Une explication au « désamour » entre l’agriculture conventionnelle et la société

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Interdiction du glyphosate voulue par Hulot : "Macron tue les agriculteurs"L’association « Sol et civilisation » s’interrogeait sur le fossé grandissant entre l’agriculture conventionnelle et la société lors d’un débat organisé le 23 novembre dernier à Paris. Le philosophe Catherine Larrère, professeur émérite à l’université Panthéon-Sorbonne y a notamment regretté que les syndicats agricoles « utilisent des arguments techniques et économiques, alors que la société attend un discours sur les valeurs ». « Un registre symbolique et éthique que manient mieux les producteurs bio » commente l’hebdomadaire La France Agricole du 1er décembre, même si on peut comprendre ces mêmes syndicats vu la détresse économique du monde agricole dans sa globalité. Un bon axe de travail en communication est tracé, aux agris de tenir ce discours qu’attend la société et qui correspond parfaitement à la conception que l’immense majorité d’entre eux se font de leur travail et de leur rôle dans notre société.

13 commentaires sur “Une explication au « désamour » entre l’agriculture conventionnelle et la société

  1. vous ne dîtes pas autre chose que ce que disait Serge Tchakhotine dans  » le viol des foules par la propagande politique » ouvrage où il analyse les méthodes de « persuasion » utilisées par les Nazis pour arriver au pouvoir … et dont il regrette que les partis de gauche de l’époque ne les aient pas utilisés. Comme disait Voltaire « médisez, médisez il en restera toujours quelque chose »!

  2. Tout à fait d’accord avec cette analyse, les agriculteurs ont communiqué sur le coté techno de leur activité, la technique fait désormais peur.

    Ils ont, pour certains, oublié de communiquer sur l’amélioration de la qualité sanitaire de l’alimentation qu’ils produisent, les crises que l’on avait évité grâce à la technique , les accidents sanitaires anciens, souvent méconnus.

    Par peur de la surenchère dans les peurs qui agitent la société, le monde agricole communique encore trop souvent sur leurs difficultés économiques dont la société n’a que faire. Les profs regardent les problèmes économiques des profs, les banquiers, ceux des banquiers, les médecins, ceux des médecins, les agents de la RATP, ceux des agents de la RATP, les contrôleurs aériens, ceux des contrôleurs aériens, les chômeurs,ceux des chômeurs… Le jeu du misérabilisme ne marche pas et il n’existe aucune conscience des risques que ferait courir une dépendance vis à vis d’autres pays pour se nourrir, les rayons des supermarchés sont garnis et se nourrir a un coût incroyablement faible, en relatif, dans les pays d’Europe de l’ouest.

    Personne n’envisage que cela puisse changer, du moins dans les décennies qui viennent.

    Une note de lecture remarquable que j’ai découvert par hasard me parait illustrer cette incapacité du monde agricole de jouer sur le bon registre, celui qui porte : http://fcorpet.free.fr/Denis/Risque-seigle-mycotoxine-ergot-T2.html.

    Jouer là dessus, rappeler les efforts des agriculteurs pour éviter de voir cela se reproduire, il semble qu’il y ait encore une bonne présence de ce champignon si j’en juge par les bateaux de céréales refusés par l’Égypte.

    l’Efsa attire également l’attention, avec une réserve toute scientifique sur le manque de connaissance sur les risques liés à la présence d’alcaloïdes de ce champignon en soulignant que, lorsque le climat est peu favorable à son développement, les quantités de pain de seigle issu de la récolte à ingérer dépassent le niveau standard pour un consommateur moyen.
    Une des derniers avis pose cependant question sur la capacité du tri à rendre la récolte conforme si elle ne l’est pas à la sortie du champ: http://orbit.dtu.dk/ws/files/134129122/Ergot_alkaloids_2017.pdf – voir page 32.

    Les agriculteurs doivent expliquer en quoi la technicité réduit ces risques, comme en quoi les herbicides de synthèse sont indispensables pour éviter ou limiter la contamination par les alcaloïdes pyrrolizidiniques dans les salades, les tisanes, le miel voire le lait.

    Rappeler qu’il y a eu des époques avec les méthodes de production dont les médias vantent le coté merveilleux, où le consommateur était exposé et mourrait plus tôt ou était impacté dans sa santé et régulièrement par cette Nature toxique pas très sympathique.

    Le bio a petite échelle peut éviter, pour partie, ces risques, mais avec des coûts de production bien plus élevés, il faut jeter parfois une récolte contaminée. Le bio français est certainement un des plus sécurisé même s’il existe quelques accidents comme celui des galettes au sarrasin bio contaminé par des alcaloïdes de datura, contamination que l’agriculture conventionnelle aurait évité avec des herbicides qui contrôle cette herbe que l’on qualifie d’ « herbe du diable ». Le bio produit en françe est le plus sécurisé des produits bios mais la production conventionnelle est encore plus sûre, notamment vis à vis des herbes toxiques…pas seulement, le jus de pomme bio plus contaminé par de la patuline, aussi.

    Sans cette communication ciblée sur des bénéfices qui peuvent toucher l’intelligence des consommateurs (tous ne sont pas encore des idiots utiles) , sur la notion de proximité de la production aussi, un aliment d’ici, un aliment frais d’ici, issu de circuits courts en relatif, le combat de la communication est perdu d’avance.

    Il faudra aussi qu’un jour les agriculteurs rentrent dans le lard du gros porc Biocoop qui se goinfre sur le dos des agriculteurs et ne se gène pas pour désinformer le public.

    Taguer, comme le font les mercenaires peints en vert, les aliments vendus dans cette enseigne qui sont importés de pays où la production est plus à risque que celle française par exemple, bref taguer tout ce qui vient de l’étranger.

    Vu la communication mensongère du porc Biocoop, c’est de la légitime défense.

  3. Vu ce soir sur TF1 un reportage sur  » l’alternative au glyphosate » : Discussion avec un agriculteur qui parle technique (épandage, analyse des sols, charge de travail…) puis Veillerette qui parle « valeurs » du Bio et « rotation des cultures comme les anciens le faisaient »…
    Le problème continuera tant que les agriculteurs accepteront que les journalistes donnent la parole à des gens incompétents !!!

  4. Le désamour vient du fait que les poids lourds de l’agriculture moderne ( dite  » conventionnelle « ) acceptent depuis 10 ans les principes des opposants extrémistes en se contentant de jouer la montre ou de modérer les propos. Ainsi, ils admettent qu’il faudra bien interdire le glyphosate, qu’il faudra bien baisser fortement les phytos, qu’il faudra augmenter le bio,qu’il faudra changer de modèle ( !!) , qu’il ne faut pas de trop grosses fermes ( > 1000 vaches) etc…etc…. Il est donc normal que le grand public, qui pourtant aimait son agriculture, est maintenant dans la défiance. Les agences de comm recommandent de dire ce que les autres ont envie d’entendre : cela a marché pour l’instant avec Macron, mais cela finit par avoir des effets négatifs, ce qui est le cas de l’agriculture. Pourquoi n’ont ils donc pas dit que le modèle bio n’est pas l’avenir en France ? que le 20% de bio dans les cantines est stupide et même scandaleux? que la baisse des phytos programmée il y a 10 ans ne se ferait pas ? que le glyphosate est moins risqué que le cuivre ou autre ? que l’agro écologie était une entourloupe intellectuelle, qu’il fallait débureaucratiser et dégraisser la fonction publique,etc… A vouloir plaire à tout le monde on finit par déplaire à tout le monde: c’est la limite du politiquement correct. A être sur la défensive en esquivant tant bien que mal les sales coups ils ont oublié de vendre les bénéfices énormes de l’agriculture moderne et ses capacités à s’améliorer en permanence ( cercle vertueux) … mais tour ceci sans révolution.

    1. @Visor,
      « 20% de bio dans les cantines »
      Je dirais même plus ! 🙄
      En effet…
      « Le ministre de l’agriculture annonce une loi pour fixer à 50% la part de produits bio et locaux dans la restauration collective. »

        1. D’aucuns considéraient que Stéphane Travert était un bon ministre de l’agriculture : cela remet effectivement les pendules à l’heure.

    2. C’est une analyse que je partage pour l’essentiel.

      Une des difficultés est de convaincre les agriculteurs « bio » — ceux qui bossent et vivent de leur métier en producteurs et non en profiteurs — de faire cesser les attaques de leurs idéologues sur le conventionnel. Il doit bien y en avoir qui sont capables d’expliquer que l’idéalisation du bio et son développement quantitatif le sortent de son marché de niche avec des effets dévastateurs sur la profession.

      1. C’est une analyse que je partage pour l’essentiel.
        Une des difficultés est de convaincre les agriculteurs « bio » — ceux qui bossent et vivent de leur métier en producteurs et non en profiteurs — de faire cesser les attaques de leurs idéologues sur le conventionnel. Il doit bien y en avoir qui sont capables d’expliquer que l’idéalisation du bio et son développement quantitatif le sortent de son marché de niche avec des effets dévastateurs sur la profession.

        1. En théorie des jeux, dans le dilemne du prisonnier en plusieurs coups la stratégie gagnante est oeil pour oeil -dent pour dent : autrement dit toute attaque doit être punie jusqu’à ce que l’on arrive à une coopération.( il faut systématiquement répondre aux attaques, mais être bienveillant, c’est à dire cesser dès que l’autre cesse) Les bios ont attaqué le conventionnel en permanence et ils n’ont jamais été stoppé dans cette démarche et c’est bien cela le problème.
          petit rappel avec un résumé:
          https://www.youtube.com/watch?v=StRqGx9ri2I

  5. L’agriculture est la principale victime du marketing sans complexe des « majors » de l’agroalimentaire, de la Belle des champs à la Laitière en passant par les fumeuses allégations « à l’ancienne » et les knakis au feu de bois… Toutes ces « inventions » de bobos du marketing sont délétères sur la perception des la réalité par les cons-sots-mateurs que nous sommes devenus.
    Le ver est dans le fruit. Ces discours putassiers sont à mettre en cause mais personne ne le fait…

    1. et que dire des truies « sur paille » avec ses porcelets au salon de l’agriculture?
      les professionnels veulent jouer sur la corde affective, mais en utilisant des images qui ne correspondent pas à la réalité. Après, ne pas s’étonner quand le consommateurs se sent dupé. idem pour le poulet label et du « paysan » qui distribue du grain au sac.
      c’est du marketing de débutant.
      Y’a pas à dire, mais la com’ de MacDo est plus inventive et font très attention où ils mettent les pieds.

  6. Je pencherais plutôt pour la baisse du nombre de personnes travaillant dans ce milieu comme explication. Il y avait eu une tentative de classement des ondes de téléphonie en « peut être cancérigène » groupe B. Cela n’a pas donné lieu à une telle opposition qu’avec le glyphosate. Je crois que c’est parce que trop de personnes ne voudraient se passer de leur téléphone/smartphone, cela les impacterait directement, alors que la production agricole, c’est loin pour elles.

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