Jouanno et les OGM : le paradoxe

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Dans une interview publiée ce matin par 20 Minutes, Chantal Jouanno est invitée à s’exprimer sur « le maintien du moratoire sur la culture du maïs génétiquement modifié MON 810 ». Sa réponse est un déni de réalité. « Oui, dans l’état actuel des connaissances. Il y a des incertitudes, non pas sanitaires mais environnementales. Et on ne voit pas les bénéfices de ces cultures en France. En revanche, il faut maintenir la recherche dans les biotechnologies. »

La Secrétaire d’Etat à l’Ecologie a donc pris note du dernier rapport de l’Afssa sur l’innocuité du MON 810 pour la santé humaine.

Elle souhaite aussi « maintenir la recherche sur les biotechnologies ». Problème : toutes les expérimentations ont été détruites en France sans que les faucheurs soient inquiétés. Et faute de Haut Conseil sur les Biotechnologies, il n’y aura aucune expérimentation en 2009.

Pire, l’argent dédié à la Recherche sur les OGM par l’Agence Nationale de la Recherche n’a pas trouvé preneur. Autant dire que les chercheurs ont déserté les OGM. Vous avez dit « Recherche sur les biotech en France ? » Où ça ?

14 commentaires sur “Jouanno et les OGM : le paradoxe

  1. A cause de ses écolos bobos (riches), la France devient une « grosse suisse » bouffie, inerte, incapable d’innover… C’est une dictature escrolo qui nous menace bien plus que toutes les pollutions !!

  2. « ….la France devient une “grosse suisse” bouffie, inerte, incapable d’innover… »

    >> Et qui commencera à gueuler et à défiler dans les rues quand elle sera obligée d’importer à grand frais sa bouffe qui, de toute façon sera OGM, qu’elle le veuille ou non…. Les cons….

  3. Pourtant le France sans OGM est encore surproductrice et on paye les agriculteurs pour geler une partie de leur surface cultivable afin d’éviter les éxcédents…
    Les OGM nous apporteront ils encore plus de surproduction ?

  4. « ….le France sans OGM est encore surproductrice …. »

    >> Comme vous le dites: elle est « encore » surproductrice.
    Mais pour combien de temps encore?????

  5. Fredo, tu n’a rien compris.
    Le problème c’est de rester compétitif et efficace… pas de surproduire.

  6. D’une manière générale, quand un marché est saturé, on ne cherche pas à produire plus mais mieux. On réduit les coûts, on augmente la qualité.
    Or, on constate que c’est ce que font les OGMs : réduction des coûts environnementaux et financiers par diminution du nombre d’intrants nécessaire, possiblité de produire un riz capable de produire davantage de vitamines A…

  7. Bêtement, plutôt que de payer les agriculteurs pour geler une partie de leur surface et tirer le meilleur rendement du reste en faisant de l’intensif (engrais et pesticides) ne serait il pas plus écologique de traiter moins en cultivant toute la surface…même avec moins de rendement, on fera autant de production…

    Vous parlez de compétitivité, mais les céréaliers français reçoivent des primes depuis plus de 20 ans à la surface cultivés (50% de leur revenus) si ils acceptent de geler une partie de leur surface pour éviter la surproduction…ils disent que de toute façon ils ne sont pas compétitifs…
    Avec les OGM on sera 2 fois moins chère ?

    Quand au moins d’intrants…il y a semble t il aux USA des problèmes de résistance au glyphosate qui font que de toute façon le glyphosate ne suffit plus après seulement 10 ans…

    C’est comme les vaches…il faut du maïs OGM pour faire du lait moins couteux…mais si on met les vaches au prés, c’est pas moins couteux et moins polluant vu qu’on jette déjà le lait au delà des quotas???

  8. @Fredo :

    « Quand au moins d’intrants…il y a semble t il aux USA des problèmes de résistance au glyphosate qui font que de toute façon le glyphosate ne suffit plus après seulement 10 ans… »

    Seulement ? 10 ans sans intrants bien plus toxiques que le roundup, c’est énorme !

  9. Fredo…
    Puisque tu connais toutes les bonnes méthodes pour être rentable en agriculture, lance-toi et fais du fric… (ou mieux, vend ton expertises aux agriculteurs… si tu es aussi bon que tu le crois, tu fera fortune)
    Malheureusement…. tu ne semble pas y connaitre grand-chose…

  10. Que « les céréaliers français »???
    On est en Europe il me semble…
    Et les Américains aussi sont soutenus par des aides!

    Depuis ces dernières années (la crise alimentaire est passée par là) les jachères ne sont plus obligatoires et dès lors que les agris y avaient mis leur moins bonnes terres, ils ne comptent pas, dans leur grande majorité, les remettre en culture « intensive ».
    On parle dorénavant de gel volontaire qui peut être « aidé » sous certaines conditions et moyennant un couvert végétal acceptable qu’il soit « environnemental », industriel, « vert », « faune sauvage » ou « floristique ».

    La résistance au glyphosate d’une espèce ne remet pas en cause son utilisation de façon général, il reste encore très compétitif. On utilise dans ce cas un herbicide sélectif pour enrayer le phénomène invasif.

    « ne serait il pas plus écologique de traiter moins en cultivant toute la surface…même avec moins de rendement, on fera autant de production… »
    Moins performant et forcément avec plus de charges liées à l’augmentation de la surface, aucun intérêt et encore moins écologique, travail du sol équivalent pour des rendements plus faibles et de moins bonne qualité…

    La ration alimentaire des VL ne peut pas être seulement constituée d’herbe!…
    De même que « jeter le lait » au delà des quotas est peu probable, que les cours après l’embellie s’effondrent, le maintien des quotas permet encore un prix rémunérateur et équitable, là encore le problème est européen…

  11. Lorsque Fredo dit « plutôt que de payer les agriculteurs pour geler une partie de leur surface et tirer le meilleur rendement du reste en faisant de l’intensif (engrais et pesticides) ne serait-il pas plus écologique de traiter moins en cultivant toute la surface…même avec moins de rendement, on fera autant de production… »

    Il n’a pas historiquement tort et traduit la politique des fonctionnaires et politiques de l’Union européenne de 1990 à 2006: pourquoi subventionner une production qui ne vaut pas grand chose et, à cette date d’analyse, devrait en valoir de moins en moins avec le développement de l’agriculture d’Europe de l’est , sera de plus en plus production concurrencée par celle des pays du groupe de Cairns ( exportateur agricoles efficaces), production qui concurrence, lorsqu’elle est exportée, l’agriculture des pays du sud et détruit la ruralité dans ces zones?

    Oui, pourquoi?

    La solution était trouvée et Fredo, de ce point de vue là n’aurait eu pas tort, c’était l’extensification avec moins de production par unité de surface, + de recours aux cycles écologiques, fixation naturelle de l’azote par les sols ou rotations plus longues avec des légumineuses, baisse du rendement entraînant une réduction de l’impact des bioagresseurs donc moins de pesticides, etc, etc..

    OUI….Mais… cette prospective était plombée dès le départ: alors que les politiques européens préparaient la désintensification et le recentrage de l’agriculture sur un filet de sécurité alimentaire pour les européens, les politiques américains avaient déjà préparé le changement de paradigme lié l’épuisement des ressources d’énergie fossile et d’accroissement continue de la population mondiale , dont une part plus importante pouvait enfin se nourrir de façon plus diversifiée.

    Si l’épuisement du pétrole n’était pas pour demain, son prix devait bondir avec l’exploitation de ressources de plus en plus chères : un forage profond ou les sables bitumineux de l’Alberta, c’est au bas mot 80$/baril de pétrole rendu avant son raffinage. Dans ces conditions la concurrence biomasse pour produire « fuel and fiber » avec celle qui alimentait les populations devenait évidente. Elle serait plus notable au fur et à mesure que le prix du baril allait grimper et là le problème de la productivité allait se poser, la terre ne pouvant nourrir, habiller et faire rouler ou voler tous les Hommes qui le souhaitaient.

    Contrairement aux stratèges agricoles des pays d’Amérique du nord, nos politiques ont raisonné sur la base de leur expérience qui éclairait un chemin parcouru et n’ont pas anticipé correctement un basculement en cours.

    D’où la suppression de la jachère en catastrophe en 2007, pour répondre à un marché qui se tendait terriblement et à un risque non nul de catastrophe alimentaire au plan mondial. La terre, bonne fille, s’est montrée généreuse en 2008, ce qui a reporté de quelques années le Malstrom alimentaire. Ce dernier reste cependant inévitable dès lors que le prix du pétrole reprendra son ascension.

    On lira avec grand profit sur ces différents sujets, le dernier livre de Philippe Chalmin qui lorsqu’il parle du pétrole parle d’une énergie sale qui deviendra de plus en plus chère.

    Pour les problèmes liés à l’intensification de l’agriculture, il est indiscutable qu’une agriculture extensive bien conduite, c’est à dire, s’appuyant sur une technicité élevée et une volonté de préserver au maximum les équilibres, produit moins de pollutions dans l’absolu.

    Il existe cependant des agricultures extensives catastrophiques sur le plan écologique, écologie privilégiant la conservation, dont celles qui s’appuient sur l’écobuage ou la culture sur brûlis. Ce sont historiquement celles des pays en voie de développement ou du sud de l’Europe jusqu’au XIXème siècle. En matière de biodiversité, l’incendie n’a rien à voir avec l’utilisation massive des pesticides et des engrais. Nous avons hérité des paysages que nous ont laissé les éleveurs de moutons notamment dans le sud de l’ Europe. Le point de vue des naturalistes qui étudient les milieux à l’instant t et insistant sur la conservation prêtent à sourire lorsque l’on est poli, à franchement rigoler quand on étudie l’évolution de l’écosystème et du paysage sur 300 ans voire moins, et lorsqu’on se force à l’objectivité.

    Aucune pratique intensive n’affectera le paysage de façon aussi notable avec ses conséquences sur toute la chaîne trophique si elle ne touche pas en parallèle aux éléments du paysage.

    Cependant si l’on fait le bilan de la pollution et de l’atteinte à l’environnement que produit une agriculture intensivement raisonnée (néologisme que je préfère à écologiquement intensive, l’agriculture étant par nature écologique et l’agriculture moderne n’ignorant rien des équilibres mais en modifiant certains termes pour augmenter la productivité par unité de surface) par rapport à l’exploitation de sables bitumineux, il n’y a pas photo.

    La mise en oeuvre des biocarburants, surtout lorsqu’il sera possible de jouer de façon parallèle sur la première et la seconde génération, est de mon point de vue une réponse appropriée au pétrole devenant plus cher et surtout plus sale à produire ( pourtant déjà avec les marées noires et les accidents sur les sites d’extraction ou de raffinage, voire en phase de distribution, c’était déjà pas mal).

    Les biocarburants peuvent surtout constituer une réponse à la volatilité des cours agricoles avec une production de base sur des plantes dédiées ( betterave, biomasse dédiée) ou les résidus de culture, complétée par la transformation des excédents annuels de grains responsables de la baisse des cours, bref rendre possible une surproduction structurelle qui permettraient d’une part d’éviter les flambées des prix et ainsi d’éviter de voir la vie de centaines de millions d’Hommes menacée, les années où suite à un accident climatique la nature se fera plus pingre,

    d’autre part de maintenir ces prix à un niveau suffisamment élevé pour que les paysans du tiers monde gagnent leur vie et éviter ainsi l’exode rural en Afrique, voire, on peut aussi rêver, l’inverser.

    Je doute qu’un dispositif de stockage du grain au plan mondial soit une solution, beaucoup trop bureaucratique. Peut-être efficace si les cycle de sur et de sous production s’enchaînent avec des pas de temps court selon une sinusoïde bien réglée mais plus aléatoire dans le cas de cycles plus longs.

    Alors, les politiques européens dans tout cela, tous nuls? Non, bien sûr, ce qui avait été préparé en Amérique du nord, était bien vu et suffisamment tôt par les plus fins d’entre eux en Europe: ils restent nombreux, mais pour appuyer leurs thèses, il leur fallait un exemple. C’est chose faite avec le plan « food, feed, fuel and fiber » américain et la communication triomphante qui en est faite par nos voisins d’outre atlantique, la mini crise alimentaire de 2007-2008 et les cris d’Orphée de la FAO à cette occasion complètent, s’il est nécessaire . Maintenant place au jeu d’acteurs avec quelques industries et financiers en embuscade, le monde agricole étant assis sur une mine d’or, d’or vert, il est normal que cela excite la convoitise.

    Et les OGM dans tout cela ….. les OGM ne sont certes pas LA solution, mais sont et surtout seront de plus en plus un moyen de produire plus, plus propre et dans des conditions plus difficiles. La secrétaire d’Etat à l’écologie ne l’ignore pas mais respecte le choix du peuple, choix fonction de ce qu’il sait, rien à dire sur la forme. Rendez vous dans dix ans pour faire le bilan.

  12. Brono a dit
    « Seulement ? 10 ans sans intrants bien plus toxiques que le roundup, c’est énorme »

    Reste à prouver que c’est préférable, que les autres intrants sont bien plus toxiques, que les quantités globales de désherbants sont moindres…le premier réflexe à la baisse d’innefficacité du glyphosate est de charger la dose, puis de rectifier avec un autre désherbant…
    De plus le glyphosate est déjà ultra utilisé :

    http://fr.wikipedia.org/wiki/Glyphosate
    « Une étude de l’IFEN (août 2006) a montré que le glyphosate et l’AMPA, son produit de dégradation, étaient les substances les plus retrouvées dans les eaux en France [11]. En effet, le glyphosate est maintenant l’herbicide le plus vendu en France. »

    Alors qu’arrivera t il quand on aura des OGM RR ????

  13. « Fredo…
    Puisque tu connais toutes les bonnes méthodes pour être rentable en agriculture, lance-toi et fais du fric… (ou mieux, vend ton expertises aux agriculteurs… si tu es aussi bon que tu le crois, tu fera fortune)
    Malheureusement…. tu ne semble pas y connaitre grand-chose… »

    Je suis conseiller agricole…pesticides et engrais sont mon lot quotidien.
    Quand à faire fortune, il vaut mieux faire commerce ou informatique pour bien gagner sa vie…
    Pour faire fortune faut trouver autre chose que le travail.

  14. @Fredo :

    “Quand au moins d’intrants…il y a semble t il aux USA des problèmes de résistance au glyphosate qui font que de toute façon le glyphosate ne suffit plus après seulement 10 ans…”

    Seulement ? 10 ans sans intrants bien plus toxiques que le roundup, c’est énorme !

    Reste à prouver que c’est bien moins toxique d’autant que le glyphosate est à la fois le plus utilisé des pesticides et le plus retrouvé dans les eaux françaises, et ceci sans OGM RR…
    De plus le premier réflexe quand ça marche pas c’est de forcer la dose (surtout si on a payé la résistance) puis de rectifier le tir avec un autre désherbant…sachant qu’on a déjà des résistances au glyphosate en France !

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