« Mobilisation contre les nouveaux OGM » : confusion générale et bide médiatique

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ogmcachesJeudi 28 septembre, une quinzaine d’organisations, allant de la riche ONG (Greenpeace) au groupuscule de marginaux (Vigilance OGM 36), ont pondu un communiqué rapportant la remise d’une pétition « regroupant plus de 110 000 signatures contre les nouveaux OGM au ministre Nicolas Hulot ». Envoyée à toutes les rédactions, elle n’a été reprise par… personne à part Greenpeace itself ainsi qu’Inf’OGM, une sorte de micro-Pravda anti-OGM. Et Alerte-environnement, bien sûr, mais à nous, ils ne l’avaient pas envoyé… Il faut dire que le concept des nouveaux OGM et l’extension du domaine de la lutte qu’il implique, personne ou presque n’y comprend rien.

Par exemple, il serait intéressant de leur demander si la variété préférée des producteurs de blé bio en France et en Allemagne, j’ai cité le blé Renan, fait, selon eux, partie de ces « nouveaux OGM ». « Son génome résulte d’un montage génétique complexe : il comprend non pas un simple gène ajouté – comme c’est le cas en général pour un maïs génétiquement modifié –, mais deux fragments chromosomiques provenant d’une graminée sauvage par ailleurs incapable de se croiser naturellement avec du blé tendre » explique notre confrère Agriculture environnement. « Ce transfert de gène artificiel a été rendu possible grâce à une espèce « porteuse », c’est-à-dire en utilisant une technique équivalente dans son principe à ce qui est réalisé en transgénèse classique. »

OGM cachés, nouveaux OGM, OGM partout, OGM pour tous… le microcosme anti-OGM se radicalise et dérive de manière inquiétante vers un conspirationnisme délirant, ainsi que nous le signalons depuis plusieurs mois.

Un tendance qui se traduit aussi par l’emploi dans le communiqué de « l’écriture inclusive » :

 

A travers la remise de cette pétition, les citoyen-ne-s français-e-s démontrent une fois encore qu’ils ne veulent pas des OGM, ni anciens ni nouveaux, dans leur assiette. Les dirigeant-e-s français-e-s et européen-ne-s ne doivent pas céder à la pression des lobbies !

 

Comme l’explique le linguiste Alain Bentolila dans Le Figaro, « voir un complot machiste dans la langue française manifeste une totale ignorance ». Complotisme et ignorance, deux mots qui résument malheureusement parfaitement la démarche militante des anti-OGM. En espérant que la progression chaque année des cultures OGM dans le monde ne les radicalise pas davantage au point d’en faire des dangers pour eux-mêmes et la société toute entière…

8 commentaires sur “« Mobilisation contre les nouveaux OGM » : confusion générale et bide médiatique

  1. Le blé lui même est une bizarrerie génétique puisqu’il est hexaploide ( 6 jeux de chromosomes), combinant les gènes de 3 espèces différentes. Et oui, dans la nature aussi et sans intervention humaine il y a des mutations, des introgressions génétiques ( transgénèse),des doublements de chromosomes , des gènes sauteurs etc …Le niveau de connaissance des journalistes, des politiques, du grand public en génétique ( mais c’est la même chose pour la chimie ..) étant en général proche de la médiocrité absolue il en résulte des peurs injustifiées. A cela on peut ajouter le comportement malhonnête de  » ceux qui savent  » ( qu’il n’y a pas de problème) mais qui surfent sur les peurs pour en tirer un avantage personnel ( pouvoir, argent): ceci est de bonne guerre ( c’est la nature humaine) et la seule façon de l’éviter serait de dispenser un enseignement de haut niveau en sciences … mais pour cela il faudrait des bons programmes …. et des bons profs mais c’est une autre histoire

    1. Si j’ai bien compris, le blé dur et le blé tendre sont deux bizarreries génétiques différentes.
      L’enseignement des sciences est dramatiquement déficient. Au delà même des programmes c’est tout une vision de la science qu’il faudrait revoir.

      1. Le blé dur ( Triticum turgidum ) provient du croisement ( il y a 500 000 ans) de deux espèces diploides ayant 7 paires de chromosomes:Triticum urtatu ( AA) et un Aegilops ( BB) : son génôme est AABB ( tétraploide)
        Ensuite ces blés tétraploides se sont croisés avec des blés diploides ( Aegilops tauschii de génôme DD) pour donner Triticum aestivum AABBDD ( 21 paires de chromosomes), qui est le blé tendre.

  2. précisions pour Visor
    Au sein des blés « allotétraploïdes », il existe plusieurs espèces :
    T. turgidum qui résulte effectivement du croisement entre deux espèces diploïdes :
    Triticum monococcum (génome A) et Aegilops speltoides (génome B, appelé maintenant T. searsii) bien que l’origine exacte du génome B n’ait toujours pas été établie de manière certaine encore ! Cela a donné du Triticum turgidum évoluant ensuite vers du T. carthlicum, T. durum (cette dernière espèce étant celle qui est cultivée actuellement partout dans le monde) et d’autres tétraploïdes.
    Un croisement s’est ensuite produit entre T. turgidum (AB) et T. tauschii (D) autrefois appelé Aegilops squarrosa. Là encore plusieurs espèces allohexaploïdes existent, celle qui est la plus cultivée étant Triticum aestivum (un peu de compactum aux USA, blés « club »).
    Pour les dates, je n’ai jamais entendu parler de 500 000 ans mais plutôt de -10000 pour le blé dur et – 8000 pour le blé tendre !
    Que les blés diploïdes existent depuis 500 000 ans cela reste possible et peut être même plus ancien encore … mais les hybridations (réussies) semblent plus récentes !
    Notons pour la « petite histoire » qu’un croisement entre une espèce tétraploïde et une espèce diploïde fournit lors de la fécondation une structure triploïde ce qui entraine une stérilité de la plante (elle ne peut générer des gamètes à la méiose avec le même nombre de chromosomes).
    Pour que l’on retombe sur une structure viable, on imagine qu’il s’est produit un doublement chromosomique pour retomber sur une formule chromosomique stable et viable (allohexaploïde dans ce cas !).
    On sait parfaitement provoquer des doublements chromosomiques au sein d’un labo (blocage des chromosomes au stade de la métaphase de la mitose grâce à la colchycine !) et c’est en utilisant cette technique que l’on a pu créer depuis le début du siècle dernier des TRITICALE (hybride entre un blé TRITICUM et le seigle (SeCALE) et Tritihordeum plus récemment (hybride blé/orge).
    Ajoutons que les blés sont des champions pour les bizarreries génétiques : on a pu fabriquer des lignées d’addition (n+1) mais aussi des lignées d’addition avec chaque chromosome du seigle et de l’orge… mais aussi des lignées monosomiques (n-1) et même nullitétrasomiques (suppression d’une paire chromosomique remplacée par une autre paire qui se trouve alors en 4 exemplaires)… bref de la transgénèse à une autre échelle qu’un seul ou quelque gènes comme celle qui se pratique actuellement et depuis une trentaine d’années !
    Pour le reste, je suis entièrement d’accord sur la médiocrité, voire l’absence totale de connaissances des journalistes, des politiques et a fortiori du grand public qui, lui, se trouve « instruit » par des ONG pétries d’idéologies, niant la science et passant allègrement au dessus des concepts de base de la biologie (et c’est évidemment lié à leur médiocrité) !

    1. Merci bien pour ces compléments. J’ai travaillé dans les années 70 sur Roazon ( VPM Moisson) mais il y a bien longtemps et les connaissances ont bien progressé.

    2. Merci.
      Pensez vous que la notion d’organisme génétiquement originel ou organisme génétiquement jamais modifié ait un sens ?

Les commentaires sont fermés.