Le banquier d’Eva Joly

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Il y a peu, on s’est ému de voir des gouvernements de technocrates financiers prendre les rennes de l’Italie ou de la Grèce, avec à leur tête d’anciens collaborateurs de Goldmann Sachs. Eh bien, il n’est pas anodin de voir que, dans son staff de campagne, Eva Joly a choisi Robert Lion pour préparer les propositions de la première année de mandature de la candidate. Certes, Robert Lion a sur sa carte de visite des titres tout à fait « évajolycompatibles » : président de l’association Agrisud depuis 1992, président de Greenpeace France entre 2008 et 2009, conseiller régional EELV depuis 2010.

Mais là n’est pas l’essentiel de son pedigree. Robert Lion est avant tout un énarque qui a été directeur général de la Caisse des dépôts et consignations (CDC) pendant dix ans, entre 1982 et 1992. Nous conviendrons que la CDC ne peut pas être comparée à Goldmann Sachs. Néanmoins, il reste que Robert Lion est un technocrate qui, en outre, aime bien flirter avec les milieux de la finance. Ainsi, fin 2008, Robert Lion s’est associé à BNP Paribas pour construire un nouvel indice boursier européen baptisé « Low Carbon 100 Europe », présenté dans les médias comme un « indice vert ». Cet indice, conçu aussi avec le groupe boursier New York Stock Exchange Euronext (NYSE Euronext), mesure la performance des 100 plus grandes sociétés européennes émettant le plus faible niveau de CO2 dans les secteurs ou sous-secteurs auxquels elles appartiennent. Dans le même temps, BNP Asset Management a adossé à cet indice un fonds d’actions qui donne aux particuliers comme aux professionnels la possibilité d’investir dans ces sociétés. En bon VRP de BNP Paribas, Robert Lion a participé au lancement de ce nouvel outil spéculatif lors d’une conférence organisée par BNP Asset Management le 24 octobre 2008. Robert Lion a évidemment loué l’initiative : « Investir dans un paquet à travers ce fonds d’entreprises qui sont à la fois surperformantes par rapport aux indices moyens, et d’autre part qui contribuent à réduire les dégâts que nous faisons en général sur la planète, c’est un bon placement ! On a sa conscience avec soi et on a des chances d’être un peu mieux que si on investit dans des entreprises généralement quelconques. (…) Les entreprises auront envie de figurer non pas dans le fonds mais dans l’indice. Elles seront également très contentes qu’il y ait des gens qui à travers le fonds viennent soutenir leurs titres sur les marchés et elles feront les efforts en question. Elles seront encouragées. » Et quelles sont les entreprises dans lesquelles Robert Lion veut inciter à investir ? Dans la liste des 100 entreprises « écologiquement vertueuses », on trouve : Air France, Arcelor Mittal, EDF, British Petroleum, Royal Dutch Shell, Nestlé, Unilever, Fiat, BMW, Renault, Peugeot, Sanofi, Syngenta, Bayer, BNP Paribas, Axa, Swiss Reinsurance, etc. DE quoi donner une attaque d’apoplexie à n’importe quel millitant d’EELV !

Sources

2 commentaires sur “Le banquier d’Eva Joly

  1. Très belle liste, j’ai même des parts salariales dans une d’entre elle (pas grand chose). Je suis très heureux de voir que BP, Shell lutte contre le réchauffement climatique en vendant activement du pétrole. Très bel exemple de greenwashing.

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