Bio : le grand malentendu

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Dans La France Agricole du 17 mai, le journaliste Frédéric Denhez, ingénieur écologue et animateur de « CO2 mon amour » sur France Inter, auteur de Acheter bio ? À qui faire confiance ? (Albin Michel) rappelle que c’est la crise de la vache folle en 1996 qui a profondément modifié nos comportements alimentaires : « faire ses commissions, préparer ses repas, et manger était autrefois une chose simple, se nourrir est devenu un exercice plus compliqué et intellectuel ». Et « dans ce contexte anxiogène, le bio rassure », « il est devenu synonyme de ‘meilleur’ et de ‘fiable' », « aux yeux de nos contemporains, le label AB incarne une pureté » et « est vécu comme une promesse de vie saine, longue et plus propre ».

Le fantasme de la petite ferme d’antan
Mais, explique Frédéric Denhez, « cette confiance dans le bio est fragile, car elle est basée sur des fantasmes (la petite ferme d’antan…) et sur des espérances auxquelles le bio ne prétend pas répondre ». « Nos citoyens plaquent sur lui tout ce qu’ils pensent ne plus retrouver dans l’agriculture conventionnelle : le fait de sauver la planète, de se prémunir du cancer, de payer mieux les paysans, etc. » La faute au lobby bio (Générations Futures, etc.), financé par les multinationales du bio, qui accuse explicitement ou implicitement le conventionnel d’abîmer la planète, de provoquer le cancer et de mal rémunérer les paysans, sous-entendant donc que le bio ne serait pas concerné par ces maux.

Les espérances déçues du bio
C’est évidemment faux : le bio accumule les rappels sanitaires (et à son lot de scandales graves. Exemple en 2011, lorsqu’une sévère épidémie de gastro-entérite a frappé l’Allemagne, causant 3 000 malades et 43 décès à cause de « graines germées contaminées par une souche pathogène de la bactérie E. coli produites par une ferme allemande pratiquant l’agriculture biologique »), représente un danger pour la planète et, comme d’autres alternatives, est facteur d’exploitation humaine au nom de bons sentiments (le quasi-bénévolat pour sauver la planète, n’est-ce pas !).

Le bio ? Seulement des restrictions sur les intrants de synthèse utilisés
« Or, continue Frédéric Denhez, le cahier des charges bio ne prétend ni être agronomique, ni socialement équitable. Il n’est en effet restrictif que sur les intrants de synthèse utilisés ». Bref, il y a tromperie sur la marchandise ! Ce que des doux dingues ont appris aux Français à détester, on le retrouve dans le bio. Le malentendu est total et la déception à venir sera terrible. Déjà, écrit le journaliste, « on commence à s’interroger sur le bio étranger, ou sur celui des supermarchés » : « il devra sérieusement communiquer pour éviter que son prestige ne retombe » prévient-il. Pas sûr que la communication suffise à cacher la réalité…

La proximité plutôt que le bio
Puis, Frédéric Denhez pose la question qui fâche : « Vaut-il mieux acheter des pommes bio venues de l’autre bout du monde ou plutôt privilégier le fruit du verger d’à côté qui ne traite pas trop sa production avec les produits phyto ? » Ohé les bobos ? Il y a quelqu’un ? Tiens, plus personne…

Consacrer plus de temps et d’argent à se nourrir
« L’engouement pour le bio cache en fait la forêt de nos renoncements. (…) Avant d’acheter bio, commençons par nous offrir des aliments frais, et prenons le temps de les transformer nous-même autant que possible. (…) Revenons à un bon sens alimentaire, en allouant à notre nourriture un budget un peu plus important. Manger bien, c’est avant tout un choix de vie. »

10 commentaires sur “Bio : le grand malentendu

  1. La déconvenue sera terrible !
    Elle le serait sans l’effort des médias pour cacher les dérapages du bio, les promesses non respectées.

    Les affections plus nombreuses liées à l’utilisation de fertilisants organiques plus à risque mais aussi la présence de végétaux toxiques à l’instar des hospitalisés à cause du datura, phénomènes dont les médias sont assez avares contrairement à de simples détections ou suspicions de détection sans conséquence pour des produits de synthèse.

    Le même phénomène pour le moustiques tigres qui pourrissent la vie dans le jardin d’un français sur 3, transmettent des maladies graves parfois mortelles, les punaises des lits qui envahissent les appartements lorsque l’on a pas été assez vigilant au retour de vacances, sans compter la gale, les poux dont bénéficient les bambins dans les crèches et maternelles, ce n’est plus un sujet tellement c’est commun.

    Le chimique c’est mal, le naturel c’est bien quitte à zapper sur les vrais risques, comme la vie en ville et l’exposition à une multitude de polluants liés à la concentration urbaine , aux sols historiquement pollués et à l’air toxique surtout dans les transports en commun souterrains.

    Les mensonges de la presse sont dignes de ceux de l’union soviétique mais contrairement à la conscience du mensonge des russes, le citoyen français s’autopersuade que les médias nous veulent encore du bien et disent le vrai, pour l’instant tout au moins.

  2. Un peu en lien avec ce « retour à la nature » :

    « Des fleurs « comestibles » utilisées dans les restaurants contiennent des toxines

    « Ces dernières années, les restaurants danois, les petits producteurs d’aliments et les consommateurs ont montré un intérêt croissant pour l’utilisation de fleurs sauvages ou cultivées en cuisine » », soulignent les auteurs d’une étude publiée dans la revue Food and Chemical Toxicology.

    Cependant, il n’y a pas nécessairement d’antécédents d’utilisation de ces plantes dans l’alimentation, ni au Danemark ni au niveau international, soulignent-ils.

    Le National Food Institute (NFI) et le Danish Veterinary and Food Administration ont réalisé des évaluations des risques de 50 plantes que l’autorité alimentaire avait identifiées dans le cadre d’une campagne de contrôle auprès des restaurants et de quelques producteurs alimentaires locaux.

    Dans 23 cas, des fleurs de ces plantes étaient utilisées, comme la pensée sauvage et la capucine du jardin.

    Kirsten Pilegaard et ses collègues du NFI ont réalisé une revue de la littérature afin de recenser les connaissances disponibles sur les composés potentiellement toxiques dans les 23 fleurs, les descriptions des empoisonnements ou d’autres effets toxiques chez les humains et les animaux ainsi que les preuves de leur utilisation traditionnelle comme aliments en Europe.

    Selon la littérature, 13 des 23 fleurs contiennent des substances qui ont un effet nocif. La plupart des toxines présentes dans les fleurs ne rendent pas les gens très malades, mais peuvent causer des effets nocifs à long terme, indiquent les auteurs.

    Ainsi, certaines des substances identifiées sont connues pour être cancérigènes ou peuvent causer des maladies cardiovasculaires, tandis que d’autres peuvent endommager le système nerveux ou reproducteur.
    […]
    http://www.psychomedia.qc.ca/sante/2019-05-25/fleurs-comestibles-avis

  3. Je souhaiterais attirer votre attention sur l’excellent (comme d’hab’!) ouvrage de Sylvie Brunel « Toutes ces idées qui nous gâchent la vie » … Alimentation, climat, santé, progrès, écologie… chez Lattès!

    Un brin de clarté et d’espoir dans ce monde de ténèbres et d’angoisse….

    1. Dommage qu’elle se soit engagée sur la liste de Macron, avec pour objectif la fin du glyphosate et la réduction de moitié des pesticides !

    2. « Un brin de clarté et d’espoir dans ce monde de ténèbres et d’angoisse…. »
      .
      Au vu des résultats des « élections européennes », j’ai la nette impression que l’écologisme professé à longueur de temps, partout, par la multitude de docteurs Diafoirus omniscients et infaillibles (pléonasme), cette idéologie sensée soigner nos contemporains de leurs angoisses métaphysiques, a le vent en poupe. Et que le corps social, y compris la part de celui-ci qui n’est pas atteinte par ce mal, va en prendre pour un bon paquet de temps… 😥
      Un jour – mais quand ? – les électeurs comprendront-ils qu’il aurait été plus sage de davantage craindre (par exemple) la politique climatique que le changement climatique ?

      1. Vous posez finalement la question sur la capacité de certains humains à anticiper ( anticipation qui est un marqueur de l’intelligence). Beaucoup votent écolos sans anticiper sur les conséquences de leur vote ( à supposer que les programmes soient appliqués). Lorsqu’ils seront plumés et qu’ils constateront qu’ils se sont faits rouler dans la farine alors ils changeront d’idées mais ce sera bien tard. Certains écolos se plaignent ( par ex) du prix de l’énergie ( pouvoir d’achat..) mais ils veulent développer les énergies les plus coûteuses. Comme disait Bossuet  » Dieu se rit des hommes qui déplorent les effets dont ils chérissent les causes  » . Il faut dire que « l’éducation « nationale n’a pas pour objectif de développer l’intelligence et la capacité à raisonner logiquement.

        1. Surcoût de la facture d’électricité/chauffage?
          Problème résolu avec le chèque énergie!

  4. oui, résolu à première vue quand c’est les autres contribuables qui payent.(  » c’est gratuit, c’est l’état qui paye  » comme disait Hollande) Mais, comme l’a montré Frédéric Bastiat ( cf vitre brisée) : l’argent utilisé inutilement à se chauffer est autant d’argent non investi ailleurs et donc autant de créations d’emplois qui manqueront ailleurs.Les folles dépenses écologiques non rentables ne seront pas utilisées pour améliorer la médecine, la justice, la police,les crèches, les infrastructures,la recherche en numérique ( IA..) etc… cela ne fera qu’appauvrir massivement la population en générant un chômage de masse. La fameuse transition écologique ( illusion) se traduira par une bien réelle régression du bien être de la population et tout cela n’aura pas davantage » sauver la planète « .

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