Le Monde : lecteurs intoxiqués !

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Dans la série des intoxications médiatiques, Le Monde vient de frapper un grand coup. Le (grand ?) quotidien du soir a publié dans son édition du 5 novembre un article intitulé « antibiotiques et pesticides : un cocktail mortel pour les abeilles américaines. »
Les lecteurs qui n’auront fait que survoler la page n’auront donc retenu que le titre. Pour eux, pas de doute, il s’agit d’une confirmation de la responsabilité des pesticides (forcément d’origine agricole !) dans les mortalités d’abeilles. Ils voient même en instant le fameux « effet cocktail » prouvé, imaginant sans doute que les interactions entre toutes les molécules utilisées par les méchants agriculteurs provoquent des dégâts considérables.

Pourtant, la lecture de l’article révèle une tout autre histoire que celle suggérée par le titre. Tout d’abord, la journaliste, Martine Valo, commence par rappeler à propos de l’origine des mortalités d’abeilles que les chercheurs « excluent, dans une majorité de cas, une cause unique et évoquent une multiplicité de facteurs. »
Il est ensuite question d’une étude publié dans la revue scientifique américaine Plos One. Ses auteurs se sont intéressés à un antibiotique utilisé par les apiculteurs : l’oxytétracycline. Et l’équipe de chercheurs dirigé par David J. Hawthorne a étudié les interactions entre l’oxytétracycline et deux autres pesticides apicoles utilisés par les apiculteurs pour lutter contre des parasites tels que le Varroa : le coumaphos et le tau-fluvalinate.
Et voilà où se situe l’effet cocktail ! Il s’agit de l’interaction entre plusieurs molécules utilisées par les apiculteurs. D’où le titre du Monde qui aurait du préciser qu’il s’agissait d’un effet cocktail entre un antibiotique apicole et des pesticides… apicoles eux aussi !
Certains répondront que le titre du Monde est correct car l’étude mentionne aussi une plus grande sensibilité des abeilles à certains pesticides agricoles… lorsqu’elles sont au préalable affaiblies par certaines pratiques apicole. D’où la conclusion de l’article : « Selon les auteurs, l’implication directe des néonicotinoïdes dans l’effondrement des colonies n’a pas été prouvée par des études récentes, mais l’abondance de ces pesticides (on en trouve jusque dans la cire et le pollen des abeilles domestiques) et le fait que leur nocivité augmente avec l’inhibition des protéines MDR pourraient les impliquer dans tous les cas de surmortalité explicables par une contamination multifactorielle. » On remarquera l’utilisation du conditionnel.
Conclusion : le titre de l’article, vraisemblablement choisi par la rédaction du Monde (et non la journaliste), est donc malhonnête car il induit le lecteur pressé en erreur. C’est d’autant plus regrettable que cette question de la mortalité des abeilles est sensible compte-tenu de l’importance du service de la pollinisation à travers le monde.

12 commentaires sur “Le Monde : lecteurs intoxiqués !

  1. Le titre d’un article racoleur, alors que le contenu de celui-ci peut aller jusqu’à développer tout le contraire de ce qui est annoncé, est une pratique exécrable plus que courante dans la presse. 🙁

    Chacun peut constater que « Le Monde » – ex-journal dit de « référence » – n’y échappe pas, en effet.

  2. José.B (n’a pas encore) écrit :

    « antibiotiques et pesticides : un cocktail mortel pour les abeilles américaines »

    ==> Démontré et confirmé par qui???

    1. C’est vrai que l’ « effet cocktail antibiotiques, coumaphos et tau-fluvalinate» comme cause de mortalité des abeilles demande une confirmation!!!
      Par ailleurs l’abondance des néonicotinoïdes dans la cire et le pollen des abeilles et les abeilles elles memes ne peut que causer des dommages aux abeilles!!!

      1. C’est la dose qui fait le poison…
        Il est peu probable que des doses infimes de néonicotinoïdes en contact courant avec les butineuses provoquent des mortalités massives d’abeilles
        Une étude de l’unité de pathologie de l’abeille de l’AFSSA avait d’ailleurs démontré que des abeilles qui consommaient tout l’hivers des provisions assaisonnée de  » Gaucho « a des doses supérieures susceptibles de se rencontrer dans du nectar de tournesol enrobé de ce néonicotinoïde ne présentaient aucun trouble ni mortalité par rapport aux témoins
        D’autre part nous ne disposons d’aucun instrument ou méthode pour quantifier le nombre d’abeilles qui disparaissent
        Combien par les faucheuses ? la circulation automobile ? etc. …
        Si une de mes colonies voit sa population chuter de 100 butineuses / an suite aux traitements agricoles pour moi le danger est négligeable…
        Si comme cela m’est arrivé en 1990 suite a des épandages de parathion méthyl ( interdit aujourd’hui ) de perdre la totalité des abeilles de 40 ruches placées a proximité de vignes en quelques heures , la effectivement c’est inacceptable !

        1. « C’est la dose qui fait le poison »

          ==> C’est dépassé, les chercheurs s’intéressent maintenant aux associations de pesticides présents à des doses sublétales, autrement dit aux effets cumulatifs et de synergie!!!

          « Il est peu probable que des doses infimes de néonicotinoïdes en contact courant avec les butineuses provoquent des mortalités massives d’abeilles »

          ==> Ce n’est pas un constat scientifique!!!

          « Une étude de l’unité de pathologie de l’abeille de l’AFSSA avait d’ailleurs démontré que des abeilles qui consommaient tout l’hivers des provisions assaisonnée de » Gaucho … »

          ==> Il n’existe aucune étude de l’époque AFSSA réalisée sur un hiver entier!!!

          « Si une de mes colonies voit sa population chuter de 100 butineuses / an suite aux traitements agricoles … »

          ==> Comment il fait Dany pour constater un différentiel de 100 butineuses/an après avoir dit « nous ne disposons d’aucun instrument ou méthode pour quantifier le nombre d’abeilles qui disparaissent »???

          1. « Il est peu probable que des doses infimes de néonicotinoïdes en contact courant avec les butineuses provoquent des mortalités massives d’abeilles »

            ==> Ce n’est pas un constat scientifique!!!

            Si !
            Effectué par l’Unité de pathologie de l’abeille de l’AFSSA en nourrissant un lot de ruches en septembre avec du sirop additionné de gaucho a un taux supérieur a celui susceptible de se trouver dans du nectar de tournesol enrobé gaucho
            Aucune différence significative n’a été constatée au printemps suivant
            Les deux groupes avaient été traités au fumidil b contre une éventuelle infestation de nosémose
            Idem pour varroa

            En terrain on ne dispose d’aucun instrument pour déterminer le nombre d’abeilles ou poucentage des butineuses qui trépassent lors du butinage victimes d’éventuels traitements agricoles

          2. « ==> C’est dépassé, les chercheurs s’intéressent maintenant aux associations de pesticides présents à des doses sublétales, autrement dit aux effets cumulatifs et de synergie!!! » On attend toujours la preuve d’un effet synergique avec des néonics. A vrai dire les effets synergiques sont extrêmement rare (cf l’interview du Pr Narbonne au sujet du film de propagande mémère), il faut des complémentarité d’actions, ce qui est loin d’être systématique. Sortez des publications qu’on rigole.

  3. José B : « C’est vrai que l’ « effet cocktail antibiotiques, coumaphos et tau-fluvalinate» comme cause de mortalité des abeilles demande une confirmation!!! »
    ————————
    Tandis que le soit-disant effet-qu’on-ne-sait-pas-trop-lequel du Gaucho sur les abeilles, nul besoin de confirmation, José B. SAIT que c’est mortel parce que pour lui, il suffit de répéter assez souvent une hypothèse gratuite pour que ça devienne vérité scientifique.
    C’est de la « confirmation » mode escrologiste.

    1. « C’est de la « confirmation » mode escrologiste. »

      … entre autres « imposteurs ».

      Ça date un peu… Néanmoins, il ne sera pas vraiment difficile de trouver d’autres exemples plus récents.

      Mme Georgina Dufoix, ministre du gouvernement Fabius (1984-86), nous avez déclaré :

      « L’homéopathie, de plus en plus de gens croît en son efficacité.
      Ce qui rend légitime son remboursement par la Sécu. »

      Je ne remets pas en cause le fait de croire en ceci ou cela, la liberté est totale.
      Ici, il s’agit de validation / confirmation SANS expérimentation scientifique – que je dénomme imposture. 🙁

  4. Bonjour,

    Félicitations pour votre site!
    En effet, dès qu’un de vos chroniqueurs s’attaque à un sujet en le critiquant, appuyé par son aréopage de commentateurs, je sais que c’est une thématique à surveiller…
    Ainsi une lecture à rebours ou à l’envers de vos petites chroniques permet de donner une idée juste…Une contre-lecture quoi!

    Ce n’est pas très compliqué et très systématique; c’est donc une excellente méthode!
    Merci pour tout et continuez!

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