Au feu !

Partager sur : TwitterFacebook

Alain Hervé, pionnier de l’écologisme en France et premier président des Amis de la Terre, écrit dans un billet publié récemment dans L’Ecologiste : « Avec le feu de bois, on évite la vulgarité du tout électrique, tout nucléaire. On s’arrête de bouger, de construire, de démolir, d’entreprendre. Sur le feu de bois on rôtit les châtaignes, on mitonne les légumes du jardin, on brûle les prospectus publicitaires. Avec le feu de bois, on donne la main à nos ancêtres de la préhistoire. » A première vue, on reconnaît volontiers avec lui qu’il n’y a rien de plus écologique et naturel que le feu de bois pour se réchauffer et cuire sa nourriture.

A première vue seulement. En effet, suite à des recherches menées entre 2001 et 2005 dans le cadre du programme européen Carbosol, il est démontré que «la combustion de biomasse (feux de cheminée, feux agricoles et feux de jardins) est responsable de 50 à 70 % de la pollution carbonée hivernale en Europe ». Ces particules représentent environ 60 % des polluants en suspension dans l’atmosphère et sont bien plus prépondérantes que celles provenant des transports, de l’industrie et des chauffages au fioul ou au gaz réunis. Florent Domine, du Laboratoire de Glaciologie et Géophysique de l’Environnement, souligne que « même dans les grandes villes, le bois est la source de pollution n°1 », car « plus les molécules sont grosses, plus elles polluent ; dans ces conditions, le bois (sous forme de bûches) est donc le plus mauvais combustible car le feu entraîne une combustion incomplète, pyrolytique au niveau du cœur spécialement, qui libère de grosses molécules ». A titre de comparaison, « la combustion de 1kg de bois de cheminées pollue autant que la combustion d’une tonne de diesel pour automobiles». Sur le plan de la santé publique, cette pollution domestique et agricole engendre des troubles respiratoires et des cancers du poumon. Ces matières en suspension, ajoutées à l’ozone, entraîneraient, selon un scénario d’attentisme pessimiste, la mort prématurée d’environ 300.000 Européens à l’horizon 2020.

Ce n’est pas tout ! La cuisson par four traditionnel est également un « désastre sanitaire », pour reprendre les termes d’un cancérologue catastrophiste bien connu. En 2004, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a rappelé que « dans près de la moitié des familles de la planète, on continue à cuire en utilisant des combustibles solides – bouse de vache, bois, résidus agricoles ou charbon ». Et d’ajouter que « pour ce qui est de la concentration domestique des polluants dangereux pour la santé, un fourneau à bois courant dégage 7 à 500 fois plus que les limites admissibles de monoxyde de carbone et d’autres substances nocives ». Selon l’OMS, cette pollution « non industrielle » provoque chaque année, à elle seule, la mort de 1,6 million de personnes, ce qui correspond à une vie perdue toutes les 20 secondes. Les premières victimes de cette pollution sont les femmes et les enfants. Mais, pourrait rétorquer Alain Hervé, ils sont morts loin de « la vulgarité du tout électrique, tout nucléaire » et en donnant « la main à nos ancêtres de la préhistoire »…

Sources

Legrand, M. and H. Puxbaum, « Summary of the CARBOSOL project: Present and Retrospective State of Organic versus Inorganic Aerosol over Europe », J. Geophys. Res., 112 (D23), doi:1029/2006JD008271, 2007.

http://enews.techniques-ingenieur.fr/xg/newsletter/technoflash1/environnement-securite/le-projet-carbosol–fustige-les-feux-au-bois/48.html

« Les feux domestiques contribuent pour une grande part à la pollution hivernale en Europe », Le Monde, 12 décembre 2007.

OMS, « Pollution à l’intérieur des habitations – la fumée qui tue », octobre 2004 : http://www.who.int/mediacentre/news/statements/2004/statement5/fr/index.html

15 commentaires sur “Au feu !

  1. Rappelons aussi à Monsieur Hervé qu’à l’époque de nos « ancêtres de la préhistoire », l’espérance de vie ne dépassait pas 30 ans.
    Bravo le retour en arrière!

  2. Un énième constat de la connerie (ou de l’ignorance?) écolo à mettre à leur crédit, là cette fois c’est brillant! Bruler les prospectus publicitaires? ceux en papier glacé surtout!!!

  3. « Rappelons aussi à Monsieur Hervé qu’à l’époque de nos “ancêtres de la préhistoire”, l’espérance de vie ne dépassait pas 30 ans »

    >> Oui, mais au moins ils n’avaient pas de cancers eux………

  4. Bonjour à tous.

    Je pense que ce Mr Hervé est dans la droite ligne de son idéologie.
    Il sait pertinement que le chauffage et la cuisson au feu de bois sont toxiques et extrêmement polluant.
    Mais comme tout les décroissants, il ne veut que le mort de la majorité de la population humaine. Et plus particulièrement celles des pays pauvres ou en voie de dévelloppement.
    Car il faut bien dire que c’est dans ces pays, sans l’électricité, eau propre, hygiène, où les êtres humains ont l’espérance de vie la plus faible (40 ans).

    Ce Mr Hervé ne fait donc que promouvoir un génocide (bien masqué) à grande échelle. L’écologisme n’est ni une mouvement politique, ni un mouvement de souvegarde de l’environnement. L’écologisme n’est qu’une idéologie génocidaire.

    Bien cordialement à tous.

  5. « la combustion de 1kg de bois de cheminées pollue autant que la combustion d’une tonne de diesel pour automobiles»

    Avec le transport du pétrole de son lieu de production à son lieu d’utilisation, les raffineries et compagnie, a mon avis, la balance s’inverse dans l’autre sens.

    [NDLR : Attention, ce commentaire est l’oeuvre d’un usurpateur qui a déjà sévit sur Alerte Environnement ! + d’info ici]

  6. « la combustion de 1kg de bois de cheminées pollue autant que la combustion d’une tonne de diesel pour automobiles»

    >> Vous avez des éléments solides pour soutenir cette affirmation? Merci d’avance.

  7. quid des outils de combustion qui s’améliorent ?

    et nos anciens, qui assurent notre espérance de vie pour l’instant si élevée, avaient des conditions de vie comparables à la description ci-dessus, doivent plus s’inquiéter d’halzaimer que de leur cancer de la cheminée …

    et s’il vous plaît, quand vous répondrez à zygomar, pourrez-vous faire apparaître l’importance de l’origine du CO2 produit entre le bois (environ 50 ans) et les énergies fociles (environ 5000 ans)

    D’avance merci

  8. @NiNi

    « Avec le transport du pétrole de son lieu de production à son lieu d’utilisation, les raffineries et compagnie, a mon avis, la balance s’inverse dans l’autre sens. »

    Et si tu réfléchissait avec de tapoter le clavier???
    Ce que tu viens de dire revient à expliquer que le transport d’une tonne de pétrole coute 1000 tonnes de ce même pétrole…
    Je sais bien que tout le monde n’a pas une formation approfondie en math… mais là on est même pas encore arrivé au niveau élémentaire… 😉

    @Zygo (si c’est bien lui dont il s’agit…)

    « Vous avez des éléments solides pour soutenir cette affirmation? »

    Je ne sais pas comment c’est calculé, ni même si ce chiffre est correct, mais il est donné tel quel dans l’article dont le lien est donné.
    D’autre, part, il n’est question en l’occurrence que des particules lourdes, à l’exception de toute le reste…. cela me semble donc possible.

    @toutnucleaire

    « quid des outils de combustion qui s’améliorent ? »

    Ce qui est très loin d’être le cas partout, notamment dans les PVD ou les outils de combustion (utilisés pour la cuisson des aliments et le chauffage) demeurent très primitifs.

    « et nos anciens… »

    Le monde ne se réduit pas à la France, ni même à l’Europe, et pas plus aux pays fortement industrialisés….

  9. @ Laurent :
    « Et si tu réfléchissait avec de tapoter le clavier???
    Ce que tu viens de dire revient à expliquer que le transport d’une tonne de pétrole coute 1000 tonnes de ce même pétrole…
    Je sais bien que tout le monde n’a pas une formation approfondie en math… mais là on est même pas encore arrivé au niveau élémentaire… »

    Et si tu lisait les phrases de l’article avec de tapoter le clavier ?
    Nulle part il n’est question de coût de l’énergie, mais de pollution par des particules. Et rien n’interdit de penser que la fabrication et le transport du diesel polluent plus que la croissance, l’abattage et le transport du bois, et que ça puisse compenser la comparaison entre les deux. Oui, ça reste à vérifier, mais on peut déjà noter que jusqu’à preuve du contraire, une forêt pollue moins qu’une raffinerie.
    Je sais bien que tout le monde n’a pas une formation approfondie en analyse de texte, mais là on est même pas encore arrivé au niveau élémentaire.

  10. @Valery

    Et tu prétend savoir lire????

    Entre 1 tonne et 1 kg, il y a un facteur 1000… pour te mettre les points sur les i, 1 tonne = 1000 Kg…. pour les autres, je sais que c’est trivial, mais apparemment, cela ne l’est pas pour Valery… 😉

    Donc… pour que le transport et le raffinage d’une tonne de diesel polluent autant ou plus que 1000 Kg de bois, il faut bien que ce transport et ce raffinage (s’évaluant en TEP) ait COUTE la combustion (et donc polué autant…) de l’équivalent suivant l’article, soit la combustion de 1000 TEP…..

    « Et rien n’interdit de penser »

    … ben si…. la bête logique…

    « ça puisse compenser la comparaison entre les deux »

    La comparaison étant d’un facteur 1000, l’évidence est que non… n’importe quel esprit un peu pratique et avec 3 sous de logique voit bien que le raffinage et le transport du diesel ne peut pas polluer 999 fois plus (en considérant que l’abattage et le transport du bois ne polluent absolument pas) que la combustion de ce même diesel…

    « mais on peut déjà noter que jusqu’à preuve du contraire, une forêt pollue moins qu’une raffinerie »

    Tant qu’elle ne brule pas… c’est certainement vrai.
    Maintenant, quand elle se met à bruler, de façon « naturelle » ou dans des foyers humains, ce n’est plus la même chanson…
    Va en parler aux pompiers… ils ont quelques connaissances sur le danger des fumées d’incendies (du au taux de particules lourdes dont parle l’article…)
    Je ne si pas si les incendies de Sumatra et Kalimantan de 1998 te rappellent quelque chose… La pollution engendrée a été tout à fait considérable.

    « je sais bien que tout le monde n’a pas une formation approfondie en analyse de texte, mais là on est même pas encore arrivé au niveau élémentaire »

    En ce qui te concerne, je suis entièrement d’accord… je ne suis même pas sur que tu ait atteint le niveau de la grande maternelle en logique et calcul de base… 😉

  11. vous avez entendu parler des poêles à double combustion et + de 80 % de rendement? on ne dirait pas!

  12. Non seulement les hommes du néolithique avaient une espérance de vie largement inférieure à la notre, mais ils n’étaient que quelques milliers sur chaque continents.
    Si l’on vivait comme eux, ce n’est pas 8 planètes ou 16 planètes (8, pour un européen et 16 pour un américain), mais c’est des centaines de planètes qu’il faudrait pour fort mal nous nourrir et nous loger.

    Nous ne faisons certainement pas tout bien, mais ce n’est pas pas en disant des inepties que l’on fera avancer les choses dans le bon sens.

  13. @Anne queff

    « vous avez entendu parler des poêles à double combustion et + de 80 % de rendement? on ne dirait pas! »

    Bien sur qu’on en a entendu parler. c’est un très bon outil.

    … et si tu es candidate pour en offrir à quelques unes des familles de PVD qui n’ont pas les moyens de se payer cet outil… ne te prive pas, tu fera des heureux.

    Au cas ou tu n’aurait pas bien compris, l’article ci-dessus parle de feux de cheminée et des moyens de chauffage et de cuisson utilisés par quelques milliards d’humains (qui n’ont pas le choix…)

  14. @ tous, à vous lire j’ai plus mal au ventre que devant une incinération à l’air libre.

    1 kg 1 tonne ?
    Dans votre deuxième lien : il est cité les chiffres de la combustion d’un kg de bois pendant une heure dans une cuisine de 40m3. Les résultats de l’expérience de bruler 1 tonne de gazole (~1200 litres) dans 40m3 n’a pas été rapportée dans le tableau de bas de page.

    Votre lien vers l’étude Carbosol est rompu. J’ai trouvé le communiqué de presse du CNRS : http://www2.cnrs.fr/presse/communique/1246.htm
    C’est « surprenant » mais pas suffisant pour continuer à l’infini d’extraire, de transporter, de raffiner, pour bruler et très peu filtrer ou recycler toutes les réserves finies de la planète.

    L’illogisme à mon sens est de bruler du pétrole là où il n’y en pas presque plus (UE, EU) et bruler du bois là où il n’y en presque pas (Afrique « sèche », Inde…).
    On peut se demander ce que fait la France en Afrique ? ça n’a rien avoir avec l’écologie mais plus avoir avec l’économie : elle y prélève les ressources du sol que l’on a épuisé chez nous (pétrole, uranium, minerai) en échange d’une protection militaire (Gabon, Mali, Rep. de Centrafrique…). Que font les EU en Arabie : il exploite le sous-sol qu’ils ont épuisé chez eux… en échange d’une protection militaire. Et contre un peu d’investissement (le principe même de l’investissement et de rapporter plus qu’il ne coute). http://economie.jeuneafrique.com/regions/afrique-subsaharienne/18200-l-afrique-seule-region-au-monde-ou-les-investissements-sont-en-hausse.html Pendant ce temps les Emiras redore leur image de producteur d’énergie en devenant promoteur du loisir et du divertissement en achetant des clubs de foot.
    Cette machinerie nous permet principalement de nous déplacer, de nous chauffer, de consommer.

    Nous pourrions nous chauffer au bois et nous polluer (nous) plutôt que de piller les joliment dit « PVD ». Laissons à ces derniers leurs ressources afin qu’ils se développent vraiment.
    Mais bon c’est utopique et nous ne leur permettrons pas : ça serait pour nous comme « revenir au moyen âge ».

    Bonne continuation.

Les commentaires sont fermés.