Phytos : enfin du pragmatisme

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Réduire de 50% l’usage des pesticides est un des engagements du Grenelle de l’environnement. Alors que le Parlement étudie la loi Grenelle II, Le Figaro et La Tribune se posent la question de la traduction opérationnelle de cet engagement politique. Ainsi, la rédaction du Figaro pose la question « Peut-on réduire de moitié l’usage des pesticides ? » Le quotidien rappelle que cet objectif doit être tenu d’ici 2018, « si possible ». Pas de doute, « toute la problématique tient évidemment dans ces deux petits mots. »

Pour Pierre Stengel, chercheur à l’Inra et responsable scientifique de l’étude Ecophyto R&D, interrogé dans La Tribune, « nous sommes parmi les plus gros utilisateurs de phytosanitaires au monde. Mais ce n’est pas seulement parce que nos agriculteurs sont plus amoureux des pesticides que d’autres. Nous avons des productions spécifiques, comme la vigne. Celle-ci est un très gros consommateur de produits, et n’est pas présente dans les pays du nord de l’Europe. Nous avons aussi des productions fruitières, qui consomment beaucoup de ces produits. » On pourrait ajouter la spécificité du climat qui explique cela.

Tout le monde peut donc comprendre que ce dossier n’est si simple. « Nous pouvons arriver aux alentours de 30% sans changer fondamentalement les systèmes de production. Au-delà, pour passer à 50%, il faut vraiment changer de système, notamment en introduisant des cultures nouvelles et en faisant des rotations plus longues », estime Pierre Stengel.

Le Figaro reconnaît également de son côté que la partie est loin d’être gagnée. « Cela suppose que toute l’agriculture française passe en production intégrée (soit une modification profonde des systèmes de cultures) avec à la clef des pertes de rendement moyennes de 12 % en grandes cultures, 24 % en vigne et 19 % pour les fruits. » Et quid de l’agriculture biologique ? Est-elle l’agriculture de demain ? Sa généralisation « se traduirait par de pertes de rendement et de marge comprises entre 20 et 50 %, selon les productions, même avec des prix plus élevés ! »

A ce jour, malgré les jeux d’influence sur ce dossier, personne ne peut dire ce qui se passera d’ici 2018. « Mais ce n’est peut-être pas essentiel » selon Pierre Stengel. « L’essentiel est de créer une vraie dynamique et que la consommation commence à se réduire significativement dans les années à venir. »

Un peu de pragmatisme. Enfin.

21 commentaires sur “Phytos : enfin du pragmatisme

  1. Bonjour.

    Une étude suisse, dont je me rappelle plus le nom (faut que je recherche) montrait que plus de 50% des pesticides étaient à usage domestiques.
    Ce serait une bonne piste de travail aussi. Pourquoi seul les agriculteurs devraient faire des efforts et pas les bobo-citadins?

  2. Lorsque je travaillais au ministère de l’agriculture, en Normandie, nous avions fait une étude au début des années 2000, montrant que les usages agricoles représentaient environ 80 % de l’utilisation des phytos.
    Cette étude n’avait pas été menée à terme, car un des partenaires, à savoir la Chambre d’Agriculture, qui souhaitait un autre résultat (elle espérait que l’étude montrerait que les usages non-agricoles étaient plus importants que les usages agricoles) a fait faux bond.

    Réaction au demeurant stupide de la Chambre d’Agriculture, car utiliser 80 % des phytos sur 95 % des surfaces, c’est faire montre de mesure par rapport aux autres usages, notamment domestiques, ou encore désherbage des routes et voies ferrées, etc…
    Je pense que les chiffres aujourd’hui seraient faux, car là aussi, les utilisateurs professionnels non-agricoles commencent à faire des efforts.

    En revanche chez les particuliers, c’est une autre paire de manches…Quand je vois les doses de désherbant qu’utilise ma belle-mère pour entretenir ses allées et bordures, je suis effaré 🙂

  3. Les belles-mères ont toujours bon dos. Si elles ne servent pas à grand chose, au moins elles servent à ça !

  4. @ Astre Noir:

    Je voudrais savoir, votre étude portait uniquement sur la Normandie?
    Si c’est le cas je comprend bien que les phyto agricoles soient majoritaires.
    Mais l’intérêt d’une telle étude serait en fait au niveau national, voir européen.
    Il faudrait prendre en compte les ventes de l’ensemble des produits et de leurs usages respectifs sur un territoire national. Cela gommerait les disparités entre zones fortement agricoles et zones fortement urbaines?

  5. @Daniel

    L’usage agricole en France, des produits phytosanitaires ,représente bien 80% du volume total des phytos utilisés annuellement.
    Malgré tout de grandes disparités existent,l’emploi des phytos sur vigne,arboriculture et maraîchage utilise environ le double de produits par comparaison à ceux utilisés en grande culture.
    Par contre pour ce qui est des produits pharmaceutiques à usage vétérinaire que ce soit pour nos animaux de compagnie,domestiques et d’élevage agricole,le chiffre d’affaire(je ne connais pas le volume)est « 30 fois » moins élevé que celui de l’ensemble de la pharmacopée humaine.

  6. Alors les polyphages d’écolos,pas de réactions?

    Je comprends mieux pourquoi AE n’a pas décrypté cette information bien embarrassante….

  7. Ben, d’abord tout le monde sait qu’il y a des molécules utilisées en phytopharmacies classées par l’OMS comme probablement cancérigènes.

    Ensuite, tout le monde sait aussi que c’est parce que certains d’entre eux sont des produits à risque de toxicité aiguë ou chronique que, doivent être prises des précautions dans leur utilisation.

    Enfin, porter des cellules précurseurs du cancer et développer un cancer, ça n’est pas la même chose. Pour le moment l’épidémiologie la plus moderne n’a pas trouvé que les agriculteurs français, les agriculteurs au monde qui utilisent le plus de pesticides, nous serinent les écolos tous les jours, développaient plus de cancers que la population générale (sauf très faiblement pour une sorte de cancer, je ne sais plus laquelle, on pourra rechercher ça dans la suite de la discussion).

  8. Pourtant une étude(Agrican ?)depuis 10 ans et portant sur plus de 100 agris est formelle,certains analysés possèdent de 100 à 1000 fois plus de cellules anormales que le reste de la population(50% ont porte »naturellement »).
    Merci Mr Berthod de faire la lumière sur ce constat pour le moins alarmant.

  9. Je n’ai aucune lumière particulière autre que ce que j’ai dit. J’en ai d’autant moins que votre phrase avec sa parenthèse est construite de façon qu’elle ne veut rien dire.

  10. Ah, DEF est content d’avoir trouvé une info « embarrassante », seulement l’étude ne s’explique pas de ce fait; que malgré ce nombre impressionanrt de 100 à 1.000 fois plus de cellules transloquées dans le sang chez les agriculteurs que sur d’autres porteurs ne progresse pas vers une tumeur…
    Ces avancées scientifiques vont en tout les cas permettre de réaliser un dépistage plus précoce chez les individus à risque, grâce à des biomarqueurs, et d’envisager des traitements sans doute moins invasifs.
    Les données épidémiologiques montrent que les agriculteurs développent globalement moins de cancers que d’autres professionnels.
    Pour l’instant « seul un suivi à long terme permettra de confirmer que la fréquence des cellules immunitaires anormales est corrélée au risque de lymphome. » C’est écrit comme cela sur ton doc et auparavant annoncé au conditionnel « pourrait être un facteur de risque »
    Alors DEF, on se calme avant de prendre tes désirs pour des réalités.

  11. @ DEF

    Votre étude parle uniquement d’agriculteurs,pourtant les plus grands utilisateurs de phytos sont majoritairement les vignerons,arboriculteurs et marâichers et ceci surtout pour les insecticides les plus toxiques face aux desherbants et fongicides.
    Il serait intéressant de connaître la spécialité agricole des utilisateurs concernés par cette étude et si l’en est, quels sont les produits suspectés.
    Des études de la Msa prétendent que 3% des agris hommes développeront la maladie de Parkinson contre 2 % pour des hommes non agris mais par phénomène héréditaire !!!alors qu’à ce jour, pour les lymphomes aucunes études n’en parle.

  12. Rageous,je vois que comme moi,vous n’êtes pas encore au lit.

    Bonne nuit à vous

  13. « Ah, DEF est content d’avoir trouvé une info “embarrassante”, seulement l’étude ne s’explique pas de ce fait; que malgré ce nombre impressionanrt de 100 à 1.000 fois plus de cellules transloquées dans le sang chez les agriculteurs que sur d’autres porteurs ne progresse pas vers une tumeur… »

    Vachement précautionneuse l’étude en question!! Beaucoup de conditionel! C’est du « travail » du genre « lanceur d’alerte »……Au cas où… Pour prendre date…. On ne sait jamais…..

  14. « Bonne nuit à vous »
    Merci ME51, parce qu’en ce moment le sommeil est un peu tourmenté, il nous tarde de voir le redoux printanier, le chant des grenouilles, le retour des hirondelles et surtout la pousse de l’herbe !

  15. @Tous

    Si vous êtes fier en disant que ces chiffres ne prouvent rien,pourtant ce n’est pas avec ses réponses et raisonnement de la sorte que les visiteurs « athéés » de ce site vont vous croire et ne vont pas virer verts.
    Si cela peut vous rassurer,je ne suis ni écolo ni consommateur bio et je vote à droite , je cherche seulement la vérité et je trouve parfois certain d’entre vous trop agressif.

  16. « Alors les polyphages d’écolos,pas de réactions? »

    « je ne suis ni écolo ni consommateur bio et je vote à droite , je cherche seulement la vérité et je trouve parfois certain d’entre vous trop agressif. »

    Ah, ben heureusement que tu amènes des précisions!!!

    « en disant que ces chiffres ne prouvent rien »
    Pas encore et c’est l’étude elle-même qui le précise, mon cher…
    Relis tes papiers!

  17. @ ME51

    « Des études de la Msa prétendent que 3% des agris hommes développeront la maladie de Parkinson contre 2 % pour des hommes non agris… »

    Je me demande d’ailleurs si la différence entre 2 et 3% est statistiquement et biologiquement significative …….

  18. @ DEF

    « je ne suis ni écolo ni consommateur bio et je vote à droite , je cherche seulement la vérité et je trouve parfois certain d’entre vous trop agressif.”

    Si vous cherchez la vérité, il conviendrait de ne pas vous contenter de ne lire que les articles, publications et études allant tous dans le même sens, celui que vous souhaitez……

  19. @Zygomar

    Effectivement entre 2 et 3 % mon coeur balance.La toute puissante MSA participe à la formation « Ecophyto »,celle ci sera obligatoire pour tous les agris,etc pour 2014.
    N’aimant pas être à la traine j’ai donc suivi cette formation de deux jours et lorsqu’est venu le tour d’un médecin de la MSA pour nous expliquer les dangers et précautions à prendre avec les phytos,j’ai appris certaines choses assez intéressantes mais lorsque ce médecin a commencé à parler du glyphosate et du danger qu’il représentait et surtout des essais sur des cellules humaines ,j’ai vite compris que c’était mal barré.Je lui est dit,-vous parlez de Mr Serralini?,il avait l’air très étonné que je connaisse ce nom et m’a répondu,-oui.
    Bien sûr les autres stagiaires ne connaissaient rien de tout cela et ont tout gobé!!!

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