Le Foll : la politique du slogan

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C’est bien une politique du slogan que mène S. le Foll depuis quelques mois. Le ministre vient de lancer « la refondation de l’agriculture française » (!)
Et Guillaume Malaurie, journaliste au Nouvel Obs, allié des thèses écologistes, de se réjouir « Pour l’heure, c’est une vision courageuse, un slogan qui sonne bien et surtout des missions et des rapports commandés notamment à Marion Guillou. Manifestement, Stéphane Le Foll a rodé ses arguments et a réussi à faire passer un souffle sur les terroirs quand il affirme : « Il faut passer d’une logique de la contestation ou de confirmation de l’ancien à une autre étape. » Celle de la refondation de l’agriculture française. »
Certains affirment que les plantes poussent mieux avec de la musique  ; le Foll doit croire que ses slogans ont aussi un effet bénéfique sur les productions françaises !

10 commentaires sur “Le Foll : la politique du slogan

  1. Pour une fois, M. Malaurie a produit un article plutôt honnête. Sa conclusion :

    « Le ministre de l’Agriculture a devancé la critique : il parle de la construction préalable d’un « état d’esprit » pour concilier économie et écologie en présence de Delphine Batho, ministre de l’écologie, et de Geneviève Fioraso, ministre de la Recherche. « On en est pas à parler de gros sous, dit Le Foll. On ne sait pas le budget qu’on aura et la réforme de la PAC n’est pas bouclée ». En somme, le ministre a un tracteur, un champ et les idées de ce siècle en guise de semis. Reste à trouver le carburant pour faire tourner le tracteur. »

    Un tracteur, un champ, des idées, mais pas de carburant… C’est plutôt bien vu.

    Mais la profession agricole n’a pas attendu M. Le Foll et ses gourous pour concilier économie et écologie et faire un examen permanent de son « état d’esprit ».

    Et quand il dit qu’il « faut passer d’une logique de la contestation ou de confirmation de l’ancien à une autre étape », il est encore dans la logique d’un « ancien » et d’une « autre étape » et dans la « contestation … de l’ancien ».

    1. Il faut juste savoir de quelles « idées de ce siècle en guise de semis » Le Foll veut promulguer.
      Et je doute largement que se soit les Biotechnologies, la recherche variétale…
      Mais plutôt l’Agro-écologie, la Paysannerie, l’élevage de Poule sur balcon… et j’en passe.

  2. « Pour une fois, M. Malaurie a produit un article plutôt honnête »

    ben oui, première étape bien appliquer la vaseline.
    Attention à la suite ?

  3. La FNSEA est bien silencieuse sur les cultures transgéniques !
    Pas la Conf en tout cas!

  4. Rien à dire sinon du bien sur le programme global tel que présenté, des objectifs à la fois scientifiquement fondés et de bon sens, qui valent surtout pour leur diversité, tous les points d’importance sont abordés :

    ‣ Conservation des sols
    ‣ Autonomie fourragère
    ‣ Diversification des assolements
    ‣ Combinaison des productions: agro-sylvo-pastoralisme
    ‣ Réduction de la quantité d’eau utilisée
    ‣ Réduction des intrants: produits phytosanitaires, Engrais, médicaments vétérinaires et antibiotiques
    ‣ Économie d’énergie et notamment réduction de la consommation de carburant
    ‣ Production d’énergie en valorisant la biomasse

    Un questionnement sur la « Réduction de la quantité d’eau utilisée »

    Sur le principe de ne pas utiliser une ressource naturelle partagée lorsqu’elle est rare ou non renouvelée, évidemment on ne peut qu’adhérer.

    2 questions cependant :
    – l’eau est elle plus rare en France que dans d’autres pays d’Europe, du monde?
    – Pour les particuliers on recommande de stocker l’eau des toits dans des citernes subventionnées via les crédits d’impôt et de l’utiliser pour arroser son jardin, laver sa voiture …. la même logique prévaut ou prévalait pour les agriculteurs avec les retenues collinaires. Où en est-on sur ce point de bon sens tout aussi évident que la déclinaison qui précède, au questionnement sur le mot réduction de la quantité d’eau , utilisé sans explication sur : « quelle eau » et « quelle origine » , près?

    1. « l’eau est elle plus rare en France que dans d’autres pays d’Europe, du monde ? »

      Des réponses à ces questions, comme à beaucoup d’autres, vous pourrez les trouver dans ce livre fort intéressant * :

      Jean de Kervasdoué, Henri Voron. — « Pour en finir avec les histoires d’eau. L’imposture hydrologique, 320 p., Plon, sept. 2012.

      http://www.plon.fr/ficheLivre.php?livre=9782259216104

      Quatrième de couverture :

      L’imposture, c’est, d’abord, de ne pas chiffrer la ressource en eau et d’affirmer, sans preuve et sans vergogne, le manque d’eau, les sécheresses à venir, les consommations irresponsables, la nécessité de ne pas gaspiller le « précieux liquide »
      L’imposture, c’est de culpabiliser les « consommateurs » pour «économiser » quelques litres d’eau, alors que coulent sous leurs yeux, chaque seconde, des milliers de mètres cubes qui vont se perdre en mer.
      L’imposture, c’est de laisser croire que l’eau domestique est « consommée » alors qu’elle est recyclée, notamment en France où elle retourne pour l’essentiel au milieu naturel après épuration.
      L’imposture, c’est d e feindre d’ignorer que les racines des végétaux ne descendent jamais jusqu’à la nappe phréatique.
      L’imposture, c’est d’opposer à la construction des barrages, alors qu’ils bloquent des crues ravageuses, valorisent leur énergie et protègent les populations de l’aval.
      L’imposture, c’est d’annoncer des guerres de l’eau qui n’auront pas lieu.

      Si le manque d’eau ne menace pas l’humanité, en revanche, des investissements considérables sont nécessaires pour produire plus et mieux d’eau potable, notamment dans les pays pauvres. Si des pénuries existent, et elles concernent le tiers de l’humanité, ce n’est pas un problème d’eau brute, toujours disponible pour peu qu’on la cherche, c’est un problème d’argent. Mais force est de constater que la solidarité est moins abondante que l’eau.

      Jean de Kervasdoué est professeur d’économie et de gestion des services de santé, ingénieur agronome, ingénieur en chef du génie rural, des eaux et des forets. Il a consacré sa vie aux secteurs de la santé et de l’environnement et est l’auteur de nombreux ouvrages, notamment Les Prêcheurs de l’Apocalypse (Plon, 2007) et La Peur est au-dessus de nos moyens (Plon, 2011)
      Henri Voron est diplômé d’agronomie et ingénieur en chef du génie rural, des eaux et des forets. Spécialisé en hydraulique tropicale, il participe à de nombreux projets d’irrigation et d’adduction d’eau potable en Afrique et à l’approvisionnement en eau de l’agglomération lyonnaise.

      * Pour vous mettre… l’eau à la bouche 😉 :
      (p. 69) Titre du chapitre V :  » Une Franc bien arrosée, y compris par des idées fausses »
      Sous-titre : « Beaucoup d’eau  »

      Bonne lecture ! 🙂

    2. « Rien à dire sinon du bien sur le programme global tel que présenté » ?

      Moi, ce qui me gêne, c’est l’emballage, la folle « politique du slogan ». Des mesures de bon sens, dont la conception et la mise en oeuvre ne datent pas d’hier ni même d’avant-hier, deviennent miraculeusement de l’« agro-écologie » pour la plus grande gloire de charlatans comme celui dont j’ai commenté le dernier ouvrage sur le site Imposteurs :

      http://imposteurs.over-blog.com/article-marc-dufumier-un-nouveau-chapitre-a-bouvard-et-pecuchet-par-wackes-seppi-106807597.html

      Ou comme celui dont on prétend régulièrement qu’il pond des « rapports de l’ONU » :

      http://imposteurs.over-blog.com/article-de-schutter-l-agroecologie-et-l-imposture-politique-et-mediatique-par-wackes-seppi-80320617.html

      Leur gloire, en fait, je m’en balance. En revanche, ce qui m’inquiète, c’est l’utilisation médiatique qui en sera faite.

      Ce qui me gêne, c’est aussi l’ambiguïté de la parole. « Réduction de la quantité d’eau utilisée » ? Va-t-on réduire les possibilités d’irrigation et rendre encore plus difficile, voire impossible, le stockage de l’eau excédentaire d’hiver, pour le plaisir de la voir couler vers l’océan ? Et, pour les bobos crétins, le plaisir de voir les agriculteurs, ces affreux pollueurs et gaspilleurs, en difficulté ? Ce gouvernement a tout de même abandonné les décrets préparés par le gouvernement précédent pour alléger les obligations administratives lors de la construction de retenues d’eau collinaires. Pour autant que je sache, il n’y a rien dans les tuyaux pour les remplacer.

      Ce qui me gêne, c’est encore le décalage entre les paroles et les actes. « Production d’énergie en valorisant la biomasse » ? La France agricole du 14 décembre relate le projet de construction d’une installation de production de biogaz d’un agriculteur normand. Six – oui six – années de démarches administratives. On n’a pas encore vu la couleur d’un projet de simplification de la paperasse. Sauf erreur, en Allemagne, il faut six mois…

      Ce qui me gêne enfin – enfin en attendant de trouver encore autre chose – c’est l’impact de cette vision sur la production. Selon l’INRA – et selon la méthode du doigt mouillé – « une réduction de l’ordre de 30% du recours aux pesticides à l’échelle nationale serait possible avec des changements de pratiques substantiels, mais sans bouleversement majeur des systèmes de production ». Mais, en grandes culturescela entraînerait une baisse de production d’environ 6 %. Ces 6 %, c’est autant de moins à la disposition des Français, que ce soit pour leur propre consommation ou pour leur balance commerciale, déjà mal en point.

  5. @ Wackes Seppi

    On peut être d’accord sur le terme inapproprié de « Réduction » s’agissant de l’eau qui aurait mérité d’être échangé pour  » Economie » , Economiser suppose de stocker et d’utiliser à bon escient .

    La France, pays parmi les mieux pourvus quant à la régularité des précipitations serait incapable de stocker l’eau, si ce n’est pour refroidir ses centrales nucléaires ou stocker l’excédent d’électricité éolienne ?

    Mis à part un terme « réduction » inapproprié utilisé seul ou à expliciter: réduction de la quantité d’eau non renouvelable utilisée ou en période de forte tension sur la ressource aurait été plus approprié.

    Pour les autres propositions il s’agit certes de concepts développés depuis de nombreuses années en Amérique du sud mais qui restent de bon sens, pas de focalisation sur un axe de progrès particulier, tous sont nécessaires, avec une adaptation en fonction du milieu et du contexte.

    Sachant que l’ensemble est à réaliser à production constante et si possible en progression, on ne parle plus d’extensification comme au début des années 2000, crise alimentaire de 2007-2008 oblige et rapport Chalmin sur les tensions à venir sur la ressource à l’appui.

    Ce n’est certainement pas l’application des principes de production de la ferme Ste Marthe qui permettront d’atteindre cet objectif.

    Seule l’intensification du travail des instituts professionnels et de la recherche agronomique pour progresser de façon simultané sur les objectifs aussi différents et tous aussi louables permettra d’aboutir…en remplaçant le terme réduction par économie s’agissant de l’irrigation.

    Cette économie de l’eau suppose de construire rapidement des barrages, des retenues collinaires, beaucoup de barrages de dimensions limitées, beaucoup de retenues collinaires, comme l’Espagne a parfaitement su le faire avec une ressource bien plus limitée.

    1. On peut ne pas être d’accord sur le terme de « Réduction » s’agissant de l’eau qui n’est peut-être pas inapproprié et qui ne mérite peut-être pas d’être échangé pour « Economie ».

      Nous ne sommes pas en désaccord sur le fond.

      Car le problème est de lire dans les pensées de M. Le Foll et dans les manoeuvres futures de ses conseillers.

      On peut légitimement écrire « réduction » quand on l’entend dire (devant l’OPECST) : «  Ça ne m’intéresse pas d’avoir des champs de maïs, les uns derrière les autres… », le maïs étant accusé de gaspiller l’eau par les bobos, même les bobos-agros.

      On peut légitimement écrire « réduction » quand on lit ceci :

      « La gestion de l’eau doit donc répondre à une double contrainte : une contrainte environnementale, qui oblige à préserver une ressource menacée ; une contrainte sociale, qui impose d’équilibrer les usages d’une ressource disputée. Les enjeux sont clairs : il s’agit de maintenir la disponibilité de la ressource et de garantir équitablement sa répartition. »

      http://agriculture.gouv.fr/Les-ressources-en-eau

      On aurait pu discuter si le ministre s’appelait encore Bruno Le Maire. Mais voilà… il s’appelle maintenant Stéphane Le Foll.

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