Taxe carbone : pollution et cagnotte

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Nous reproduisons ici un article amusant sur le calcul de la taxe carbone et qui peut laisser planer quelques doutes sur son efficacité…

Taxe carbone: polluez au bois et touchez la cagnotte du CO2

Merci à la CLCV qui a mis en ligne un calculateur de taxe carbone et de compensation pour les particuliers, selon leur mode de chauffage, le kilométrage de leur voiture, le nombre d’enfants et l’accès ou non aux transports en commun. A 17€ la tonne de CO2 pour commencer, 100€ en 2030, chacun gagne à savoir où il va.

L’idéal? Se chauffer et cuisiner au bois, rouler au gazogène, polluer à fond, ne rien payer et toucher les primes. Entre bons sentiments et urgences vitales planétaires, compétition Hulot-Bertrand et jeux de vocabulaire, démagogie du “petit geste de chacun” et guéguerres politiciennes, la taxe carbone mélange tellement les sujets et les questions, qu’on finirait presque par se lasser d’être vertueux.

Contribution et non pas “impôt”, opération blanche pour l’Etat, la taxe carbone s’est mise en place de manière étrange, jurant ses grands dieux qu’elle n’aurait “aucun impact sur le pouvoir d’achat“, l’INSEE étant même appelé à la rescousse, mais c’est évidemment factice et affaire de langage, sinon ladite taxe n’aurait aucun intérêt incitatif. De même, c’est bien une imposition indirecte (sans critères de ressources pour son prélèvement).

·Le Télégramme rappelle que le groupe socialiste de l’Assemblée nationale attaque la taxe carbone devant le Conseil constitutionnel car sa compensation ne prend pas en compte les revenus.

Enfin, il y a très peu de chances (très très peu) qu’à moyen terme il s’agisse encore d’une opération blanche puisque de 17€ la tonne de CO2, on passera progressivement à 100€ la tonne d’ici 2030… il serait bien étonnant que la manne reste distribuée généreusement, au fur et à mesure qu’elle perdra son objet.

Ceci alors que le marché des compensations d’émission de CO2 donne le ton, étant l’un des plus spéculatifs et opaques au monde (perçu déjà aussi lucratif et corrompu, sinon plus, que le marché pétrolier lui-même). Enfin, ce ne sont pas les urgences de financement qui manqueront dans les prochaines années.
La taxe carbone (ou anciennement “écotaxe“) se met en place dans la confusion la plus totale s’ajoutant “à la tonne” au prix de presque toutes les énergies fossiles (gaz, fioul, essence, charbon) émettant du CO2, mises en cause dans le réchauffement climatique planétaire. Presque toutes…

Polluez au bois et touchez la cagnotte!

Le bois, la plus ancienne des énergies fossiles, reste “hors taxe carbone”, alors qu’il est une des causes majeures de la production planétaire de CO2 (chauffage soi-disant écologique, sèchage du tabac, torréfaction, culture sur brûlis, défrichement par le feu, écobuage, cuisine dans le tiers monde) ce qui montre encore une fois les très nombreuses ambiguïtés, et mélanges de questions.
A savoir, non seulement l’utilisation du bois fossile en combustion réchauffe la planète (même sous forme de sciures, granulés, et autres produits prétendûment vertueux), mais la balance du bois en termes de CO2 n’est positive que lorsqu’il est jeune. Une forêt mature réchauffe la planète. La seule issue: sa transformation (exemple en papier, en isolation, en meubles, en maisons HQE…)
Donc chauffez-vous au bois, roulez au gazogène, polluez à fond, ne payez rien et touchez les primes… ça aidera peut-être à faire prendre conscience du souci, qui ne porte pas vraiment sur les sarments de vigne et les pommes de pin pour le barbecue.
A l’autre extrême, le nucléaire profite du même effet d’aubaine, malgré le déchet le plus polluant de toutes les énergies et sur une durée tellement longue qu’elle n’est même plus à l’échelle humaine. Ceci sans prise en compte de possibles accidents… jusqu’à l’hiver nucléaire qui résout, lui, d’un seul coup tous les problèmes de réchauffement présents et futurs.

Qui est gagnant?

Compensée par des baisses d’impôts ou un “chèque vert” pour les non-imposables, l’impact de la taxe carbone devrait être minoré ou profitable pour les familles nombreuses, vivant en zone rurale (sans transports en commun), et utilisant le moins d’énergies fossiles (toujours hors bois)…
Au choix: solaire, éolien, biomasse… ou nucléaire, producteur numéro 1 d’électricité  “propre” (mais attention,  si tous les Français compensent par des convecteurs électriques, on risque des pannes à répétitions… ou pire des allongements de durée de vie des centrales, au-delà des longévités prévues).
Metro donne quelques exemples de coûts: opération rentable pour une personne sans enfant vivant en ville et sans véhicule, pour un couple avec un enfant, roulant au diesel en zone rurale, mais déficitaire pour un célibataire roulant 40.000 km/an.

Une goutte d’O2 dans un oCO2an

Chacun est donc invité, avec ses petits bras et ses petits euros, à arrêter l’emballement climatique avant ces quelques degrés de trop qui pourraient mettre en jeu la survie de nombreuses populations d’ici la fin du siècle. Déjà, les glaciers disparaissent et certaines îles du Pacifique sont en cours de submersion. Les impacts sur l’agriculture, sur la faune, sur la montée des eaux, sur les catastrophes (sécheresses, ouragans-tornades, inondations…) sont terriblement inquiétants, et en réalité incalculables.
Divers pays ont déjà mis en place une taxe carbone: Finlande, Suède, Suisse, Danemark… Mais tout comme la France, ce sont des tout petits pays à l’échelle de la production planétaire de CO2, où les Etats-Unis sont avec la Chine les grands leaders du suicide climatique.

D.B.

Article publié le 29 décembre 2009 dans La presse en parle

Source : ici

21 commentaires sur “Taxe carbone : pollution et cagnotte

  1. Bon, eh bien je fais partie de ceux qui se chauffent exclusivement au bois, et qui n’ai pas de transport en commun à disposition.

    Oui, j’habite la campagne et je suis propriétaire d’une petite forêt que j’exploite en partie pour mon chauffage.

    Alors, je viens de faire le calcul et la taxe carbone « ne » me coûtera que 4 euros par an… enfin… la première année car je crains que ce système de réversion ne soit qu’une bonne idée pour mieux faire accepter ce nouvel impôt !

    Je fais peut-être partie de ceux qui vont moins souffrir de cette taxe, mais je suis absolument contre celle-ci car elle n’est pas justifiée !

    Rappelez-vous :
    – il n’existe aucune preuve que le CO² soit la cause de dérèglement climatique
    – le CO² n’est pas un polluant !

    Accepter cette taxe aujourd’hui, c’est ouvrir la porte à d’autres comme la taxe sur le méthane (éleveurs bovins), la taxe sur l’azote, etc…

  2. Ah j’oubliais .. le bois ne fait pas partie des énergies fossiles (pétrole, charbon, gaz) mais des énergies renouvelables.

  3. @Nowarm:

    Le bois est une énergie renouvelable à partir du moment où les forêts sont correctement gérées, ce qui implique une consommation inférieure au reboisement. Je ne suis pas certain que nos forêts tiendraient longtemps si chacun se mettait au chauffage à bois (sauf erreur il faut compter 80 années avant la récolte, ce qui nous fait une sacrée inertie!).

  4. Un combustible fossile désigne un combustible produit à partir de roches issues de la fossilisation d’éléments organiques en : pétrole, gaz naturel et houille (charbon). Ces combustibles sont présents en quantité limitée et non renouvelables à l’échelle du temps humain (définition wikipédia)

    Le bois est renouvelable à l’échelle humaine, je dirais même au cours de deux générations (40 ans).

    Ceci dit, il n’est pas certain que si tout le monde se mettait au chauffage au bois, il y en aurait suffisamment pour lui permettre son renouvellement.

    Un foyer qui consomme 20 stères de bois a besoin de 2 hectares de bois pour assurer un renouvellement correct de cette forêt.

    En France, la forêt se porte plutôt bien puisqu’elle a progressé de 10% ces 25 dernière années (recul des terres agricoles)

    Aujourd’hui la forêt française compte 15.5 millions d’hectares, ce qui permettrait de chauffer près de 8 millions de foyer !

    Sauf que, une part importante de cette forêt et constituée de résineux ou de feuillus destinés au bois de travail (charpente, menuiserie, ebenisterie)

    Donc, nous ne possédons pas suffisamment de surface boisée pour garant le chauffage au bois de tous nos compatriotes…

  5. « Un foyer qui consomme 20 stères de bois a besoin de 2 hectares de bois pour assurer un renouvellement correct de cette forêt…. »

    ….pour autant qu’il s’abstienne de bois de chauffage pendant 80 ans.

  6. Cet article comporte de nombreux lieux communs et contres vérités. Les commentaires sont pour la plupart mieux argumentés et plus objectifs. Bruno dans le commentaire ci dessus fait toutefois une erreur. La forêt pousse en moyenne de 7 m3 par ha et par an. Un m3 de bois contient en moyenne 1,4 stère, la production de 2 ha de forêt est donc bien d’environ 20 stères par an en moyenne. Nul besoin par contre d’attendre 80 ans entre chaque coupe, la récolte peut bien avoir lieu chaque année.

    j’ajouterais d’autres éléments précis au débat :

    Aujourd’hui la forêt française produit annuellement 105 millions de m3 de bois, ce qui représente probablement environ 70 millions de tonnes de carbone stockés.

    Nous récoltons et consommons environ 60 millions de m3 de bois par an dont 35 millions sous forme de bois d’oeuvre ou d’industrie et 25 millions en bois pour l’énergie directement récoltés en forêt. Et ceci perdure depuis 2,5 siècles. Nous brulons également une partie des bois d’oeuvre et d’industrie en fin de vie.

    Nous stockons donc théoriquement chaque année près de 30 millions de tonnes de carbone dans nos forêts françaises. Théoriquement seulement car le stockage connait des limites dans le temps. Arrivés à l’âge adulte les peuplements forestiers ne stockent plus, voirent destockent en raison notamment de la mortalité naturelle. Les bois morts non récoltés se décomposent et l’essentiel des molécules de carbone contenues dans le bois retournent à l’atmosphère en partie sous forme de méthane…un gaz doté d’un effet de serre 7 fois plus important que le CO².

    La situation idéale, serait donc de prélever l’intégralité de la production annuelle et seulement celle là. Ce qui laisse, rappelons le, une marge de manoeuvre de 40 millions de m3 ou encore de 56 millions de stères.

    Mais plutôt que de bruler directement ce bois il est préférable de l’utiliser sous forme de matériau et de le bruler lorsqu’il est en fin de vie. De cette façon on augmente les quantités de carbone stockées et on crée de l’activité économique de façon durable. Car la forêt en France est gérée de façon responsable et durable. C’est pour cela qu’elle est riche, diversifiée et continue de s’accroitre. Pour l’aider encore mieux : consommez du bois sans modération dès lors qu’il est certifié gestion durable (PEFC ou FSC) ces labels sont réellement sérieux.

    Et lorsqu’on utilise une tonne de bois pour l’énergie on économise environ 300 litres de fuel et on évite l’ajout de CO² fossile dans l’atmosphère

  7. « Bruno dans le commentaire ci dessus fait toutefois une erreur. La forêt pousse en moyenne de 7 m3 par ha et par an. Un m3 de bois contient en moyenne 1,4 stère, la production de 2 ha de forêt est donc bien d’environ 20 stères par an en moyenne. »

    Cette valeur est sans doute exacte mais elle ne tient pas compte de la réalité : on coupe des arbres centenaires, pas des arbustes 1 an après les avoir plantés. Et c’est encore plus vrai dans un processus industriel et il ne peut en être qu’ainsi, chaque famille ne va pas gérer son lopin de 2ha !

    « Nul besoin par contre d’attendre 80 ans entre chaque coupe, la récolte peut bien avoir lieu chaque année »

    Si vous partez d’un terrain vierge, il vous faudra attendre 80 ans pour la 1ere récolte. Et si vous en plantez chaque année, vous aurez un flux continu annuel au bout de ces 80 ans.

  8. @bruno
    Les bois utilisés en bois de chauffage sont issus de taillis âgés de 30 à 50 ans (40 ans en moyenne).

    Les bois centenaires peuvent être exploités à cet effet, mais il ne sont pas majoritaires car s’il sont centenaires, c’est souvent parce qu’ils ont été conservés comme arbres d’avenir pour leur qualité (menuiserie, ébénisterie).

    Sur un terrain vierge, cela ne change rien…

    @Laurent Berthod

    On ne peut que se réjouir de cette nouvelle !

    Un échec de plus pour nos gouvernants… Le prochain sera-t-il pour les régionales ou…avant ?

  9. @Nowarm:

    Que ce soit 80 ou 40 ans ne change rien : ça reste autant d’années à se passer de bois de chauffage (sauf si on va le chercher ailleurs, mais là on perd le caractère renouvelable).

    C’est quand même des maths triviales : si vous plantez 2ha (=votre conso annuelle) vous devrez patienter longtemps avant de pouvoir utiliser ce bois. Et si vous voulez avoir une production continue pour chaque année, il faudra 40×2=80ha que vous planterez 2ha par 2ha chaque année. Et attendre 40 ans avant d’arriver à la continuité.

  10. Le point de départ du débat était de savoir si on peut raisonablement recolter plus de bois en France pour se chauffer. Et la réponse est oui car la forêt est belle et bien présente sur 15,5 millions d’ha et qu’elle produit 105 millions de m3 de bois par an. Il faut donc bien en moyenne 2ha par foyer pour alimenter ses besoins de façon pérenne. En plantant 80 ha comme vous le suggérez vous n’exploiterez certes pas pendant 40 ans mais vous devrez ensuite exploiter complètement les 2ha plantés annuellement à l’origine, soit 800 stères en moyenne (en réalité un peu moins s’il s’agit d’une plantation dédiée au bois de chauffage). En fait je pense que vous confondez l’accroissement et le stock de bois sur pied. C’est comme un livret d’epargne il ya le capital et les intérêts. Quant à savoir si faire venir du bois d’ailleurs est acceptable dites vous qu’il ne vient jamais de très loin car la France est correctement boisée sur tout son territoire et que le bois viendra de toute façon de beaucoup moins loin que le pétrole ou le gaz qu’il remplace. En tout état de cause un bois qui vient d’une forêt gérée comme c’est le cas en France sera une énergie obligatoirement renouvelable.

  11. Aladin, vous considérez la forêt comme une espèce de machine naturelle qui produirait continuellement 105 millions ha de bois dans des petites boites qu’il suffirait de ramasser or il n’en est rien. C’est bien vous qui avez dit qu’il s’agissait de la production en « pousse » or ce qui nous intéresse ici c’est le volume d’arbres abattables annuellement ainsi que leur âge à ce moment là car une production de 105 millions répartie sur de jeunes arbres est inexploitable dans la pratique.

    Au risque de me répéter, si vous rasez 2ha d’une forêt pour votre conso annuelle et que vous replantez vous devrez attendre longtemps (40 ans, je vous fais confiance) avant de vous resservir. La conséquence de cela est que, chaque année et pendant 40 ans, vous allez devoir raser une nouvelle parcelle de 2ha puis la reboiser. Le bilan est très simple : en 40 ans, la surface forestière a diminué de (40×2-2)=78ha. Autrement dit, avec vos 7,5 millions de foyers vous devez avoir rasé 37 fois (585 million ha) la forêt française entière avant que votre première parcelle ne se soit regénérée. Et je vous parle pas de la catastrophe sur la biodiversité que ça représente.

    « En fait je pense que vous confondez l’accroissement et le stock de bois sur pied. »

    Non au contraire, je dis qu’il faut en tenir compte car l’accroissement n’étant pas exploitable il nous faut piocher dans le stock.

    « C’est comme un livret d’epargne il ya le capital et les intérêts. »

    Non ce n’est pas la même chose parce que les intérêts vous pouvez les retirer dès la première année sans attendre qu’ils aient atteint un certain montant minimum.

  12. Bien sur qu’on ne récolte pas les arbres n’importe comment, en France la forêt est exploitée raisonablement avec des techniques qui pour certaines n’ont pas recours aux coupes rases. Dans ces forets on récolte très regulieremnt de petites quantités d’arbres choisis dans le but de péreniser l’état boisé et le stock. Dans d’autres cas on pratique des coupes d’eclaircies tout au long de la vie des peuplements forestiers. Les techniques forestières sont très élaborées et ont pour objectif la durabilité de la gestion. Sur les 15,5 millions d’ha il y a toujours suffisamment d’arbres en situation d’être coupés pour permettre l’exploitation des m3 d’accroissement. Prenons l’exemple des 80 ha de forêts précédemment étudiées qui ont la capacité théorique de produire 800 stères par an et satisfaire aux besoins de 40 foyers. On peut par exemple y récolter 50 stères par ha dans des coupes d’eclaircies de 8 ha chacune et dans lesquelles on repassera tous les 10 ans et exploiter chaque année 1ha de forêt mûre. On peut aussi gérer d’une façon particulière qui maintien l’état boisé en permanence. On pourra alors passer en coupe de jardinage 20 ha chaque chaque année et repasser tous les 4 ans. Une dernière précision : on ne pars pas de zéro, les 15 millions d’ha sont globalement largement capitalisé et le stock sur pied important. On a donc pas a constituer la forêt au préalable.

  13. @ Aladin:

    « la forêt est belle et bien présente sur 15,5 millions d’ha et qu’elle produit 105 millions de m3 de bois par an. »

    Voir ci dessus: Volume de bois rond (abattus & consommable) est de 36 millions de m3 / an.
    La production de 105 millions comprend toutes les productions de la forêt, c’est à dire aussi tout ce qui n’est pas exploitable (jeunes pousses, chablis, branchage…).

    http://www.insee.fr/fr/themes/detail.asp?ref_id=asfagriculture

  14. Aladin, vous vous plantez !

    Si il y a bien 15.5 millions d’Ha de bois, dont 37% de résineux qui n’entrent pas dans la catégorie chauffage.

    Reste donc 9.8 millions d’Ha de feuillus sur lesquels il faut à nouveau ôter les bois d’œuvre que l’on peut estimer à 8%. Reste donc 9 millions d’ha (arrondi)

    Le renouvellement s’effectuant sur 40 ans, on ne peut donc exploiter que 225000 Ha par an soit 67.5 millions de m3 (300 m3/ha) soit 90 millions de stères.

    Ce qui veut dire qu’en comptant 20 st/foyer/an on peut chauffer 4.5 millions de foyer. C’est largement insuffisant ! On ne peut donc pas chauffer l’ensemble des français au bois.

    La France comptant 34.5 millions de foyers en France, il faudrait donc porter la surface de forêt destinée au chauffage à 72 millions d’hectares contre 9 actuellement !

    PS : Si j’avance ces chiffres, c’est parce que je travaille dans le domaine de la sylviculture…

  15. Bruno : « Au risque de me répéter, si vous rasez 2ha d’une forêt pour votre conso annuelle »

    Raser 2 ha de forêt pour une conso annuelle personnelle ??? non mais vous n’y êtes pas du tout en ordre de grandeur, Bruno ! Raser 2 ares vous fournit bien plus de bois que vous ne pourrez en stocker et utiliser par an (sauf si vous êtes propriétaires Versailles)!
    2ha de forêt par foyer en consommation « durable », ça me semble déjà une estimation très généreuse, d’autant plus qu’en France, il y a d’énormes gains potentiels vu que culturellement, nous utilisons massivement des foyers ouverts qui sont déplorables en rendement (la chaleur s’en va plus par la cheminée avec ce que ça suppose en pollution de particules fines plutôt qu’elle ne sert à chauffer la maison). Si on utilisait des poêles à bois modernes à très haut rendement ou des poêles de masse nordiques, on pourrait sous nos latitudes facilement descendre à 0,5 ha de forêt en moyenne par foyer.

    Seulement, si on passait massivement au bois, en supposant que ça reste à moyen et long terme assez compétitif par rapport au fioul et au gaz (et celui qui sait où va le cours de ces énergies fossiles n’est pas encore né, même si beaucoup prétendent le savoir), l’Etat perdrait des milliards en TIPP sur le fioul! Donc ce serait plus d’arbres coupés (personnellement, ça ne me gêne pas mais il ne faut pas faire croire que c’est « écologique ») et moins d’argent dans les caisses de l’Etat déjà archi-vides, si ce n’est pas du perdant-perdant, ça y ressemble fortement.

    C’est souvent comme ça avec les bonnes intentions écologiques, dès qu’on décortique un peu le paradis vanté, on y trouve l’enfer.

  16. @ tous :

    Je rappel que la combustion du bois est responsable de milliers de morts chaque année dans le monde.
    Que cette combustion est responsable de la majorité des particules dans l’air en europe et des HAP.

    Plusieurs études ont montré la nocivité de ce produit sur la santé humaine. Il serait grand temps que l’on arrête de gloser sur cette « nouvelle » source d’énergie, utilisée par l’homme depuis qu’il maitrise le feu… Et qui tue le plus…

  17. @Jean Rochefort:

    « Raser 2 ha de forêt pour une conso annuelle personnelle ??? non mais vous n’y êtes pas du tout en ordre de grandeur, Bruno ! Raser 2 ares vous fournit bien plus de bois que vous ne pourrez en stocker et utiliser par an (sauf si vous êtes propriétaires Versailles)! »

    Je me doute bien qu’on rase pas tout mais uniquement ce qui peut faire du bois de chauffage. Maintenant je ne suis pas spécialiste donc je me basais sur les chiffres fournis par Nowarm et Aladin.

    J’en profite pour vous souhaiter à tous une bonne et heureuse année.

  18. Effectivement ! 2 Ha par foyer est la surface nécessaire pour permettre un renouvellement sur 40 ans…

    Donc, le prélèvement est 1/20 Ha par an, soit 400st/20, donc bien 20st par an. CQFD

    Bonne année à tous !

  19. Si je puis me permettre, votre conclusion, Jean Rochefort, est un peu faible en argumentation…

    Je maintiens pour ma part qu’utiliser du bois produit en France, bruler les sous produits de l’exploitation forestière et les matériaux bois en fin de vie sont parfaitement corrects du point de vue environnemental car :

    1 la gestion forestière est très bien encadrée en France du point de vue de la pérénité de la ressource et de la préservation des milieux et de la bio diversité. Les forestiers et les ONG ont mis en place des certifications sérieuses(PEFC et FSC)qui garantissent une bonne prise en compte des règles de gestion durable.

    2 Le fait d’utiliser du bois matériau augmente les quantités de carbone stockées dans nos maisons, nos meubles, …

    3 Le fait d’utiliser du bois pour l’énergie, de préférence après l’avoir utilisé à autre chose, ou sous forme de sous produits, libère du carbone dans l’atmosphère immédiatement fixé par les arbres qui remplacent ceux qu’on a coupé. Le bilan est neutre de ce point de vue mais surtout évite d’utiliser à la place des énergies fossiles qui ont en plus de ça la facheuse caractéristique de venir de très loin et de coûter beaucoup en énergie dite grise (énergie pour l’extraire, la stocker et la transporter). Ce qui est très peu le cas avec le bois même parcourant quelques dizaines, voire centaines de kilomètres (ce qui est préférable de limiter bien entendu).

    4. Les disponibilités sont importantes et il est dommage qu’on ne les utilise pas. Elles ne suffiront jamais à fournir l’énergie à tous les français, je rassure Bruno sur ce point, mais on peut faire beaucoup plus qu’actuellement (+ 20 millions de m3 dont 12 en bois pour l’énergie ont été identifiés s’un commun accord entre les scientifiques, les forestiers et les ONG dans le cadre du Grenelle de l’environnement). Comme le souligne très justement Daniel toute la production biologique ne peut être récoltée pour différentes raisons qui seraient trop longues à exposer ici. C’est pour ça que d’une disponibilité théorique de 45 millions de m3 tout le monde s’accorde à dire que 20 millions sont réalistes. Et pour rebondir sur l’argument économique, 20 millions de m3 ce sont des dizaines de milliers d’emplois supplémentaires dans cette filière non délocalisable, de quoi compenser au moins en partie les baisse de recette de la TIPP. Et le faire de manière intelligent et durable…

    5. les appareils de chauffage utilisés en France traditionnellement sont peu performants en matière énergétique et en rejet de différentes sortes c’est exact. Mais les normes actuelles sont extrêmement draconiennes comme partout en Europe d’ailleurs et le renouvellement du parc d’appareils qui s’accélère actuellement améliore rapidement le bilan de ce mode de chauffage. Et il ne faudrait pas oublier non plus d’analyser les choses de façon relative. A grossir à la loupe les défauts inévitables de l’usage du bois, comme le fait Daniel, on en oublie ceux des autres systèmes : charbon, pétrole, gaz, nucléaire, … Gardons nous enfin de tout généraliser : l’usage de bois de chauffage dans des pays sous développés ou en voie de développement n’a quand même pas grand chose à voir avec ce qui se passe chez nous.

    Je ne suis pas sûr d’avoir convaincu tout le monde mais ça ne m’empêche pas de vous souhaiter à tous une bonne et heureuse année 2010.

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