La perle du jour : « associer mais seulement de manière corrélative et empirique »

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Dans un article publié ce matin, Stéphane Foucart du Monde nous alerte sur la disparition des oiseaux suite à la publication de deux études : la première de Vincent Bretagnolle, du Centre d’études biologiques de Chizé, dans les Deux-Sèvres (CNRS et université de La Rochelle), et la deuxième menée par le Muséum National d’Histoire Naturelle. Des études à creuser mais dont les communications médiatiques nous laissent songeurs.

Evidemment, le coupable idéal est….l’agriculture. Pour Vincent Bretagnolle, « on constate une accélération du déclin à la fin des années 2000, que l’on peut associer, mais seulement de manière corrélative et empirique, à l’augmentation du recours à certains néonicotinoïdes, en particulier sur le blé, qui correspond à un effondrement accru de populations d’insectes déjà déclinantes ». Une formule magique pour dire … « au doigt mouillé ». Faut-il rappeler qu’une corrélation n’établit pas systématiquement un lien de causalité. En en plus empirique !

Le communiqué du Muséum National d’Histoire Naturelle annonçant ces deux publications ne fait pas lui aussi dans la dentelle : « Cette disparition massive observée à différentes échelles est concomitante à l’intensification des pratiques agricoles ces 25 dernières années, plus particulièrement depuis 2008-2009. Une période qui correspond entre autres à la fin des jachères imposées par la politique agricole commune, à la flambée des cours du blé, à la reprise du sur-amendement au nitrate permettant d’avoir du blé sur-protéiné et à la généralisation des néonicotinoïdes, insecticides neurotoxiques très persistants. » Une formulation plutôt de nature militante et fort peu scientifique notamment sur  « la reprise du sur-amendement au nitrate permettant d’avoir du blé sur-proteiné » qui serait une des causes de la disparition des oiseaux.

En bref, des accusations faciles dont on sait pertinemment qu’elles ne recevront pas de réponses des principaux concernés, surtout dans le Monde.

12 commentaires sur “La perle du jour : « associer mais seulement de manière corrélative et empirique »

  1. L’azote est stable depuis les années 80 en France ramené à l’ha fertilisable.
    Sachant que les rendements par ha ont augmenté, la tendance serait à avoir un déficit de protéines les années à fort rendement comme 2015. Le contraire de ce qu’annonce le communiqué qui ne surprendra pas.
    En se plaignant de la perte de nourriture pour les oiseaux on peut s’interroger sur l’implication du muséum d’histoire naturelle dans le développement du moustique tigre pour nourrir plus d’oiseaux. En effet l’été cela pullule, bon pour la biodiversité et mauvais pour les Hommes.

  2. Personellement, ayant la chance d’être écologue et chasseur, je passe un peu de temps dans les champs à l’automne et en hiver. A mon sens la raréfaction des oiseaux est fortement corrélée à la politique de lutte contre les nitrates(qui a bien sûr ses raisons d’être). Les cultures de céréales sont rapidement suivies d’un couvert végétal: on ne voit plus de chaumes. Les oiseaux granivores n’ont alors plus accès la source de nourriture qui leur permettait de passer l’hiver…

    1. voila un argument de poid auquel je ne pensais pas . Effectivement la technique des couverts végétaux implique d’être très rapide juste apres les moissons pour profiter le plus possible du peu de fraicheur des sols pour réaliser des faux-semis ….

    2. Mais comment expliquer que dans le même temps les insectes aient disparus également.
      Les oiseaux sont plutôt leurs prédateurs. S’ils disparaissent, il devrait y avoir encore plus d’insectes qu’auparavant en toute logique.

  3. Ces deux études ne portent que sur les espèces de milieux ouverts agricoles.
    Les auteurs font volontairement l’impasse sur les milieux bocagers et les milieux forestiers.
    La raison est simple : les effectifs des populations avicoles ne baissent QUE DANS LES MILIEUX OUVERTS AGRICOLES ET URBAINS. Elles sont stables ou en expansion dans les autres milieux.

    Ensuite il faut savoir que les recensements sont faibles et très variables dans l’espace (répartition lâche ou concentrée sur certaine région) et le temps (entre 230 et 3500 par an). D’ailleurs le nombre de participants et de carrés (2 *2 km) de suivis baisse depuis 2013.
    Donc moins de participants = moins de données = plus d’erreurs d’interprétations !!!
    La Conclusion :
    Ces études frisent le « cherry-picking », sont trop faibles en pression d’investigation pour conclure sérieusement, et sont très orientées « contre l’agriculture ».

    La réalité de la baisse des populations d’oiseaux spécialistes ne tient pas dans l’utilisation des pesticides, mais dans le recul des terres agricoles (recul de 20 % de la SAU depuis 1990) et l’expansion des forêts ( +17 % depuis 1985). Hors les forêts sont des milieux très homogènes avec une faible biodiversité !!!

    http://www.vigie-plume.fr/
    http://vigienature.mnhn.fr/sites/vigienature.mnhn.fr/files/uploads/images/ParticipationSTOCEPS.png
    http://www.statistiques.developpement-durable.gouv.fr/indicateurs-indices/f/2086/0/oiseaux-communs-1.html
    http://www.picardie-nature.org/IMG/png/graph_par_habitat.png
    http://wikiagri.fr/uploads/graphique_1.png
    http://www.statistiques.developpement-durable.gouv.fr/indicateurs-indices/f/2097/0/surfaces-toujours-herbe.html
    http://education.ign.fr/sites/all/files/infographie_foret-02_0.jpg

    1. Si je peux me permettre, vous avez oublié de citez les à-coups climatiques plus importants ces 20 dernières années, qui perturbent la reproduction des oiseaux

  4. En matière de mortalité d’oiseaux, un phénomène peu connu, le développement des immeubles avec des paroies vitrées de grande dimension : http://www.birdlife.ch/fr/content/le-verre-provoque-des-h%C3%A9catombes-d%E2%80%99oiseaux-%E2%80%93-une-trag%C3%A9die-en-grande-partie-%C3%A9vitable

    Je peux témoigner de l’incidence en matière de collision en plein vol pour les oiseaux, je travaille dans un bureau avec surface vitrée et il ne se passe pas un jour dans la semaine où un ou plusieurs oiseaux entrent en collision avec la vitre, avec beaucoup de force parfois. Souvent ils en réchappent sur l’instant mais avec des blessures caractérisées par quelques gouttes de sang sur la vitre.
    Les urbanistes étant maitres du monde moderne et adorant leur production peu d’espoir pour voir changer cela.

    1. Impact très faible quand même !
      A Paris (Porte d’Ivry), j’ai observé depuis mon balcon des faucons, et même une fois un geai.

  5. « If it don’t bleed, it don’t lead », diraient les Anglais.
    Le médias étant passés à « autre chose », le suivi de ce type de sujet ne les intéressent plus… jusqu’à la prochaine « bordée » accusatrice.

    « Vous avez lu partout que l’agriculture était responsable de la disparition des oiseaux de nos campagnes ? Voilà pourquoi l’accusation est particulièrement contestable »
    Read more at http://www.atlantico.fr/#4IrWgfUt2mvrH1Mg.99
    [N’étant pas abonné, je n’ai pas cherché à ouvrir la page]

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