Focus : José Bové ou la décroissance en agriculture

Vers une société frugale

On retrouve ainsi chez Ivan Illich les idées de Jacques Ellul et de Bernard Charbonneau. Dans la société idéale décrite par Ellul, on « pourrait se passer de 90% des techniques que nous utilisons et de 90% des médicaments que nous utilisons ». Le penseur français s’oppose d’ailleurs à ce qu’il appelle la « médicalisation de la vie », et regrette que « l’homme ne [sache] plus souffrir [et qu’]il ne [puisse] plus dominer la plus légère douleur. »

Cette suppression massive des techniques et des médicaments aura évidemment d’importantes conséquences, qu’il faut tout simplement assumer : « Il faut sortir du cycle infernal consommation-production, même si cela doit bouleverser nos habitudes quotidiennes et réduire notre niveau de vie. » Il revient ainsi à la « cité ascétique » que Charbonneau et lui-même avaient imaginée en 1935 dans leurs Directives pour un manifeste personnaliste : « Une véritable prise de conscience de ces problèmes implique un changement de vie radical, un renoncement à des facilités, et pourquoi le cacher, un retour à une certaine frugalité. » C’est précisément ce que décrit Edouard Goldsmith, lorsqu’il recommande de « vivre dans des villages presque autosuffisants, se consacrant à la production de [notre] propre nourriture et à la manufacture d’objets techniquement simples ».

Un tel programme est certes beaucoup moins présentable que la défense du pauvre et de l’opprimé face aux multinationales et aux OGM…