« Docu » militant en prime : c’est reparti !

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« Pesticides, le poison de la terre », c’est le titre du prochain documentaire diffusé le 6 septembre du France 5 en prime time. « La France des champs, la France des vergers, la France des vignes meurt à petit feu » peut-on entendre au début de la bande annonce par la voix de l’auteur, Aude Rouaux. « Sans titreNous sommes les plus gros consommateurs de pesticides en Europe. En Charente et en Gironde, les deux départements français les plus touchés, nous avons suivi pendant plusieurs mois ceux qui osent briser le silence. Des lanceurs d’alerte qui se battent pour faire reconnaître la nocivité des produits phytosanitaires. Vingt ans après l’amiante, nous sommes à l’aube d’un nouveau scandale sanitaire. Une bombe à retardement qui touche les agriculteurs, les riverains, mais aussi les enfants. » poursuit-elle.
Aude Rouaux entend donc « briser le silence ». Mais de quel silence parle-t-on ? Ce ne peut pas être le silence sur l’utilisation des pesticides en agriculture puisque nous sommes abreuvés de reportages et documentaires en série sur le sujet depuis des années ! Mais la journaliste nous ressort tout de même le sempiternel refrain.
Sur le site de France 5, le pitch est encore plus cash (sans jeu de mot avec l’émission d’Elise Lucet). « Pourquoi les riverains de Birac, petite commune charentaise, développent-ils un nombre surprenant de cancers des ganglions ? Comment expliquer que les enfants du village de Preignac en Gironde sont-ils plus touchés par les leucémies ? Les produits phytosanitaires sont pointés du doigt. Aujourd’hui, les familles dénoncent le silence des autorités. La réalisatrice Aude Rouaux leur donne la parole afin de mener l’enquête sur un sujet qui demeure encore en 2016 un tabou, dans le monde agricole. »
L’histoire du petit village de Preignac n’est pourtant pas nouvelle et a déjà fait l’objet de multiples reportages (Cash Investigation sur France 2,  La Nouvelle Edition sur Canal +, journaux de France 3…). Le buzz médiatique a même été si fort qu’une enquête a été mené par l’Institut de Veille Sanitaire (InVS) et l’Agence Régionale de Santé d’Aquitaine. Les résultats ont été publié en juin 2013 et les conclusions n’ont été guère probantes : « Si l’on ne peut écarter l’absence d’excès de cas de cancer sur Preignac ou sa zone, celui-ci reste faible et ne concerne pas un type de cancer spécifique. Les méthodes épidémiologiques ne permettent pas de savoir si cet excès est lié à une fluctuation aléatoire des maladies (pouvant être compensée par un déficit dans les années à venir) ou si cet excès est véritablement lié à un facteur de risque environnemental commun. En outre, on constate que dès que l’on agrandit la zone d’étude aux autres communes limitrophes, l’excès de risque est moindre. » (Lire le rapport complet )
Mais au royaume de l’audimat, l’essentiel est de faire peur. Et tant pis s’il faut pour cela entretenir le mythe du silence et de l’omerta sur l’utilisation des pesticides, alors même qu’ils font la une en permanence. Le silence sur le sort des agriculteurs, livrés à eux-même, victimes de la sur-réglementation et de l’instabilité des politiques européennes, peut lui se poursuivre. Ni Aude Rouaux, ni ses confrères ne vont se risquer à enquêter sur les vrais problèmes de l’agriculture.

18 commentaires sur “« Docu » militant en prime : c’est reparti !

  1. France 5 remet le couvert, on peut s’attendre au pire, enfin plutôt au rire tellement tout cela est grand guignolesque.

    Dans des journaux qui se veulent sérieux on trouve aussi des perles :http://www.usinenouvelle.com/article/en-ile-de-france-la-qualite-de-l-air-reste-inquietante.N427642

    « Or l’agriculture contribue à hauteur de 86 % des émissions d’ammoniac, lesquelles proviennent pour leur immense majorité de l’épandage d’engrais minéraux. »

    Il est vrai que l’agriculture est responsable de 86% des émission d’ammoniac mais ce que le journaliste PATRICK DÉSAVIE ne sait pas ou feint d’ignorer ou est payé pour ignorer , c’est que l’ammoniac ce ne sont pas les engrais minéraux qui le dégagent mais les engrais organiques et les élevages, engrais organiques sur lesquels repose l’organic farming, traduisons l’agriculture biologique qui devrait, on l’a déjà dit, s’appeler organique pour traduire l’équivalent anglais.

    Pour faire oublier la pollution industrielle ou celle liée au transport, transport routier ou transport aérien , transport aérien dont on parle si peu, trop peu, sujet tabou aussi bien pour les ONG vertes que pour l’usine nouvelle, on va chercher des poux dans la tête des agriculteurs.
    Mais ce faisant en se trompant (volontairement) d’agriculteurs… l’ammoniac c’est l’engrais organique qui le dégage et les élevages.
    Avec une Beauce dédiée aux grandes cultures en général et au blé en particulier, très peu de problème puisque l’essentiel de la fertilisation azotée est assurée par des ammonitrates, très faiblement contributeurs pour le NH3.

    Même les journalistes qui écrivent dans l’usine nouvelle sont nuls, archi nuls!

    1. En attendant l’évolution de l’agriculture conventionnelle Française, les Russes vont venir nous botter le cul, parce qu’eux ils on bien remarqués que les consommateurs veulent du bio sans OGM (même si c’est un phénomène de mode ou de bobo d’écolo, il perdure et s’accroît d’année en année) que la croissance est a deux chiffres dans ce domaine.
      Alors que nous on se met de la bouse dans les yeux pour ne rien voir…..
      http://www.frequencelumiere.ch/anti-tafta-la-russie-cherche-a-dominer-le-marche-des-aliments-biologiques/.
      Bien le bonjour Camarje

      1. Tout ce qui peut entraver les américains fait plaisir aux russes. Donc, bannir les OGM, c’est toucher les américains.
        Si en plus, les russes peuvent fournir du blé « bio » aux européens, grand bien leur fasse. Si nous, français, n’y arrivons pas, c’est que c’est manifestement plus compliqué à mettre en place, et ce ne sont pas les conditions de cette année qui vont motiver les français à développer des céréales bio.
        Je serai néanmoins curieux de voir les moyens de contrôle de la filière « bio » russe. Déjà qu’en Italie, ce n’est pas simple à tracer, alors en Russie… (exemple: mélangez 100 t de blé conventionnel dans 2000 tonnes de blé bio, c’est difficilement détectable, mais c’est extrêmement rentable).

      2. Si les russes produisent bio autant qu’ils piquent aux hormones leurs sportifs , les consommateurs masculins français de produits bios russes vont devoir acheter des soutien gorge pour maintenir leur poitrine !!!

      3. Croissance du bio ? 10 fois zéro cela fait toujours zéro. ce qui compte c’est la part de marché du bio au niveau mondial ( c’est à dire environ 1% !!) et non la progression supposée d’une année sur l’autre.La Russie est le plus grand pays du monde: ils ont possibilité de faire du blé bio extensif pour satisfaire nos bobos tout en faisant du blé moderne et intensif dans d’autres endroits. Ils viennent de devenir le premier exportateur mondial de blé. PAr contre les européens de l’ouest ne pourront jamais rivaliser car ils ont des frais fixes par hectare très importants ( prix de la terre, impôts etc…) et des conditions qui favorisent les maladies ( climat océanique). Au contraire, en Russie il y a des millions d’hectares de céréales qui ne reçoivent aucun fongicide ou insecticide. De plus la qualité boulangère de leurs blés est souvent meilleure.

        1. Ne pas oublier que dans les pays de l’est il y a des milliers d’ha « super fertiles » qui vont produire plusieurs année de gros rendement « bio » sans apport de NPK extérieur ni pression maladies, ces zones n’étant pas ou peu jusqu’alors cultivées.
          (J’ai eu l’occasion de voir des échantillons et analyses de sol ramené par un français qui compte bien profité de cette manne durant quelque années.(une foi les sol vidés, soit abandon soit retour a la fertilisation raisonnée).
          Les russe règle en ce moment leur principaux problèmes sur ces zones a savoir les infrastructures/logistiques de collecte.

  2. Après avoir lu le rapport de l’Institut de Veille Sanitaire , on ne peut pas nier l’évidence , les traitements des vignes ont provoqué des cancers chez les enfants !!!
    Les pratiques viticoles provoquent malheureusement des amalgames qui nuisent aux agriculteurs , dont les pratiques sont plus soft.
    Je cultive une parcelle de terre à proximité d’habitations et je pense la passer en bio pour être tranquille .

    1. Vous plaisantez j’espère.

      De deux choses l’une : ou bien il y a un lien entre traitements phytosanitaires et cancers, ou bien il n’y en a pas.

      S’il y avait lien, on devrait trouver une répartition géographique des cancers avec des excès de cancers (ou de certains cancers) dans les zones viticoles et dans d’autres zones à forte pression phytosanitaire. Et vu l’hystérie ambiante et le fonctionnement de la recherche (Isabelle Baldi…), ça devrait se savoir depuis longtemps.

      Ce rapport est un étalage de pédanterie qui, en plus, prend bien soin de ne pas se prononcer, de ne heurter aucune sensibilité et de ménager l’avenir des auteurs et de leur institution.

      Les auteurs écrivent certes : « Une poursuite des investigations n’est pas justifiée », mais il faut lire : « on aimerait bien… ».

    2. Corrélation ne signifie pas rapport de cause à effet. le rapport  » n’exclut  » pas qu’il y ait un lien avec l’utilisation de certains pesticides mais ce lien n’est nullement démontré.

      1. Bien sûr que si, la contamination par les pesticides est archi prouvé depuis des années par les scientifiques (hors conflit d’intérêt) Or, il y a trop d’argent en jeu pour que les responsables de ce crime contre l’environnement et ses conséquences sanitaires soient publiquement, mais sérieusement exprimé. La complicité du pouvoir avec les empoisonneurs multinationaux est patente. Exemple récent, l’autorisation de Manuel Vals de déverser des boues rouges par un industriel, sur les rivages de Marseille, cela contre l’avis de Ségolène Royal.

  3. Bonjour Seppi,

    Je ne partage pas votre analyse , quand on lit le copier , coller ci dessous , j’en déduis qu’il y a pas moins de 3 fois le nombre de cancers attendus , ce qui est énorme.
    Ce n’est pas pour autant que je milite pour l’interdiction des PP puisque j’en utilised moi même mais les viticulteurs doivent trouver le moyen de traiter leurs vignes sans aller polluer le voisinage , c’est leur problème .
    Certains d’entre eux , par de mauvaises pratiques, portent ombrages aux agriculteurs puisque les médias et la société civile ne font pas de distinguo entre les différents corps de métier de l’agriculture .
    Vous me direz qu’il y a de mauvais agriculteurs , oui sans conteste , mais nos systèmes de pulvérisations émettent moins de dérives que celui des vitis .

    ——-il semble y avoir un excès relativement faible au cours des 14
    dernières années (4 cas observés pour 0,8 attendu), confirmant la perception initiale du maire de la commune.
    En outre, 3 cas d’hémopathie maligne et de tumeurs cérébrales, potentiellement liés à une exposition aux
    pesticides, sont survenus contre 0, 5 attendu.——-

    1. À ce niveau d’occurrence, les cancers sont distribués de manière très aléatoire sur l’ensemble du territoire.

      Quand on fait un calcul statistique savant et qu’on dit par exemple « 0,5 cas attendu », la vision pragmatique est que les cancers se comptent par unités. Une concentration de 3 dans une agglomération ou une petite région ne suffit pas à établir, ni même à suggérer, un lien de cause à effet.

      On a le même problème avec les centrales nucléaires et les lignes à haute tension.

      Cela dit, je suis bien d’accord avec vous sur la nécessité pour les viticulteurs de répondre de manière pragmatique à l’hystérie ambiante.

    2. Bonjour Marco
      Vous êtes victime d’un biais courant lié aux comparaisons multiples : Si un échantillon assez grand est dans la norme ( le canton ) et que vous le subdivisez en dizaines de sous ensembles ( communes, CSP, etc. ) vous en trouverez forcément au moins un où l’écart aura une probabilité de 1% (la commune de Preignac)
      https://en.wikipedia.org/wiki/Bonferroni_correction
      Bien sûr on ne peut écarter l’hypothèse que cet écart corresponde à une cause particulière mais cette cause est alors locale ( pollution locale, mauvaise pratique d’un applicateur, consanguinité ) plutôt que généralisée ( pesticides )

      1. Physicien,

        Je suis d’accord avec vous et avec la plupart des intervenants sur ce forum mais que voulez vous, le téléspectateur de ce soir sur Fance 5 ne connait pas ( comme moi) le correction Bonferroni !!!
        Il faudrait des émissions – Contre Feu -mais financer par qui ?
        J’ai assisté à une table ronde dernièrement lors d’un colloque du Conseil économique et social de la région Grand Est . Mr Bévillard de FNE et pilote du réseau agriculture a dit que nos sols étaient en perdition , ce qui est totalement faux et lorsque Xavier Beulin a contré Mr Bevillard , je me suis rendu compte que les 3/4 de la salle étaient d’accord avec Bévillard !!!! et ceci à la foire de Chalons en Champagne , seconde foire agricole nationale après Paris !!!
        Les agriculteurs n’ont plus la parole et même les députés de droite leur tournent le dos comme ce fut la cas lors du vote à l’Assemblée Nationale contre les néonicotinoides , pour la plupart , ils n’étaient pas présent !!!

        1. Consultez le rapport INRA-BRGM sur l’état des sols en France ( un pavé de plusieurs centaines de pages plutôt bien fait). Ce n’est ni noir ni blanc. Certains sols se sont améliorés et certains sols se sont appauvris et tout cela n’a rien à voir avec le bio ou le moderne.( grandes fermes céréalières où les taux de matière organique sont plus élevés qu’autrefois) L’évolution naturelle et normale d’un sol est de se dégrader ( érosion, lessivage) et c’est l’homme qui permet de l’améliorer ( apport de chaux, de matière organique etc….). la fertilité d’un sol dépend donc de la volonté et du professionnalisme de l’agriculteur et aucunement du fait d’être bio ou pas.

  4. « Je cultive une parcelle de terre à proximité d’habitations et je pense la passer en bio pour être tranquille . »
    Effectivement les ONG vertes souhaitent cette évolution mais le cas de Villeneuve de Blaye est justement lié à une pulvérisation bio, c’était du soufre qui était en cause dans l’indisposition des enfants accompagné de cuivre de la bouillie bordelaise, au final plus toxique que le soufre, mais moins irritant.
    Le passage en bio impose, surtout des années au printemps humide, des passages bien plus fréquents que le conventionnel et avec des produits tout aussi toxiques voire souvent plus toxiques, jamais l’huile de neem n’aurait été autorisée si elle n’avait été demandée par l’agriculture bio, infiniment plus problématique sur le plan santé que les insecticides conventionnel.
    La bouillie bordelaise aurait été interdite depuis longtemps au plan européen…

    L’agriculture bio est un choix philosophique qui se respecte, c’est un choix économique qui peut avoir du sens, mais elle n’est ni plus saine pour le consommateur, ni plus sécurisé pour l’agriculteur, ni protectrice pour l’environnement, le cuivre et les interventions mécanique, labour, travail du sol à répétition posent des problèmes au sol ( érosion, perte de matière organique) infiniment plus importants que les pesticides et dégagent des particules de sol qui sont nuisibles par temps sec et venté, forte fraction de particules PM 10, mais cela la presse n’en fait pas état donc cela n’existe pas dans l’esprit des bobos.
    On notera que ce qui tue les sols c’est l’apport de polluants chimiques non évalués correctement ( dioxines, PCB, plomb, cuivre, cadmium….) et cela n’a rien à voir avec des pratiques agricoles normales. Les boues de station d’épuration posent de ce point de vue à terme problème mais il faut bien évacuer les déchets des bobos.

    1. « L’agriculture bio est un choix philosophique qui se respecte, c’est un choix économique qui peut avoir du sens » ?

      Tout à fait d’accord avec la deuxième proposition ainsi que la suite.

      Pas tout à fait avec la première : le choix « philosophique » est fondé sur des contre-vérités, et ça, ça ne peut pas être respecté.

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