La « désinformation positive » au service de l’écologisme

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En janvier 2019, le défi 10 ans (#10yearchallenge) a fait son apparition sur les réseaux sociaux, suggérant aux internautes de prendre une photo d’eux en 2009 et de l’apposer aux côtés d’un cliché datant de 2019, afin de constater leur évolution. Nicolas Bilodeau, un spécialiste des communications et du marketing qui vit au Québec, a vu dans ce défi une belle occasion pour faire réagir les gens et a partagé deux images provocatrices : la première illustre un énorme glacier et la deuxième un tout petit îlot de glace. Le montage suggère que les 10 dernières années ont fait fondre la glace. Sauf que « les deux clichés sélectionnés n’ont rien de scientifique. Il ne s’agit pas du même glacier » explique Le Journal de Montréal. « Je ne trouvais pas de photos de 2009 et de 2019. J’ai réfléchi à la façon dont fonctionnaient les réseaux sociaux. Ça se propage vite et les gens ne réfléchissent pas. Ils réagissent en une seconde. J’appellerais ça de la désinformation positive, explique M. Bilodeau, en riant. On comprend le message même si ce n’est pas le même endroit spécifique. »

Concrètement, cela donne ça :

Radio Canada raconte l’emballement qui a suivi :

Il était tard. [Nicolas Bilodeau] a publié son montage sur son compte Twitter. Il est allé se coucher. Et c’est là que tout a dérapé. Ce qui était à l’origine une publication destinée à ses amis a explosé. « Je me suis réveillé et j’avais 150 000 retweets. C’est assez étrange de voir [la star de téléréalité américaine] Nicole Ritchie partager mes images. » Il en a perdu le contrôle. Des gens qu’il ne connaît pas ont partagé son tweet. D’autres ont téléchargé ses images et les ont publiées comme si c’était eux qui les avaient créées. Le tweet original de M. Bilodeau a atteint 15 millions de personnes sur Twitter.

De quoi tromper le média Konbini (qui relaye sur Instagram le premier cliché venu, sans rien vérifier) et faire bondir certains vrais journalistes pourtant écologistes qui pensent que la fin ne justifie pas les moyens, à l’image de Jeff Yates (Radio Canada) :

une petite recherche inversée par Google images nous apprend que la photo de gauche a été prise le 5 novembre 2016(et non en 2008 ou en 2009), en Antarctique. Celle de droite a été captée en août 2018et… en Arctique. Donc, non seulement les photos n’ont pas été prises à 10 ans d’intervalle, mais elles proviennent des deux extrémités du globe ! Elles ne montrent donc pas l’évolution d’une même formation de glace au cours de la dernière décennie.

Quelques jours plus tard, Jeff Yates dresse un constat amère :

je me suis fait ramasser. « On s’en fout que ce soit vrai ou pas », m’ont écrit plusieurs personnes. « Non mais on s’en fout que les images soient fausses, les glaciers fondent vraiment ! », « T’as donc bien du temps à gaspiller sur des conneries du genre ! », « C’était supposé nous faire réfléchir, personne n’y a vraiment cru, voyons ! »

Et Jeff Yates, pourtant indulgent vis-à-vis de l’auteur du tweet (« L’intention était bonne »), de s’indigner avec raison :

pourquoi m’envoyer promener? J’ai tout simplement relayé l’information exacte sur la provenance de ces images. Ce n’est pas une opinion ou une prise de position. C’est un fait, point à la ligne. Que la simple démarche de rappeler un fait soulève autant d’indignation me dépasse.

C’est malheureusement valable dans plein d’autres domaines (glyphosate, agriculture bio, etc.).

15 commentaires sur “La « désinformation positive » au service de l’écologisme

  1. La publicité en agro alimentaire l’a bien compris et l’utilise dans de nombreuses publicités particulièrement pour les produits laitiers, les viandes, le foie gras et la charcuterie. Une image de quelques animaux au milieu d’un champ et hop , de nombreux consommateurs imaginent que c’est représentatif des conditions d’élevage en France.

    1. C’est vrai, les as du marketing jouent là dessus, avec en prime, un agriculteur-paysan avec son bleu de travail, tenant un poulet dans ses bras…
      Il y a déjà plus de 20 ans que j’avais vu un conférencier expliquer que montrer au salon de l’agriculture, une truie sur paille avec ses porcelets, c’était finalement, tromper le consommateur car dans la majorité des cas, les truies sont sur caillebotis pour des raisons pratiques. Après, il ne fallait pas s’étonner qu’il y ait un problème.
      C’est pour cela que la communication directe ou via les réseaux sociaux pour expliquer ce qui est fait, est plus pertinent. Mais la pédagogie prend du temps et notre société n’a pas de temps à perdre.
      Sans oublier aussi, que la finalité des animaux d’élevage, c’est d’être abattu un jour.

      1. Douar
        C’est aussi une vraie volonté de ne pas informer le consommateur car en général une fois qu’il sait il consomme autrement. Ceux qui communiquent sans mentir sont ceux qui ont de petits élevages car les autres ? Dire qu’un porc va vivre dans moins d’un m2 sur caillebotis, la queue coupée à vif, les dents limées enfermé toute sa courte vie d’à peine 6 mois, ça ne donne pas envie au consommateur d’acheter. Pourtant ce sont les conditions d’élevage de 95% des porcs en France. Sur les réseaux sociaux des marques connues ( Charal et compagnie), personne ne répond pas aux questions gênantes d’ailleurs les mots comme « soja OGM », viandes issues de vaches laitières de réforme »…. sont reconnus par des logiciels qui censurent les messages mais pour s’en rendre compte il faut avoir plusieurs comptes.

        1. Vous ressortez tous les poncifs classiques.
          Couper la queue des porcelets? pourquoi donc: parce sans ça, ce sont les porcelets qui se mangeront entre eux au moindre écart et c’est la boucherie! et ceci, dans tous les types d’élevage, sur paille comme sur caillebotis. (et « petis élevages », ça ne veut rien dire: c’est 100 truies, 2000 truies? En Espagne, il n’y a plus rien à moins de 1000 truies).
          les dents limées? vous avez pensé à la truie qui allaite? manifestement non, vous ne vous rendez pas compte qu’un porcelet à 2 semaines, ça mord…
          Sur les OGM? le consommateur a été abruti par la propagande écolo laissant penser que les « OGM » (lesquels?) sont néfastes pour la santé – par contre, le consommateur ne voit pas de problème pour les médicaments issus d’OGM-
          Les vaches de réforme? et alors, elles sont parfaitement aptes à être consommées.
          Vous faites semblant de croire qu’elles ne le seraient pas: bien sûr, il faudrait sans doute ne consommer de la viande issue uniquement de boeuf de Kobé?
          Avant de juger, essayez de comprendre le pourquoi des choses.

          1. Douar
            Ce ne sont que des exemples des activités du beau métier d’éleveur.
            Faux il est possible de ne pas couper les queues des porcelets mais pour cela ils faut qu’ils aient de l’espace et qu’ils puissent s’occuper donc gratter, fouiner, etc. Le cannibalisme est augmenté avec le manque d’espace et l’ennui.
            L’idée de petit élevage était à mon sens, celui qui élève ses porcs ou vaches ou volailles en extérieur, en liberté , qui prend son temps pour obtenir des animaux de qualité avec au final un bénéfice supérieure. Bref quelqu’un qui privilégie le bien être animal et la qualité.
            Arrêtons de comparer avec l’Espagne, en France les élevages de porcs conventionnels offrent des conditions de vie minable aux animaux et même s’il répondent aux cahiers des charges.
            Le bien être de la truie, vu comme elle est traitée est bien secondaire…. si les dents sont limées c’est surtout pour éviter les blessures entre les porcs Blessures = perte de rentabilité.
            Aucune étude sérieuse n’a pu prouver que les OGM étaient sans danger pour le moment. Les médicaments ? Vous rigolez ? Les quantités n’ont rien à voir. Et quand je parlais d’OGM je pensais davantage au fait que les animaux sont nourris avec du soja OGM qui vient de loin, donc au final un bilan carbone qui explose.
            Je n’ai pas écrit que la vache de réforme n’était pas apte à être consommée, relisez. Le problème est que le consommateur ne sait pas qu’il consomme un steak de vache de réforme, d’ailleurs la plupart pense qu’ils mangent du boeuf… Aucune information sur les emballages ou sites d’internet des marques. Amusez vous à poser à 10 personnes qui ne travaillent pas dans l’agro alimentaire ou l’agriculture et demandez leur de quels animaux peuvent provenir leurs steaks. Vous serez surpris.
            Je constate, je ne juge pas…et je suis pour la transparence, le consommateur doit savoir ce qu’il achète en ayant facilement accès à l’information.

            1. Pour les OGM , on a mieux que des études sérieuses , il y a la réalité : 100 milliards d’ animaux nourris aux OGM sans problèmes jusqu’à aujourd’hui (ou hier ? ). Quand aux médocs fabriqués avec des micro-organismes OGM ,c’est vrai qu’entre autres la totalité de l’insuline que s’injectent les diabétiques est dans ce cas , ce qui ne fait finalement pas grand’ chose (ironie) …

        2. Les conditions de vie des porcs des années 2000 n’ont rien à envier à ceux des années 1900 où ils passaient la majorité de leur vie seul dans une rang à cochon de 2 m2 !!!

  2. « je suis pour la transparence, le consommateur doit savoir ce qu’il achète en ayant facilement accès à l’information. »
    bien sûr, mais encore faudrait il que le consommateur ne soit pas « balladé » comme il l’est actuellement.

    Et pour votre info: quand un produit (tx de soja par exemple) traverse l’océan en bateau et bien , figurez vous que ça ne coute pas grand’chose en terme de consommation de carburant rapporté à la charge. C’est la magie du transport en bateau. Un Pau-Bordeaux en camion consomme plus de carburant / kg qu’un Bordeaux-Rotterdam en bateau. Pourtant Pau-Bordeaux, c’est ce qu’on peut considérer comme « local ».

    1. Et un trajet Pau Paris en gros camion consomme moins de carburant au kilo que qu’un trajet local pour quelques kilos …

  3. @ douar

    « bien sûr, mais encore faudrait il que le consommateur ne soit pas « balladé » comme il l’est actuellement. »

    >>>> Et puis aussi qu’il fasse l’effort d’exercer un peu d’esprit critique et non pas de se satisfaire de se « laisser » ballader » par la facilité, la pub, la/les mode(s), la conformité, etc…

    1. Faut dire aussi que la majorité des consommateurs non pas la capacité de comprendre ce qui ce trouve sur l’étiquette. Et encore moins la volonté d’essayer de le faire.

  4. https://www.msn.com/fr-fr/actualite/justice/après-lamiante-le-périmètre-du-préjudice-danxiété-étendu-à-toute-substance-toxique/ar-AAH9iis?ocid=spartandhp

    Après l’amiante, le périmètre du préjudice d’anxiété étendu à toute substance toxique

    http://www.nouvelobs.com

    Le « préjudice d’anxiété » permet l’indemnisation de personnes qui ne sont pas malades, mais qui s’inquiètent de pouvoir le devenir à tout moment.

    >>>> Eh! bien moi je vous dis qu’on n’est pas sorti de l’auberge!

    On fonce droit dans le mur en klacsonnant joyeusement!!

    Les réveils des escrolobobos seront très durs mais largement mérités ! Mais hélas encore plus durs pour tous les raisonnables et les lucides comme moi et bien d’autres qu’ils auront emmenés dans le mur contre leur gré….. Je pense qu’il est maintenant trop tard pour renverser la vapeur! Ils ont lessivé bien trop de cervelles (et surtout les plus jeunes) pour retourner la soi-disant « opinion publique, qu’ils soigneusement formatée depuis quelques décennies! Ils m’ont même transformé en un pessimiste dégouté!

    1. Le terme préjudice d’anxiété est surement très mal choisie. Parce que l’article en lui même parle en faite des expositions professionnel à des substances connues pour provoquer des maladies, et dont il y aurait un défaut de protection de la part de l’employeur (comme un menuisier ne disposant pas de masque pour se protéger des poussières de bois, qui sont connues pour provoquer des maladies respiratoire). Il ne parle pas de l’étendre à d’autres situation que le cadre professionnel ou il y aurait un défaut de protection
      « Il ne s’agit pas de banaliser [le préjudice d’anxiété] mais de l’appliquer pour tous ceux qui sont exposés à des substances nocives et toxiques »
       » les nombreux travailleurs du bâtiment qui portent des gants et un casque mais rarement un masque de protection  »
      En faite à aucun moment il ne parle des expositions imaginaire que subirait les gens.

      Il y aurait en effet un risque que les écolos s’empare de ça et le détourne à leur sauce, mais dans l’article, ce n’est pas le cas.

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