François Veillerette

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François Veillerette ne se contente pas de pêcher par omission ou de biaiser son discours. Il lui arrive de mentir et, en répétant souvent ses mensonges, arriver à convaincre les médias qu’il s’agit de la vérité. L’exemple le plus flagrant, révélé par Gil Rivière-Wekstein dans Agriculture & Environnement, concerne le rapport du 5 août 2006 de l’Institut français de l’environnement (Ifen), intitulé Les Pesticides dans les eaux – Données 2003 et 2004. En effet, dans un communiqué de presse, le MDRGF écrit : « Ce sont en effet maintenant 96% des cours d’eau et 61% des eaux souterraines qui contiennent maintenant (sic) des résidus en France ! ». Or la citation exacte du rapport de l’Ifen est la suivante : « En 2004, des concentrations de pesticides ont été quantifiées sur 96% des 607 points interprétables des réseaux de connaissance générale ». Et l’Ifen précise : « Attention : “sur 96 % des points des cours d’eau“ ne signifie pas sur “96% des cours d’eau“ ! » L’institut souligne en outre que « de façon générale, il faut éviter toute interprétation qui confondrait un point de mesure avec un cours d’eau ou une nappe, ou encore des pourcentages de points avec des pourcentages de cours d’eau ou des pourcentages de nappes souterraines (“90 % de points de mesure des cours d’eau quantifiés en classe jaune” ne signifie pas que “90 % des cours d’eau sont en classe jaune”) ». Cela ne pourrait être plus clair. Mais le président du MDRGF persiste à parler des « 96% des cours d’eau pollués par les pesticides », désinformation reprise en chœur évidemment par les autres associations écologistes et aussi par tous les médias.

Toujours dans le même communiqué, le MDRGF mentionne « des résultats en nette aggravation », alors qu’il est écrit dans le rapport de l’Ifen : « Ces valeurs sont très proches de celles figurant dans le sixième bilan annuel des pesticides dans les eaux, relatives à l’année 2002 ». De plus, le MDRGF affirme que « le nombre de substances mises en évidence est plus important qu’en 2002 », bien que le rapport de l’Ifen écrit qu’« en l’absence de statistiques plus poussées, on ne peut pas en conclure qu’il y ait plus de molécules différentes dans les eaux en 2004 qu’en 2002 ». Bref, quand François Veillerette parle des données d’un rapport, il vaut mieux l’avoir lu avant !

En outre, François Veillerette n’hésite pas à donner des informations sans vérifier leur sérieux, du moment qu’elles confortent ses thèses écologistes. Par exemple, reprenant dans son blog un article paru sur novethic.fr, François Veillerette annonce le 24 juillet que selon deux chercheurs anglais, les professeurs Daniel Burke et Gerry Potter (rien à voir avec Harry), « les fruits et légumes “bio” protègent mieux du cancer que ceux de l’agriculture conventionnelle ». L’explication de ce scoop tient en un mot : les salvestrols. Cette « nouvelle classe de substances végétales », découverte par le professeur Burke, serait susceptible de protéger, voire de guérir du cancer. Selon le laboratoire privé Nature’s defence, fondé en 2004 par le Pr Burke, « les végétaux issus de l’agriculture biologique contiennent en moyenne 30 % de salvestrols en plus. » Petit souci : on ne trouve aucune publication scientifique dans les revues médicales du professeur Burke. Et aucune étude sur le fameux salvestrol ne figure parmi les millions de références scientifiques de Pubmed, la bible de la recherche médicale. L’explication est simple : le salvestrol n’est en effet qu’un label commercial déposé le 17 décembre 2004 par Nature’s Defence Investments Ltd. Et le « laboratoire » de M. Burke n’est rien d’autre qu’une société à but commercial.