Le Nouvel Obs bien ancré dans le sensationnalisme écolo

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Il faudra sans doute s’y faire. Le journaliste du Nouvel Obs Guillaume Malaurie semble décidé à sortir une fois par an un dossier hyper-anxiogène sur la thématique « santé-environnement ». En mars 2011, il a fait la une du Nouvel Obs sur « Attention à ce qu’il y a dans votre assiette », dénonçant la présence de substances chimiques dans les aliments ; en septembre 2012, c’était le fameux « Oui, les OGM sont des poisons ! » ; et cette année, nous avons droit à « Comment l’environnement influe sur votre santé : les maladies région par région ».

Certains pourraient s’imaginer que, pour concocter ses dossiers, Guillaume Malaurie s’adresse à des agences officielles comme l’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire l’alimentation, de l’environnement et du travail) qui regroupe 1350 agents et 800 experts externes. Ou encore à l’InVS (Institut de veille sanitaire) chargée de la surveillance, de la vigilance et de l’alerte dans tous les domaines de la santé publique. Pour faire un boulot sérieux, ce serait la moindre des choses, vu le nombre de données et études produites par ces agences. Sans parler des agences européennes et internationales. Eh bien non ! M. Malaurie préfère s’informer auprès des militants écologistes.

En effet, en 2011, il reprend les propos alarmistes de Générations Futures, du Réseau Environnement Santé et du WWF, en affirmant qu’« une étude révèle qu’un enfant absorbe plus d’une centaine de substances chimiques dans son alimentation en une seule journée ». Pourtant, les associations écologistes expliquent elles-mêmes que « les résultats contenus dans ce dossier n’ont pas de valeur statistique significative au regard du faible nombre d’échantillons analysés », mais cela, le journaliste du Nouvel Obs préfère l’omettre.

En 2012, il fait la part belle au discours anti-OGM de Gilles-Eric Séralini, connu pour son engagement écologiste. Le journaliste Sylvestre Huet a très bien analysé les manquements journalistiques de M Malaurie: « (Gilles-Eric Séralini) a dealé avec un seul journal. Un deal mortifère pour les impératifs déontologiques journalistiques, puisqu’il passe par une exigence : pas de contre-expertise, article scientifique confidentiel, pas de critiques. Le Nouvel Observateur a donc publié sept pages sur ce sujet avec un défaut d’enquête sidérant. Et avec un titre étendant à « Les OGM » un résultat portant sur une seule plante transgénique et un seul transgène, sans aucune justification scientifique, voire de bon sens. Un mauvais service rendu à l’information, mais probablement le prix à payer pour un « scoop » ne devant rien à une enquête et tout à une opération de communication promettant de belles ventes. »

Enfin, en 2013, il donne un coup de projecteur sur André Cicolella, et son livre à paraître au titre tout en nuance : Toxique Planète. André Cicolella est présenté comme un chercheur à l’Ineris et président du Réseau Environnement Santé (RES). Toutefois, M. Malaurie ne mentionne pas le fait que le RES regroupe des associations écologistes comme Générations Futures, le WWF, Fondation Sciences Citoyennes, etc., et que M. Cicolella est lui-même un militant écologiste de longue date : membre de la Commission Santé d’Europe Ecologie-Les Verts (après avoir longtemps présidé la commission santé des Verts), membre du conseil scientifique du WWF-France, etc.

Certes, ce n’est pas qu’avec l’écologisme que le Nouvel Obs dérive vers le « tabloïd » (on l’a notamment constaté avec leur publication d’un dossier consacré au livre de Marcela Iacub sur sa relation avec DSK). Et hélas, rien n’indique que cette tendance ne s’arrête. On ne peut cependant que regretter le manque voire l’absence de réactions de la part des institutions et agences officielles face à ce déferlement d’affirmations catastrophistes…

Quant au fond de l’article, nous y reviendrons dans un prochain billet.

8 commentaires sur “Le Nouvel Obs bien ancré dans le sensationnalisme écolo

  1. j’attend avec impatience la fin de mon abonnement (que l’on ma offert).
    Le pire est que même après coup ils defendent leurs positions aux nom de beaux principes détournés pour justifier la nulité de certain de leur intervenants ou choix éditoriaux.
    D’après eux ils ont toujours eux raison de faire ce qu’ils ont fait (avec seralini,dsk..)
    tristement devenu minable l obs.

  2. Cicolella :
    Viré de l’INRS en 1994 parce que l’INSERM avait démontré qu’il avait trafiqué les données de ces études sur les Ether de glycol.
    Réintégré en 2000 par un arrêté de la Cour de Cassation statuant sur la forme : l’INRS n’avait pas respecté les procédures légales de licenciement.

    Et voila comment est né le « Martyr de la cause écologiste » M A. Cicolella.
    Car il faut bien avouer que M. Cicolella et ses amis écolo ont largement détourné l’avis de la Cour de Cassation en utilisant les termes comme « l’indépendance due aux chercheurs » dans un tout autre sens : celui du lanceur d’alerte.

    La Vérité : Cicolella reste un magouilleur qui a été mis au placard par l’INRS.
    PS: J’attire l’attention sur un point : L’INRS est une association loi 1901 dépendante de la CNAM, pas du tout un Organisme de Recherche d’Etat.

    1. Des détails sur la magouille ?

      j’ai l’impression que aujourd’hui les fraudes on les retrouve chez ceux qui son sensés être les chevaliers blancs…
      je souconne que ce soit une conséqeunce tragique des magouilles du tabac … depuis seuls les corporations sont suspectées et les autres peuvent frauder en paix.

      ca fait quand même la 4e fraude par des « officielements gentils » que j’identifie dans 3 domaines différents.

    2. Enfin des chromato photoshop et des courbes lissés parce que le chef aime pas tel ou tel point, c’est malheureusement devenu très courant. J’ai un ami chimiste, il m’en raconte de belle, notamment sur les travaux chinois impossible à reproduire.

    3. @daniel:

      Merci pour les détails. C’est déprimant de voir à quel point il est facile de se faire mousser grâce à un CV pompeux pleins d’acronymes de centres de recherche.

      1. C’est déprimant de voir à quel point il est facile de se faire mousser, en tant que scientifique ou universitaire médiocre, en se proclamant défenseur de la planète, de l’environnement et de l’humanité ; et aussi en se proclamant victime de harcèlement.

        Tiens, vu aujourd’hui : Élise Lucet – qui se prétend journaliste – se dit harcelée dans France Dimanche (c’est en couverture…). Elle rejoint ainsi une certaine Marie-Monique Robin qui, elle, était poursuivie par la CIA.

  3. j ai moi aussi annuler mon abonnement au NouVel Obs alors que j’étais lecteur depuis 30 ans. J’avais même aidé financièrement le Nouvel Obs qui avait fait appel à la générosité de ses lecteurs pour continuer à vivre il y’a plus de 25 ans.
    Ce journal est devenu un journal bobo-ecolo indignes des valeurs de fondateurs comme Jean Daniel

  4. Le tandem Bapt qui reste marqué par de sérieux conflits d’intérêts avec des boites pharmaceutiques et Cicolella a quelques chose de pathétique. L’affaire Club Hippocrate et GlaxoSmithKline n’est toujours pas élucidée sous le regard bienveillant du frérot de l’ancien président de la république.

    L’affaire médiator et ses quelques milliers de victimes potentielles restant un beau rideau de fumée par rapport à l’avandia du laboratoire en question et ses quelques dizaines de milliers de victimes potentielles aux US, qui devait être interdit en 2010, l’a t-il été ?

Les commentaires sont fermés.