Quand Libération fait de la pub pour un perturbateur endocrinien

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Souvenez-vous il y a quelques semaines, l’enseigne de jardinerie Botanic annonçait le retrait « des pesticides chimiques en animalerie », une annonce saluée aussitôt par « Générations Futures » par un « communiqué » et un tweet enthousiaste. Considérant sans doute que son annonce n’a pas eu l’effet escompté, Botanic est allée chercher Coralie Schaub de Libération pour faire de la pub gratuite (cela s’appelle des « relations presse »). Et notre journaliste s’est exécutée en écrivant un beau papier sous forme de révélation « Alerte sur les antipuces bourrés d’insecticides neurotoxiques » : figurez-vous que Médor et Minou sont …contaminés aux pesticides, horreur ! Peu importe que cette info soit connue de tous, au moins des lecteurs d’Alerte-environnement qui n’a jamais caché l’emploi des pesticides en santé animale. Si Coralie Schaub a fait cette découverte,  c’est bien la preuve de son incompétence.

Mais le pire est à venir, nous citons pour ça le commentaire d’Alzine (en espérant qu’il n’y voir pas d’inconvénient…) : Les solutions que propose cette charmante journaliste qui est tombée sur une info bien éventée sont à se tordre de rire : extraits de margosa (ou neem) et de pyrèthre, poudre de diatomée et huiles essentielles… Ouaf ouaf, non seulement cela ne marche pas ou mal mais c’est infiniment plus dangereux que les insecticides de synthèse. Les pyréthrines ( ici nommées extraits de pyrèthres) ont été historiquement utilisées mais avec plus d’effets secondaires sur l’Homme et infiniment moins d’efficacité, la structure chimique de base est très proche des pyréthrinoïdes dont la fameuse perméthrine, base de la lutte antivectorielle, qui fonctionne en répulsif sans effet cide y compris sur les moustiques résistants à cette famille d’insecticides. L’huile de neem dont le composant le plus efficace est l’azadirachtine est un perturbateur endocrinien puissant très mal évalué mais très à la mode parce qu’indien, comme le Yoga et le Boudhisme, cependant plus dangereux que le yoga et le Boudhisme.

[..]Pour la poudre de diatomée, problème, cela ne marche que si [elle est] riche en silice cristalline qui est à l’origine de l’efficacité sur les insectes, efficacité très modérée Or la silice cristalline est un cancérigène classé 1 par le CIRC, sans aucune discussion dans son cas contrairement au glyphosate. Ouaf, ouaf, elle doit revoir sa copie la journaliste Coralie Schaub .

 

 

 

15 commentaires sur “Quand Libération fait de la pub pour un perturbateur endocrinien

  1. Alpine est-il certain que son petit producteur bio local n’utilise pas les substances qu’il dénonce régulièrement : huile de nem, pyrèthre, bouillie bordelaise, etc…autorisées en bio ?

      1. dan

        Alpine est-il certain

        Plutôt Alzine, mon ordi a fait un bug .

        >>>> Vous devez avoir des gros doigts pour obtenir un « p » quand vous tapez sur le « z »…
        C’est pour rire!
        Bon je sors……

        1. C’est à cause de l’écriture intuitive en place et qui substitue un autre mot à celui que j’ai écrit.

  2. Coralie Schaub

    >>>> Journaleuse multicarte et opportuniste!!

    Quelles sont ses qualifications après n’être passée que par Science Po et l’école de journalisme?
    Encore une preuve que la carte de presse donne le droit de pérorer à perte de vue et de façon péremptoire sur n’importe quel sujet

  3. Le problème, c’est que ces informations, qui devraient faire réfléchir au moins certains adeptes du « rien que du naturel » ne sont pas diffusées.
    Et puis, je constate aussi tous les jours que si on essaye de les développer, y compris devant des personnes diplômées de l’enseignement supérieur, on se fait traiter de sale chimiste, et nos interlocuteurs ne bougent pas d’un millimètre dans leurs convictions. C’est vraiment désespérant…

  4. Pour utiliser le produit bio à base d’huile de neem neemazal, voila ce que l’ANSES impose à l’opérateur pour protéger sa santé, très loin de l’utilisation libre sur les chiens ou des préparations à appliquer sur sa peau, considérer que c’est minimaliste, car c’est un produit bio, la mention « dangereux pour les abeilles  » n’est pas portée, on se contente d’un « ne traiter pas pendant la floraison », l’ANSES n’est pas très objective avec les substances demandées par la filière bio qui est privilégiée, mais l’ANSES se couvre quand même vis à vis du risque pour la santé:
    https://ephy.anses.fr/ppp/neemazal-ts
    Pour protéger l’opérateur porter :
    – Pendant le mélange/chargement
    – Combinaison de travail dédiée (cotte en coton/polyester 35%/65% – grammage d’au moins 230 g/m²) avec traitement déperlant ;
    – Gants certifiés pour la protection chimique selon la norme de référence En 374-3 de type nitrile ;
    – Vêtement imperméable (tablier ou blouse à manches longues certifiés catégorie III type 3 (PB3). Le vêtement de travail et le tablier ayant fait l’objet d’une contamination devront être lavés avant réutilisation ;
    – Bottes de protection conformes à la réglementation et selon la norme EN 13 832-3 ;
    – Lunettes de sécurité conformes à la réglementation et selon la norme EN 166.
    – Pendant l’application
    Si application avec tracteur sans cabine :
    – Combinaison de protection de catégorie III type 4 avec capuche ;
    – Gants en nitrile EN 374-2 à usage unique pendant l’application et dans le cas d’une intervention sur le matériel pendant la phase de pulvérisation ;
    – Bottes de protection conformes à la réglementation et selon la norme EN 13 832-3.
    Si application avec tracteur avec cabine :
    – Combinaison de travail dédiée (cotte en coton/polyester 35%/65% – grammage d’au moins 230 g/m²) avec traitement déperlant ;
    – Gants certifiés pour la protection chimique selon la norme de référence EN 374-2 de type nitrile à usage unique dans le cadre d’une intervention sur le matériel pendant la phase de pulvérisation. Dans ce cas, il convient de noter que les gants ne doivent être portés qu’à l’extérieur de la cabine et stockés après l’utilisation à l’extérieur de la cabine ;
    – Bottes de protection conformes à la réglementation et selon la norme EN 13 832-3.
    – Pendant le nettoyage du matériel de pulvérisation
    – Combinaison de travail dédiée (cotte en coton/polyester 35%/65% – grammage d’au moins 230 g/m²) avec traitement déperlant ;
    – Gants certifiés pour la protection chimique selon la norme de référence EN 374-3 de type nitrile ;
    – Vêtement imperméable (tablier ou blouse à manches longues certifiés catégorie III type 3 (PB3) ;
    – Bottes de protection conformes à la réglementation et selon la norme EN 13 832-3 ;
    – Lunettes de sécurité conformes à la réglementation et selon la norme EN 166.

    – Pour protéger le travailleur s’il doit intervenir sur une parcelle traitée, porter une combinaison de travail tissée en polyester 65 %/coton 35 % avec un grammage de 230 g/m² ou plus avec traitement déperlant.

    pas de traitement pendant la floraison.

  5. Pour le Decis protech, produit de synthèse paradoxalement moins dangereux pour les abeilles car répulsif, voilà ce que propose l’ANSES, bien plus contraignant que pour le Neemazal:
    https://ephy.anses.fr/ppp/decis-protech
    – Dangereux pour les abeilles.
    – Pour protéger les abeilles et autres insectes pollinisateurs, ne pas appliquer durant la floraison.
    – Ne pas utiliser en présence d’abeilles. Ne pas appliquer lorsque des adventices en fleurs sont présentes.
    – Enlever les adventices avant leur floraison.

    Il y a bien deux poids deux mesures suivant que le produit et naturel ou pas et indépendamment des risques et dangers propres à la substance. Une sous évaluation du risque apparait clairement pour les produits naturels et un excès de précaution pour les produits de synthèse.

    1. Oui, et d’un autre côté, l »ANSES ne dit rien sur la synergie deltaméthrine- triazoles au niveau de la toxicité pour les abeilles et cela fait 30 ans que ceci est connu. Les autorités ont monté des usines à gaz pour réglementer les mélanges mais rien de concret pour un des seuls cas identifiés de synergie ( pyrèthres-triazoles).

      1. Oui, à cette époque j’étais partisan avec quelques autres la mise en œuvre d’une liste négative interdisant « les » mélanges à problèmes, plutôt que l’usine à gaz actuelle, mais déjà les bataillons du Mre de l’environnement ferraillaient dur pour imposer des réglementations stupides.
        C’est aussi à cette époque (début des années 70) que j’ai pu constater la « démission » des agriculteurs, de l’industrie (qui ne voulait pas se mouiller) devant ce qui allait devenir l’omerta sur la lutte chimique dans le domaine de la protection des plantes

      2. Réglementation que tous les agriculteurs doivent connaitre si ils ont passés leurs « certiphyto ».
        Mélanges interdits:
         » pyréthrinoïde + triazole ou imidazole (Pcz) en période de production d’exsudats (délais de 24h obligatoire entre les deux et passage du pyréthrinoïde en premier)
        La règle donnée esur le terrain est de ne pas cherché a savoir si il y a a production d’exsudats, et de ne jamais mélanger un insecticides avec un fongicide pour la simple raison que les pyréthrinoïde représent la grande majorité de la gamme d’insecticide utilisé et que les triazoles représentent la majorité des fongicides aussi.

  6. @ Visor,

    Les triazoles potentialisent différents insecticides, dont le tau fluvalinate qui peut devenir dangereux pour les abeilles lorsque mélangé aux triazoles, idem pour des néonicotinoides peu toxiques.
    Les autres fongicides ne sont pas en cause et parmi les triazoles il y a aussi des réducteur de la croissance des plantes pas seulement des fongicides.

    Cet effet des triazoles sur les abeilles n’est pas propre aux abeilles, idem sur l’homme lorsqu’un médicament de la famille des triazoles ( certains utilisés en ingestion dans les années 90) est ingéré, augmentation de l’effet des autres médicaments qui peuvent devenir mortels car surdoses .
    Les triazoles ne sont pas seul concernés, le jus de pamplemousse a le même effet avec les furanocoumarines qu’il contient.
    Il y a eu beaucoup d’accidents dont certains mortel à cause de cet effet du jus de pamplemousse ou de l’ingestion de triazoles comme médicaments, accidents mortels chez l’Homme s’entend.

    La presse est assez discrète sur le sujet.

    Il y a eu aussi un questionnement (plus qu’un questionnement des tests aussi) sur l’effet des pilules contraceptives, plus actives si produit associé qui bloque la métabolisation mais étudié avec le seul jus de pamplemousse .

    1. Je dirais que le Tau fluvalinate est , de loin, le moins concerné compte tenu de la très faible toxicité sur abeilles de cette molécule ( n’oublions pas qu’elle a été utilisée en apiculture contre le varroa , sous le nom d’Apistan). En mélange avec des triazoles la toxicité est augmentée mais reste acceptable. Avec d’autres pyrethrinoides nettement plus toxiques sur abeilles , en mélange avec des triazoles le seuil est vite atteint . Effectivement,le mécanisme concerne aussi les humains ( via cytochrome p450).Pour le jus de pamplemousse je crois que cela peut jouer dans les deux sens ( plus d’activité du médicament ou au contraire désactivation).

  7. désactivation pas avec le jus de pamplemousse mais avec les extrait de millepertuis utilisés en phytothérapie. http://ansm.sante.fr/S-informer/Communiques-Communiques-Points-presse/Risques-lies-a-l-utilisation-du-millepertuis

    Le millepertuis n’est pas inhibiteur mais inducteur de l’activité des CYP450 donc ces cytochromes dégradent le médicament prématurément et rendent le traitement moins efficace.
    Certaines jeunes femmes sous pilule se sont retrouvées enceintes à cause d’une prise de millepertuis qui a dégradé l’efficacité de la protection hormonale, mais le pb se pose avec un grand nombre de principes actifs.
    Le cas de surdosage existe si l’on arrête la prise de millepertuis avec fort ralentissement de la dégradation donc surdosage momentané mais il est plus systématique avec le jus de pamplemousse.

    Lorsqu’il est question d’interaction entre toxiques, millepertuis et pamplemousse arrivent en tête des effets de potentialisation pourtant bien naturels l’un et l’autre et capables de potentialiser des toxiques naturels comme les alcaloides de l’ergot du seigle par exemple…. donc ceux présents dans les plantes comme les alcaloides tropaniques du datura.

    Galette de sarrasin arrosée de jus de pamplemousse, cela doit faire baoum , badabaoum !!! pas que des yeux exorbités mais bien plus grave, un shoot atropinique maxidose qui peut être mortel. Pourtant la galette de sarrasin était bio comme le jus de pamplemousse, boum quand même!

    Si c’est du gingembre à la place du sarrasin ( sarrasin matiné au datura comme souvent) cela fait plutôt bunga bunga ! expression très à la mode chez les premiers ministres en Italie et les joueurs de foot en France, comme le cocktail pamplemousse + gingembre.

    1. Anonyme 12/04/2018 | 6:02

      >>>> Bravo et merci!! Quelqu’un qui parle de ce qu’il/elle connaît manifestement!

      Les guignols prétentieux experts autoproclamés du genre veillerette, rivasi et tutti quanti qui pérorent ad nauseam sur « l’effet cocktail » ne savent pas ce sur quoi ils/elles « perroquettent »: il y a des synergies, des antagonismes et des effets neutres!
      La toxico pour les nuls….

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