Elise Lucet dérape

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Xavier Beulin

Objectif : jeter la suspicion sans le moindre élément tangible. Dans le cadre de son rendez-vous « Complément d’enquête », Envoyé spécial, présenté par Elise Lucet, a diffusé jeudi 2 mars un reportage à charge sur Xavier Beulin et la FNSEA, un reportage comme on n’en verra jamais sur les ONG et les lobbies écolos de tout poil ! Une semaine à peine après les obsèques du syndicaliste, France 2 aurait pu attendre un peu pour diffuser son sujet, ne serait-ce que par respect pour la famille du défunt. Mais non… La course au buzz, à l’audimat donc au profit (par la vente d’espaces publicitaires) n’a manifestement pas de limite.

Après un focus honnête sur ses origines simples et son parcours d’autodidacte (brillant élève, il a dû arrêter le lycée au décès brutal de son père afin de reprendre l’exploitation familiale), Xavier Beulin y est présenté comme un homme déconnecté des réalités du terrain sans que l’accusation ne soit jamais étayée. En filigrane, c’est toujours sa réussite qui est en cause. Bouseux ou déconnecté, la vision des journalistes sur le monde agricole semble étonnement binaire.

Puis, l’émission s’étonne que le président de la FNSEA soit le président d’Avril dont le principal actionnaire est… la Fédération des producteurs de colza et de tournesol, l’une des branches de la FNSEA. Un géant (6 milliards de CA) « piloté non par des industriels mais par des agriculteurs ». On ne voit pas trop le problème, l’émission non plus d’ailleurs quand elle résume la situation en ces termes : « La saga Avril ou comment des petits céréaliers français ont réalisé à l’impérialisme américain. » Encore une fois, le seul problème semble être la réussite du groupe, champion français de stature internationale dans son secteur.

Elise and Co s’interrogent sur le cumul des mandats de Xavier Beulin (une quinzaine dont de nombreux bénévoles comme la présidence du port de La Rochelle pour lequel il a été sollicité). Rien de plus commun à ce niveau de responsabilité mais les journalistes font mine d’y voir un problème. Même la Confédération paysanne relativise les sous-entendus de l’émission : « Selon son adversaire, Laurent Pinatel, porte-parole de la Confédération paysanne, ce profil muticasquettes révèlerait plus une volonté d’influence qu’une soif d’argent ». Et celui-ci d’expliquer : « Je ne sais pas comment il peut faire. Ce qui est sûr, c’est que c’est quelqu’un de suffisamment intelligent pour voir les points de convergence entre toutes ses casquettes. »

Avril, une supercoopérative donc où les paysans font eux-mêmes fructifier leurs productions, la démarche devrait servir de modèle. Mais celui-ci semble être suspect aux yeux des journalistes qui reprochent à l’entreprise de proposer des concentrés de soja pour booster la productivité des vaches laitières… Puis, Xavier Beulin est montré du doigt suite aux mauvais choix d’un exploitant et à la hausse des cours du soja (un peu comme si les vendeurs de chaudières au fioul étaient mis en cause à chaque augmentation des prix du fioul. On a envie de dire : le client n’avait qu’à miser sur le gaz ou l’électricité !)… Enfin, est souligné le risque de conflit d’intérêts entre ses différentes fonctions, sans jamais que les accusations ne soient étayées. Un peu comme si le profil d’un agriculteur parti de rien et ayant si bien réussi gênait des journalistes parisiens d’Envoyé Spécial qui craignent pour eux-mêmes et leurs familles un déclassement qui frappe de plein fouet le monde agricole depuis des années.

On apprend aussi que sans Avril, une maternité porcine n’aurait jamais vu le jour… Et que celle-ci, en échange d’une aide financière (importante) au démarrage, doit acheter des produits du groupe Avril. Rien d’étonnant, une entreprise ne donnant jamais d’argent sans retours directs ou indirects.

« Jusqu’où le groupe Avril et ses filiales comptes-t-ils étendre leur toile ? Aujourd’hui, ils sont partout… » s’interroge le magazine de France 2 sur fond de musique inquiétante donnant l’impression qu’un complot contre les agriculteurs se trame. Comme si Greenpeace n’était pas partout, elle ! A quand un numéro sur « la pieuvre Greenpeace et ses ramifications » ?

Enfin, Envoyé Spécial présente comme suspect le lancement d’un organe de presse par la FDSEA de la Mayenne… qui concurrence un acteur privé indépendant sur une ligne différente de la FNSEA. Comme cela, les Mayennais ont le droit à deux sons de cloche. On appelle cela la pluralité…

15 commentaires sur “Elise Lucet dérape

  1. Elise Lucet ne mérite pas le titre de journaliste et elle est une honte pour la profession mais on le sait depuis longtemps : reportages biaisés accusations mensongères un jour elle sera condamnée en diffamation et elle l’aura bien cherché

      1. Désolé, le changement de gouvernement ne changera rien.

        Et Mme Lucet se moquera de sa condamnation comme de sa première guigne. Au contraire, selon le cas, elle pourra même se poser en victime…

  2. Ces journaleux détestent ceux qui ont réussi sans faire partie de « l’élite  » ( ENA, sciences po..) alors que ces gens devraient au contraire être de formidables modèles. Ils détestent aussi Lactalis ( parti de presque rien), Ricard etc….Ils ne respectent que les ploutocrates et les petits en faillite ou les gauchistes facon José Bové.Pas étonnant que l’agriculture francaise ait du mal avec de tels medias (et politiques).Des Xavier Beulin il en faudrait davantage et il faudrait que des jeunes le prennent en exemple . Il doit sa fantastique carrière à son talent, son travail et ses efforts et non au copinage avec les énarques.Respect pour tout ce qu’il a fait.

    1. en France on nous apprend le contraire, à l’école.
      Les forts en math déjà se font allumer, et même les profs disent « il est trop fort en math il aura des problèmes ».
      On a un problème avec le succès.

      1. @alainCo
        totalement iditot comme raisonnement : justement les maths sont un instruments de sélection très important et ce dès le plus jeune âge .Combien d’enfants échoue dans notre système scolaire en raison de ce tropisme élitiste.Les profs et instits étant dans leur majorité opposé aux filières techniques ou trop professionnalisantes. Un jeune qui choisi ce type de filière est mal vu dans un collège ou lycée, en effet tout le monde doit faire ENS ou X .

  3. On attend un peu autre chose du service publique non ? qui osera definitivement , clouer le bec de cette journaliste ! le mensonge ne grandit pas le service publique , mais les medias nous ont demontrés que par le passé il etaient aussi capable du pire !

    1. S’il n’y avait que cette « journaliste » ! Il me semble qu’il y a une bouse médiatique toutes les semaines sur Arte (moins ces temps-ci, me semble-t-il) et sur la 5.

      Je me suis proposé d’écrire un article sur « Notre pain est-il dans le pétrin ? », et il y en a d’autres que je n’ai pas encore visionné. C’est choquant et déprimant.

      1. C’est un comble , on reproche ici au service public (TV) de chercher a rentabiliser les émissions et à attirer des annonceurs , n’est pas le but de toute entreprise que de gagner de l’argent , Elise Lucet et sa boîte de prod sont là pour faire du bénéf ( IS ,Cotisations sociales , salariés ,etc..) , elle vend son savoir faire a Fr2 qui fait de l’argent en attirant des annonceurs grâce à l’audimat . C’est le libre marché : les gens veulent de la merde et bien on en fabrique.La redevance étant assez faible ,faut trouver du pognon ailleurs. Si les gens ne veulent pas payer pour une tv de qualité , faut pas qu’il se plaignent.

        1. « medias = libre marché »
          c’est une plaisanterie?
          Les medias mainstream ne vivent que grâce à l’argent des impôts(= vol légalisé car on le fait sans le consentement des citoyens). Le nombre d’employés et leurs salaires ne dépendent aucunement de l’audience ( d’ailleurs l’audience de France culture, France 2 etc… est quasi nulle). Ils ne remplissent pas du tout leur rôle de service public car excepté la propagande qui est pour tout le monde leurs émissions n’intéressent que 2 ou 3 % des gens.

  4. Le problème du format TV c’est qu’il faut fournir des émissions régulièrement, faire du produit avec un bouc émissaire facile (i.e. qui ne risque pas de porter plainte ou de retirer ses encarts publicitaires, l’agriculture est un bon client, plein de thématique, bien dans l’air du temps) permet d’assurer le contrat.

  5. Heureusement qu’il y a Sylvie Brunel, géographe de renom, pour défendre le modèle agricole Français.

  6. Chez France Intern c’est devenu une habitude.
    Hier, retour sur l' »affaire » François Paul dans Affaires sensibles ».

    https://www.franceinter.fr/emissions/affaires-sensibles/affaires-sensibles-08-mars-2017

    Notez les références, à la fin: on a le droit aux sempiternels Monique Robin et consorts.

    Pour avoir vu et écouté François Paul à un « débat » (je sais, c’est courageux de ma part ;)), je peux dire que François Paul est surtout un incompétent notoire. Par exemple, il affirmait faire des rotations colza-orge-colza car, vous comprenez, personne, dans les écoles d’agriculture, ne lui a parlé d’agronomie.
    Ce n’est pas étonnant qu’il tente depuis, de faire passer sa maladie sur le compte d’un tiers. ça tombe bien , c’était Monsanto.

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