José Bové est-il à la solde de la Fondation Rockefeller ?

Nous avons montré à quel point le livre OGM : semences de destruction de William Engdahl (JCG, 2008), préfacé par José Bové, relève de la théorie du complot. Il est d’ailleurs très facile de prouver n’importe quoi à partir d’une théorie conspirationniste. Tenez, par exemple, tentons de démontrer que José Bové est à la solde de Rockefeller. Cela vous semble incroyable ? Eh bien, rien que pour votre plaisir, nous vous avons concocté une théorie du complot, basée entièrement sur des faits avérés et vérifiables, selon laquelle il apparaît bien que José Bové et la Fondation Rockefeller marchent main dans la main.

Rockefeller et le contrôle des mouvements écologistes

Tout d’abord, commençons par utiliser la méthode chère à Marie-Monique Robin dans son enquête sur Monsanto, à savoir : googliser ! En faisant une recherche sur « Bové », « Rockefeller » et « écologiste », on arrive rapidement sur le site Bellaciao.org où l’on peut prendre connaissance d’extraits d’un ancien livre d’Engdahl (ça tombe bien !) expliquant que les Rockefeller sont à l’origine de l’émergence des mouvements écologistes. Ainsi, ce dernier explique que « Brice Lalonde, directeur des Amis de la Terre en France et futur ministre de l’Environnement de François Mitterrand en 1989, était à l’époque le partenaire parisien de Coudert Frères, cabinet juridique allié à la famille Rockefeller », ajoutant qu’en 1972-1973 « une propagande antinucléaire massive put être lancée avec des millions de dollars mis à disposition par les réseaux pétroliers de l’Atlantic Richfield Company, du Rockefeller Brothers Fund et d’autres milieux de l’establishment anglo-américain ».
Pour étayer ces liens entre les Rockefeller et les écologistes, une source d’information ne suffit pas, bien que Bové considère les écrits d’Engdhal comme fiables. En poursuivant notre enquête sur Google, on tombe sur un article intitulé « Behind the environmental lobby » dans lequel on apprend qu’en 1985, le tentaculaire Rockefeller Family Fund a créé l’Environmental Grantmakers Association (EGA), un groupe de donateurs destiné à rendre plus efficace le financement des mouvements écologistes. Toujours dans cet article, le journal de gauche Mother Jones est cité à propos de la capacité de l’EGA à contrôler les mouvements écologistes de base : « En décidant quelle organisation a l’argent, les donateurs contribuent à fixer l’agenda du mouvement écologiste et influencer les programmes et les stratégies des activistes ». Ah, la piste semble être bonne, même si l’on n’a pas encore la connexion avec José Bové. Pour savoir quels sont les écologistes contrôlés par les Rockefeller, il faut simplement regarder qui ils financent. Continuons à googliser, cette fois-ci avec « Rockefeller Brothers Fund » et « Greenpeace ». Bingo ! Sur le site activistcash.com, on apprend que le Rockefeller Brothers Fund a donné 780.000 dollars à Greenpeace (entre 1997 et 2003) et 1,4 millions de dollars aux Amis de la Terre (entre 1994 et 2001), deux fidèles alliés de José Bové. L’étau se resserre…

Quand les amis de Rockefeller croisent la route de José Bové

Afin de peaufiner notre théorie du complot, nous devons maintenant établir que José Bové se trouve bien dans la toile qu’a patiemment tissée les Rockefeller et nous orienter vers les thèmes de prédilection du leader paysan : l’agriculture et la mondialisation. Toujours sur le site activistcash.com, on note la présence d’une association massivement financée par le Rockefeller Brothers Fund (1,8 millions de dollars entre 1995 et 2003) qui semble correspondre au profil recherché. Il s’agit de l’Institute for Agriculture and Trade Policy (IATP), une ONG créée par l’Américain Mark Ritchie en 1986 et qui a pour mission de contribuer à préserver les communautés rurales et les écosystèmes dans le monde entier. L’IATP milite entre autres contre les pesticides et en faveur des locavores, c’est-à-dire pour une consommation de produits locaux. Mais elle est aussi, à l’instar de José Bové, à la pointe de la lutte anti-OGM outre-Atlantique. En 2001, l’IATP a créé le « Genetically Engineered Food Alert », un collectif anti-OGM composé des Amis de la Terre, du National Environmental Trust, du Pesticide Action Network, du State Public Interest Research Group, de l’Organic Consumers Association et du Center for Food Safety. Toutes ces associations, sans exceptions, ont reçu des financements de la famille Rockefeller.
Etant donné que les objectifs de l’IATP convergent bien avec ceux de José Bové, nous allons tenter de confirmer cela en googlisant « Mark Ritchie » et « Bové ». Et là, sur le site d’ATTAC Belgique, on apprend d’abord qu’en 1986, « l’Américain Mark Ritchie, président de l’IATP (…) vient (au Larzac) sensibiliser les paysans locaux aux menaces que faisait peser le GATT (ancêtre de l’OMC) et la libéralisation des marchés mondiaux. C’est en quelque sorte la dimension “altermondialiste” de la résistance qui commence au Larzac. » Mark Ritchie au Larzac ? Sur les terres de José Bové ? Il est évident qu’ils ont dû se rencontrer à cette occasion. On sent qu’on est proche du but. Encore sur Google, on voit que Mark Ritchie a récolté des fonds en 1999 pour payer la caution de José Bové, suite au saccage du MacDo à Millau. De plus, le 2 décembre 1999, José Bové retrouve son ami américain (par ailleurs ami des Rockefeller) puisqu’il est invité par celui-ci à prendre la parole lors d’une conférence dans le cadre des manifestations antimondialisation de Seattle et qui rendra mondialement célèbres le démonteur de MacDo et son roquefort. Mark Ritchie retrouvera évidemment José Bové au premier Forum social mondial de Porto Alegre en 2001, un événement qui est régulièrement financé par la Fondation Rockefeller. Bové, Ritchie, Rockefeller, même combat ! CQFD.

Semeurs Volontaires et l’ombre des Rockefeller

Il est possible de mener notre complotite encore plus loin, en prouvant que l’emprise des Rockefeller s’étend même aux amis de José Bové, comme le mouvement des Semeurs Volontaires. En effet, lors du lancement des Semeurs Volontaires à Paris en octobre 2008, organisé par José Bové et Guy Kastler, une association dénommée « ETC Group » a été présentée comme l’une des principales sources de référence des mouvements anti-OGM, comme on peut s’en rendre compte sur les vidéos de la conférence mises en ligne sur le site latelevisionpaysanne.fr. Mais quel est donc ce mystérieux groupe, source d’inspiration de Bové et Cie ? Googlisons ! Selon le site d’ETC Group, tout a commencé au début des années 80 avec deux Canadiens, Pat Mooney et Cary Fowler, qui ont décidé de créer la Rural Advancement Foundation International (RAFI) afin de défendre la biodiversité agricole, en particulier dans le domaine des semences. Fin 1998, RAFI lance une campagne contre une technologie de Monsanto qui consiste à rendre stérile les graines de plantes génétiquement modifiées, technologie que l’association dénomme « Terminator ». Sollicitons encore Saint Google avec les mots « Terminator » et « Bové », et là on obtient une condamnation claire de cette technique par Bové : « Ces pratiques violent le droit ancestral, millénaire, et reconnu partout dans le monde, à prélever sur sa récolte pour celle à venir. » Et si l’on googlisait maintenant « Terminator » et « Rockefeller », on voit sur le site infogm.org une condamnation claire de cette technique par… le président la Fondation Rockefeller, en personne ! RAFI, José Bové et la Fondation Rockefeller unis contre Terminator ! Preuve de la convergence d’objectifs entre RAFI et la Rockefeller Foundation, cette dernière leur octroie, selon activist.cash, 362.500 dollars en 2000, environ l’équivalent du budget annuel de l’association canadienne. L’année suivante, RAFI est rebaptisé « ETC Group » et continuera à recevoir des subventions de la part de la Rockefeller Foundation. Le doute n’est plus possible en ce qui concerne la collusion entre les Rockefeller, José Bové et les Semeurs Volontaires.
Quoique… Les Semeurs Volontaires font campagne contre la fameuse Arche de Noé végétale située à Svalbard, censée protéger 3 millions d’échantillons de graines. Or, les Semeurs Volontaires reprochent à cette initiative d’être financée par la Rockefeller Foundation. Surprenant, car le directeur exécutif du Global Crop Diversity Trust, la structure en charge de gérer cette Arche de Noé végétale, n’est autre que Cary Fowler, l’un des fondateurs d’ETC Group, la référence des Semeurs Volontaires… Notre théorie du complot s’effondrerait-elle ? Pas si sûr. Peut-être que les Rockefeller ont tout bonnement décidé de mener un double jeu…