Glyphosate : des alternatives pas vraiment évidentes pour l’INRA

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L’INRA a travaillé particulièrement vite pour publier une étude sur les solutions pour sortir l’agriculture de la « dépendance au glyphosate » : à peine 1 mois pour répondre à la saisine du 2 novembre des ministres de la Transition Ecologique, de la Santé, de l’Agriculture, et de la Recherche et de l’innovation. ! Il est vrai que JUPITER a promis d’interdire en France le glyphosate « dès que des alternatives auront été trouvées, et au plus tard dans trois ans ».

A la lecture des 81 pages du rapport, le Président de la république va t-il reconsidérer son échéance intenable ? Ou assumera t-il les couacs inévitables dont l’Usine nouvelle dresse une petite liste :

Problème, il reste même des impasses pour lesquelles seule la destruction à la main peut répondre pour l’instant. Comme l’agriculture de conservation (qui concerne 4% environ des surfaces de grande culture), les cultures pour des marchés spécifiques avec de fortes contraintes techniques (comme le secteur de la production de semences « pour les espèces fourragères, potagères et florales », les légumes de frais et de conserve cultivés en plein champ), ou encore des niches : le rouissage de la fibre de lin, une activité dans laquelle la France est leader mondial, mais aussi la récolte des fruits à coques.

Qui plus est, l’INRA n’exclut pas l’usage d’autres pesticides « alternatifs » : « l‘utilisation ciblée d’autres herbicides homologués (mais qui peuvent avoir des profils tox/écotox plus défavorables que celui du glyphosate), pourra être nécessaire pendant une période de transition pour traiter les adventices vivaces qui résisteraient aux options précédentes ».

En clair, la transition, qui ne serait qu’une question de volonté » est déjà un casse-tête dont les consommateurs vont faire les frais.

 

 

17 commentaires sur “Glyphosate : des alternatives pas vraiment évidentes pour l’INRA

  1. Que de bla bla dans ce rapport INRA de 88 pages assez médiocre.Il n’y a pas d’analyse sérieuse des conséquences d’un retour au travail du sol sur l’érosion, la fertilité des sols .. Pas d’analyse des profils des herbicides alternatifs au glyphosate non plus.
    Beaucoup de pages sur l’utilisation du glyphosate à partir des statistiques de vente mais il manque l’essentiel … qui aurait pu être fourni par Monsanto ( avec les études sophistiquées qualitatives) … mais bien sûr il devait être hors de question de dialoguer avec le diable. On attendait une étude d’impact alors que l’on a une revue biblio qui aurait pu être faite par un stagiaire. Quant aux politiques il est grave de prendre des décisions et de demander ensuite une étude de faisabilité : ceci n’est pas professionnel .

    1. Si, c’est professionnel … de la politique. On tire sur un carton blanc et on trace une cible autour de l’impact.

    2. @Visor
      « qui aurait pu être fourni par Monsanto  »
      Tiens ça me rappelle qu’une centaine de pages du rapport de l’Efsa qui réexaminait les études publiées sur l’impact potentiel du glyphosate sur la santé humaine ont été copiées, quasiment mot pour mot, sur le dossier présenté par Monsanto. Vive l’indépendance ! Tant pis pour la santé publique !

      1. @malta
        cela n’a rien à voir! les données tox et écotox doivent effectivement être validées par les sources  » indépendantes  » ( en admettant que l’état le soit) alors que les données commerciales pertinentes ( modes d’utilisation….) sont évidemment chez les firmes!!
        On peut effectivement refuser tout dialogue et refuser tout échange et considérer que seul l’état ( donc des gens in fine) est apte à TOUT savoir. La confiance se mérite et les firmes n’ont aucun intérêt à ne pas coopérer. Lorsque l’état contrôle et décide de tout il n’y a plus de concurrence et cela amène systématiquement à la plus grande corruption ( celui qui a le pouvoir se fait acheté) Toute l’histoire le montre. La coopération non parfaite est bien préférable à une tyrannie étatique corrompue.Seule la concurrence limite les comportements malhonnêtes car il faut rendre des comptes dans la durée.

      2. Vous avez entièrement raison : des centaines de pages ont été copiées « mot pour mot » — on dit « copier-coller » maintenant.

        Et l’hystérie anti-glyphosate, et anti-pesticides en général, et plus généralement encore anti-chimie (enfin, avec des exceptions) s’est précipitée pour vous faire croire que l’EFSA était « vendue » à Monsanto.

        D’abord, pour aller au plus simple, ce n’est pas l’EFSA mais le BfR allemand.

        Ensuite, c’est encore simple à comprendre, le BfR a annoncé son mode opératoire — son « ‘copier-coller » — dans l’introduction de la partie concernée. Les manipulateurs d’opinions vous ont donc menti quand ils ont annoncé qu’ils avaient « découvert »…

        Troisièmement, les pétitionnaires doivent produire une analyse bibliographique des articles scientifiques publiés depuis la dernière autorisation. Ils ont donc produit les données bibliographiques de ces articles, un résumé de leur contenu et une évaluation de ce contenu. Le BfR a repris tout cela et a ajouté, le cas échéant — je traduis : lorsque cela était nécessaire — sa propre évaluation.

        Ah que coucou ! Oups, hommage posthume à Johnny… Ah que il y a beaucoup de copier-coller et peu d’additions ? C’est tout simplement parce que les pétitionnaires (tout un groupe, pas que le méchant Monsatan) ont fait un excellent et honnête travail.

        Ajoutons qu’il s’agit de la partie descriptive de l’évaluation du BfR, pas de l’évaluation qu’il a effectué en propre. Que cette évaluation a été soumise à l’EFSA pour une évaluation de l’évaluation. Que cette évaluation de l’évaluation a été effectuée avec le concours des experts nationaux des Etats membres. Que tous les experts des Etats membres (sauf celui de la Suède) ont approuvé l’évaluation de l’évaluation.

        Apprenez qu’on vous manipule! Et, sur ce site, on vous informe.

  2. Les propositions de l’INRA semblent frappées au coin du bon sens. Attention toutefois à la tentation très forte de remplacer le glyphosate (et ses adjuvants) par d’autres molécules chimiques…
    Il faut également noter que cela fait 20 ans au moins que des recherches appliquées sont en cours pour se passer de ce pesticide mais que les moyens alloués semblent insuffisants (tiens, on se demande pourquoi ?!) et qu’on attend toujours pour les généraliser.
    Qu’il est difficile de se sevrer de plusieurs décennies d’addiction sévère !

    1. @orel7
      remplacer le glyphosate par des molécules plus dangereuses est il pertinent?
      En jardinerie , on a le mélange acide pélargonique ( cela fait sympa) mélangé à de l »hydrazide maléique ( moins sympa, mais il faut bien que cela marche un minimum)
      Mettre 20litres / ha de pesticides  » alternatifs  » est il mieux que 1 ou 2 litres??
      Repartir sur du labour c’est aussi gaspiller une ressource limitée ( le fuel) tout en rejetant des particules cancérigènes en quantité énorme sans parler de l’érosion et la perte de fertilité des sols.
      Faire plus con et plus maso c’est difficile. Cela ne résout rien et aggrave la situation.

    2. Cela fait 20 ans au moins que les entreprises de l’agrochimie cherchent un produit capable de se substituer au glyphosate ou de venir en complément, de préférence « meilleur » selon tous les critères pertinents. « Meilleur », c’est plus efficace pour l’agriculteur (ou le jardinier amateur qui veut désherber son allée), encore moins toxique que le glyphosate, etc.

      On n’a pas trouvé. Même pas le méchant, l’horrible Monsatan qui aurait bien aimé remplacer son glypho — tombé dans le domaine public et maintenant majoritairement produit par les Chinois, permettant de désherber un hectare pour le prix d’un caoua — par une nouvelle molécule bien protégée par un brevet et faisant entrer les dollars, euros, pesos, etc. dans son tiroir-caisse.

      Quant à la recherche publique, elle est incapable de produire de nouvelles molécules pour diverses raisons.

      En fait, on peut même se demander si elle fait encore de la vraie recherche — celle qui profite à la société plutôt que celle qui répond à des attentes socio-politiques, à la bien-pensance.

      Non, il n’est pas difficile de se sevrer de plusieurs décennies d’addiction sévère. Parce qu’il n’y a pas d’addiction — sauf dans la rhétorique des gens qui vous enfument. L’utilisation d’herbicides, et de glyphosate en particulier, répond de manière cohérente et judicieuse (en temps normal, pas en cas d’abus ou d’incompétence) à des choix et des impératifs agronomiques. Pour comprendre cela il faut remettre à l’honneur l’agronomie qui sepratique en bottes, pas celle qui se théorise sur canapés.

      1.  » Autrefois  » au moins l’INRA développait chaque année de nouvelles variétés mais leur nombre n’a cessé de diminuer. Il est vrai qu’ils préfèrent maintenant embaucher des psycho-socio que des généticiens. la France  » forme  » ( si on peut dire) plus de psycho-socio que tous les autres pays d’Europe réunis.
        Non seulement ils ‘apportent rien en agrochimie mais c’est plus ou moins la même chose en génétique, agronomie, …. Leurs éléments de langage sont basés sur le réchauffement climatique ( ils ont osé prétendre dire qu’elle serait la température à tel ou tel endroit en 2100), la biodiversité, l’addiction aux pesticides, l’agro fumisterie etc….Pauvre science.

  3. Lire absolument : https://www.admin.ch/ch/f/gg/pc/documents/2912/OEaux-Qualit-des-eaux_Projet_fr.pdf

    C’est une proposition très sérieuse basée sur les risques santé humaine et risques environnementaux, non explicité dans ce texte mais dans un texte joint.

    Quelques extraits
    Cadmium (Cd) 0,2 µg/l Cd (total)1 0,05 µg/l Cd (dissous)
    Cuivre (Cu) 0,005 mg/l Cu (total)1 0,002 mg/l Cu (dissous)
    Mercure (Hg) 0,03 µg/l Hg (total)1 0,01 µg/l Hg (dissous)
    Glyphosate (n° CAS 1071-83-6) 360 µg/l 120 µg/l (chronique)2

    Les suisses sont rationnels,

    L’addiction est une addictions aux pratiques anciennes destructrices de l’environnement, le travail du sol à l’excès à l’origine des phénomènes d’érosion, l’utilisation du cuivre terrible polluant des sols, des eaux et désormais évalué plus dangereux pour notre santé que le glyphosate et même de nombreux fongicides qu’il devrait remplacer en bio. Cette addiction là ce sont les bobo citoyens qui la portent.

    Dans le travail du sol, il faut prendre en compte la pollution émise par le moteur thermique du tracteur, ce que ne semble pas faire l’INRA, émissions infiniment plus dangereuses que les pesticides, même à la campagne.

    1 hectare labouré et travaillé mécaniquement c’est 50 litres de fioul agricole en plus, fioul pas élaboré pour être « acceptable » à respirer.
    1 million d’hectares en agriculture bio en plus ( en terres labourables pas en prairies permanentes), c’est 50 000 000 de litres de fioul agricole brulés en plus, dont nous allons repirer les imbrulés et particules cancérigènes. Le maraichage bio oui, les prairies permanentes bio oui, les cultures sur terres arables bio, on peut sérieusement douter des bienfaits pour la santé des Hommes et de l’environnement.

  4. Le maraichage bio fertilité comment ? Par des composts issus de l’agriculture et de l’élevage intensifs la plupart du temps.

  5. Le dernier discours de phil Hogan sur la PAC 2020 porte surtout sur des aspects concernant des questions climatiques et environnementales, le reste semblant plus relever des états dans sa logique.

    Un hectare cultivé entraîne la consommation de 107 litre de gasoil agricole qui vont être brûlés par le moteur diesel du tracteur, peu de perspectives pour des tracteurs électriques avant 30 ans et même à cette échéance …. vu la puissance nécessaire, peut -être pour la pulvérisation, mais on restera sur des moteurs thermiques pour les façons culturales.

    L’utilisation de gasoil surtout avec des systèmes ne comportant pas les filtres des véhicule urbains est très mauvais pour le climat , comme pour l’environnement , comme pour les riverains même s’ils sont plus rares en milieu rural, mieux vaut ne pas habiter à coté d’une parcelle gérée par les seuls moyens mécaniques et fertilisée avec des composts et matières organiques, pas seulement pour les odeurs.

    Il est parfaitement établi de longue date au plan français, comme au plan international ou par la FAO que l’abandon du travail du sol et plus encore du labour fait baisser drastiquement la consommation de carburant agricole donc de diesel.

    Quelques assertions du rapport INRA sur le glyphosate me posent question et méritent d’être éclairée par la communauté fréquentant ce site, les manques de développement sur la consommation majorée de carburant agricole également, vide vertigineux :

    « Cette augmentation du nombre d’interventions de travail du sol en l’absence de glyphosate n’affecte pas significativement les charges de mécanisation, qui restent similaires pour les systèmes avec vs. sans glyphosate, dans des contextes de production similaire . » page 29
    Idem pour
    « On n’observe enfin aucun impact de l’usage vs. non usage du glyphosate sur la consommation d’énergie directe (consommation de fioul) et indirecte (fabrication des intrants), à type de contexte de production et type de stratégie de travail du sol équivalent  » page 31, que l’on peut aussi lire comme l’essentiel de l’énergie de la parcelle ( 50 %) vient de la fixation de l’azote, la traction impactant à 30 % la consommation via le fioul consommé.

    Seule l’agriculture de conservation sensu stricto soit 4% de la surface agricole est citée comme dépendante mais pour des questions d’érosion et de biodiversité des sols par d’économie de gasoil agricole comme si ce concept était tabou à l’heure d’une France engagée à fond dans la lutte contre la consommation de carburants issus du pétrole.

    Pourtant la réduction du labour dans la moitié des exploitations agricole participe aussi largement à cet effort, évolution que le prisme ou le jeu de données que constitue le réseau Déphy ne permet par de restituer, certainement à cause d’un manque d’optimisation des efforts sur l’aspect consommation d’énergie et de fioul agricole dans ce réseau, l’essentiel étant consacré à la réduction des PPP.
    On ne peut courir plusieurs lièvres à la fois.

    Le rapport de l’INRA sur le glyphosate est pas trop mal structuré mais pêche vraiment par un manque de développement voire un manque de questionnement sur cet aspect de la consommation pourtant essentiel qu’est la quantité de fioul agricole consommé, qui deviendra bien plus prégnante si le prix du pétrole devait à nouveau augmenter et battre ses records de 2007-2008, voire avant si l’on intègre l’exposition aux imbrûlés et microparticules des moteurs diesels agricoles dans la balance bénéfice risque de l’utilisation du glyphosate.

    D’où un plaidoyer précédent sur la nécessité d’un retour à la traction hippomobile, le retour des chevaux en agriculture pour tirer la charrue et la charrette, bien plus efficace que l’abandon programmé des pesticides pour nous permettre de revenir au « bon vieux temps ».

  6. Lire
    http://www.lepoint.fr/societe/glyphosate-ou-pollution-de-l-air-des-controverses-passionnees-15-12-2017-2180230_23.php

    Il est intéressant de voir comment la presse française par manque de logique traite sur le même plan pollution urbaine et risques liés ( certitude dans ce cas d’un impact sur la santé, leucémie avec l’essence sans plomb cause notamment du benzène mais pas seulement et différents cancers des voies respiratoire avec les microparticules du diesel mais pas seulement freins, fortement des pneux sur la route…) et l’utilisation de glyphosate par les agriculteurs ( classement cancérigène probable par un GT du CIRC, classement contesté pas seulement par l’EFSA mais par toutes les agences sanitaires au plan mondial avec en sus un soupçon de corruption d’un membre du GT du CIRC, un certain Portier, pour rendre un avis à charge contre le glyphosate !).

    La comparaison est totalement fallacieuse car interdire le glyphosate va conduire à davantage travailler le sol donc davantage produire de polluants de l’atmosphère cancérigènes liés au gasoil agricole brûlé en plus, estimé à au moins 30 litres par hectare et par an soit 30 millions de litres de gasoil en plus pour 1 million d’hectares ne recevant pas de glyphosate (1000 g/ha )… pour des cultures autour des villes grandes et petites, cela devrait faire réfléchir… sachant qu’en plus le travail du sol enrichi l’air en particules de sol qui participent au nuage de microparticules.

    L’article du point, journal normalement plus sérieux, est bien bidonné!

    Il aurait fallu opposer pollution de l’air par les produits de la combustion des carburants dont les carburants agricoles et l’utilisation du glyphosate en agriculture et non pas mettre les deux sur le même plan. Un journaleux débutant certainement … ou mal informé!

    1. « Un journaleux débutant certainement … ou mal informé ! »
      Ou militant ?
      (Ce n’est qu’une hypothèse…) 🙄

      1. « Un journaleux débutant certainement … ou mal informé ! »
        Ou militant  »

        >>>> Le propre de très nombreux journaleux, c’est qu’ils peuvent être et sont les trois à la fois….

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