Bio : grand malentendu chez les jeunes… et leurs aînés

Partager sur : TwitterFacebook

Selon le baromètre de l’Agence bio publié en février*, les 18-24 ans sont parmi les Français ceux qui jugent le plus « normal » de payer plus cher un produit alimentaire bio : 47% contre 40% chez les 25-34 ans, 32% chez les 35-49 ans et 27% chez les 50-64 ans. Apparemment, les multinationales du bio ont donc l’avenir devant elles et peuvent prévoir d’accroître davantage les marges (Vu que certains gogos suivront, pourquoi se priver ?) !

Mais il y a un « mais ». Si les très jeunes sont plus prêts que leurs aînés à payer plus, c’est qu’ils attendent énormément des produits bio. Leur motivation est liée au « bien-être animal » (37%) mais aussi à des raisons « éthiques et sociales » (32%). Autant d’arguments moins relevés chez les plus âgés (respectivement 28% et 25%) qui citent davantage la santé, l’environnement ou le goût.

La réalité du bio : des mutilations, pas de limitation de taille aux élevages, pas d’accès au pré…

Comme l’écrit Bérengère Lafeuille dans La France Agricole du 8 mars 2019, « [ce] sondage a évité les questions qui fâchent » : « combien auraient déclaré être au courant des pratiques de mutilation autorisées ? Combien savent qu’il n’existe en bio aucune limitation de taille aux élevages de volaille (contrairement au label rouge), que les porcs ne s’ébrouent pas tous à l’air libre, que certaines poules doivent emprunter un ‘pouloduc’ (probablement jamais utilisé dans les faits) pour accéder à leur parcours, que les jeunes veaux n’étant pas ‘herbivores’ peuvent être privés d’accès au pré… »

« Et dire que 80% des consommateurs bio (et 72% de l’ensemble des Français) disent se soucier du bien-être animal dans leur acte d’achat » observe Bérengère Lafeuille. « On imagine leur déception », continue-t-elle.

Sauf que les Français ne savent pas bien ce que signifie « bio » : la moitié ignore par exemple que l’agriculture bio utilise des pesticides. On l’a vu plus haut, les jeunes se trompent en imaginant que le bio garantit le « bien-être animal » (tel qu’ils le conçoivent mais pas forcément comme la science tente de l’établir). Leurs aînés aussi quand ils pensent que le bio est bon pour la santé, l’environnement (voir ici, ici ou ) ou même le goût.

Rassurer le consommateur de produits bio… à défaut de l’informer sur la réalité du bio (pour ne pas le faire fuir) !

« Il faut rassurer le consommateur pour éviter que le marché ne s’écroule » conclut Bérengère Lafeuille. Vu ses attentes et sa méconnaissance du monde animal et de l’agriculture en général, l’informer sur la réalité du bio (qui n’a rien de scandaleuse à part qu’elle ne correspond pas à l’idée que beaucoup, complètement déconnectés des réalités, s’en font) suffirait en fait à détruire ce marché.

La filière bio, qui ne se prive pas d’attaquer la filière conventionnelle via des lobbies qu’elle finance (Générations Futures par exemple) n’a en fait surtout pas intérêt à ce que son public, le plus sensible sur ces questions de pesticides ou de bien-être animal, en sache davantage. Elle a eu besoin, pour émerger face au conventionnel, de générer des orthorexiques mal renseignés, qui la lâcheraient s’ils savaient, pour les mêmes mauvaises raisons qui les ont poussé à cesser de consommer du conventionnel.

*étude réalisée du 23 novembre au 7 décembre 2019 auprès de 2 000 Français âgés de 18 ans et plus, sur un échantillon représentatif de la population nationale, selon la méthode des quotas.

14 commentaires sur “Bio : grand malentendu chez les jeunes… et leurs aînés

  1. Les 18-24 ans trouvent normal de payer plus cher un produit bio…
    Allons ! c’est plus simple que ça : comme la plupart d’entre eux vient encore chez leurs parents… ce ne sont pas eux qui payent. On pourrit citer beaucoup d’exemples comme ça dans la société française.

  2. Le consommateur trouve normal de payer plus cher un produit sain, bon, qui respecte l’animal et l’environnement…: cela est normal. mais lorsqu’il va se rendre compte qu’il a été roulé dans la farine et que les allégations bio étaient mensongères il y aura une remise en question . Par contre les véritables filières de qualité qu’elles soient bio ou pas (viandes provenant d’animaux bien nourris et abattus à un âge adéquat….) se développerons car elles répondent à une attente.Comme disait Lincoln « On peut tromper une partie du peuple tout le temps et tout le peuple une partie du temps, mais on ne peut pas tromper tout le peuple tout le temps »

  3. Je ne partage pas votre analyse.

    « Selon le baromètre de l’Agence bio publié en février*, les 18-24 ans sont parmi les Français ceux qui jugent le plus « normal » de payer plus cher un produit alimentaire bio : 47% contre 40% chez les 25-34 ans, 32% chez les 35-49 ans et 27% chez les 50-64 ans. »

    Ce genre de sondage est un attrape-couillons. Est-il « normal » de payer plus cher une Rolls-Royce qu’une 2 CV ? Difficile de répondre « non » !

    Et c’est là que l’analyse dérape:

    « Apparemment, les multinationales du bio ont donc l’avenir devant elles et peuvent prévoir d’accroître davantage les marges (Vu que certains gogos suivront, pourquoi se priver ?) ! »

    Ben non ! Malgré tout le tapage fait autour du « bio », bon, sain, respectueux du bien-être animal et de l’environnement, etc., etc., il se trouve moins de la moitié des Français pour dire que c’est « normal » qu’il soit plus cher. Interprétation : nous voulons manger pour pas cher…

    Les « jeunes » seraient-ils plus compréhensifs ? Pas sûr que les 18-24 ans soient des clients réguliers des biomachin et Cie. Ils vieilliront, comprendront, seront contraints par leurs horaires (à moins de devenir chômeurs… au porte-monnaie squelettique).

    Un test simple : faire le sondage à l’entrée du Carouf ou du Leclerc et examiner le caddy à la sortie…

    Le « bio » a certes le vent en poupe actuellement du fait du formidable tapage activiste, marketing, médiatique et politique (ordre alphabétique), mais il suffit de peu pour que tout cela s’écroule.

    1. Attenant à son hyper marché existant, l’enseigne Leclerc de ma commune a ouvert un magasin « bio exclusif ».
      Si ce dernier ne lui assure plus un business suffisant, il pourrait alors arrêter les frais…
      Ce pourrait être un critère pour juger que le charme auprès de la population a fini par être rompu…

    2. D’ailleurs beaucoup se déclarent en faveur du bio mais la part de marché du bio est faible. Tout se passe comme si les gens n’osaient pas contredire les discours sur le bio mais en achètent peu. Un peu comme ceux qui votaient Front national mais qui ne le disaient pas dans les sondages! les sociétés de sondage devaient faire des extrapolations compliquées pour prédire les résultats.

    3. Si je partage vos idées Seppi, il n’en reste pas moins vrai que nous avons déjà des exemples qui font peur sur l’acceptabilité par la société de certains délires « escrolo bobo bio croyant » qui finissent par devenir « des vérités (DDT probablement le premier). L’exemple des œufs est assez parlant et la filière de production qui n’avait pas eu le temps d’ amortir les nouvelles normes en bâtiment (beaucoup de bâtiments neuf aux moment de la crise) a quand même très vite cédé et réorganisé la production pour répondre.
      Vous dites seppi : »il suffit de peu pour que tout cela s’écroule. »
      Oui pour des esprit rationnels ! Mais quand l’émotionnel s’en mêle ….le rationnel…
      Là, on est dans le domaine des croyances, avec les mêmes travers que pour toutes les religions, comme celle qui dure depuis 2019 ans ! C’est long 2019 ans et cela ne va pas s’arrêter demain (dure toujours malgré la poussé d’Archimède qui prouve pourtant que la marche a pieds sur une surface liquide est « très difficile »!)
      Je pense aussi que l’on ne peut pas continuer éternellement à » bâtir  » une société sur des mensonges surtout anti sciences, mais jusqu’ou le fanatisme peut il aller??
      Pour le glyphosate , avec l’acharnement complètement dingue de certains politiques, merdia comme envoyé spéciale qui se permet même un lynchage médiatique d’Emma Ducros, le sujet devient immaitrisable ! Il va y avoir des dégâts pour le monde agricole: Impasses techniques, pertes économiques, complications minimum pour les « fameuses techniques de remplacement « avec perte d’efficacité….
      Le monde agricole va encore reculer contraint par la bêtise et puis….???

  4. Les 18-24 ans ont presque tous eu des cours sur l’agriculture biologique, c’est au programme depuis pas mal de temps déjà. Ils ont eu des cantines / cafétérias/ restaurants universitaires qui proposaient des menus ou quelques aliments bio, l’information est passée.
    Tout le monde n’a pas accès à des magasins bio à proximité. Les rayons bio de nombreux supermarchés sont souvent insuffisants pour tout acheter et les marchés avec des producteurs bio ne sont pas encore présents partout. S’il faut parcourir de nombreux km supplémentaires et faire ses courses dans x commerces différents, les consommateurs abandonnent.
    Le bien être animal, vaste sujet. Que ce soit bio ou du conventionnel, l’animal partira en camion à l’abattoir dans les mêmes conditions et sera abattu à peine plus âgé que ses congénères. Le consommateur qui veut les informations a tout ce qu’il faut sur internet, il existe des tableaux récapitulatifs sur les conditions d’élevages et s’il veut plus de détails mais là il risque de ne plus manger de viande du tout, il pourra lire les cahiers des charges des différents types d’élevage.
    Ces dernières années les consommateurs ont changé leurs habitudes pour les oeufs. Avant ils ne connaissaient pas la signification de 0;1;2 ou 3 maintenant ils savent et ils achètent des oeufs plus chers. Les « 3 » vont certainement disparaître assez vite . C’est un exemple qui pourrait très bien s’appliquer à d’autres aliments très prochainement.

    1. C’est surtout si ils visitent des abattoirs de bovins halal qu’ils vont arrêter de manger de la viande car il est traumatisant pour beaucoup de voir se débattre pendant 10 minutes un animal avec la gorge tranchée et parfois dépecé encore vivant. En n’osant pas nommer les choses et en n’appliquant pas les lois à très grande échelle ( étourdissement obligatoire) beaucoup vont devenir végétariens et la lâcheté de la filière viande en sera la cause.

      1. Rumeurs propagées par Visor ….pas mieux qu’un vulgaire ecolos…toute occasion est bonne pour les racistes qui avancent masqués.

        1. Rumeurs ? non, des faits tout simplement pour ce qui est de la loi qui n’est pas appliquée ( à moins d’admettre qu’il y a en France 50% de la population qui est musulmane) et de la souffrance animale ( voir les vidéos). Compte tenu des risques d’hygiène ( contamination de la viande à cause des reflux consécutifs au fait de trancher trachée et œsophage car l’animal se débat, le salaud) il est scandaleux d’être forcé de consommer à notre insu de la viande résultant d’un égorgement à vif.Avec le même raisonnement pourquoi ne pas admettre la charia pour tous, la polygamie et les mutilations génitales pour tous ?
          Pour ce qui est des conséquences de ces faits ( baisse de la consommation de viande) c’est mon analyse. Pour ma part, je défends la civilisation occidentale qui a tant apporté à l’humanité entière: sans elle le monde entier vivrait comme il y a 2000 ans

    1. « …semble plus restrictif… » Bien sûr, le « bio », c’est à ça qu’on le reconnaît : quand les normes seront plus sévères pour le label, le « bio » durcira ses propres normes pour pouvoir revendiquer une supériorité par rapport au non « bio ».

      Il y a juste un petit hic : 6 poules au M2 en « bio » contre 9 en label au poulailler ? C’est une différence artificielle car c’est la densité pour la nuit, où les poules sont grégaires. Le lable prévoit une surface de parcours supérieure.

      Et puis, 3.000 poules par bâtiment au lieu de 6.000. Vous avez un bâtiment pour 6.000? Construisez un muret surmonté d’un grillage pour le diviser en deux et hop… vous êtes en « bio » !

  5. Petit HS quoique:
    Je lis dans lq presse spécialisée que Biolait « appelle à réduire les volumes de 5% » (les volumes de lait bio).
    En plus, le prix de base du lait bio passe à 400 €, ce qui fait un écart assez faible par rapport au conventionnel.
    Le problème avec le lait bio, c’est qu’il est souvent produit « quand il y a de l’herbe », c’est à dire au printemps, alors que la consommation est régulière tout le long de l’année.
    Il est quand même étonnant que l’on puisse promouvoir une production qui fait fi des débouchés réels. Mais le mur de la réalité va s’imposer assez vite (déjà, Sodiaal va arrêter les conversions temporairement car ils n’ont pas toujours des débouchés en face).

Les commentaires sont fermés.