Et si le problème se trouvait aussi au ministère de l’Agriculture ?

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Il est clair que les organisations écologistes et l’aile radicale de la Confédération paysanne constituent les stormtroopers contre le modèle agricole actuel. Mais en lisant l’article intitulé « ARC 2020 : au cœur du lobbying contre l’agriculture productiviste » publié par Agriculture & Environnement (voir ici : http://www.agriculture-environnement.fr/a-la-une,6/arc-2020-au-coeur-du-lobbying,937.html), on peut se demander si leur activisme ne sert pas inconsciemment les objectifs de think tanks plus « institutionnels ».

On apprend par exemple dans l’article de Gil Rivière-Wekstein que la principale structure européenne de lobbying contre l’agriculture productiviste s’appelle « Convention Agricole et Rurale 2020 » (ARC2020), et qu’elle regroupe plus de 150 organisations européennes, principalement écologistes et bio. ARC2020 est notamment partenaire de la Confédération paysanne dans les opérations contre la « Ferme des 1000 vaches ». Subventionnée par la Fondation pour le progrès de l’homme (FPH), ARC2020 est pilotée depuis 2010 par le Groupe de Bruges, un think tank sur les questions agricoles créé il y a plus de vingt ans par Edgar Pisani et Bertrand Hervieu sous l’impulsion de la FPH. Ce qui est cocasse, c’est que le Commissaire européen à l’agriculture et au développement rural est depuis 2010 le Roumain Dacian Cioloş, qui a fait partie du Groupe de Bruges pendant 10 ans. Eh oui, le monde est petit ! On s’en convaincra encore plus avec la photo ci-dessus. Elle a été prise le 28 juin 2010 à l’occasion de la remise de L’appel de Gembloux à Dacian Cioloş, un appel principalement rédigé par le Groupe Saint-Germain et le Groupe de Bruges visant à « promouvoir une agriculture à haute valeur économique écologique et sociale ». On trouve notamment, de gauche à droite, Stéphane Le Foll, président du Groupe Saint-Germain, Bertrand Hervieu, cofondateur du Groupe de Bruges et du Groupe Saint-Germain, Dacian Cioloş, ancien membre du Groupe de Bruges, Arie van den Brandt, président du Groupe de Bruges et animateur d’ARC2020,et les eurodéputés Marc Tarabella et Csaba Sándor Tabajdi. D’un côté, les campagnes agressives des activistes d’ARC2020. De l’autre côté, les réflexions feutrées des think tanks. Mais une même cible : l’agriculture performante.

Sources
http://www.agriculture-environnement.fr/a-la-une,6/arc-2020-au-coeur-du-lobbying,937.html
http://www.pouruneautrepac.eu/wp-content/uploads/2010/06/TEXTE-APPEL-DE-GEMBLOUX-FINAL.pdf
https://www.flickr.com/photos/deputessocialisteseu/sets/72157624252214625/
www.arc2020.eu

5 commentaires sur “Et si le problème se trouvait aussi au ministère de l’Agriculture ?

  1. > On s’en convaincra encore plus avec la photo ci-dessous

    Ci-dessus

    > On trouve notamment, de gauche à droite, […] ,et les eurodéputés Marc Tarabella et Csaba Sándor Tabajdi.

    … qui manquent sur la photo.

  2. Et pourtant ce site titrait il y a quelque jours : »La France va-t-elle (enfin !) tourner le dos aux décroissants ? »

    On n’est pas près de s’en sortir !

  3. Sur la photo :
    Au premier plan : notre grand professeur de Lycée agricole à frange en charge d’une mission quasi divine de redressement d’une France Agricole égarée dans le productivisme coupable et la phytomania addictive pour la faire aller de gré ou de force dans le droit chemin (ou plutôt le gauche), et à coté de lui vous avez Bertrand Hervieu le père des CTE de l’ère Glavany (déjà une logique de guichet pour une agriculture décroissante avec contraintes environnementales volontaires rémunérées à grands coups d’argent public), producteur intarissable du venin ministériel sur la révolution culturelle agroécologique, pourfendeur du modèle d’agriculture intensive responsable de tous les maux de la société !

  4. Ces dernières années beaucoup de responsables de la filière agricole ( y compris dans l’agro industrie au plus haut niveau) ont laissé dire qu’il fallait  » changer de modèle « ( car modèle productif allait dans le mur) et que des alternatives existaient déjà. Cette période  » bisounours  » était sympathique car elle laissait espérer tout le monde et surtout évitait les conflits entre des conceptions opposées et incompatibles. Il y a donc eu un relatif consensus sur l’impérieuse nécessité de réduire les phytos et d’inventer  » l’agro écologie ( qui en fait date de plus de 50 ans!). En plus, cela permettait de sécuriser les 10 milliards € de subventions en enfumant le contribuable avec des belles histoires ( il fallait bien le protéger des méchants pesticides!). Mais la réalité est tout autre: le modèle qu’il fallait changer est plus que jamais confirmé au niveau planétaire ( sa part de marché ne fait que progresser et avec les améliorations constantes rien ne permet d’envisager sa mise au placard dans les 10 ans qui viennent).Il faudra bien admettre que les fameuses méthodes alternatives promises dans le rapport INRA 2007 n’existent pas et que les pesticides ne sont pas prêts d’être abandonnés (même en bio).La logique décroissante n’est pas compatible avec la logique de subventions payées par des dettes: c’est cela qui n’est pas durable et non le modèle productif.

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