La gynéco Odile Bagot part à 61 ans à la chasse aux perturbateurs endocriniens, sauf la pilule bien sûr

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Odile Bagot a 61 ans. Sa carrière faite (elle a été chef de clinique assistante des hôpitaux de Strasbourg), désormais proche de la retraite, elle commence à brûler les icônes qu’elle a adoré pendant des décennies (et publie Perturbateurs endocriniens, la guerre est déclarée chez Mango). Enfin… pas toutes ! Sans doute par idéologie, la bonne vieille pilule contraceptive, premier et plus évident perturbateur endocrinien (PE), échappe à son courroux. Il ne faut pas compter sur Le Point, qui l’a interrogée, pour penser la questionner sur le sujet… Ni pour lui rappeler que les références d’Odile Bagot, les professeurs Sultan et Cicollela sont davantage des militants que des scientifiques. Dommage que notre lanceuse d’alerte sur le tard ne contredise pas son interlocuteur, le journaliste Baudouin Eschapasse, quand il affirme que « les glyphosates » (sic, comme s’il y en avait plusieurs) sont des PE… Pour certains environnementalistes, tout est bon pour faire avancer leur agenda, y compris les plus grosses sottises. Les fake news, ils ne sont pas contre si elles vont dans leur sens. Odile Bagot mélange ses fantasmes écolos avec de vrais problèmes, comme celui posé par le distilbène, et avance une donnée dont personne n’a encore jamais entendu parler, celle selon laquelle 75 % des cancers du sein seraient, pour une part, induits par des causes environnementales. On se demande bien d’où sort ce chiffre, et ce n’est pas Baudouin Eschapasse qui va insister pour le savoir. Nous sommes tous priés d’avaler cette bouillie (il n’y a pas d’autres mots) sans discuter. Heureusement, des internautes ne s’en laissent pas compter.

Dans les commentaires sous l’entretien, « PVdoc » mouche notre lanceuse d’alertes qui affirme que « le plus flagrant est la dégradation catastrophique des spermogrammes, en moins de trente ans, au point de modifier les pratiques puisque, aujourd’hui, cet examen fait partie des toutes premières prescriptions du bilan d’infertilité, alors que, jadis, il le clôturait » :

Je ne retiendrai de cet article que la position du spermogramme dans le bilan des infertilités.
Quand je suis rentré a la fac de medecine en 1969, il etait deja enseigné que c’etait le premier examen a faire, vu la frequence des infertilités par deficience spermatique.
Quid de sa formation ?

« Pierrexx » regrette l’agribashing du Point qui associe PE et agriculture :

Un agriculteur crasseux, sur un matériel d’un autre âge, passant une herse qui n’a rien à voir avec les perturbateurs endocriniens. Halte à l’agribashing !

« Clem 67-68 » s’en étonne aussi :

Dès qu’on parle de pollution, il faut montrer un tracteur ! C’est ballot, celui de la photo travaille avec une bineuse, outil très utile en agriculture et indispensable en bio !

« Le pigeon baîllonné » est d’humeur taquine :

l’une des substances que contient le soja est un perturbateur endocrinien avéré. Dans ce cas, l’augmentation des cancers du sein, des problèmes d’infertilité etc. Ne pourrait il pas venir de l’explosion de la mode du… Véganisme ?

« Anneg » souligne également le biais idéologique des Bagot et Cie :

Il y a aussi des perturbateurs endocriniens dans des produits considérés comme vertueux, comme le soja. Pourquoi cette dame n’en parle-t-elle pas ?

« Clem 67-68 » aborde en filigrane le problème posé par la pilule contraceptive en matière de pollution de l’eau :

J’oubliais, il y a aussi les résidus des médicaments qui ne sont pas éliminés dans les stations d’épuration et qu’on retrouve dans l’eau des rivières et des nappes ce qui fait que le reproduction des poissons est compromise. Étude allemande de 2003. Mais bon, on ne peut pas accuser les paysans de cette pollution, donc elle n’est pas grave. Au fait, il parait le que virus persiste dans les boues de station, alors, quand les paysans les épandrons, ils seront responsables des futures épidémies

« Le pigeon baîllonné », toujours lui, livre un témoignage personnel :

je ne peux pas m’empêcher de penser à toute ma famille côté paternel, agriculteurs (non bio), dont la longévité ferait rêver bien des adeptes du bio, malgré l’épandage de pesticides et leur consommation sans modération de leur propre production. Et avec le nombre de frères et sœurs qu’a eu mon père, y avait certainement pas de problèmes de fertilité non plus ! Qu’en penser ?

« Marko211 » rappelle une évidence :

le glyphosate n’est pas un perturbateur endocrinien. S’il l’était il y a longtemps que cela aurait été publié par les ennemis de Monsanto-Bayer. Le methyl et l’ethyl parabens ne sont PAS perturbateurs endocriniens alors que les parabens à chaine plus longue comme le propyl ou le butyl paraben le sont.
Et en effet le soja contient des phyto estrogènes qui sont perturbateurs endocriniens bien connus. Mais le pire des perturbateurs endocriniens est l’estradiol, hormone principalement féminine et cancérigène bien démontré. Comme quoi il n’y a pas que les produits phytosanitaires qui sont cancérigènes.

Laissons enfin « Eranis » et « Nostradamus » conclure :

Des supputations et des affirmations sans la moindre preuve de quoi que ce soit.
Bien sur qu’il est nécessaire de s’alarmer de ces dégradations de la santé et de la fertilité, bien sur qu’il est utile de faire de nombreuses recherches, évaluations et prises de précautions mais crier au loup comme le fait cette femme militante sans la moindre étude documentée n’apporte aucune solution.

Beaucoup d’approximation, des amalgames un peu confus, quelques vérités au milieu de d’affirmation sans preuve, corrélation sans causation etc. Bref le livre typique de celui-celle qui décide a l’avance ce qu’il veut démontrer, et collecte un peu partout ce qui va dans son sens, sans tenir compte de ce qui va à l’encontre, et sans rigueur intellectuelle. Pour rassurer tous le monde, les perturbateurs endocriniens sont bien surveillés et étudiés par les réseaux de toxicologie et d’épidémiologie européens, et les résultats sont pour l’instant plutôt rassurant (si on se base sur de vraies analyses scientifiques). Il y a de vrais problèmes épidémiologiques soulevés dans ce livre (qui ne sont pas dramatiques pour l’instant), mais ces fait méritent une vraie réponse scientifique… Par exemple le Glyphosphate et le Bisphénol font l’objet de suspicions mais on a pas d’étude qui démontre formellement leur éventuelle toxicité sur les populations humaines…

10 commentaires sur “La gynéco Odile Bagot part à 61 ans à la chasse aux perturbateurs endocriniens, sauf la pilule bien sûr

  1. Les causes du cancer du sein sont variées ( l’âge souvent après 50 ans, l’hygiène de vie, l’hérédité, l’âge de la puberté et de la ménopause, etc). Même si la pilule contraceptive augmente le risque de cancer du sein , c’est toujours moins risqué que de mettre au monde une tribu ou de recourir régulièrement à l’ IVG. La pilule diminuerait le risque d’autres cancers comme celui des ovaires ou de l’endomètre, elle permet de bien réguler les cycles, de diminuer la durée des règles donc le douleurs et la fatigue, d’améliorer les problèmes de peau comme l’acné, etc. A l’heure actuelle, il n’existe pas plus efficace que la contraception hormonale ( pilule, implant, patch…) donc difficile de trouver autre chose ou alors il faudrait que les hommes soient un plus plus candidats à la vasectomie. En France contrairement à d’autres pays c’est encore tabou.
    Et le cancer de la prostate ? Qui détient le triste record mondial ? La FRANCE avec plus précisément les Antilles françaises. La cause, le chlordécone , un insecticide utilisé dans les bananeraies pour lutter contre le charançon entre 1972 et 1993. Un PE qui se retrouve aujourd’hui dans les eaux, les sols, les aliments, le sang des habitants et en plus des cancers de la prostate il provoque des prématurités , des cas de puberté précoce… Les études se multiplient mais c’est long, très long. L’Etat a tardé à prendre en considération ce véritable scandale, pendant ce temps les gens meurent et l’indemnisation des victimes sera moindre.

    1. le cancer de la prostate est 10 fois plus fréquent aux Antilles qu’en métropole, comme il est 10 fois plus fréquent parmi les noirs de New-York que parmi les blancs de New-York: la faute au chlordécone utilisé dans les bananeraies de New-York, bien entendu!

      (merci les statistiques ethniques que font les USA, cela fournit des informations intéressantes, liées à la génétique)

      1. @ Zernick

        >>>> Merci d’avoir apporté cette distinction fondamentale et bien connue de ceux qui veulent bien chercher à se renseigner mais bien trop souvent poussée sous la carpette! Vous m’avez pris de vitesse!!

    2. « La cause, le chlordécone , un insecticide utilisé dans les bananeraies pour lutter contre le charançon entre 1972 et 1993. »
      MP vous allez un peu loin dans vos conclusions, l’étude un peu rapide qui prétendait cela a été invalidée, la chlordécone est corrélée, sur le territoire français comprenant les Antilles à une plus grande survenue de ce type de cancer mais potentiellement n’a que peu à voir, au niveau de contamination observé, avec le nombre plus élevé de cancer de la prostate de la population, c’est un biais statistique potentiel. Et les biais on connait en période de coronavirus.
      Une étude réalisée en Guadeloupe entre 2004 et 2007 a conclu à une association significative entre exposition au chlordécone et augmentation du risque de cancer de la prostate mais elle comportait « un biais pouvant impacter les résultats » – elle ne permettait pas de comparer l’âge et l’exposition aux autres facteurs de risques connus du groupe exposé à la chlordécone et du groupe témoin.

      « Une étude pilote menée en Martinique entre 2012 et 2014 n’a, elle, pas été poursuivie car une évaluation a conclu à l’« inadéquation » entre la « méthodologie retenue par les chercheurs » et les objectifs fixés.

      Le programme de recherche inclura des équipes « de domaines différents comme l’épidémiologie environnementale, la toxicologie, l’onco-urologie, la génomique, la santé publique, les sciences humaines et sociales, les mathématiques et les sciences de l’informatique », ajoute l’agence d’expertise publique, chargée de coordonner les actions de lutte contre le cancer en France.

      L’INCa « proposera des points d’étapes réguliers sur l’avancement du programme de recherche et ses avancées  ».

      Une simple correlation reste léger, car certes les Antilles sont plus concernés par ce contaminant mais infiniment moins que d’autres régions du monde où il a été utilisé ainsi que d’autres OC encore plus toxiques et aux effets PE . Dans ces régions, on meurt plus jeune et le cancer de la prostate est un cancer lié à l’age aussi.

      La population antillaise et en outre la population d’origine africaine ayant l’âge moyen le plus élevé au monde et certainement en meilleure santé relative que dans d’autres pays, dont les US.
      Le critère origine ehtnique, la population d’origine africaine et l’age étant deux facteurs majeurs dans l’explication de la survenue de ce type de cancer, la présence de chlordécone, au niveau retrouvé, peut n’être qu’un co facteur, mineur.

      La conclusion pour éviter le cancer de la prostate: métissez vous davantage, surtout pour les générations futures et mourrez jeunes pour l’éviter.

      Indépendamment de cela parmi les grandes défenseuses de la pilule contraceptive, qui minore son impact en terme de risque de cancer du sein, on trouve Catherine Hill qui a pu être un grande épidémiologiste mais qui, pour l’épisode Covid satisfait l’adage de la vieillesse qui peut conduire à un naufrage intellectuel. Déclarations d’une pauvreté en terme d’analyses édifiantes.
      Elle a été, elle n’est visiblement plus, mais alors plus du tout.
      Triste constat.

      1. C’est en Martinique également que l’on observe l’espérance de vie la plus élevées des régions d’Outre-mer : 78,9 années chez les hommes et 85,7 années chez les femmes. Une espérance plus élevée que la moyenne nationale, située à 78,6 années pour les hommes et 85 chez les femmes.
        L’écart Hommes /Femmes aux Antilles s’explique par la consommation de Rhum alcool moins conservateur que le vin rouge, plus concentré et sans polyphénols.
        Donc, épidémie peut-être mais surtout de qualité de vie longue, quelles que soient les conséquences de la présence de ce polluant dans les sols, nous avons nous même force dioxines et PCB dans les sols, que l’on retrouve dans certains aliments, dont les produits laitiers et les oeufs, avec une préférence pour ceux bio , la faute aux collectivité locales qui ont joué le tout UIOM, sans filtre au départ. Si l’on fait un lien avec la survenue de certains cancers dans les zones de retombée des panaches, de belles études sans biais vont donner de bien vilains résultats. Il nous faut attendre la disparition des politiques à l’origine de ces mauvais choix pour ouvrir cette nième boite à Pandore.

  2. Par exemple le Glyphosphate et le Bisphénol font l’objet de suspicions …

    >>>> Tiens ! Qui c’est celui-là????

  3. « Odile Bagot ….. avance une donnée dont personne n’a encore jamais entendu parler, celle selon laquelle 75 % des cancers du sein seraient, pour une part, induits par des causes environnementales. On se demande bien d’où sort ce chiffre,……. »

    >>>> Manifestement vous n’avez pas entendu parler de la norme Bagot!! Si, si c’est nouveau, çà vient de sortir!

    1. Le cancer du sein et de la prostate est en forte diminution depuis 2003….les cancers en général..c’est pour cela que les risques cardio sont passés devant.
      Par contre , grosse augmentation du cancer des poumons chez les femmes…la cigarette .
      Le cancer du poumon a pour origine ,aussi,le radon ….peu de gens font analyser l’air de leurs maisons….75€ pour 2 prélèvements.

  4. On notera aussi que rejeter toutes les fautes sur les pesticides agricoles permet d’oublier les nombreux issus de notre mode de vie, pollution de l’air intérieur ou celui des grandes villes avec des normes infiniment moins exigentes pour ces polluants.

    Les zones où l’on est davantage mort du Covid étaient toutes plus exposées à ces pollutions, poumons en moins bon état avant Covid ?

    Déjà le confinement en ville donne des envies de campagne à nombre de citadins mais un tel constat et les personnes agées vont fuir les centres villes et les villes denses pour celle de province de taille raisonnable.

    Pour une fois, il sera difficile d’accuser l’air de la campagne d’être responsable, quoique F Veillerette peut tout et sortir une ineptie de ce genre aussi.

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