a consisté en des relations avec les esprits des êtres naturels ». Goldsmith adopte ainsi totalement l’hypothèse Gaïa de James Lovelock selon laquelle l’écosphère serait un être vivant.

Pour l’écologiste franco-britannique, il est essentiel que Gaïa maintienne son homéostasie, c’est-à-dire son équilibre de fonctionnement ou sa stabilité : « C’est la stabilité, et non le changement, qui est la caractéristique essentielle du monde vivant. (…) De toute évidence, les systèmes naturels, loin de rechercher le changement s’efforcent de l’éviter. Le changement ne se produit pas parce qu’il est souhaitable en soi, mais parce que, dans certaines conditions, il est nécessaire pour en prévenir d’autres qui seraient plus importants et dévastateurs. » Il précise : « Pour que (l’écosphère) conserve sa stabilité, tous les êtres vivants qui la composent doivent obéir à une véritable hiérarchie de lois, qui à elles toutes, forment les lois de la nature. » Seul problème, l’homme moderne perturbe, par ses changements, cet ordre : « C’est l’incapacité de l’homme moderne à respecter les contraintes protégeant l’intégrité et la stabilité des divers systèmes sociaux et écologiques qui déclenche leur déstabilisation et leur désagrégation. » Certes, reconnaît-il, « on peut enfreindre les lois gaïennes, mais il faut en payer le prix ». Et ce prix peut même être la mort du système.

Pour éviter des désastres, l’homme doit suivre « le Chemin » qui « consiste à maintenir l’ordre spécifique du cosmos ». Pour Goldsmith, l’exemple parfait de l’homme qui suite Chemin, c’est l’homme traditionnel : « Le caractère primordiale des sociétés vernaculaires, où l’humanité a vécu quelque 90% de son séjour sur Terre, est la stabilité. C’est particulièrement vrai des sociétés de chasseurs-cueilleurs. » Il loue ces sociétés car elles ont intégré les contraintes écologiques dans leurs croyances, permettant un contrôle social plus efficace que s’il était appliqués par une autorité extérieure : « (…) les rites et cérémonies d’un peuple traditionnel – en réalité, tout leur mode de vie – sont conçus pour garantir la répartition correcte de la force vitale à tous les étages de la hiérarchie cosmique. A cette condition seulement ils peuvent préserver l’ordre spécifique et la stabilité du cosmos, et par là même être conformes au Chemin. Négliger d’accomplir ces rites et cérémonies sacrés – ou pire, enfreindre les lois sacrées qui gouvernent leur déroulement – revient à violer un tabou. » En effet, comme il l’explique, « la crainte omniprésente de déranger l’ordre spécifique du cosmos se reflète dans les tabous » et, évidemment, celui qui ne respecterait pas un tabou aurait de sérieux soucis…

Il est vrai que Goldsmith ne prône pas un retour aux sociétés tribales. Cependant, il écrit que « l’acceptation des principes exposés dans ce livre demande l’abandon du paradigme scientifique lui-même et de la conception moderniste du monde ». Il parle alors de conversion : « Une telle conversion, ou changement généralisé de paradigme, entraîne une profonde réorganisation du savoir qui forme notre vision du monde. Elle doit toucher jusqu’aux fondements métaphysiques, éthiques et esthétiques. Elle implique en réalité un changement proche de la conversion religieuse (…) ». Goldsmith décrit ensuite les conditions particulières pour que s’opère cette véritable conversion à la foi écologique : « Une conversion véritable semble s’opérer dans des conditions tout à fait particulières, que le psychologue William Sargant a comparé à celles qui conduisent à la dépression nerveuse ou permettent le lavage de cerveau des prisonniers de guerre pour les amener à confesser les crimes qu’ils n’ont pas commis. Le traitement par électrochocs pratiqué dans les hôpitaux psychiatriques remplit apparemment une fonction similaire. Ceci explique pourquoi les conversions religieuses sont souvent précédées par des cérémonies physiquement et mentalement éprouvantes, l’absorption de drogues ou d’alcools et la mise en état de transe, comme dans les fameux rites dionysiaques. Tout cela crée un état mental qui, sur le plan fonctionnel, pourrait bien être analogue à la dépression nerveuse et dans lequel il devient possible d’inculquer à l’individu une nouvelle vision du monde. »

Goldsmith conclut son ouvrage sous forme de stratégie de combat : « Il nous faut donc lutter pour affaiblir systématiquement les principales institutions du système industriel – l’Etat, les firmes géantes et la science et la technologie qu’elles mettent à profit pour transformer la société et le monde naturel. Parallèlement, nous devons recréer autant que possible la famille et la communauté, et l’économie localisée et diversifiée qui lui fournissent sa base matérielle, desserrant ainsi l’emprise quasi universelle d’un système économique destructeur, qui est en tout cas sur le déclin et peut-être proche de l’effondrement. »

17 commentaires sur “« Le Tao de l’écologie »

  1. C’est extrémiste… et voila encore du grain à moudre pour les anti écologistes qui vont caricaturer ceux qui pensent qu’un autre monde doit émerger de la crise climatique qui se présente.
    ATTENTION à ne pas « cloitrer » les écolo dans un cliché du baba cool, qui ne rêve que de détruire les grands méchants de l’industrie. C’est grâce à cela que les écologistes, perdent depuis des années…..

  2. @philippe

    Crise climatique qui se présente ?
    Et se manifeste par un soit disant réchauffement sans précédent d’après les adeptes de l’écologisme …
    Le climat lui refuse obstinément de coopérer avec ces prédicateurs de la fin du monde

    http://www.meteo-world.com/news/index-2914.php

    La vague de froid persiste et se renforce même en Mongolie et sur le nord-est de la Chine.
    En Mongolie on a relevé hier –42.7°C à Ulaangom soit 10°C de moins que la moyenne saisonnière sur cette station -41.7°C à Baruunturuun, -39.4°C à Rinchinlhumbe, -36.9°C à Baruunhara, -36.3°C à Omno Gobi, -35.7°C à Hatgal.
    Il faut savoir que la région a connu des températures allant jusqu’à –50°C, des températures qui ont provoqué la mort de plus de 1.5 million de têtes de bétail.
    Un tiers de la population mongole est nomade et dépend totalement de l’élevage.

  3. Même en ayant la chance d’être dans un pays tempéré, cet hiver est un peu sévère, le stock de foin s’amenuise, entammé dès le mois d’aout avec le déficit pluvio qui a duré jusqu’en novembre, l’équation est la même,diminuer l’effectif bétail. En Mongolie c’est bien pire! Oulanbator voit sa banlieue grossire de ces yourtes de nomades et cela depuis qq années déjà. « Réfugiés climatiques » dûs au… refroidissement! Mais chuuut, n’en parlons pas, ça ne va pas dans le sens conforme à la propagande réchaufiste…

  4. Arrêtez donc de ne parler que de « réchauffement climatique », c’est un dérèglement qui se profile et qui a commencé. En se renseignant un peu sur les avis des météorologues plutôt que sur ce que disent trop souvent les médias, on comprend vite que ce n’est pas un réchauffement mais que le réchauffement des pôles entraînera des vagues de froid dans nos régions tempérées.

    Ceci dit, cet article me donne envie de lire le bouquin, car contrairement à vous je sais qu’il y a à apprendre des « écolos pure souche », qui sont malheureusement trop extrêmes pour convaincre de nos jours, mais ils sont importants pour mettre les partis politiques devant des faits accomplis et la nécessité de changer.

    1. « c’est un dérèglement [climatique] qui se profile et qui a commencé. »

      Quand le climat a-t-il jamais été « réglé » ? 🙄

      « En se renseignant un peu »

      C’est par là que vous auriez dû, pour votre part, commencer… 😆

  5. Si vous le dites.
    Vous semblez avoir un avis tranché sur la question.
    Toujours est-il que l’influence de l’homme sur le climat depuis plusieurs décennies est avérée. A partir de là on peut dire qu’il dérègle l’évolution qu’aurait le climat sans toutes les interventions humaines.
    Ou sinon c’est comme la sixième crise d’extinction des espèces (en se plaçant aussi loin que l’homme peut retracer l’histoire de la Terre) qui voit le jour actuellement, on peut dire « oh bah c’est pas grave, ce serait peut-être pareil sans nous après tout qui a dit que c’était réglé ? »

    1. « Toujours est-il que l’influence de l’homme sur le climat depuis plusieurs décennies est avérée. »

      Influence avérée ?
      Cette antienne a beau être répétée partout, elle n’a toujours pas été démontrée scientifiquement.
      Et elle semble avoir de plus en plus de mal à l’être !

      En effet, contrairement aux prévisions du GIEC, alors même que les rejets de CO2 ne cessent de croître, la température moyenne du globe n’a pas augmenté depuis une quinzaine d’années.
      Ce que reconnaît d’ailleurs Rajendra Pachauri lui-même (le président en exercice du GIEC) et qui s’avère être en totale contradiction avec les prédictions des modèles qui avaient anticipé une hausse « préoccupante »…

  6. Ah ok nous n’avons pas d’influence avérée. Sympa comme optimisme ! Lol.
    Donc tous les débats actuels n’ont pas lieu d’être.
    C’est un peu léger de sortir quelques idées émises par ci par là. Comme s’il n’y avait pas une foule d’articles scientifiques qui mettent en avant des changements accentués par l’homme.
    Il vaut toujours mieux écouter les différents sons de cloche plutôt que d’avoir un avis tranché sur ce genre de questions, enfin je pense. Perso je n’ai pas d’avis précis sur la question.
    Et il n’y a pas que le CO2 qui entre en jeu. De plus on ne parle pas forcément d’un réchauffement global mais d’un dérèglement qui risque de refroidir certains endroits du globe et d’en réchauffer d’autres. Donc a partir de là ça parait logique que la température moyenne ne grimpe pas en flèche.

    1. « C’est un peu léger de sortir quelques idées émises par ci par là »

      Eh bien, pour votre information, voici un lien qui vous en dira plus sur le débat, euh… les contorsions du GIEC concernant le réchauffement, non : le changement, non le dérèglement climatique ANTHROPIQUE ! 😆

      http://www.pensee-unique.fr/news.html#back

  7. « Il vaut toujours mieux écouter les différents sons de cloche… »

    Une bonne base de départ serait L’histoire du climat depuis l’an mil d’Emmanuel Le Roy Ladurie.

  8. Ce que je voulais dire c’est que ce ne sont que des avis parmi d’autres, ils ne doivent pas minimiser le travail d’autres « éminents » chercheurs ou spécialistes qui pensent le contraire.

    Ceci dit je ne trouve pas que ce soit un sujet prêtant à rire, et on devrait plutôt s’inquiéter du fait qu’aucune explication n’emporte pour l’instant l’unanimité (la preuve personne ne semble capable à l’heure actuelle de déclarer si changement ou dérèglement il y a, et encore moins quelle est la part d’importance des facteurs anthropiques ou « naturels »).

    Et pour revenir sur votre précédent message, je n’ai jamais dit que c’était purement anthropique, ça se saurait si on pouvait changer le climat à nous tout seul.

    Le lien était intéressant, merci 😉 J’ai remarqué là encore qu’il n’y a aucun avis tranché, je n’ai rien lu sur la page qui affirme que l’homme n’a pas d’impact :
    « Le climat pourrait se réchauffer moins qu’on ne le pensait auparavant, en réponse aux émissions des gaz à effet de serre. Mais ceci ne signifie pas qu’il n’y a plus de problème » ou « il est possible que le climat réponde à des hausses de concentration de dioxyde de carbone d’une manière qui n’a pas encore été correctement comprise ».

    De plus, beaucoup semblent revoir les prévisions à la baisse, sans pour autant tirer un trait dessus. Ce paragraphe résume bien la situation et ne sous-estime pas le possible impact de l’homme :

    « Jusqu’à ce que nous améliorons notre compréhension de la variabilité interne et naturelle, nous ne savons tout simplement pas comment déterminer la sensibilité au forçage des gaz à effet de serre. La question de savoir comment le climat va évoluer au cours du XXIe siècle est hautement incertaine et, en gros, nous ne savons pas si les différents scénarios d’émissions de gaz à effet de serre seront (ou ne seront pas) les pilotes essentiels à des échelles de temps du siècle ou plus courtes. La simplification exagérée et la confiance excessive sur ce sujet ont agi au détriment de la science climatique. En tant que scientifiques, nous devons prendre en compte les incertitudes, la complexité et le caractère hautement pernicieux du problème. Nous avons trompé les responsables politiques en sur-simplifiant le problème et en faisant preuve d’une confiance exagérée. « 

  9. Emmanuel Le Roy Ladurie n’a fait que décrire le climat à partir, notamment, de sources historiques.

    L’intérêt de l’ouvrage réside dans la démonstration que le climat a varié dans le temps, avec une composante aléatoire (comme notre printemps pourri) et des évolutions à plus long terme.

    Cela devrait mettre les discours apocalyptiques d’aujourd’hui en perspective.

    « …on devrait plutôt s’inquiéter du fait qu’aucune explication n’emporte pour l’instant l’unanimité » ?

    Au contraire. Le jour où il y aura unanimité pour un sujet tel que celui-là, la science sera morte.

  10. Nan je suis d’accord, de toute façon j’espère bien que l’homme n’accédera jamais au savoir absolu sur la nature ^^ ce qui est impossible 😛
    Après le but de la science est quand même de comprendre tout ça un minimum, pour connaître la part de l’homme dans tout ça.
    Ce qui est inquiétant c’est que le débat semble houleux car certains pensent détenir la clé du problème. Sans parler des médias qui veulent de l’extraordinaire et qui induisent les médias en erreur.

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