Savoureux : le militant Eric Gueret mis en PLS par un agriculteur

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eric gueretDans un courrier très intéressant adressé à La France Agricole du 6 octobre, Armand Paquereau, agriculteur en Charente, revient sur le documentaire militant – donc très orienté – La mort est dans le pré (du réalisateur tout aussi militant Eric Gueret), véritable réquisitoire contre l’emploi des « pesticides » présentés comme responsables des décès par cancer en agriculture. « Tout en respectant la souffrance des témoins qui s’y expriment, la réalité est toutefois beaucoup plus nuancée et mérite une analyse moins passionnelle », continue-t-il avant de rappeler quelques évidences trop souvent oubliées par les écolos, à savoir que :

  • « (…) depuis 1946, l’espérance de vie a augmenté de 20 ans (statistique Insee), soit un tiers de vie en plus. (…) cette augmentation correspond à la période où l’on a commencé à utiliser la chimie en agriculture. Certes, les ‘pesticides’, comme leurs détracteurs les nomment, n’ont peut-être pas allongé la vie, mais il est évident qu’ils ne l’ont pas raccourcie. Et il faut reconnaître que le traitement des semences a éliminé l’ergot des céréales et que les traitements fongicides protègent des fusarioses génératrices de mycotoxines (entre autres exemples). »
  • « Il est prouvé, selon une étude Inca et Dares, que l’agriculteur exerce le métier le moins exposé aux produits cancérigènes. Il n’est fait allusion au rapport Agrican que pour dénoncer sa fiabilité  au titre que la MSA et l’UIPP en sont financeurs. Or l’IUPP n’y participe que pour 5%. On peut tout de même supposer que la Ligue contre le cancer, l’Anses, la Fondation de France, Ecophyto, l’Onema et Unicancer Centre François Baclesse, qui l’ont également financé, sont des organismes sérieux pour garantir la fiabilité du protocole et des résultats, de même que les deux ministères qui ont apposé leurs logos. Or ce rapport démontre que non seulement les agriculteurs sont moins malades que la cohorte témoin de la population générale, mais également qu’ils présentent des taux de mortalité par cancer moindres de 30% en moyenne, sauf pour les myélomes chez les hommes et les mélanomes chez les femmes. »
  • « Seules des quantités infinitésimales de substances chimiques (LMR 1/100e de mg/kg maxi) peuvent se retrouver dans la chaîne alimentaire , alors que la totalité des médicaments est ingérée. Pourtant, seuls les agriculteurs sont accusés de pollution quand des perturbateurs endocriniens issus de médicaments sont retrouvés dans les eaux de surface. »
  • « (…) en bio comme en conventionnel, il est impossible de ne pas protéger la récolte ou les animaux contre les prédateurs ou les maladies. A ce titre, la liste officielle des molécules autorisées en bio en recense 57, commercialisées sous plus de 300 formulations. Il reste à prouver qu’un biocide d’origine naturelle est moins nocif qu’un biocide de synthèse… »
  • « L’agriculture bio nécessite des conditions de climat, de terroir, de main-d’oeuvre spécifiques pour des rendements très inférieurs, et ne peut être généralisée dans le contexte des prix actuellement consentis aux denrées agricoles. Si l’agriculture bio rémunérait correctement l’agriculteur, tous s’y précipiteraient. Considérant qu’en 2015, 30% des agriculteurs n’avaient 354 euros par mois de revenu, et qu’en 2016, ce pourcentage est monté à 50%, on voudrait les obliger à arracher les chardons à la main et à ramasser les doryphores dans un seau sur des surfaces individuellement importantes. »

Et Armand Paquereau de conclure, lapidaire :

« Continuez à dénigrer les agriculteurs, et demain vous n’aurez que des denrées alimentaires importées, dont vous ne saurez pas comment elles auront été produites, et dont le déséquilibre de notre balance commerciale ne nous permettra plus un jour l’accès. »

7 commentaires sur “Savoureux : le militant Eric Gueret mis en PLS par un agriculteur

  1.  » le traitement des semences a éliminé l’ergot des céréales » assertion surtout valable pour la carie du blé, des traitements des semences sont efficaces pour éviter la dissémination de l’ergot mais cette efficacité est relative car le principal support de la maladie reste les graminées adventices des bordures de parcelles et la conservation des sclérote dans le sol ou à la surface du sol. L’enfouissement des sclérotes entrainant une dégradation accélérée.
    Sinon tout le reste est excellent.
    Pour la lutte contre l’ergot c’est l’utilisation des herbicides et selon les conditions, d’insecticides pour éviter la dissémination par les insectes, qui paraissent les outils les plus performants… avec le labour profond mais avec les inconvénients du labour en termes d’énergie utilisée et d’impact écologique sur l’érosion des sols.

    1. Oui et non Alzine,
      aujourd’hui oui c’est vrai car il n’y a plus d’ergot du seigle dan les parcelles conventionnelles (mais ça revient en bio, surtout la carie…), et le réservoir , ce sont bien les graminées de bordure de champ… ou adventices lorsque celles ci ne sont pas détruites.
      Hier, avant l’avènement du traitement des semences c’était bien les parcelles de céréales (infestée certes de graminées adventices porteuses) qui constituaient le principal réservoir de la maladie.
      En tout état de cause l’argumentation et le discours de cet agriculteurs sont exemplaires. Il en faudrait un peu plus comme lui !

    2. bonjour, étant spécialisé dans le domaine, je peux vous affirmer preuve à l’appui que tous les éléments évoqués par Alzine sont d’une précision et d’une justesse totale. Par ailleurs, l’ergot ne concerne pas uniquement le bio, certaines parcelles peuvent être affectées en conventionnel sous de fortes pressions d’adventices en particulier vulpin rg.
      bref un detail : ce qu’il faut retenir = très bel article de l’agriculteur qui résume bien la situation !

  2. Bravo et plein soutien à cet honnête homme. On ne peut que regretter que l’ensemble de la presse soit devenue imperméable à l’expression de gens comme lui et participe au dénigrement général de l’agriculture (je pense en particulier au journal autoproclamé comme « référence » désormais trusté par une caste militante).

  3. Très bon article de cet agriculteur qui devrait faire (théoriquement) comprendre aux journaleux et toute la mouvance anti-tout que, lui, au moins, il sait de quoi il parle !

    Au passage, il dit quelque chose de très important (que personne ne conteste) :
    …augmentation de l’espérance de vie depuis 1946 liée au développement de l’agriculture intensive et de l’utilisation des pesticides (et des engrais)…
    Mais il faut alors aller jusqu’au bout de cette constatation très importante : cela signifie simultanément que l’agriculture d’avant 1946 était, de fait, en mode AB obligé (peu d’intrants -fumiers-, de pesticides).
    Cela prouve à l’évidence que plus il y aura de ‘bio’ plus il y aura d’accidents sanitaires (ce que l’on commence à constater) liés aux contaminations bactériennes et aux champignons -mycotoxines- notamment et surtout.
    Aussi bien que fera l’agriculteur « bio », il ne pourra pas éviter ces risques puisqu’au contraire, il accentue, malgré lui, ces risques « bio »logiques (c’est le comble tout de même).
    Toute personne ayant connaissance des concepts principaux de la biologie devrait facilement être capable de faire ce lien capital et de comprendre qu’il vaut mieux manger avec (des traces) de pesticides que des pestes (avec leur cortège de toxines).
    Ce qui devient dangereux, c’est justement ce qui n’a pas été traité (ou « mal-traité » : avec des produits ayant une efficacité ‘magique’ !).

    Par ailleurs, les mycotoxines sont, de plus en plus, un sujet préoccupant (mais trop rarement abordé). On ne les trouve pas seulement et surtout chez les céréales mais quasiment chez toutes les espèces cultivées et consommées par l’homme et l’animal : aflatoxines, ochratoxine, patuline, fumonisines, DON, zéaralénone, citrine, acide cyclopiazonique, stérigmatocystine, stachybotryotoxines, sporidesmines, phomopsines … il en existe bien d’autres moins connues ou qui ont disparues : celles dues à la carie (a été citée) ou au charbon chez les céréales car des traitements fongiques ont été utilisés).

    L’AB conduit, malgré elle, à une impasse sanitaire, ne peut aucunement être une agriculture durable pouvant permettre de nourrir les 7,3 milliards d’humain que nous sommes aujourd’hui et plus de 9 milliards en 2050.
    Tout est chimique, la Vie elle-même, et il n’existe pas une chimie naturelle et une chimie artificielle. Cultiver sans « pesticides », vivre le plus longtemps possible (même chez soi, on utilise de nombreux pesticides) est impossible !

  4. @ Gattaca,

    Commentaire intéressant!

    Aux US, les aliments pour animaux proposent du sans céréales pour éviter les mycotoxines.
    https://wamiz.com/chats/conseil/alimentation-cereales-chat-faut-savoir-tendance-grain-free-11139.html
    « nourriture « grain free » qui séduit de plus en plus de propriétaires de chat en France. S’il y a quelques années encore, on pouvait considérer ce marché comme une niche, elle représente aujourd’hui une part importante du secteur alimentaire animalier (30% aux Etats-Unis) et ne cesse de croître. Pour les experts américains, ces chiffres prouvent d’ailleurs qu’il ne s’agit plus d’une simple tendance. »
    mais l’assertion qui suit est fausse :
    « Comme nous l’explique Charlotte Devaux, vétérinaire consultante en nutrition, ce sont d’abord les mycotoxines, toxines produites par des champignons microscopiques qui peuvent contaminer les céréales, qui ont attiré l’attention sur l’alimentation animale. Toutefois, « Suite aux actions des associations de consommateurs qui ont fait pression sur les industriels, des contrôles très stricts sont maintenant effectués sur les lots de céréales utilisés et ce problème n’est plus à l’ordre du jour. On le voit d’ailleurs dans les analyses effectuées par les magazines comme Que Choisir ou 60 Millions de Consommateurs, la qualité sanitaire des aliments pour animaux est bonne quelle que soit la marque. »

    Tout depend de la qualité de la récolte de l’année qui précède, les normes pour les animaux sont en outre moins strictes que pour les humains, heureusement.

    Les mycotoxines sont un sujet donc ne veulent pas parler les journaleux bobos. Ici comme ailleurs, ils tapent en touche.

  5. une petite erreur Alzine (exception qui confirme la règle ): :Tout dépend de la qualité de la récolte de l’année qui précède, les normes pour les animaux sont en outre moins strictes que pour les humains, heureusement.
    Pour les myco sur blé (du a un stress biotique des champignons de la fusariose roseum ) norme humaine a ne pas dépasser = 1200 ppm Si dépassement déclassement en CARTONERIE surtout pas en ali animal. Norme pour le porc a ne pas dépasser: 400 ppm (contre 1200 pour l’humain).

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