Biocoop : tempête dans un verre bio

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Cachoteries sur la provenance des avocats bio (ou pas, ils ne savent plus), marges énormes, salaire et indemnités indécents d’un ex-président, condamnation pour dénigrement envers les producteurs de pommes (voir ici et ), publicité mensongère, lobbying très agressif et financement d’associations extrémistes (voir ici et ), nos lecteurs n’ignorent rien du vrai visage de Biocoop. Le grand public n’est malheureusement pas aussi informé. Cela commence à changer avec une enquête timide de la cellule investigation de Radio France qui affirme que « dans certains magasins du réseau Biocoop, les salariés font part d’un malaise ». On sent que c’est difficile de s’attaquer aux anciennes idoles !

Des « conflits » (ils osent les mots, décidément !) « révélateurs d’une crise de croissance, les principes fondateurs de la coopérative laissant peu à peu la place à une culture qui se rapproche de celle de la grande distribution ». Vous avez compris, il ne s’agit pas, pour Radio France, de s’attaquer aux « principes fondateurs » (qu’elle partage au point d’offrir chaque année des centaines de milliers d’euros d’espaces publicitaires aux lobbies bios et écologistes) mais à de supposées dérives entraînées par une forte croissance (voir ici et ) mal maîtrisée. Il est question, en vrac, de « conflits sociaux » qui « se succèdent » (en fait deux Biocoop du centre de Paris sur… 678  magasins), réglés de façon expéditive mais sans doute inévitable d’un point de vue de gérant (« Elle s’est terminée il y a quelques semaines par le licenciement de la majorité des grévistes »), d' »ambiance pesante » (un salarié a reçu un avertissement pour « avoir mangé une cerise ou une galette de riz périmée qui ne faisait plus partie des stocks », ce que reconnaît sans difficulté la direction qui explique que ce n’était pas la première erreur de l’indélicat…) ou d' »utilisation abusive des caméras de vidéosurveillance » et de « formations inadaptées pour des tâches difficiles ».

Il est question d’un « âge d’or » (c’était mieux avant, forcément !) du réseau, alors plus petit (c’est bien connu, en France small is beautiful) qui attirait des militants (« Ils avaient des profils très différents, ils étaient anciens agriculteurs, anciens boulangers, j’ai même eu une ancienne religieuse. Mais tous étaient portés par l’amour de l’agriculture biologique. »). Radio France note toutefois que « côté salarial, Biocoop propose toujours des conditions sociales plus avantageuses que dans le reste de la grande distribution. Le siège préconise d’y embaucher au salaire minimum augmenté de 10% ». On apprend au passage que « les salariés ont la possibilité d’être sociétaires et de participer aux votes des décisions. Mais ils le font peu, par manque d’information, ou tout simplement par manque de temps, car ils doivent poser des congés pour participer au congrès Biocoop, qui a lieu tous les deux ans. »

Cela n’empêche pas certains d’aller rapporter tous leurs malheurs de manière anonyme à des médias, inconscients qu’ils sont de bénéficier de tels avantages et d’avoir un travail au tout début d’une des crises économiques les plus graves que la France n’ait jamais affrontée… Le retour au réel promet d’être douloureux pour tout le monde, y compris pour des écolos persuadés d’avoir déjà fait le travail de remise en cause alors qu’ils passent leur temps à accuser les autres (l’Etat, le capitalisme, etc.).

Radio France nous parle aussi d’un cas isolé, celui d' »une des coopératives fondatrices du réseau Biocoop dans les années 1980, le Biocoop Sonneblüem de Colmar, (dont les statuts ont d’ailleurs servi de référence pour la création de ceux de Biocoop) (qui) a décidé de se retirer du réseau ». En effet, son nouveau président, François Collin, explique qu’il souhaite reprendre son autonomie, car selon lui, « la créature a bouffé son créateur ». Un cas sur 678, dont rien ne nous dit qu’il ne s’agit pas d’une volonté parfaitement respectable du nouveau boss, d’être plus libre.

Bref, comment y voir autre chose que la rançon du succès ? Ou quand les pratiques managériales d’une entreprise qui croît très vite deviennent celles des multinationales de la grande distribution… Autrement dit, une tempête dans un verre bio !

Malheureusement, un problème n’est jamais abordé dans le papier de nos estimables mais néanmoins militants confrères : le gigantesque malentendu sur lequel repose le succès du bio, le dénigrement du conventionnel (directement : par des publicités, ou indirectement : en finançant des associations extrémistes et autres marchands de peur), les fake news et les mensonges. Mais cela, nos lecteurs le savent déjà…

25 commentaires sur “Biocoop : tempête dans un verre bio

  1. Merci pour ce coup de gueule. Le bio s’apprête à vivre des moments difficiles car les doutes commencent à monter chez les consommateurs, doutes notamment sur l’origine des produits bio si nombreux dans les linéaires. Toutes les entreprises agro alimentaires ont maintenant une gamme bio et comment concilier l’image d’ une grande marque de dimension nationale, voire internationale avec l’image type du produit bio: only Small bio is beautiful.
    Il faut s’y faire: le marché du bio est devenu un marché comme les autres, il s’est banalisé en quittant la vente directe ou vente dans des circuits spécialisés de proximité pour toucher de nouveaux consommateurs qui seront moins fidèles.
    Le bio imaginaire et idéalisé est en train de mourir.

  2. Et vos lecteurs aussi doivent savoir que votre technique d’information consiste à montrer que le négatif, souvent en exagérant ou même en apportant de faux arguments.
    Chez Biocoop, au stand de fruits et légumes des produits de saison, et l’essentiel provient des producteurs locaux. Quand on veut dire que du négatif, on fait abstraction de ce genre de choses. Ceux qui critiquent n’ont peut être jamais mis les pieds dans ce magasin. Davantage de produits bruts, de céréales complètes, de fruits à coques salés ou non, de légumineuses, des aliments qui répondent aux recommandations nutritionnelles (plus de fibres, moins d’aliments hyper transformés, plus de produits frais…). Egalement des distributeurs d’aliments en vrac, pratiques pour les consommateurs qui veulent de petites quantités et réduire les emballages. Avec presque que de l’alimentaire, pas d’achats compulsifs et on gagne du temps avec une surface de magasin raisonnable comparée à des certains hypermarchés. Des familles font le plein de courses hebdomadaire chez Biocoop, chacun sa liberté, ses priorités, ses moyens et ses choix en matière d’alimentation.
    Concernant la rémunération du personnel , tout le monde sait que les salaires sont proches du SMIC quand on travaille dans un magasin ou un hypermarché à moins d’être cadre, mais là il ne faut pas compter ses heures.

        1. @ Justin
          « 2002… t’as pas plus récent? »

          >>>> Hey! Machin! 2002 c’est exprès! C’est pour montrer que l’arnaque ne date pas d’hier et qu’en fait elle n’a fait que croître et embellir!
          Bonjour chez vous!

          PS. On se connaît? Non? Alors qu’est-ce qui vous permet de me tutoyer?

    1. Je ne comprends pas ce commentaire.
      L’article vient en défense d’une rationalité qui impose que l’on mette les reproches faits à Biocoop en perspective. Que par exemple il ne faut pas prendre le retrait d’un magasin colmarien du réseau Biocoop comme l’annonce de l’Apocalypse.

  3. @ Marco

    « Chez Biocoop c’est que du bonheur »!

    >>> Là! Marco il est content? Il voit bien, Marco, que çà n’est pas toujours que du négatif!

  4. « technique d’information consistant à ne montrer que le négatif, souvent en exagérant ou même en apportant de faux arguments »
    Un splendide exemple ? Celui du mode opératoire de Greenpeace !
    Se reporter à la page 239 (entre autres) du livre* écrit par Patrick Moore, co-fondateur de Greenpeace, qui a fini par en démissionner, en raisons des dérives de l’organisation et des incessants et profonds désaccords entre ses collègues et lui-même.
    https://www.climato-realistes.fr/patrick-moore-repenti-de-greenpeace-parle/
    « […] Alors que les premières campagnes [de Greenpeace] étaient motivées par la survie de l’homme, […] elles ont progressivement dérapé vers le sensationnalisme et les mensonges éhontés afin d’obtenir l’appui du public […] ».
    * Pour ma part, sa lecture est en cours.

      1. @Justin

        « Domage que la même maison d’édition édite aussi François Gervais »

        >>> Et pourquoi donc? Pouvez-vous nous donner la ou les raisons justifiant votre expression de rejet?

        1. François Gervais est climatosceptique… Les biotosaurus vont faire du déshonneur par association…

          1. Les biotosaurus…
            Kézako ? Quoi-t-est ce ? ❓

            P.S. : À propos d’édition…
            Faisant référence au livre de Jean de Kervasdoué Les écolos nous mentent, dans son article,
            http://www.thierry-guinhut-litteratures.com/article-de-l-agonie-scientifique-et-du-sophisme-fran-ais-jean-de-kervasdoue-ils-ont-perdu-la-raison-124020180.html
            l’auteur écrit ceci (je cite) :
            « plusieurs éditeurs ont refusé d’envisager la publication de cet ouvrage […]
            Est-ce à dire que les précédents éditeurs de Jean de Kervasdoué, soit Gallimard, Robert Laffont, Plon, Fayard, Lattès, Odile Jacob ont failli ? Il faut alors être reconnaissant à Albin Michel de savoir résister au conformisme antiscientifique comminatoire.
            »

            1. Merci pour l’article…
              Je viens aussi de remarqué qu’il était passé à Sud Radio, radio complotiste…

              1. Les biotosaurus… 😯
                Kézako ? Quoi-t-est ce ? ❓
                [Vous auriez pu répondre à cette question… dérisoire somme toute, ou vous abstenir de tout commentaire, au-lieu de vous adonner, par vos sous-entendus, à une attaque ad personam.]

          2. @ Justin
            « François Gervais est climatosceptique…  »

            >>>> Et alors? C’est tout ce que vous avez trouvé comme réponse à ma question ci-dessus (30/01/2021 | 10:14).
            Et comme disait l’autre, c’est un peu court jeune homme….

            Et c’est surtout la réaction (je ne dis même pas « réponse ») caractéristique de l’individu borné genre perroquet quel que soit son « bord » d’ailleurs qui n’a aucun argument à faire valoir! Pitoyable.

  5. Le mensonge du bio le plus important : la fertilisation est essentiellement dépendante de l’agriculture dite « chimique » dans le milieu bio. Ainsi à-peu-près tous les fertilisant que l’on peu trouver dans le commerce peuvent être utilisés en agriculture biologique, et même ceux additionnés de fertilisants minéraux. Avec des formules autour de 8-10-10 on est très loin des composts traditionnels à base de fumier de ferme. Et les pesticides autorisés proviennent de cultures industrielles ou de l’industrie chimique. Pour du naturel, on repassera.

  6. il y a un billet aujourd’hui dans Contrepoints intitulé  » Les éléments du progrès : les pesticides de synthèse » plutôt intéressant .

  7. « Brigitte Bardot : »Le #COVID19 est une bonne chose » (…) « nous sommes trop nombreux sur terre »

    >>> La vieillesse est un naufrage. Charles de Gaulle
    Mais y en a des qui sont plus naufragés que d’autres!

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