Libé VS les végans

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Enfin, Libé prend le problème à bras le corps et l’affirme haut et fort, « les végans ont tout faux ». Le papier est signé Paul Ariès, politologue, Frédéric Denhez, journaliste, chroniqueur (« CO2 mon amour » sur France Inter) et Jocelyne Porcher, sociologue, directrice de recherches à l’Inra. Ces personnalités rappellent que « manger de la viande a toujours fait partie de l’histoire humaine », qu’il s’agit d' »un moment essentiel de partage » et s’inquiètent de la menace que constitue le véganisme pour « notre mode de vie », « l’agriculture », « nos relations aux animaux » et même les « courants végétariens traditionnels ». Ils s’attaquent aux affirmations suivantes : « Les végans vont sauver les animaux », « Le véganisme va nous sauver de la famine », « Le véganisme va sauver l’agriculture », « Le véganisme va sauver notre alimentation », « Le véganisme sauvera notre santé », « Le véganisme va sauver l’écologie », « Le véganisme est une position politique émancipatrice » et tentent de les réfuter à grand renfort d’arguments… écolos, avant de conclure qu' »en vérité, le véganisme ne va pas nous sauver ». En effet,

Il participe à la rupture programmée de nos liens avec les animaux domestiques. Il menace de nous condamner à la disette en nous ramenant à l’agriculture prédatrice des temps anciens. Il menace de ruiner les pratiques alternatives, comme le bio, en annihilant la polyculture-élevage qui est son fondement. Il menace de nous condamner à dépendre d’une alimentation industrielle 4.0. Il menace d’uniformiser nos paysages. Il menace paradoxalement de nous faire perdre notre humanité incarnée et notre animalité en nous coupant des réalités naturelles par des zoos virtuels, des paysages transformés en sanctuaires, avec des chiens et chats remplacés par des robots. Le véganisme est l’allié objectif d’une menace plus grande encore. Car, après tout, la meilleure façon de ne plus abîmer la nature est de s’en couper totalement. De s’enfermer dans des villes, alimentées par des flux de molécules et des flux de données. Plus de sale, plus de propre, que de l’esprit sain tourné vers une morale ultime, l’amélioration de l’homme par son isolement total de la nature que l’on ne peut maîtriser et qui nous renvoie sans cesse à notre animalité. Oui, véganisme rime avec transhumanisme.

Le fond reste anti-progrès scientifique et politiquement très orienté mais saluons tout de même cette courageuse tribune qui a immédiatement fait réagir l’antispéciste militant Aymeric Caron et tout ce que la toile compte d’excités anti-viande. Le journaliste Pierre Carrey écrit dans Libé de ce matin :

Chaud patate ! (…) Dimanche et lundi, le site internet de Libération a failli exploser après la publication d’une tribune de deux pages intitulée « Pourquoi les végans ont tout faux » (…).

Libé est de gauche, ses lecteurs aussi. C’est pourquoi, Carrey relève « l’angle d’attaque peu banal de la part des anti-anti-spécistes » : « Les théoriciens et militants végans ne sont pas des révolutionnaires, ils sont, au contraire, clairement les idiots utiles du capitalisme ». Et rappelle malicieusement que

Malgré tout, les « no-steak » sont souvent contraints de s’alimenter auprès de magasins du grand capital. Voire de grandes marques qui leur font du tofu aux petits oignons.

23 commentaires sur “Libé VS les végans

    1. @ seppi : si vous voulez multipliez vos accès à Libé sans payer, c’est très simple…Quand vous avez épuisé vos accès gratuit avec votre navigateur habituel, par exemple Mozilla, vous passez à Chrome, puis Edge. Ca vous fait 12 accès gratuits au lieu de 4. Et au bout de quelques jours, vous avez à nouveau les 4 accès sur le premier navigateur

      1. Merci pour votre combine ! Elle pourra toujours être mise en pratique par tous ceux qui en verront une utilité.
        Ce titre n’étant pas ma tasse de thé (même si réputée « bio » 🙄 ), j’aurais plutôt tendance à m’inspirer de P. Desproges – en le paraphrasant puisque, en l’occurrence, il nommait le journal « Minute » (format imprimé à l’époque) –, pour justifier mon abstention de la lecture régulière de ses pages :
        [sarc on] Il est plus économique de lire [Libé] que Sartre. Pour le prix d’un journal, on a à la fois la nausées et les mains sales. [sarc off] 😆

      2. Pour passez outre le nombre d’articles, sur libé ou autres, suffit de supprimer les cookies… on peut aussi,sur Firefox, lire l’article en navigation privée.

      3. Le plus simple est d effacer les cookies .ils enregistrent les visites des sites.

    2. L’auteur et militant Aymeric Caron répond pied à pied aux auteurs de la tribune publiée lundi dans «Libé».

      Vous avez fait fort. Réunir en si peu de lignes tous les clichés, mensonges et archaïsmes véhiculés depuis des années contre les végans par les lobbys pro-viande est un exploit qui mérite d’être salué. Le véganisme apparaît dans votre tribune comme «un monde terrifiant»,«dangereux», qui «menace de nous faire perdre notre humanité» et nous «condamne à la disette». Et nous, les végans, serions «les idiots utiles du capitalisme», accusation pour le moins étrange puisque la philosophie du véganisme est contraire à la logique néolibérale qui repose à la fois sur le consumérisme et sur l’exploitation des plus faibles. Pour atténuer vos angoisses, sachez d’abord que le véganisme ne provoquera pas de famine. Au contraire. Il faut actuellement entre trois et treize calories végétales pour produire une seule calorie animale. Aujourd’hui, plus des trois quarts des terres agricoles de la planète sont consacrés au bétail, que ce soit pour leur nourriture ou pour le pâturage. Alors que la population mondiale a doublé ces quarante dernières années, l’alimentation végétale apparaît comme le seul moyen raisonnable de nourrir l’humanité. Faut-il par ailleurs rappeler les dégâts environnementaux causés par les élevages – pollution des sols, production de gaz à effets de serre, destruction des forêts ? A l’heure de la lutte contre le réchauffement climatique, la fin de la viande apparaît comme une nécessité participant à la survie de l’espèce humaine, et non à sa destruction.

      Vous vous inquiétez également de l’apparition prochaine de viandes artificielles à base de «cellules musculaires de poulet, de bœuf ou de porc», bourrées d’antibiotiques et d’hormones, preuve selon vous de la collusion entre végans, Gafa et fonds d’investissement. Je ne comprends pas ce que viennent faire les antibiotiques dans cette histoire mais rassurez-vous, nous n’en sommes pas là, et je doute que les produits que vous décrivez, s’ils voient le jour, connaissent un grand succès parmi les végans qui s’en passent très bien aujourd’hui. Contrairement à vos affirmations, nous ne mangeons d’ailleurs pas plus de produits transformés que les autres, au contraire. Nous trouvons tous les nutriments dont nous avons besoin, notamment les protéines, dans les légumineuses, les légumes verts, les céréales et les fruits. Et nous nous portons très bien, merci pour nous ! «Quelle est la responsabilité des légumes dans la bonne santé des végétariens ?» demandez-vous. On la connaît pourtant, preuves scientifiques à l’appui, tout comme on connaît la responsabilité de la viande dans certains cancers et maladies cardio-vasculaires. Une étude de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) nous le rappelait en 2015.

      Mais le meilleur passage de votre tribune concerne le sort des animaux d’élevage. Selon vous, ils sont heureux et reconnaissants d’être tués par nos soins. Vous en êtes sûrs, ils vous l’ont dit : «Depuis 12 000 ans, écrivez-vous, nous travaillons et vivons avec des animaux parce que nous avons des intérêts respectifs à vivre ensemble. […] Ainsi est-il probable qu’ils ne demandent pas à être « libérés ». Ils ne demandent pas à retourner à la sauvagerie. […] Ils demandent à vivre avec nous.» Il faut une sacrée mauvaise foi pour oser affirmer que les vaches, les cochons ou les poulets que nous envoyons à l’abattoir ont les mêmes «intérêts» que nous dans la relation que nous leur imposons et qu’ils se satisfont de leur sort. La grande majorité d’entre eux ont été élevés dans des conditions lamentables, sans liberté de mouvement, en ayant subi des mutilations à vif dès le plus jeune âge. Dès qu’ils sont assez gras pour satisfaire nos estomacs, ou dès qu’ils ne sont plus assez productifs, ils sont exécutés. Quelle reconnaissance pourraient-ils bien nous manifester ? Un cochon tué à 6 mois alors qu’il aurait pu vivre 15 ans doit-il vraiment nous dire merci ? Si l’on vous trucidait dans une ruelle, remercieriez-vous votre assassin ?

      Dans votre tribune, vous oubliez l’essentiel : pas un mot sur l’antispécisme, dont découle pourtant le véganisme. Si les végans ne mangent plus d’animaux, ni de produits issus de leur souffrance, c’est, pour beaucoup d’entre eux, en raison d’une cohérence éthique. Les végans posent une question très simple, que vous évitez soigneusement : pourquoi serions-nous autorisés à ôter inutilement la vie à des êtres sensibles, intelligents, sociaux, qui ne demandent qu’à poursuivre leur existence, comme chacun d’entre nous ? Epargner des innocents et en prendre soin ne peut nuire à notre humanité. Bien au contraire, c’est le seul moyen de la renforcer.

      Salutations antispécistes.

      1. Ne pas vouloir tuer ou même utiliser des animaux d’élevage est une chose mais quid des animaux  » nuisibles  » ? ( rats, moustiques , puces, poux, tiques ,etc….) . Ont-ils aussi le droit de vivre et … de nous tuer? Mais alors, cela signifie que les animaux nuisibles (pour l’homme ) comptent plus que l’homme lui même. Tuer ou être tué: voici le choix que la nature nous offre.

        1. Visor

          « …..des animaux » nuisibles » ? ( rats, moustiques , puces, poux, tiques ,etc….)  »

          >>> Il n’y a pas d’animaux « nuisibles », pas plus qu’il n’y a de « mauvaises » herbes…..

      2. Le problème de Carron et tous les végans c’est qu’ils n’ont toujours pas compris ou refusent de voir la vérité en face :
        – Pour avoir l’équivalent en apport énergétique de la viande par une ration « végétale », il faut tripler notre apport alimentaire. Car notre tube digestif ne retire que 10-15 % de l’énergie des végétaux contre80-85% pour la viande !!!
        Ce qui veut dire, qu’il faut quadrupler voir quintupler la superficie agricole !!! Infaisable !!!

  1. Je ne comprends pas comment cette « tribune » effectivement inepte et nullement courageuse (elle ne tape sur les pôvres végans qui n’incarnent qu’une fraction infime de la population mais qui est très à la mode en ce moment que pour mieux disséminer une pensée réactionnaire de la variété dite « progressiste » actuellement) peut trouver des défenseurs chez alerte-environnement (mais pas seulement…).

    1. @Csc

      « … pour mieux disséminer une pensée réactionnaire de la variété dite « progressiste » actuellement) »

      >>> Tiens un dinosaure adepte du vocabulaire lambertiste!

  2. Ce qui est amusant, c’est de constater la rigueur scientifique dans les arguments.
    Ainsi Aymeric Caron nous sort de son chapeau un chiffre les 2/3 des surfaces cultivables sont utilisées pour nourrir les animaux. Source ? aucune, bien évidemment.
    Mais Gilles Fumey fait mieux, avec plus des 3/4.
    Je sens que je vais pondre une tribune où je vais annoncer que plus de 90 % des terres cultivées sont utilisées pour nourrir les animaux

    1. Mais non mon bon, c’est 100% des terres cultivées… puisque l’Homme est aussi un Animal. Oups, j’oubliais qu’il y a des cultures industrielles et énergétiques.

  3. « des robots brouteurs d’herbes produits par des prisonniers, des chômeurs ou des clochards » 😀

    Bravo les penseurs de l’anti-anti-spécisme! On dirait qu’ils ont voulu ridiculiser les vegans à n’importe quel prix, sans tenir compte du fait que ces derniers ont quand même quelques arguments valables.

  4. « […] Sans parler des « régimes alimentaires extrêmes » comme le « crudivorisme », qui proscrit toute cuisson des aliments, et le « respirianisme » affirmant que l’être humain peut se nourrir d’air et de lumière »
    http://www.sudouest.fr/2018/03/22/medecines-alternatives-bien-etre-attention-aux-derives-sectaires-4304173-4696.php
    Un constat : Quand on dépasse les bornes… il n’y a plus de limites ! 😥
    « le « respirianisme » … l’être humain peut se nourrir d’air et de lumière… »
    Et pourquoi pas, tant qu’on y est, préconiser à grande échelle le tellement bien connu « B>amoraquarisme » – qui consisterait à ne se nourrir que d’amour et d’eau fraîche ? 😆

  5. Une enquête pour « apologie du terrorisme » a été ouverte à Foix (Ariège) après la publication sur les réseaux sociaux par une militante de la cause animale d’un message injuriant à l’égard du boucher du Super U de Trèbes, tué dans les attentats islamistes de Radouane Lakdim.
    Dans la nuit de lundi à mardi, les gendarmes ariégeois ont repéré ce message qui disait: « Ben quoi, ça vous choque un assassin qui se fait tuer par un terroriste ? Pas moi, j’ai zéro compassion pour lui, il y a quand même une justice ».
    Ce message, posté trois jours après la mort à Trèbes (Aude) du boucher du Super U, Christian Medves, une des quatre victimes du jihadiste Radouane Lakdim, a entraîné des réactions virulentes. La militante vegan qui l’avait posté l’a ensuite retiré.
    La Confédération française de la boucherie, boucherie-charcuterie, traiteurs (CFBCT) a condamné d' »ignobles propos tenus sur Facebook par une militante végane sur l’assassinat de Christian Medves », et indique avoir déposé plainte mardi.

    http://c.ledauphine.com/france-monde/2018/03/28/attaques-de-l-aude-une-militante-vegan-poursuivie-pour-apologie-du-terrorisme

    Les végans, c’est de la mauvaise graine…

    1. « Les végans, c’est de la mauvaise graine »… Non pas forcement!
      Ils sont pour une grand part de vrai handicapé cérébral/mental. La preuve avec cette « histoire » ci dessus.

    2. Une militante vegan s’était réjouie de la mort du boucher du Super U de Trèbes dans les attaques de l’Aude, en parlant d’un « assassin ».
      Elle vient d’être condamnée à 7 mois de prison avec sursis pour « apologie du terrorisme ».

  6. Êtes-vous avec ou sans ?
    Médias et réseaux sociaux diffusent la mode du « sans », qui actuellement bat son plein. On a beaucoup parlé du sans huile de palme, du sans OGM, […]
    Et ce sont des excès du « sans » que nous allons parler ici.
    Actuellement, on parle du sans viande, du sans lactose, du sans gluten […]
    http://www.pseudo-sciences.org/spip.php?article2958

  7. @yann

    « Les végans, c’est de la mauvaise graine »… Non pas forcement >>>SI et c’est le moins que l’on puisse dire!!

     » Ils sont pour une grand part de vrai handicapé cérébral/mental »>>>> L’un n’empêche pas l’autre!!

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