Marie-Monique Robin et le modèle de l’Orissa

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Dans son film Notre poison quotidien, Marie-Monique Robin dresse un tableau apocalyptique de la situation sanitaire des pays occidentaux, expliquant que « l’épidémie de maladies chroniques » sévissant dans nos pays est due aux produits chimiques et à l’industrialisation de notre production alimentaires. Vers la fin de son enquête (voir extrait sur le site d’Arte), elle se réjouit de voir que « les pays du Sud sont pour l’heure épargnés », expliquant que c’est parce « qu’ils n’ont pas encore adopté massivement notre mode de vie et d’alimentation ». Ouf ! on se réjouit aussi pour eux. Et à la façon d’un Tintin reporter s’en allant au Congo, Marie-Monique Robin se rend dans l’Etat indien de l’Orissa, situé dans le sud-est du pays. Que découvre-t-elle ? « Les cancers sont quasiment inexistants, à l’exception de celui de la bouche due à la mastication du tabac. Dans cette région très rurale, on ignore la pollution chimique et on mange ce que l’on produit, à savoir essentiellement des fruits et légumes cultivés sans pesticides », constate MMR. En outre, elle voit qu’il n’y a presque pas d’obèses !

Toutefois, chers internautes, avant de boucler vos valises pour vous installer définitivement dans l’Etat d’Orissa – le paradis sans pesticides et sans produits chimiques tant vanté par Marie-Monique Robin –, il faut quand même ajouter quelques petites précisions que la journaliste d’investigation n’a pas daigné mentionner (on se demande pourquoi…). Tout d’abord, l’espérance de vie dans l’Orissa est de 60 ans pour les hommes (contre 78 ans en France) et 59,7 ans pour les femmes (contre 84 ans en France). Certes, il y a une mortalité infantile importante, mais l’espérance de vie à 5 ans des habitants de l’Orissa reste quand même très basse : de l’ordre de 61 ans. Par ailleurs, Marie-Monique Robin trouve formidable qu’il n’y ait que peu d’obèses dans l’Orissa. Et pour cause ! En effet, pas un mot sur le fait que plus de 40 % des enfants sont en sous-poids. Rien sur le fait que 46 % des enfants souffrent de malnutrition chronique en zone rurale et 35 % en zone urbaine. Sans parler des problèmes d’anémie qui touchent plus de 61 % des femmes adultes et 34 % des hommes adultes…

Alors, toujours partant pour ce paradis de « l’agriculture naturelle » ?

Sources

18 commentaires sur “Marie-Monique Robin et le modèle de l’Orissa

  1. http://www.orbis.org/Default.aspx?cid=5713&lang=2

    Peut être que les carences alimentaires ont un rôle à jouer là-dedans?

    La cécité en Inde

    Abstract: Blindness in India: Project overview of ORBIS International, a non-profit humanitarian organization devoted to blindness prevention in developing countries.

    La cécité en Inde

    De tous les pays du monde, l’Inde est le plus lourdement affligé par la cécité. Sur une population totale qui dépasse le milliard, on retrouve jusqu’à 15 millions d’habitants aveugles et 52 millions de plus présentent une déficience visuelle. De ce nombre, 320 000 sont des enfants de moins de 16 ans, soit 1/5 de tous les enfants aveugles du monde……………….

  2. Elle a encore ouvert sa grande gueule sans même prendre la précaution élémentaire de vérifier. Il suffit de lire le rapport du gouvernement de l’Etat d’Orissa pour constater que l’état sanitaire qu’elle donne en exemple est loin d’être idyllique et ne correspond pas à ce qu’elle prétend. C’est même l’état, à l’exception du Keral, qui a le plus fort taux de morbidité chronique, à la fois chez les ruraux et chez les urbains, pour 100.000 habitants (voir tableau ci-dessous), idem pour la morbidity/mortality infantle !!!

    http://hdr.undp.org/en/reports/national/asiathepacific/india/Orissa_NHDR_2004.pdf

    p.52

    food insecurity refers to a situation ‘when all people, at all times, do not have physical and
    economic access to sufficient, safe and nutritious food to meet their dietary needs and food preferences for an active and healthy life’ (Food Insecurity Atlas, p. 3). Food insecurity thus can start a cycle of malnutrition, deficiency diseases, poor food absorption and heightened food insecurity…….

    In the context of Orissa, a combination of economic, social, ecological, and institutional factors
    contributes to food insecurity. A high level of income poverty, a large tribal population living in
    remote areas with poor connectivity, and periodic recurrence of drought and floods (sometimes
    simultaneously in different parts of the state) give rise to a situation of chronic and endemic food
    insecurity. Taking chronic energy deficiency (CED) as a measure of chronic and severe undernutrition and malnutrition, and hence an indicator of food
    insecurity, it has been estimated that as high as 57 per cent of the state’s population suffer from CED. This is in spite of the fact that per capita cereal consumption of the state is very high and the deficit of production relative to consumption of cereals is only a little above 11 per cent. Thus, in spite of a fairly comfortable food availability situation in the state (Food Insecurity Atlas, p. 82), food insecurity is chronic………

    …….Based on the weight-for-age (an indicator of both chronic and acute undernutrition)
    measures, 20.7 per cent of children below 3 years

    Food Security, Nutritional Status, and Nutritional Support Programmes of age are severely underweight and another 54.4 per cent are moderately underweight. Based on the
    height-for-age measure, 17.6 per cent of children suffer from chronic undernutrition of the severe type and another 44 per cent of the moderate type (NFHS-
    2, p. 167).

    The extent of anaemia among children of age 6–35 months is greater than it is among women: as high as 72.3 per cent of children have some degree of anaemia. Though only 2.9 per cent suffer from severe anaemia, as high as 43.2 per cent have moderate anaemia (the rest 26.2 per cent have mild anaemia). There is a positive relationship between the anaemia status of mothers and prevalence of anaemia among children. It should be noted that anaemia among children is a serious matter, as it can affect cognitive ability, locomotor development, and scholastic achievement as well as lead to increased
    susceptibility to infectious diseases……………….

    ……………….The percentage decline in mortality in the 1980s as well as in the 1990s has been the least in Orissa as compared to the other states and the level of mortality in Orissa by the end of the 1990s has remained the highest. Orissa started off with a level of mortality comparable to that of Bihar…………….

    ………. Infant mortality rate (IMR) continues to be the highest in Orissa among all the states. The absolute magnitude of infant and child deaths is staggering.

    ……….. Thus, perinatal deaths alone account for some 35 per cent of infant deaths.

    ………… pre-maturity,resulting in low birth weight of babies, is the main
    cause of infant deaths, accounting for 38.5 per cent of such deaths.

    ……….. As already mentioned, prematurity accounts for some 38 per cent of infant deaths (Table 4.4). Maternal malnutrition and malaria are among the important causes of low birth weight babies. It has been estimated that 40 per cent of neonatal deaths occur in the case of low birth weight babies.

    …………….There is not much of a male–female difference in the probability of dying within both rural and urban areas. However, the probability at birth of dying at age 15 years and probability at age 15 years of dying at age 30 years is twice as high (for both males and females) in rural areas as compared to urban areas…………

    No. of persons suffering from chronic ailments per 100,000
    Rural Urban persons, all ages

    Rural Urban

    Orissa 2781 2312
    Bihar 2343 2162
    Madhya Pradesh 1165 1350
    Rajasthan 1276 884
    Uttar Pradesh 1493 1213
    Tamil Nadu 2226 1990
    Kerala 8368 8874

  3. zygomar : « Elle a encore ouvert sa grande gueule sans même prendre la précaution élémentaire de vérifier. »
    —————————————-
    Vous êtes bien sévère avec la pauvre Robin.
    Il faut la comprendre, elle a beau cherché dans toute la galaxie un paradis sans pesticide, où on vit vieux et heureux, elle n’a pas trouvé. Ceci explique cela.
    Vous ne voulez pas qu’elle cite le paradis sans pesticide des Pygmées ou des Papous quand même !?!

    1. Il paraît que les Danois se sentent beaucoup plus heureux que les Français. Pourtant leur situation sanitaire, qui se reflète dans leur espérance de vie, est beaucoup moins bonne. Je crois me souvenir même – à vérifier – que le taux de suicide est plus élevé chez eux que chez nous.

      Cherchons l’erreur.

      Les plus idiots sont-ils les optimistes ou les pessimistes ?

  4. @ La Coupe Est Pleine :

    Bah, elle aurait pu citer le Danemark !
    Le paradis du BIO en Europe depuis 20 ans environ.

    == Et les promoteurs et applicateurs sur le terrain de la diminution drastique de l’utilisation des pesticides deouis également une vingtaine d’années!!

  5. Et puis « l’enfer » français, où la nature est dévastée et la bouffe empoisonnée par les pesticides est bizarrement la première destination touristique mondiale et le champion de la gastronomie.
    Encore des vérités qui dérangent pour la Mère Robin.

    Son cas commence à devenir lourd, très lourd.

  6. « Il paraît que les Danois se sentent beaucoup plus heureux que les Français.  »
    —————————–
    J’ai pas mal bourlingué et je n’a jamais vu un peuple plus râleurs, frustrés et pessimiste que nous donc pour être plus heureux que les Français, ce n’est franchement pas compliqué.

    Ce n’est pas sûrement pas un hasard qu’on est le champion mondial de consommation d’anxiolytiques/habitant. Mais si ça se trouve, c’est la conso de médicaments et autres « produits chimiques » qui assure notre grande longévité.

  7. @Yann Kindo,
    @wackes seppi,

    Je reprends la fin de l’article :

    « des représentations parfaitement erronées, mais qui ont l’impression de s’appuyer sur un consensus à partir de démonstrations faites par des médias différents. En réalité, il n’en est rien, et il n’y a eu que recopiages successifs du point de vue biaisé initial, par des journalistes paresseux, trop pressés, ou simplement incompétents. »

    Me permettez-vous de rajouter : MILITANTS ?
    Parti-pris idéologique qui sera, évidemment, nié « mordicus »… 🙁

  8. miniTAX

    « …. et le champion de la gastronomie »

    – Oui mais complètement daubée par les innombrables poisons violents que l’on trouve dans tous les plats!

  9. «  »par des journalistes paresseux, trop pressés, ou simplement incompétents. »

    Me permettez-vous de rajouter : MILITANTS ? »

    == Et plus sûrement tout çà la fois!

    Je serais même tenté d’y ajouter « arrogants » et « intolérants » aux idées des autres!

  10. « En moyenne, la survenue d’un cancer intervient à 66,3 ans chez les hommes et à 64 ans chez les femmes. »
    Le « môdele de l’Orissa » proné par MMR est donc totalement hors contexte !
    Les Indiens de MMR ne vivent donc pas assez vieux pour développer un cancer ! La belle arnaque que voila, vous repasserez pour parler de paradi sans cancer !

    http://www.cite-sciences.fr/francais/ala_cite/science_actualites/sitesactu/magazine/article.php?id_article=2323&id_mag=2&lang=fr

  11. Et encore, l’article de l’Afis n’est pas allé au bout de l’allégation robienne « pas de pesticides dans l’Etat d’Orissa ». Il suffit de 2 secondes de google avec « pesticide orrissa » pour débusquer encore une autre gourderie de Robin, notamment celle-ci : http://www.orissadiary.com/CurrentNews.asp?id=14778
    « In which crops are endosulfan sprayed? The list is long. It is used in vegetables, fruits, paddy, cotton, cashew, tea, coffee, and tobacco and also timber crops. In the Bolangir district of Orissa this poison is spread twice on paddy. »

    De même pour le curcumin, médicament robinois prétendument miracle, deux secondes pour trouver des dizaines de publis scientifiques qui démontrent que c’est un poison.

    Décidément, on se demande bien ce qui n’est pas à jeter dans ce qu’elle dit.

  12. Cette vieille gaupe devrait même prendre modèle sur la Corée du Nord:pas de danger d’y trouver trop d’obésité
    Elle rappelle un peu Margaret Mead: la célèbre anthropologue se rendit à Bornéo ou en Papouasie, peut importe et y décrivit une tribu: les Arapeshs qui auraient pu être le modèle du politiquement correct que l’on nous assene depuis Fiente Inter ou Laberration!!!! Ceci servit de base propagandiste aux gauchos-bobos qui mirent la main sur les manuels de science économique et sociale de seconde dans les années 70.
    Sauf que Margaret Mead ne rencontra jamais cette tribu : trouillarde ou malade, elle resta sur la côte où elle écrivit ses inepties prises ensuite pour parole d’évangile par tous les idiots utiles de la planète
    La mère Robin, c’est la même chose mais au fond pourquoi se gêner puisque pour ces canailles il suffit d’affirmer que quelque chose est dangereux pour que cela devienne un fait scientifique. On peut aisément supposer que si on était en 1347, la mère Robin chaussée de poulaines aurait déclaré que la peste noire était due aux Juifs. C’est comme cela qu’on en brula 3000 le même jours à Strasbourg
    MK

  13. « Bah, elle aurait pu citer le Danemark !
    Le paradis du BIO en Europe depuis 20 ans environ. »
    —————————–
    Mauvaise pioche, Danemark, paradis du BIO, est surnommé également « capitale mondiale du cancer » (cf recherche google).

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