L’Anses : une agence aux pouvoirs… virtuels

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Moins d’une semaine après la demande d’évaluation de la part du gouvernement des ministres sur l’utilisation du métam-sodium, l’agence de sécurité sanitaire française rendait son verdict : retrait de l’utilisation. On peut légitimement se poser la question de la manière dont l’agence a pris sa décision par exemple à partir des analyses des incidents survenus en Maine et Loire. D’autre part, l’agence n’a pas pris la peine de voir les producteurs concernés et d’évaluer les solutions alternatives, en clair de faire son travail défini par la loi.

Les producteurs ont communiqué pour dénoncer cette situation mais comme pour d’autres sujets, il est évident que l’ANSES est aux ordres du gouvernement. Pourtant la loi votée en juillet 2015 (ministre de l’agriculture : Stéphane le Foll) a transféré à l’Anses la prise de décision sur les autorisations d’utilisation des phytosanitaires (AMM). En bref,  c’est comme pour le glyphosate. L’indépendance de l’ANSES est devenue depuis l’élection de Macron une réalité virtuelle. Bientôt on se mettre à regretter Stéphane le Foll ? Car lui au moins lors de l’interdiction de l’usage du Diméthoate sur la cerise avait accompagné sa décision (qui était légale car il s’agissait d’une dérogation) d’une clause de sauvegarde vis-à-vis des importations. Pour la mâche, rien de tout cela ! Hé oui c’est le nouveau monde de Macron.

 

 

15 commentaires sur “L’Anses : une agence aux pouvoirs… virtuels

  1. Il est de bon ton, en ce moment, de faire du Macron-bashing et, à mon humble avis, il y a bien des sujets pour lesquels c’est amplement mérité.

    Mais je ne suis pas sûr que c’était mieux avant.

    1. En effet, sur le regret de S. Le Foll, j’ai bien compris l’humour, mais il faut rappeler que grâce à lui, les inspections en sécurité des aliments sont passées de plus de 86 239 en 2012 à 54 000 en 2017 !
      Pour le reste, je ne vois rien dans le projet de budget 2019 du ministère de l’agriculture, quoi que soit qui fera évoluer la situation.

  2. Je tiens à souligner deux choses :
    – Le métam-sodium est interdit dans l’union Européenne depuis plus de 8 ans (en 2010). Mais que malgré sa toxicité reconnue (par inhalation DL 50 chez le rat de 2,54 mg/l d’air, par ingestion 896 mg/kg) et la difficulté d’emploi, près de 15 pays ont donné des dérogations.
    – Le principal produit de décomposition est un isocyanate (de méthyle)… encore plus toxique (DL50 chez le rat par ingestion 72 mg/kg)…
    C’est un produit qui aurait du être retiré depuis longtemps, et dont les agriculteurs auraient du faire pression sur l’INRA ou le Ministère pour trouver une alternative.
    Je suis, et tout le monde le sait sur ce site, largement contre l’écologisme. Mais cela ne veut pas dire que l’on puisse autoriser des produits qui présentent une réelle toxicité (surtout par inhalation) être utilisés n’importe comment !!!

    1. C’était surement le ou un des produits le plus a risque utilisé dans l’agriculture!
      Un constat quand même Daniel, quand il était utilisé comme il le devait au niveau de son application (arrosage avant et après application respect des DER…) il n’y avait pas d’e pb accident, et avec le résultats en protections des cultures de mâches (par exemple) et des résidus très rapidement métabolisé et donc complètement neutralisé, on va avoir du mal a le remplacer réellement!
      Là on a deux « idiots pénibles de producteurs » qui n’ont tous simplement pas respecter les règles/lois ! Fait Rare, (on le saurait sinon avec les ….) mais les lois du hasard nous mettent deux cas en même temps sur la même campagne.
      On est forcement quand même sur « la ligne limite » du choix a faire entre avantage/inconvénient , bénéfices /risques , pour l’homme!
      Mais alors : Que penser du phosphine, PH3 ??

  3. L’agence est virtuelle ou les pouvoirs sont virtuels…
    La pression escrologiste monte jusqu’à devenir intolérable. Quand on sait que Macron/Philippe sont ignares que les questions agricoles et environnementales et qu’ils sont conseillés par une activiste de WWF, on doit s’attendre à tout.
    Concernant le Macron-bashing, il est justifié par le fait que les attitudes -notamment la prétention « c’est moi ou les populistes »- nous préparent à de l’écologisme des héritiers de Philippe Pétain pour qui « la Terre ne ment jamais » ou à la Méluche et ça fait froid dans le dos.

  4. Merci à Daniel, sur l’aspect technique et à Seppi sur un plan plus politique de remettre les pendules à l’heure.
    Si ce site veut rester crédible, il ne faut pas se laisser aller à un anti-macronisme primaire ou autres posture de ce genre qui n’ont rien à voir avec les faits.

    Le Metam sodium est un produit dangereux et l’ANSES le sait. Ceci explique le court délai pris pour établir son verdict qui est logique.

    Puisse t-elle être aussi efficace et claire dans son jugement à propos du glyphosate pour éviter son retrait !

  5. la France est toujours décalée dans ce qu’il faut faire car ce n’est pas la raison qui guide mais l’idéologie. La France a été le ( ou un des ) dernier pays à interdire l’arsenic, le lindane, le dinoterbe etc… et par ailleurs elle est la première à vouloir interdire des molécules qui ne posent pas de problèmes majeurs ( glyphosate, néonic etc…) . Lorsqu’elle interdit un produit soi-disant inacceptable ( ex des néonic en mais) elle s’empresse de donner une dérogation à une molécule bien pire et sans dossier tox/écotox (chlormephos ) .Les ministres sont dans la comm et non dans la volonté de défendre nos atouts agricoles. La France est la reine pour prendre des mesures contre productives ( et pas seulement pour les impôts!)

  6. Domino .
    Christiane Lambert a été explicite, dans un article du courrier de l’ouest concernant le métham sodium « Il semble qu’il y ait eu des manquements que je ne peux pas cautionner » . Par contre dans cette affaire le gouvernement s’empresse de prendre et suivre l’avis de l’anses mais dans le cas du glyphosate on s’est bien gardé de faire référence à l’avis de l’anses.Deux poids deux mesures me semble t’,il?

    1. « Il semble qu’il y ait eu des manquements que je ne peux pas cautionner ».
      Il y a clairement deux producteurs qui n’ont pas respecter les lois et règles de bases pour tout agriculteurs/producteurs et qui eux ne sont pas « défendables /excusables ».
      Par « petite » provocation une question : Quand un chauffeur de car scolaire ne respecte pas le code de la route et crée un accident dramatique, on interdit la semaine suivante tous les transports scolaires pour sauver nos enfants ??

    2. Non, pas deux -poids deux mesures, mais bien une ligne directrice claire : interdire les phyto !!!
      Si l’Anses dit : « tel phyto est dangereux il faut l’interdire. » Alors le gouvernement interdira !
      mais si l’Anses dit : « tel phyto n’est pas dangereux », il n’est pas besoin de l’interdire ». Alors le gouvernement mettra en avant les « études » des écolos… et interdira !!!

      Au final, je me demande jusqu’à quel point tout ceci n’est pas tout simplement une question de taxe et de finance : si l’état arrive à faire consommer plus de Bio, et comme le Bio est bien plus cher, alors l’état empochera bien plus de TVA !!!!

      Une étude récente montre que la consommation de carburants à baisser depuis 10 ans en France. Et que les montants récoltés de TICPE ont baissé de 17% sur la même période. Or les hausses récentes ont atteint les 22%, ce qui comble largement la baisse !!! La hausse a donc pour objectif de compenser la baisse de la consommation !!!

      1. sauf que la France n’est pas capable de produire tout bio car nous sommes en pays tempéré ( maladies….) et que les frais fixes ( matériel, charges, taxes, impôts) par hectare sont énormes et qu’il faut donc des rendements très élevés pour absorber ces coûts fixes. Sans compter qu’il n’y aurait pas assez de fumier disponible.
        Le développement du bio ne ferait qu’appauvrir les citoyens car l’argent consacré à l’alimentation plus chère ne serait plus disponible pour d’autres achats, ce qui provoquerait du chômage dans d’autres secteurs. Le bio n’est envisageable que dans des pays à grande surface, coûts fixes faibles,. Le développement du bio ne peut être que négatif pour le pays.

      2. C’est l’ANSES qui est — en principe — le grand ordonnateur en matière d’homologation ou de non-homologation des produits formulés, des matières fertilisantes et supports de culture, et adjuvants, depuis la loi d’avenir pour l’agriculture, l’alimentation et la forêt, adoptée le 13 octobre 2014 (je titille ;sous qui déjà ?).

        Dans la pratique, c’est malheureusement plus compliqué. Il y a les pressions politiques et médiatiques. Et quand on est haut fonctionnaire avec des ambitions de carrière, il vaut mieux être en bon terme avec les autorités de tutelle, en France…

        Roger Genet me semble plus rigide que son prédécesseur Marc Mortureux — passé directeur général de la prévention des risques (DGPR) au ministère de la Transition écologique et solidaire (MTES) fin décembre 2015 . Il a cependant quitté son poste le 1er mars 2018, plutôt précipitamment — « sur sa demande », précise le Journal officiel — pour prendre la direction générale de la Plate-forme de la filière automobile (PFA), une organisation au statut d’association, présidée par l’ex-ministre (Les Républicains) Luc Chatel et qui fédère, via d’autres organisations (CCFA, FIEV, fédérations de métiers…), les 4 000 entreprises du secteur (voir le site Internet de la PFA).

        Roger Genet s’est fait assassiner médiatiquement par Fabrice Nicolino et l’altermonde écolo pour avoir osé dire qu’il n’y avait aucun motif sérieux d’interdire le glyphosate…

        Le dispositif réglementaire ne peut fonctionner correctement que si le gouvernement — et l’Assemblée nationale — respectent la répartition des compétences, qu’ils défendent l’autorité et l’indépendance de l’ANSES quand elle est mise en cause de manière injuste, et que la hiérarchie des institutions comme l’ANSES ne soit pas susceptible de participer, dans un sens ou dans l’autre, au jeu des « portes tournantes ».

        1. Vous confirmez ce que j’ai écrit : quelque soit l’avis de l’ANSES, le gouvernement fera comme il veut, selon sa propre idéologie et ou la pression médiatique manipuler par les écolo.
          Vous ne verrez pas, surtout en France, un « élu » prendre une vraie décision basée sur des données scientifiques étayées !!!
          Les fadaises sur l’augmentation de la TICPE, sur la baisse de la vitesse (qui a déjà fait plus de mort), sur l’impôt à la source, etc etc etc en sont des exemples frappants !!!

        2. Je ne dirais pas que Roger Genet semble « plus rigide » que MM. Il est bien plus courageux que MM qui n’aurait jamais pris une telle position sur le glyphosate tellement sa direction de l’ANSES était politique.
          Au final oui l’ANSES donne des avis négatifs pris en compte immédiatement par contre les avis positifs, le gouvernement s’en fiche et fait sa politique…

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