Mulliez et l’agriculture de demain… qu’il confond avec celle d’hier

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Alors que nourrir tout le monde sur Terre avec des produits sains en utilisant un minimum d’espace sera possible grâce aux fermes du futur, urbaines et verticales, comme celle de Newark, près de New-York (6 500 mètres carrés, 12 étages, des kilomètres de rayonnages sous lumière artificielle et des capteurs partout pour veiller sur les végétaux vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Salades, épinards et autres choux frisés y sont récoltés jusqu’à trente fois dans l’année. Le rendement de ce potager high-tech est 400 fois supérieur à celui d’un champ et il nécessité 95% d’eau… en moins !), Gérard Mulliez a récemment estimé que dans un futur proche, « tout le monde sera obligé de faire de la permaculture ».

La permaculture pour tous ?

Le 7 mars lors d’un déjeuner à Marcq-en-Barœul (Nord) devant 380 dirigeants d’entreprises, le fondateur du groupe de grande distribution Auchan a estimé que les consommateurs « commencent à savoir » que les « maladies sont la conséquence d’une malbouffe ». S’il pense au fait de ne pas manger équilibré ou de faire des excès, il a raison. Mais malheureusement, c’est l’agriculture conventionnelle qu’il semble viser : selon lui dans un futur proche (…) « tout le monde sera obligé de faire de la permaculture comme les ouvriers il y a 50 ans avaient leurs jardins potagers ». « On va revenir à ça, on ne peut pas faire autrement ».

La fin de la spécialisation ?

Avec la salarisation massive des femmes et le temps passé dans les transports, on a du mal à croire que les Français vont massivement revenir à la terre. Au niveau mondial, une telle tendance serait d’ailleurs catastrophique. Il est étonnant de voir un chef d’entreprise comme Gérard Mulliez remettre en cause la spécialisation (et les gains de productivité qu’elle représente) des humains. On ne vas tous se mettre à cultiver, construire notre propre véhicule, écrire nos propres livres, etc. Ce serait une régression terrible à l’échelle de l’humanité…

La faute aux phytos ?

La suite de l’intervention est encore pire : « Aujourd’hui, il faut le savoir : ce que vous mangez de manière habituelle est issu de produits chimiques, posés sur la terre, et non pas issu de la terre. » « Il y a des gens qui vont déposer plainte en disant ‘j’ai attrapé un cancer parce que j’ai acheté des produits chimiques’ » affirme-t-il, estimant que « les jeunes veulent connaître les conséquences mauvaises, et en éradiquer les causes. »

C’était mieux avant… ou pas !

Gérard Mulliez gobe tous les bobards des ONG et idéalise une époque où la productivité était moindre, les produits plus chers, le travail des agris pénible, où il fallait nourrir beaucoup moins de monde, où les intoxications alimentaires étaient courantes, etc. Non, Monsieur Mulliez, ce n’était pas mieux avant les vaccins et les phytos ! Aussi étonnant que cela puisse vous paraître, la progression de l’espérance de vie « dépasse toutes les prévisions ». Mais s’il croit tant le discours des ONG, pourquoi ne leur obéit-il pas quand celles-ci exigent qu’il renonce à son mégaprojet de centre commercial EuropaCity qui menace 260 ha de terres agricoles réputées très fertiles à Gonesse (Val-d’Oise) ?

9 commentaires sur “Mulliez et l’agriculture de demain… qu’il confond avec celle d’hier

  1. Gérard Mulliez
    Date de naissance : 13/05/1931 => 88 ans…

    >>> Le’ Général avait encore raison…. Et çà se vérifie encore une fois ici! La vieillesse est un naufrage…..

  2. Concernant G.Mulliez, un truc bien rigolo: Auchan a lancé une « truite nourrie avec de la farine d’insectes »
    https://actualites.reponse-conso.fr/auchan-truites-nourries-a-farine-dinsectes/

    Et le savez vous? Gérard est l’un des investisseurs de la société qui produit de la farine d’insectes (Innovafeed). On n’est jamais mieux servi que par soit même.

    Quand à la viabilité de la production de farine d’insectes pour l’aquaculture, j’ai personnellement de gros doutes car c’est un produit qui revient très cher par rapport à ce qu’il y a sur le marché des matières premières pour l’aquaculture.
    Mais vu que ce n’est pas mon argent, ce n’est pas mon problème (en fait, si, il y a la Caisse des Dépôts qui a mis des billes: dès qu’il y a un projet foireux mais à la mode, ils sont là, preuve du « volontarisme » de l’Etat français).

    1.  » preuve du volontarisme de l’état  » ? Ou capitalisme de connivence?

  3. Si la ferme urbaine est la solution, les chinois, les japonais, les coréens , les pays du golfe n’auront pas besoin de s’emparer de millions d’ha en Afrique, en Amérique du sud, au Canada, en Ukraine … ou dans l’ UE. Rassurant non!
    Si oui tout va bien!
    Si non….
    Quid des projets d’Auchan pour jouer au chinois en France en mettant la main sur des exploitations partenaires ( dans un premier temps) …pour cultiver en bio, évidemment …dans un premier temps.
    Le patron d’Auchan n’est absolument pas sénile, il a tout compris mais le garde pour son équipe de direction.

    1. Son métier, c’est distributeur. et pour ça, il faut des produits qui correspondent aux besoins des clients.
      Et le premier critère d’achat, c’est et ça restera le prix pour la majorité des clients.
      Je vois mal Gérard M. forcer ses centrales d’achat à acheter des produits issus de la permaculture.
      Bref, de la com’, rien que de la com’
      C’est quand même curieux, cette propention de certains octagénaires de croire à un âge d’or révolu. Je pense à Bernard Pivot et sa sortie (incontrôlée) sur les crimes contre l’humanité dont devrait être accusés les responsables de la disparition présumée des abeilles!

  4. Bernard Pivot est touché par la bobologie aigue… qui incite à cracher sur les pesticides, les plantes génétiquement modifiées, l’agriculture efficace, les véhicules diesel et l’église catholique, seulement l’église catholique dans les grandes religions.

    Le lien entre les 3 premiers est évident, avec le véhicule diesel, le même carburant que celui du tracteur mais détaxé pour le tracteur et le tracteur qui tire la charrue (en bio ) est préféré de loin au glyphosate. Donc c’est un lien complexe et paradoxal.
    Pour le lien avec l’église catholique, le vin et le pain de la communion mais c’est très ténu.
    Chose curieuse, l’ensemble des autres religions s’en sort plutôt bien actuellement.
    Pour Gérard Mulliez, c’est seulement les 3 premiers, on trouve du diesel dans les stations service Auchan et aucune position anti Rome n’est connue pour cet artiste de la distribution de masse.

    1. @ Ersnt,
      Comme clin l’œil, on pourrait postuler qu’Auchan, c’est la distribution de masse et que l’église catho, c’est la distribution de messe(s), le « s » étant facultatif vu la raréfaction des « officiants » ( célébrants) en Europe ce début de XXIème siècle.
      Ce siècle caractérise aussi la substitution de la « consommation » de messes par la consommation de masse, les méga centres commerciaux ( et les stades de foot) ayant remplacé les cathédrales renvoyées au statut de vieilles pierres appartenant au passé dans l’imaginaire collectif et le discours des médias.
      Ces vieilles pierres sont surtout mises en valeur et appréciées lorsqu’elles sont vides, l’inverse des méga centres commerciaux et stades de foot.
      L’autre parallèle est celui que l’on peut faire entre l’injonction à dominer la nature contenue dans le livre de la genèse, pourtant injonction commune aux différentes religions du livre et le reproche qui est fait par les écologistes, principalement à la religion catholique, sur la mise en œuvre de l’injonction, surtout d’ailleurs à partir du XIVème siècle, ce qui est un paradoxe, même si les « temps modernes » bien qu’en réaction, s’inscrivent aussi dans la continuité.
      Le « croissez et multipliez », là aussi gros reproche des mouvements écologistes en particulier à l’église de Rome, qui prend l’essentiel de la charge des « intellectuels » contemporains et reconnus par les médias comme tels .

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