Le tabou de la main d’œuvre gratuite en milieu écolo

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Yann Kindo, enseignant en histoire-géographie et rédacteur du blog « La faucille et le labo », dénonce dans La France Agricole du 18 mai le recours massif au travail gratuit pour faire fonctionner les fermes agroécologiques, notamment celles en permaculture, « un point constamment passé sous silence ».

Les méchants capitalistes ont en rêvé, Pierre Rabhi l’a fait
Il commence par « le gourou médiatique Pierre Rabhi et sa ferme expérimentale de ‘Terre et Humanisme' » : l’Association pour l’information scientifique 07 l’a visitée et a pu constater que ses « piteux résultats agronomiques ne l’étaient que sur la base de l’utilisation massive de travail gratuit et de dons divers et variés ». La ferme aurait ainsi bénéficié de 9 000 heures bénévolat cette année-là. Et notre enseignant, d’ironiser de la sorte : « On comprend mieux l’admiration de Laurence Parisot, ex-présidente du Medef, pour Pierre Rabhi, d’autant plus que chez lui une main d’oeuvre ‘hypnotisée’ paie parfois de sa poche pour venir travailler dans le cadre de stages ». Se passer du glyphosate n’est plus un problème, dès lors que la main d’oeuvre qui arrache les mauvaises herbes à la main n’est pas rémunérée…

Bosser gratuitement… pour le 3e ministre le plus riche du gouvernement !
« Wwoofing » : Le terme est fun et veut dire que l’on travaille en échange du gîte et du couvert. Comme au bon vieux temps des cerfs. Et parfois, le seigneur s’appelle Françoise Nyssen, actuel ministre de la Culture (4,6 millions d’euros de patrimoine déclaré). En effet, son « joujou écologique », le projet agroécologique « Domaine du Possible » a publié en août 2017 l’annonce suivante : « Nous recherchons trois bénévoles pour la partie exploitation maraîchère biologique (…) Il s’agit de contribuer à des travaux de mise en place de cultures maraîchères bio, à l’entretien de celles-ci, à leurs récoltes , et au conditionnement. » En clair, « vous ferez tout le boulot mais vous ne serez pas payés ». Gonflé, le ministre !

Huit heures de travail par jour non rémunérées, « une excellente opportunité pour apprendre »
Yann Kindo raconte aussi l’exemple de Victor* qui a répondu à une offre d’emploi proposée par une ferme écolo de Saône-et-Loire. « Le poste est non rémunéré (…) mais c’est une excellente opportunité pour apprendre » l’informe-t-on ultérieurement (cela n’était pas précisé dans la petite annonce…). La charge de travail ? « Huit heures par jour »… en échange (si l’on peut dire !) de « produits bios issus du jardin » et de la possibilité de dormir « sous tente et caravane à l’intérieur des bâtiments ».

Demander une rémunération pour le travail agricole, « (donner) une mauvaise énergie aux plantes »
Le recruteur dira « avoir oublié » d’annoncer que c’était du bénévolat, mais rassurez-vous : « On n’oblige personne à avoir la même passion de l’écologie et on ne veut surtout pas être en compagnie de personnes qui se sentent forcée, qui se sentent esclaves. Cela donnerait une mauvaise énergie aux plantes. (sic) »

*Le prénom a été changé.

9 commentaires sur “Le tabou de la main d’œuvre gratuite en milieu écolo

  1. Tout ceci est possible car en France il est possible d’avoir des revenus de la  » solidarité  » ( en fait issus d’un vol légalisé de ceux qui produisent des richesses) : les assistés et parasites peuvent donc essayer de trouver un sens à leur existence misérable en étant  » bénévoles » . En fait les  » bénévoles  » sont payés indirectement ( logements sociaux, frais de santé, RSA , bons variés etc..) par ceux qui, eux, sont utiles à la société . Un peu de patience et tout ceci va s’écrouler ( la France= 1% des habitants sur terre et 15% des transferts sociaux ) : le bio sera alors bien vite oublié, même chez les bobos car ils se feront plumés.

      1. Pour moi, ce qui est  » abject » est de ponctionner 70% des richesses produites par les gens courageux et talentueux pour les distribuer à des millions de gens inutiles ( comme dirait Macron) qui en profitent. Les gens performants fuient le pays par million et ils sont remplacés par des gens qui veulent profiter du système. Ceci est dangereux et risque de créer une guerre civile et une misère généralisée. A chacun de trouver abject ce qu’il souhaite mais un conseil: vous pouvez trouver abject ce que je dis mais ce n’est pas une raison pour dire que je suis abject.

    1. Visor
      Vous ne devez pas en connaître beaucoup des bénévoles et vous vous permettez de critiquer, de leur donner une image de profiteurs, honteux. Beaucoup de citoyens donnent de leur temps après leur boulot, le week end ou sur leurs vacances, des retraités aussi. Les bénévoles sont partout dans les associations sportives, dans certains cinémas de petites communes, dans les spectacles et autres avec les secouristes de la Croix Rouge, les bénévoles dans les hôpitaux pour divertir les malades ou les accompagner vers la mort, d’autres vont ramasser des déchets dans la nature, gérer un site internet ou les comptes d’une association, donner des cours gratuitement à des enfants en difficultés, etc, etc.
      Les bénévoles dans des fermes bio y vont pour apprendre, voir ce que c’est…. le but de wwoof est la transmission des savoirs faire agricoles bio. Travailler 8 heures par jour n’est pas correct mais l’abus existe partout, c’est aux participants de dirent « stop ».

      1. Je vous prie de bien vouloir m’excuser de m’être mal fait comprendre. En aucun cas je ne fait l’amalgame et vous citez d’ailleurs de nombreux cas qui sont positifs ( hôpitaux …) et pour info j’en connais! Mais il me semble qu’il faille faire une différence entre les actes de pure charité et les types d’actions cités dans l’article qui relèvent de l’escroquerie. Par ailleurs, être bénévole d’un côté ( faire quelque chose ‘ »gratuitement »pour des personnes ) tout en profitant du vol (organisé et légalisé par l’état ) d’autres personnes n’est pas nécessairement glorieux. Il y a aussi des bénévoles idéologues qui ont des objectifs de destruction de ceux qui ne pensent pas comme eux: est- ce bien ? . Il y a aussi des bénévoles qui aident des personnes à faire des choses illégales en France. Il y a donc bénévoles et bénévoles! Pas d’angélisme.

  2. Comment peut on laisser paraître des propos aussi obscenes et injurieux…? ???

  3. Même système que dans le showbiz où des stagiaires bossent souvent pour rien , sauf qu’ils peuvent cotoyer leurs idôles.
    J’ai quelques exemples précis dont un, où un stagiaire avait eu l’audace de quémander un minimum, il (le stagiaire) s’est vu répondre qu’il avait déjà l’immense privilège de travailler avec lui(*), par conséquent…
    (*) C’est un producteur de musique ayant pignon sur rue dans les milieux dits alternatifs.

  4. Oui c’est vrai, Visor est vraiment abject avec son darwinisme social.

  5. Autre exemple de recours à la main d’oeuvre gratuite la ferme d’avenir au château de la bourdaisiere à Montlouis sur Loire 37. Des stagiaires qui paient la formation des bénévoles font le travail. Mais la ferme produit très peu : Au mieux 27 0000 euros pour 4 équivalent temps plein. Un fiasco.

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