Du rififi chez Ecocert

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Rien de neuf sous les Tropiques ! Le groupe Ecocert – numéro un mondial de la certification de produits biologiques – est dans la tourmente avec une grève qui touche l’entreprise depuis le 7 avril. Déjà en 2009, un collectif d’anciens salariés d’Ecocert avait mis sur la place publique une « réalité plus que déconcertante » du poids-lourd du bio : procès avec les salariés (dont un pour « harcèlement moral »), grèves et récriminations récurrentes de la part des employés pour obtenir des salaires plus décents,… Le PDG William Vidal était déjà pointé du doigt et un ancien salarié cité par Politis expliquait à l’époque : « C’est devenu une multinationale. Et c’est très loin de ce qu’Ecocert était au début, une petite association de militants écolos. » Ces critiques n’ont quand même jamais incité des associations écologistes comme Intelligence Verte (Philippe Desbrosses) ou Générations Futures (François Veillerette) à remettre en cause leur partenariat financier avec Ecocert. Il faut bien faire marcher la boutique !
Mais cette fois-ci la contestation semble plus importante puisque, comme le relate le site Reporterre, « 70 à 75 % des 180 salariés d’Ecocert France ont cessé le travail pour une seule et unique revendication : une augmentation de salaire de 120 euros brut par mois. Dix ans qu’Ecocert n’avait pas connu un tel mouvement social. “La situation est explosive à cause des refus répétés de la direction de revaloriser les salaires malgré les profits engrangés par l’entreprise martèle Thomas Vacheron (de la CGT). » Eh oui, Ecocert a bien profité de la vague bio et atteindrait un chiffre d’affaires de 34 millions d’euros en 2014. Dominique Gagnon, délégué CFDT et cofondateur d’Ecocert au début des années 1990, confie à Politis : « Ça s’est un peu tassé ces derniers temps, mais nous avons connu des années à 38 % de croissance et le tout sans augmentation salariale conséquente. (…) On est passé du modèle babaoïde au modèle libéraloïde ! »
Mais n’en déplaise au média du journaliste décroissant Hervé Kempf, si certains salariés critiquent ce « modèle libéraloïde », ils ne revendiquent pas une réorientation du modèle d’Ecocert. Ce qu’ils veulent, c’est avant tout pouvoir bénéficier, eux aussi, du pactole généré par ce modèle ! Bref, contrairement à une idée reçue, le bio ne favorise pas forcément un modèle économique alternatif.

Sources
http://www.politis.fr/Un-business-pas-bien-bio.html
http://www.reporterre.net/Les-salaries-du-geant-de-l

23 commentaires sur “Du rififi chez Ecocert

  1. Au rond point a l’Ile Jourdain on pouvais livre une banderole »nous aussi on veut pouvoir manger bio « !

    1. @ patdu32

      « ….une banderole »nous aussi on veut pouvoir manger bio « !

      >>> Ben, c’est vrai non? On est en république, non? Et de plus en plus démocratique et populaire….

  2. Ecocert réalise moins de 80 K € de chiffre d’affaire par salarié et par an et malgré cela 65 % des non cadres ( en France)reçoivent plus de 24 K € net ( pour 35 heures).Ils sont donc plutôt bien payés en regard de leur productivité.
    La CGT continue sur sa logique de fossoyeur d’entreprises.
    La DRH d’Ecocert indique sur son site qu’ils privilégient l’approche  » informelle » : ce qui est choquant pour une entreprise d’audit!! ( faites ce que je dis mais pas ce que je fais).Ils devraient montrer l’exemple en ayant des objectifs clairs et mesurables ( indicateurs de performance) et dans ce cas il n’y aurait pas de contestation possible ( si le travail est bien fait). D’ailleurs Ecocert est t il lui même certifié ( ISO 9001 et 14001 par ex)et contrôlé et par qui?? Il faut certifié le certificateur.
    A combien de personnes refusent ils vraiment la certification Ecocert?

    1. 80ke par tête mais la certification c’est pas de l’industrie ou l’agriculture mécanisée, les charges sont faibles. Ecocert fait un petit million de benef, en sacrifiant 20% ils pourraient satisfaire les revendications.

      1. @karg ,
        je ne vous laisserait pas les rennes d’une boîte ( conceder 20% du résultat net !!!)
        Regardons les comptes
        2013 CA = 5M€ Résultat net = 420k€ 8% de rentabilité mais quand one regarde EBE ( la productivité de l’entreprise = -2.3M€ !!!!)
        2012 pas de compte publié
        2011 en gros idem que 2013 EBE = -2.5M€
        2010 ****** EBE = – 1.5M€

        Quand l’Excedent Brut d Exploitation est négatif cela signifie que la boîte perd du pognon …
        Et les gars de la CGT veulent une augmentation , les nazes !!
        Comme d’hab le vulgus pecum à le nez sur les bénéfices , sur les profits (le terme profit a une connotation péjorative … profiter , profiteur )

        1. Je me demande comment on peut avoir un résultat net positif avec un EBE négatif. A moins de faire un résultat exceptionnel. Mais avec les chiffres que vous donnez ce résultat exceptionnel doit être vraiment EXCEPTIONNEL ! =>

          0,420 + 2,3 = 2,720 millions € pour un CA de 5 millions € !

          1. Entre l’EBE et le résultat net , il y a :
            Le Résultat D’exploitation : reprise sur amortissement /provisions
            Le Résultat Financier : produits financiers
            Le Résultat Exceptionnel :vente d’immobiliers , etc , autres Ecocert + rentable qui reverse son obole .

          2. ici c’est Ecocert de n° siret :38072500200022

            Si on regarde la nébuleuse Ecocert , il y en a dont l’EBE est correct et le résultat net est très bon .
            Il doivent comblé celui de LisleJourdain (32600)

          3. Ecocert pomperait donc du résultat financier ou exceptionnel à ses filiales. ça fait quand même beaucoup rapporté au chiffre d’affaire. Il doit y avoir un lézard quelque part.

        2. Essayez d’utiliser la bonne source avant de critiquer ma vision du management.
          http://www.societe.com/bilan/ecocert-france-433968187201312311.html

          Leurs résultats sont solides et régulier, entre 500 et 700ke depuis 10 ans, avec un belle croissance (70 recrutements, bénéfice presque doublé) dans les années 2010. C’est normal que ça râle en bas si rien ne descend. J’ignore la politique interne d’Ecocert, mais quand la direction n’est pas transparente sur les chiffres et qu’elle ne veut rien lâcher, il faut s’attendre à ce genre de problème.

  3. « contrairement à une idée reçue, le bio ne favorise pas forcément un modèle économique alternatif. »

    Pas plus que la réorientation de certaines industries ne semble favoriser les « emplois verts », et ce, en totale (sans jeu de mot…) contradiction avec ce qui est claironné, jusqu’à plus soif, par les écolos et leurs relais tant médiatique que politique.

    « Total poursuit la restructuration de son activité de raffinage [notamment la production de biocarburants] avec l’annonce jeudi de la suppression de 180 postes [sur 430] sur le site de La Mède (Bouches-du-Rhône), qui sera reconverti, et d’importants investissements pour moderniser celui de Donges (Loire-Atlantique).

    https://fr.news.yahoo.com/total-reconvertit-raffinerie-m%C3%A8de-va-supprimer-178-postes-074140918–finance.html

  4. Le bio est un business comme un autre, ben oui !

    Lié à ceux qui croient à ses vertus pour la santé ou l’environnement et sont prêts à dépenser plus, comme l’engagement des stars du show bizz ou du sport pour faire consommer un gel coiffant, un marque de cigarette ( ça c’était avant ) ou une voiture de sport. Un simple objet d’incitation à la consommation, rien de plus.

    L’affaire Ecocert est là pour nous le rappeler. Mais le bio a surtout l’appui de grand groupe de la distribution comme Carrefour ou Auchan qui compte racheter ainsi leur image d’égorgeur de petites entreprises, ce qu’ils restent, rachat pour pas cher.

    Seul le bio circuit court qui court-circuite la distribution a du sens, socialement il s’entend avec un surplus d’image (justifiée ou non?) mais surtout de prix.

  5. Sur le permis d’exploitation de banc de sable au large de Lannion:

    http://www.la-croix.com/Actualite/France/L-autorisation-d-extraction-des-sables-de-Lannion-passe-mal-2015-04-19-1304108

    Ce qui est étrange, c’est que ce sable « coquillier » est surtout employé en système « bio », mais que personne n’en fait mention.
    Idem, pour les gisement de lithotamne au large des Glénans: l’extraction est désormais arrêtée.
    Que l’on ne vienne pas me parler de la « durabilité » du système bio.

  6. Surexploitation du lithotamne, non durable? certainement pas !

    C’est BIO donc c’est BON pour vous comme pour la nature, comme la bouillie bordelaise, le labour à tout va, les graines germées importées d’Egypte, les insectes au petit déjeuner puisque les journalistes bobos vous le répètent à longueur de quotidien ou de journal télévisé.

    Un peu plus cher pour votre porte-monnaie? peu importe! quand on aime, on ne compte pas et …vous le valez bien !

  7. Question:

    On savait le bio très lié à l’anthroposophie, à Rudolf Steiner, aux mouvements d’opposition aux valeurs des sciences expérimentales au début du XXème siècle. Est ce que le bio est aussi Orwellien? plus tardif dans ce cas mais vraisemblablement, de toute évidence, plus déterminant pour son succès actuel.

    1. Tu veux parler des déviances fascisantes chez certaines promoteurs de l’AB? Je vais prochainement recevoir « Les interprétations du fascisme » de Renzo de Felice, je pourrais faire un topo plus précis après.

  8. Dans le genre optimum bobologique, glané sur Agrisalon, site du crédit mutuel mais bobo en diable. La banque bobo mutuelle.

    http://www.agrisalon.com/fr/permalien/article/7008566/Gerard-Grandin-%2861%29-a-bati-un-systeme-neo-zelandais-tres-econome.html

    Petite indication, cette Nouvelle Zélande c’est celle d’il y a 20-30 ans.

    La production laitière de NZ est désormais plus intensive que celle de Hollande, de grands pâturages en plus pour l’image d’Epinal, mais autant de concentré à base de maïs et de soja quand il s’agit de produire du lait à haute dose.

    C’est mathématique et physiologique à la fois.

    C’est avec cette logique que les NZ sont devenus premiers exportateurs de lait au niveau mondial, plus juteux que le mouton.

    Pour rester extensif, il faut être suisse, même si les suisses poussent aussi la production de maïs pour carburer dans le secteur du lait.

    Le mythe de l’or blanc ne serait-il pas qu’un mythe?

    1. Si le client achète du prix, forcément le système laitier ira dans cette direction. On peut le regretter, mais c’est pas aux producteurs d’imposer une technique de production, c’est le client qui l’impose.

    2. Très intéressant.

      Les bobos liront-ils : « Je peux me permettre de réduire drastiquement le paillage et l’hygiène traite » ?

      Et d’autres bobos analyseront-ils les conséquences d’un tel système s’il était généralisé ?

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