Un agri de Charente : « Que ceux qui disent que c’est possible de nourrir tout le monde en bio me le démontrent »

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Daniel SauvaitreInterrogé par RMC.fr, Daniel Sauvaitre, un arboriculteur et viticulteur en Charente qui exploite 80ha de vergers de pommes et 75ha de vignes tout en présidant l’Association Nationale Pommes Poire (ANPP), rappelle quelques évidences :

« On a besoin des pesticides. Les plantes cultivées sont exposées aux maladies et aux ravageurs, et toute l’histoire de l’agriculture a été justement de pouvoir les contrer pour avoir des récoltes de qualité. Quelle serait la production agricole française aujourd’hui sans ces produits ? On dit que la France est le premier pays consommateur de pesticides en Europe. Mais si on compare avec la surface agricole et la quantité produite, nous sommes plutôt au septième rang.

Que l’on soit en agriculture conventionnelle ou en bio, on utilise des produits de protection des plantes. On a d’un côté des produits issus de la chimie de synthèse et de l’autre des produits naturels comme le souffre, des extraits de plantes… (…)

J’aimerais que ceux qui disent que c’est possible de nourrir tout le monde en bio me le démontrent. J’aimerais qu’un groupe de scientifiques – de ceux qui s’expriment pour dire qu’on peut faire mieux sans pesticides -, créent une grande exploitation comme laboratoire. Croyez-moi, nous nous presserions tous pour aller voir comment changer nos méthodes. On a besoin qu’on nous explique comment faire. »

Chiche !

14 commentaires sur “Un agri de Charente : « Que ceux qui disent que c’est possible de nourrir tout le monde en bio me le démontrent »

  1. Aujourd’hui les bios bénéficient d’un environnement hygiénique car ils ne représentent que 1 ou 2 % de la surface arable et malgré cela le rendement est souvent 50 à 70% inférieur et très irrégulier donc ingérable pour une filière.Prétendre que dans l’état actuel de la science il serait possible de produire autant ( et même plus selon certains!!) n’est qu’une vue de l’esprit.Le bio n’est ni performant ni durable. D’ailleurs on peut voir les résultats désastreux à grande échelle en Afrique.

    1. Dans la France Agricole de cette semaine (31 mars 2017), il y a un « cas de gestion » réalisé par un conseiller technique en bio (peu suspecté donc de dénigrer le bio)

      Rendements avant conversion :

      Blé : 95 q/ha
      Orge : 90 q/ha
      Colza: 40 q/ha
      Pomme de terre fécule: 60 t/ha

      Rendements après conversion :

      Blé : 45 q/ha
      Colza: 25 q/ha
      Pomme de terre de consommation: 30 t/ha

      Le calcul de marge est aussi fait avec deux hypothèses supplémentaires : des rendements réduits de 20 % et de 40 %.

      La rotation s’allonge et inclut deux années sur neuf en prairie temporaire fauchée et retournée pour faire de l’engrais vert.

      Dans une économie française où le blé joue un rôle important, celui-ci revient deux années sur cinq en conventionnel et une année sur neuf en bio.

      Le poste « engrais-phytos » affiche des sommes ridicules de 75 € pour les deux années de prairies et 30 € pour le colza. Pour la pomme de terre, c’est plus conséquent : 700 €, mais c’est combien en engrais ? Rien pour les autres cultures.

      Mon appréciation : ce système vit sur les réserves du sol en phosphore et en potasse.

      1. 45 qx en blé bio, c’est un bon rendement qui demande un minimum d’azote pour faire non seulement des qx mais aussi des protéines .
        Donc , impossible sans apport de compost de volaille ou autres .

  2. > Un agri de Charente : « Que ceux qui disent que c’est possible de nourrir tout le monde en bio me le démontrent »

    On trouve le même genre d’idéologie avec la voiture électrique ou l’éolovoltaïque : une simple règle de trois montre que ce ne sont pas des alternatives viables.

    La bonne nouvelle : aucun problème ne résiste à l’absence de solution.

  3. «  »On trouve le même genre d’idéologie avec la voiture électrique ou l’éolovoltaïque : une simple règle de trois montre que ce ne sont pas des alternatives viables » »

    Cela dépend pour qui €€€€€€€€€

    1. Viables, parfois, moyennant de nombreuses subventions, aides publiques de toutes sortes, et crédits d’impôts. Il ne faut pas oublier de le dire.

      1. Que celui qui ne touche pas de subventions de l’Etat directement ou indirectement lève le doigt !!!

        1. L’important étant de hiérarchiser en fonction des montants alloués, et je crois que l’éolovoltaique et la voiture électrique battent des records. C’est tout vu et facilement vérifiable.

        2. Il y a forcément des gens qui ont un solde positif et d’autres un solde négatif, d’autant que l’état capture une grosse masse d’argent pour assurer cette  » redistribution ».L’objectif des politiques et de prendre beaucoup à un nombre réduit de personnes pour donner à beaucoup ( d’électeurs).

          1. « Il y a forcément des gens qui ont un solde positif et d’autres un solde négatif, d’autant que l’état capture une grosse masse d’argent pour assurer cette « redistribution« . »

            Ce qui est fort bien dit par cette citation (je n’en connais pas l’auteur) :
            « Il est plus facile de faire sortir le dentifrice du tube que de l’y faire rentrer. »

  4. Vouloir baisser les phytos de manière linéaire est absurde. La preuve du raisonnement devrait se mesurer uniquement par les écarts de consommation d’une année à l’autre ( à la hausse ou à la baisse).

  5. Salut, bien qu’écolo j’aime bien votre site pour cet esprit critique que ça m’apporte. Les commentaires sont souvent interessant. Et on ne parle pas assez souvent d’agronomie des les médias. Il y a une émission scientifique suisse que j’aime bien, « CQFD », ils ont fait un sujet sur les pesticides bio, c’est plutôt positif sauf pour le cuivre. Voici le lien http://www.rts.ch/la-1ere/programmes/cqfd/8457266-les-pesticides-en-agriculture-biologique-27-03-2017.html?rts_source=rss_a
    Qu’en pensez vous ?

    1. C’est la qualité suisse – rien à voir avec les branleurs ou les militants qui sévissent sur les chaînes françaises. Le présentateur a visiblement étudié son dossier et a posé des questions bien charpentées… et dérangeantes. C’est vraiment à écouter.

      Il y a une erreur au début : les produits utilisés en agriculture biologique peuvent aussi être utilisés en agriculture conventionnelle.

      Le vigneron qui dit que le ver de la grappe est le seul insecte qui pose problème ? Peut-être chez lui…

      Les produits utilisés en bio « plus doux pour la nature » ? Décidément l’idéologie ne manque pas d’air ! Lisez CulturAgriculturE (liens ici :

      http://seppi.over-blog.com/2017/04/naturel-vs-synthetique-sur-culturagriculture-episodes-2-et-3.html

      Les produits utilisés en « bio » doivent exister dans la nature ? Sont biodégradables ? La bouillie bordelaise… Notez que la plupart des produits de synthèse sont aussi photo-, chimio-, biodégradables (ceux qui ne le sont pas ou difficilement – les polluants organiques persistants (POP) – ont été interdits).

      Greenpeace : un tissu de – osons le mot – mensonges et manipulations. Les tests officiels colligés par l’EFSA montrent que, en gros, les deux tiers des produits ne contiennent pas de résidus détectables. GP prend du reste la précaution dans ses bidouillages de ne pas rechercher les résidus de produits utilisés en bio. « On trouve de 1 jusqu’à 8… » ? Trace + trace + trace… = 8… Ils n’ont pas trouvé « de produit bio chargé de pesticides » ? Les tests officiels en trouvent ! Certes moins qu’en conventionnel.

      Impact sur les organismes utiles (vers 12 minutes) ? Un début d’admission des faits, mais Dieu que c’est confus ! Et quel style dans le changement de sujet, la diversion ! Quel artiste ! Ben oui, le produit « naturel » peut « tout flinguer » alors que le produit de synthèse peut être plus ciblé. Voir chez l’ami Bouchet son article sur les pyréthrines et pyréthrinoïdes.

      Phéromones : je pense que Mme Chèvre a fait dans l’anxiogénèse. Les phéromones sont très spécifiques.

      Cuivre : très malin, l’intervenant qui vous dit 0,4 gramme au mètre carré par an… ça fait bien 4 kilos par hectare… Le présentateur – qui s’est visiblement bien documenté – ne s’est pas fait prendre ! Et toujours la diversion…

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