Néonicotinoïdes : analyse du lobbying des ONG et de leur dialectique

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Dans un courrier largement relayé par les médias, des ONG demandent au ministre de l’Agriculture de revenir sur la dérogation annoncée de l’utilisation des néonicotinoïdes sur les cultures de betteraves. Cette lettre regorge de procédés plus que discutables…

« Pour tenter de justifier cette position, le gouvernement par la voix de la ministre de l’Écologie ainsi que de la présidente de la FNSEA, explique que… » : voilà comment agiter le grand méchant loup que serait la FNSEA en en faisant rien de moins que le porte !parole du gouvernement. Ca commence fort.

« L’usage des néonicotinoïdes en enrobage de semence sur cette culture serait donc sans conséquence sur les abeilles. C’est d’ailleurs l’argument martelé depuis plusieurs années par la Confédération générale des planteurs de betteraves (CGB) dans son lobbying forcené pour obtenir cette dérogation » : voilà qu’un élément factuel devient « un argument martelé », ce qui, avouons-le, est une bonne manière de le dénigrer. De son côté, la CGB est accusée de faire « un lobbying forcené ». Déjà que le lobbying n’a pas bonne côte, alors imaginez un peu lorsqu’il est forcené. Ajoutons qu’en matière de lobbying, cette lettre des ONG est un bon exemple : montrer un front commun pour faire pression auprès des politiques et des médias.

Lorsqu’ils mentionnent un message de la ministre de l’Ecologie, Barbara Pompili, les signataires soulignent qu’elle l’a écrit « en réponse aux nombreux messages qui lui ont été envoyés », laissant croire par la même occasion que l’opposition à cette dérogation est massive.

Pour répondre à la réalité de l’impasse technique qui conduirait à la fin de culture de la betterave, et à donc à l’arrêt de toute une filière agro-industrielle, avec des conséquences sociales fortes, les ONG n’hésite pas à balayer cela d’un revers de main : « cet argument éculé de l’impasse technique et les demandes de délais successifs va finir par lasser les plus persévérants d’entre nous ».

L’avenir de la filière n’est manifestement pas souhaitable pour les signataire, au-delà même de la question de la dérogation des néonicotinoïdes. Ils évoquent ainsi « la question de santé publique que pose la trop grande consommation de sucre ». A ce jeu-là, que dire du tournesol et du colza que l’on pourrait accuser de contribuer à une alimentation grasse ? Ou du blé qui serait responsable des allergies au gluten ? Les ONG soulignent aussi que « nous exportons quasiment la moitié de cette production », ce qui à leurs yeux confirme la non-nécessité de la culture de la betterave en France. Veulent-ils stopper toute exportation, et donc toute importation pour rester logique, en matière agricole ? Est-ce leur projet pour l’agriculture et la ferme France ?

Bref, tout cela au nom de la biodiversité et des abeilles qui sont une nouvelle fois présentées comme les victime de l’agriculture. C’est aller un peu vite et oublier que c’est précisément l’agriculture qui nourrit les abeilles et permet aux apiculteurs de récolter du miel. L’agriculture et l’apiculture ont un destin commun. Les agriculteurs le savent. La plupart des apiculteurs aussi. Vivement que les ONG en prennent conscience.

 

15 commentaires sur “Néonicotinoïdes : analyse du lobbying des ONG et de leur dialectique

  1. Environ 40% du miel produit en France l’est grâce au colza et au tournesol cultivé par les agriculteurs.
    Des agriculteurs abandonnent le colza, car trop difficile à protéger des insectes et à désherber (suite à l’interdiction de nombreux produits phyto): on va donc vers une baisse de la production de miel, faute de cultures mellifères…

  2. Lu dans Le Monde: « Selon la filière betteravière, aucune alternative aux néonicotinoïdes n’est aujourd’hui disponible pour lutter contre le puceron vert du pêcher, un ravageur qui transmet une maladie virale aux plants de betterave, réduisant fortement les rendements. »
    Pourtant des substances actives alternatives aux néonicotinoïdes sont utilisés sur la betterave contre ce ravageur dans les autres pays d’Europe comme Alpha-cyperméthrine, Cyperméthrine, Deltaméthrine, Esfenvalerate, Flonicamide, Lambda-cyhalothrine, Maltodextrine, Pirimicarbe, Spirotétramate, Tau-fluvalinate.
    Pourquoi n’en parle-t-on pas en France ? Pourquoi vouloir faire une dérogation pour les néonicotinoïdes alors que d’autres alternatives existent déjà?

    1. Vous pouvez aligner autant de mots qui défient les dyslexiques que vous voulez, la réponse est simple : ce n’est pas franchement efficace, c’est compliqué à mettre en oeuvre et ce n’est pas bon pour l’environnement.

      Tout le contraire de l’enrobage des semences.

      Quant aux autres pays européens, sur 19 producteurs de betteraves, 14 ont accordé des dérogations de 120 jours pour la betterave (et, dans au moins le cas de la Belgique, d’autres espèces). Voir notamment :

      http://seppi.over-blog.com/2020/09/neonicotinoides-et-betteraves-l-eurodepute-eric-andrieu-prefere-les-chomeurs.pour-qui-nous-prend-il.html

      1. Vous avez raison, les firmes phytos mettent sur le marché des solutions pas franchement efficaces, c’est bien connu. Et mettre une dérog, c’est tellement plus facile…

        1. @John

          oui mais, les pyréthrinoïdes, les escrolos ben ils en veulent pas non plus…

        2. @John
          soyez honnête : préférez vous un seul traitement des semences ou plusieurs applications d’insecticides foliaires ( ce qui signifie plus de temps passé, plus de fioul utilisé , plus d’argent etc…) ? par ailleurs, il faut quand même rappeller que la betterave n’est pas une plante mellifêre : l’hystérie sur le supposé risque pour les abeilles montre bien que l’interdiction est idéologique et non rationnelle.( pour ne pas dire religieuse)
          Pour mémoire l’imidaclopride ( et d’autres néonic) étaient utilisés pendant des années sur les cultures fruitières millifères sans problème!! ( les arboriculteurs n’auraient mis en danger leur production) .

        3. Ce serait bon d’apprendre les bases de l’agronomie et, ici, de la protection des plantes.

          Une substance ou un produit peut être efficace sur un couple espèce-cultivée-ravageur et pas sur un autre.

          Il faudrait aussi réviser l’historique de l’interdiction de trois néonicotinoïdes au niveau de l’Union Européenne (sauf sur de rares couples en milieu confiné) et sur l’interdiction généralisée en France.

          Dans les deux cas, les décision sont fondées sur une escroquerie intellectuelle, sinon plus, et, en France, sur un jusqu’au-boutisme escrologique dont on s’aprçoit aujourd’hui qu’il nous a menés dans le mur.

        4. John 3/09/2020 | 9:14
          « Vous avez raison, les firmes phytos mettent sur le marché des solutions pas franchement efficaces, c’est bien connu. Et mettre une dérog, c’est tellement plus facile »

          >>>> Hum! Ce commentaire sent à plein nez le mec qui s’y connais bougrement et à qui on ne raconte pas n’importe quoi!

    2. @John
      Attention : ne pas confondre « des produits sont homologués pour … » avec « des produits sont efficaces… »!!! Si la Cypermethrine dans votre liste en exemple qui a un cout ridicule a l’hectare marchait soyez sure que tous les agriculteurs seraient heureux de l’utiliser!! (la Cyperméthrine est homologué sur un paquet d’usages pour lesquels elle n’est plus efficace du tout …)
      Pourquoi voudriez vous que les agriculteurs veillent passé absolument des néonic qui ne sont pas donnés en plus !!!
      Les traitement en plein sont inefficaces contre ce puceron et se type de dégât (transmission d’un virus) ! Même l’ANSES le confirme contrairement à ce que dit Jadot qui ment comme il respire !

    1. Avec JM Bonmatin du CNRS, dont on ne sait plus s’il est militant ou chercheur.

      C’est d’ailleurs une constante: les « alerteurs » sont peu nombreux et sont toujours les mêmes; ils font marcher leur petit fonds de commerce.

      1. C’est le pb du CNRS ! Les chercheurs sont employés a vie! Pourtant il est sure que certains usurpent le droit d’être appelé comme tel car devenus des faux chercheurs mais vrais militants et carrément malhonnêtes pour certains. Bonmatin est un exemple de la décadence de ce système.

  3. @ Douar 4/09/2020 | 2:13
    « Avec JM Bonmatin du CNRS, dont on ne sait plus s’il est militant ou chercheur. »

    >>>> Les 15 ou 20 dernières années ont montré que Bonmatin est essentiellement
    75 % militant et 25 % chercheur. Les « anciens » se souviendront de ses interventions péremptoires et définitives sur les causes de  » « Colony Collapse Disorder »…..

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