Canal + : une rentrée sur le mode « terreur alimentaire »

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Pour sa rentrée, la chaîne cryptée a décidé de frapper fort avec la diffusion en prime le 1er septembre d’un documentaire exploitant (une fois de plus) les angoisses alimentaires. Intitulé « Bientôt dans vos assiettes… (de gré ou de force) », il est présenté ainsi : « Il y a quinze ans, des firmes agrochimiques comme l’Américain Monsanto nous promettaient une révolution agricole high-tech. Leurs organismes génétiquement modifiés (OGM) devaient améliorer le rendement des récoltes et éradiquer la faim dans le monde. Quinze ans et quelques polémiques plus tard, que reste-t-il de ces promesses ? La faim dans le monde est toujours là. Quant aux rendements des récoltes, ils ont effectivement augmenté. Mais à quel prix ? »

On peut s’attendre au pire parce qu’il semble bien que ce documentaire ait été conçu et réalisé en étroite collaboration avec les associations anti-OGM. Pour preuve, Benjamin Sourice de l’association Combat Monsanto et chargé de communication et relations extérieures pour le CRIIGEN depuis mars 2014, se vante sur twitter d’avoir reçu début août une copie de ce docu. De plus, il s’agit d’une récidive puisque le producteur de ce film, Paul Moreira, avait déjà été à l’origine d’un autre documentaire controversé sur les OGM en 2005, intitulé « OGM, l’étude qui accuse ». En 2007, la lettre Agriculture & Environnement avait fait un excellent décryptage de cette « manipulation médiatique » (voir ici). A lire, en attendant celle de la prochaine rentrée…

 

Sources

 

12 commentaires sur “Canal + : une rentrée sur le mode « terreur alimentaire »

  1. Le documentaire de Paul Moreira est pertinent et impartial. A lire aussi absolument l’article de Médiapart sur les OGM paru le 29 août 2014.
    Ça c’est du journalisme libre et indépendant.

  2. @ Hortense

    « Le documentaire de Paul Moreira est pertinent et impartial »

    >>> Concernant  » la pertinence et l’impartialité » du sieur Moreira, je vois que vous n’avez pas lu l’article dont la référence est donnée dans le texte ci-dessus (En 2007, la lettre Agriculture & Environnement avait fait un excellent décryptage de cette « manipulation médiatique » (voir ici), ou bien que vous n’avez pas bien compris ce que vous avez lu ou bien encore, hypothèse la plus vraisemblable à mon avis, que vous n’avez surtout pas voulu comprendre ce que vous avez lu!

  3. Je n’ai pas encore vu un argument anti-OGM qui tienne la route. Danger, brevetabilité, suicide des paysans indiens, etc… Plus le temps passe et moins la croyance aux dangers des OGM pourra tenir. Sauf chez les gens de mauvaise foi.

    Donc, Moreira impartial, ça me fait bien rigoler !

  4. Amusant le lien donné par Hortense…
    La panne de la biodiversité agricole…
    Savez vous combien il y a de variétés de blé cultivées en France ? 350.
    De maïs : 900. De tournesol ? 120.
    Combien de variétés cultivées en 1950 ? Allez, je vous laisse chercher, ça vous donnera une idée de la dynamique de la biodiversité agricole

    1. @astre noir .
      Réponse supposé de Hortense :
      ouais mais c’est des espèces pas naturelles , donc ça compte pas ! nanana nanèreuh !!!

    2. Je suis loin d’adhérer au catastrophisme concernant la perte de biodiversité agricole, mais je ferais remarquer que le seul nombre de variétés n’est pas un indicateur suffisant de diversité génétique. Si l’on a beaucoup de variétés peu différentes génétiquement, on peut avoir moins de diversité qu’avec un nombre restreint de variétés très différentes.
      Il semble que pour le blé tendre, au cours du XXème siècle, la diversité génétique des variétés s’est peu érodée (par contre la diversité intra variétale a chuté, ce qui est un objectif de l’amélioration variétale et offre des avantages pratiques)
      Voir :
      http://www.fondationbiodiversite.fr/les-programmes-frb/synthese-sur-les-indicateurs-de-biodiversite-cultivee

      1. Vous avez raison de ne pas adhérer au catastrophisme… superbe fond de commerce dans la médiasphère, mais aussi dans la recherche publique.

        Dites « biodiversité », et vous pouvez être sûr que vous avez de fortes chances de sortir du domaine de la science pour entrer dans celui de l’idéologie.

        Le document que vous citez n’y échappe manifestement pas. Dans la partie « À l’échelle nationale, le niveau de diversité génétique change au cours du XXème siècle », on peut voir des pointillés pour la période d’avant 1965 qui correspondent très largement à l’idéologie des auteurs, dont certains sont notoirement affiliés à la mouvance alter et anti et, sur le plan de la génétique et de l’amélioration des plantes, à celle qui déplore l’homogénéité des variétés et trouve son saint Graal dans une hétérogénéité intravariétale gage d’adaptabilité selon une conception darwinienne et lyssenkiste de l’agriculture (ça nous ramène à M. Gouyon…).

        Les auteurs écrivent ainsi : « Les résultats de cette étude concernent le blé tendre, culture majeure en France. L’évolution de la diversité génétique mise en évidence reflète une homogénéisation de la diversité génétique in situ majoritaire, essentiellement induite par la disparition de la diversité à l’intérieur des variétés cultivées au cours du XXème siècle. Cette homogénéisation pose la question de la fragilité des cultures de blé vis à vis des changements de l’environnement en cours et à venir (pathogènes, sécheresse, pratiques agricoles durables…) ».

        Pure rhétorique de la science parallèle. Y a-t-il vraiment «  une homogénéisation de la diversité génétique » (sic) ? C’est à voir ! Sur la base des pedigrees des variétés effectivement cultivées.

        Il y a d’ailleurs un élément de réponse : « …essentiellement induite par la disparition de la diversité à l’intérieur des variétés cultivées ». Mais pourquoi une variété moderne, X, constituée dans l’idéal d’un seul génotype issu du croisement de A et B serait-elle plus fragile que la même variété, X+ dans laquelle subsisteraient, à l’état de traces, d’autres génotypes, également issus du croisement de A et B ? Cette variété X+, un peu hétérogène (ou même un mélange, I et J) s’adapterait au terroir ? En combien de générations ? On peut multiplier les questions de ce genre.

        Cinquante variétés en 1910 ? Qu’en savent-ils, les auteurs ? C’est à peu de choses près le total de l’inventaire des Vilmorin, mais cet inventaire est-il complet ? Les variétés qu’ils ont décrites étaient-elles vraiment cultivées ?

        La diversité inter- et intravariétale est décrite comme étant proche de 1. Qu’en savent-ils ?

        En 2010, on aurait cultivé dans les 300 variétés ? C’est surprenant.

        Il faut distinguer aujourd’hui entre (1) l’assortiment effectivement cultivé ; (2) l’assortiment disponible pour la culture ; (3) la diversité disponible pour les travaux de création variétale.

        (1) est le reflet de contraintes agro-climatiques et économiques, ainsi que de l’état momentané de la filière des variétés et des semences.

        (2) c’est, en France, le’ catalogue communautaire des variétés.

        (3)  c’est l’assortiment disponible pour la culture, plus ce que nous avons conservé des assortiments passés, plus le matériel de sélection gardé par les sélectionneurs (notamment les géniteurs), plus le matériel conservé dans les banques de gènes, plus les espèces voisines, et tout ce qui est transférable par génie génétique.

        Et ce n’est pas seulement tout cela au niveau français, mais – avec certaines limites – au niveau mondial.

        La diversité effectivement cultivée ? C’est aussi une diversité constamment renouvelée.

  5. On aurait pu s’attendre avec un tel documentaire de voir abordé la demande française d’une dérogation pour la teneur en mycotoxines dans l’alimentation humaine de ce printemps, au moins évoqué

    http://www.journaldelenvironnement.net/article/mycotoxines-du-mais-quand-la-france-demande-une-derogation,46582
    « Fin avril, la France a demandé à la Commission européenne une hausse temporaire des teneurs maximales de mycotoxines tolérées dans le maïs, en raison de niveaux particulièrement élevés dans la récolte 2013. Un tel réajustement aurait peu d’impact en matière de santé publique, assure l’Autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa) dans un avis publié le 22 mai. L’une de ces mycotoxines, la zéaralénone, s’avère pourtant être un perturbateur endocrinien. »

    Dans tous les cas l’affaire des parmesans et mozzarela contaminés par les aflatoxines en Italie à cause de maïs fortement contaminés :
    http://parma.repubblica.it/cronaca/2014/06/19/news/tossine_nel_latte_arrestato_direttore_centro_servizi_agrolimentare-89396480/
    http://www.europass.parma.it/page.asp?IDCategoria=596&IDSezione=0&ID=470412

    http://www.r-biopharm.com/fr/news/diagnostic-alimentaire/aflatoxin-m1-found-in-parmesan-cheese
    « This paper shows that cheese should not be neglected as a source of exposure to mycotoxins, as 60% of these Parmesan cheese samples were contaminated and eight samples (26.7%) contained levels of aflatoxin M1 above the tolerance limit of 0.25 μg/kg adopted by the European Commission. The authors conclude that the results of this study indicate that there should be constant monitoring of aflatoxin M1 levels in dairy products marketed in Brazil, especially because the country now has a specific limit for mycotoxins in cheese. »

    Ou bien un bon résumé sur la contamination 2012 pour le maïs en Europe de l’est et en Italie et en 2013 pour le lait produit avec ce maïs ( manque vraisemblablement un nouveau phénomène proche dans le maïs italien en 2013.)

    http://en.wikipedia.org/wiki/2013_aflatoxin_contamination.

    Il y a bien ici quelques raisons d’être inquiet, justement précautionneux au moins.

    Quid des OGM par rapport à ces véritables dangers que l’on décline en risques aux USA mais aussi ponctuellement en Europe?

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